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1250La direction politique et de sécurité nationale d’Israël s’enflamme dans sa “guerre civile”, avec les plus violentes attaques jamais portées contre Bibi Netanyahou (plus son compère, le ministre de la défense Barak). Il s’agit notamment des déclarations de Tzipi Livni, ancienne officier du Mossad, ancienne ministre des affaires étrangères et ancienne présidente du parti Kadima (elle vient de démissionner de ce poste). Livni a retourné contre Netanyahou l’accusation ontologique, ou de “messianisme” puisqu’il semble qu’il s’agisse de cela, contre l’Iran ; selon Livni, c’est bien Netanyahou et sa politique “messianique” anti-iranienne qui posent une “menace existentielle” contre l’État d’Israël, en entraînant le pays dans des tensions et la possibilité d’un conflit aux effets catastrophiques pour lui-même (Israël). Il s’agit du signe convaincant de l’extension à la direction politique du conflit intérieur (ce que nous avons nommé “la ‘guerre civile’ israélienne”, le 28 avril 2012).
Russia Today rapporte, ce 1er mai 2012, ces critiques très violentes de Tzipi Livni, ainsi que d’autres (celles de l’ancien Premier ministre Ehid Olmert). Bien entendu, ces diverses prises de position suivent l’éclat de l’ancien chef du Shin Beit Yuval Diskin, le 28 avril, et celui du général Gantz, trois jours plus tôt.
«Former PM Ehud Olmert and the recently-resigned Kadima leader Tzipi Livni have joined the chorus of past and present senior Israeli politicians criticizing the government and its warmongering policy against Iran.
»Livni announced her resignation as leader of the centrist liberal Kadima party on Tuesday, saying in her speech that Netanyahu’s government is putting the existence of the Jewish state “in mortal danger” by ignoring growing international discontent. “Israel is on a volcano, the international clock is ticking and you should not be the ‘chief of Shin Bet’ to understand that. The real danger is a politics that buries its head in the sand,” Livni said.»
Le chroniqueur iranien, le Dr. Ismail Salami, commentateur fréquent et singulièrement éclectique (ce politologue détient également un PhD dans les études shakespeariennes) des questions caractérisant la crise iranienne et Israël, développe un commentaire mettant en évidence qu’il y a désormais une crise israélienne très grave, qui n’est pas loin de ressembler à une crise de régime, – certains, qui auraient l’esprit à l’ironie, parlant après tout d’une crise de “regime change”. (Dans PressTV.com, le 1er mai 2012.)
«A strong feeling of fear is eroding the Israeli regime from within and without. On the one hand, the regime has come under the close scrutiny of the intelligence people who are exposing the lies of the regime about Iran which is per se a very bad sign for Israel. On the other hand, the Zionist regime is fearful that the talks (slated for May 23 in Baghdad) between Iran and the P5+1 group of world powers could ultimately end with a deal that would allow Tehran to continue enriching uranium.
»Producing from his pocket a sheet of paper which contained a biblical quote from the Prophet Zachariah, former Shin Bet chief said, “I will tell you things that might be harsh. I cannot trust Netanyahu and Barak at the wheel in confronting Iran. They are infected with messianic feelings over Iran,” thereby dealing a heavy blow to the Israeli regime.
»A rift the size of a potential coup is taking shape between the Israeli government and the military-intelligence men over Iran, a fact which threatens the ruling Israeli political apparat on the one hand and exonerates Iran of all years-long groundless allegations on the other. In fact, Iran has become a recent obsession with the present and past Israeli intelligence men insofar as the very mention of the name is enough to cause anger in the Israeli officials…»
Une autre source, de tendance très différente, DEBKAFiles, développe une approche qu’on pourrait qualifier de “dissymétrique” en tentant de mettre en évidence que les évènements sur le terrain contredisent la sensation que le désarroi interne de la direction de sécurité nationale d’Israël détournerait d’un conflit avec l’Iran, ou transformerait ce conflit. Les “évènements sur le terrain”, c’est-à-dire des manœuvres militaires diverses, israéliennes, iraniennes et US, chacune de leur côté, qui contribuent, selon DEBKAFiles à faire monter la tension. (Voir DEBKAFiles, le 1er mai 2012.)
«Israel’s Defense Minister Ehud Barak offered the view this week that the next round of Six-Power talks with Iran taking place on May 23 in Baghdad would lead nowhere, throwing cold water on the current optimism. As for US media reports of a lessening in war tensions over Iran because of the internal debate in Israel over an independent attack, they were soon overtaken by significant military steps embarked on Tuesday, May 1, by the US, Israel and Iran. The large-scale Israel Defense Forces war game on the borders of Syria (Golan) and Lebanon was quickly followed by naval drills along Iran’s southern Persian Gulf coast by its border guards. Tehran was making good on the policy agreed with Syrian and Hizballah allies in early 2011 to counter any Western or Israel military movement in the region with a comparable response. […]
»DEBKAfile’s military sources disclose that the IDF drilled a strengthened, proactive presence in the North to meet al Qaeda’s looming presence and expanding operations next door, especially in Syria, and the threat of the Syrian civil war spilling over into Lebanon.»
… Où l’on voit ainsi un paradoxe de plus dans cette analyse : démarrant en observant que ces différentes manœuvres tendent à annihiler ce que d’aucuns jugent être l’effet émollient des troubles politiques intérieurs israéliens sur l’antagonisme avec l’Iran : poursuivant en précisant que les manœuvres israéliennes ont pour but de renforcer la frontière nord d’Israël contre des pressions nouvelles d’al Qaïda, qui n’est pas précisément l’ami de l’Iran, et un al Qaïda qui est l’ennemi d’Assad (ami de l’Iran) en Syrie ; cet al Qaïda que DEBKAFiles décrit par ailleurs (le 30 avril 2012) comme en train de prendre le contrôle des “rebelles” extérieurs intervenant en Syrie contre Assad, et cela avec le soutien actif de nombre de pays du bloc BAO qui sont eux-mêmes des adversaires traditionnels d’al Qaïda. Ainsi sont une fois de plus intimement liées, pour ce cas précis, les crises syriennes et iranienne et les remarquables contradictions qui affectent toutes les politiques des acteurs du bloc BAO, que ce soit d’Israël, que ce soit des activistes américanistes-occidentalistes eux-mêmes.
L’observation plus générale montre une extension de la confusion et des contradictions de la nébuleuse de crises qui s’inscrit dans le processus d’extension de ce que nous avons nommé la “crise haute”, avec cette fois la présence puissante de facteurs dissolvants affectant le cœur même de certaines puissances, et particulièrement Israël avec son rôle central et fondamental dans la séquence en cours. L’attaque contre le régime israélien est particulièrement impressionnante parce qu’elle est essentiellement intérieure, avec la confirmation (depuis
L’on ne voit évidemment pas que de tels affrontements, qui sont proches d’un affrontement eschatologique, puissent se résoudre dans des arrangements, – la suggestion même suggère sa propre absurdité, – qu’ils puissent éviter de conduire vers des ruptures profondes, brutales et dramatiques alors que chaque parti est engagé dans un processus de radicalisation de sa position. Effectivement, la crise iranienne, qui avait évolué extensivement, récemment, dans l’annexe importante d’une crise israélo-américaniste, est en train d’acquérir une dimension dramatique d’une crise intérieure israélienne qui a le potentiel de dominer et de transformer toutes les autres en introduisant un facteur radicalement transmutant dans le bouillonnement de la crise générale du Système, qui va encore renforcer et étendre d’une façon imprévisible et inattendue la crise haute elle-même.
Mis en ligne le 2 mai 2012 à 05H21