Bibi et l’Arab Spring à l’heure de BHO (et de 9/11)

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Bibi et l’Arab Spring à l’heure de BHO (et de 9/11)

C’était hier l’anniversaire de l’attaque du 11 septembre 2001 et qui, vraiment, y a prêté attention, sinon pour entendre les autorités de la meilleure province du Système, Washington D.C., reconnaître qu’effectivement nombre de pompiers étant intervenus dans les décombres de l’attaque sont morts et meurent consécutivement aux cancers contractés à cause des diverses émanations toxiques rencontrées dans ces amas apocalyptiques de constructions postmodernes (les Twin Towers) construites au rabais ? Pourtant, non, deux évènements ont célébré cet événement vieux de onze ans, que nous allons mettre symboliquement en parallèle. Ils sont bien préoccupants, en vérité.

• Le premier était annoncé par le site DEBKAFiles, depuis quelques temps. Il s’agissait d’une rencontre entre Obama et Bibi Netanyahou, le 28 septembre, à New York, en marge de la réunion annuelle de l’Assemblée générale de l’ONU. Les Israéliens, avec leur capacité de toujours revenir sur le même sujet malgré les rebuffades, espéraient bien obtenir un semblant d’accord US, au moins pour ce que Bibi nomme “les lignes rouges”. (Celles que les Iraniens ne doivent pas franchir sous peine d’être attaqués, – quelles “lignes rouges”, au fait  ? Qui dit ce que sont que ces “lignes rouges”  ? Etc. Débat léonin, mille fois recommencé, sans la moindre substance, dissimulant à peine, comme un faux nez usé, l’obsession de Bibi.) Mais voilà que DEBKAFiles, catastrophé, annonce (le 11 septembre 2012) que les Américains annulent ce projet… Le site compare l’humiliation infligée à Bibi à celle que lui infligèrent les déclarations de Dempsey, il y a deux semaines. Sacré rythme d’humiliation…

«President Barack Obama’s refusal Tuesday Sept. 11 to see Prime Minister Binyamin Netanyahu because “the president’s schedule will not permit that,” left Jerusalem thunderstruck – and Washington too.

»At one stroke, round after round of delicate negotiations on Iran between the White House, Prime Minister’s Office in Jerusalem, the US National Security Council, Defense Minister Ehud Barak and Defense Secretary Leon Panetta collapsed. They had aimed at an agreement on a starting point for the meeting that had been fixed between the two leaders for Sept. 28 in New York to bridge their differences over an attack on Iran’s nuclear program.

»By calling off the meeting, the US president has put paid to those hopes and publicly humiliated the Israel prime minister, turning the clock back to the nadir of their relations brought about by the comment by Gen. Martin Dempsey, Chairman of the Joint Chiefs of Staff on Aug. 30: “I don’t want to be complicit if they [Israel] choose to do it” – meaning attack Iran.

»By rebuffing Netanyahu, the president demonstrated that the top US soldier was not just talking off the cuff but representing the president’s final position on a possible Israel strike to preempt Iran’s nuclear program…»

• Le second évènement, – en fait deux évènements en un, qui n’en forment qu’un, – se passe à la fois à Benghazi, en Libye, et au Caire, en Égypte. On comprend aussitôt qu’il s’agit de deux fleurons du “printemps arabe” (en plus de la Tunisie), en attendant la Syrie qui ne saurait tarder comme nous l’enseigne le catéchisme postmoderniste, démocratique et fort laïque. Le symbole est donc “fort” comme l’on dit, de voir les deux ambassades US à Benghazi (plutôt un consulat, mais on nous pardonnera la licence poétique) et au Caire faire l’objet d’une attaque ; chacune motivée, semble-t-il, par un film, sans doute US, qui ferait fort peu de cas du Dieu des musulmans au profit de Celui des chrétiens. (Tout cela est fort confus mais il se susurre, comme l'on fait d'un secret d'Etat, qu'il s’agirait d’un film où l’on retrouverait la patte subtile et habile du pasteur Jones, célèbre pour ses moustaches considérables, son flingue à la ceinture et ses cérémonies élégantes et fort publicitaires d’autodafés spasmodiques de quelques Coran.) Les attaques n’étaient pas que de pure convenance puisque, à Benghazi, un membre US du consulat a été tué et qu’on a même tiré des roquettes, grâce aux fameux RPG7 récupérés de l’arsenal de Kadhafi grâce à l’aide empressée des forces de l’OTAN, contre le bâtiment pseudo-US. (Des informations plus tard dans la matinée donnaient un bilan beaucoup plus lourd, selon le ministère de l’intérieur libyen : quatre morts US, dont l’ambassadeur des USA en Libye, attaqués alors qu’ils se déplaçaient en voiture. Voir Reuters, le 12 septembre 2012.)

Quelques détails nous sont donnés par Russia Today, ce 12 septembre 2012, qui documente bien ces attaques, peut-être avec une secrète jubilation du type “l’arroseur arrosé”… Les excuses officielles des deux gouvernements libyen et égyptien, qui viendront sans doute, ne nous paraissent, – nous dirions par avance, par anticipation et par divination de notre part, – ni vivement empressées, ni vraiment affligées.

«A US official has been killed and another wounded as an armed mob attacked the US Consulate in Benghazi. The attack came hours after protesters stormed the US Embassy in Cairo in indignation over a US film they say insulted the Prophet Muhammad. “One American official was killed and another injured in the hand,” Libya's Deputy Interior Minister Wanis al-Sharef told AFP. “The other staff members were evacuated and are safe and sound.”

»The attackers in Benghazi set fire to the building, according to witness reports, who say much of the consulate was burned. There were reports of gunfights between the attackers and Libyan security force. At least three members of the security forces were taken away in an ambulance, Reuters reported. Rocket-propelled grenades were fired at the consulate from a nearby farm, said Abdelmonoem al-Horr, a spokesman for the Libyan Interior Ministry's security commission. […]

»Earlier, over 2,000 protesters gathered outside the US Embassy in Cairo, some of them removing the US flag and trying to replace it with a black flag reading “There is no God but Allah.” “This movie must be banned immediately and an apology should be made … this is a disgrace,” one activist told Reuters. He also called on President Mohamed Morsi to take action.

»It is not known what film caused the protests, but reports say pastor US pastor Terry Jones, who is infamous for his Koran-burning episodes, was involved in its production.»

En apparence, ces deux évènements, ou ces deux types d’évènements, n’ont pas de rapports directs entre eux. Ils nous apparaissent pourtant comme les deux faces symboliques du triste et gigantesque destin avorté d’une politique générale évidemment “offensive”, à la fois politique de déstructuration et de dissolution impliquant des bouleversements considérables, à la fois politique d’impuissance et de paralysie dans l’“exploitation” de ces bouleversements considérables par déstructuration et dissolutions, et cela jusqu’à l’inversion des effets espérés de cette politique générale.

La politique qui s’est déchaînée depuis 9/11, – et nous disons “‘s’est déchaînée” comme si cette politique existait et s’était développée d’elle-même, comme une entité autonome, – fut désignée par nous, selon le mot de Harlan Ullman (voir le 29 mai 2009), de “politique de l’idéologie et de l’instinct”, complétée plus tard (voir le 16 février 2012) en une “politique-Système de l’idéologie et de l’instinct”. Elle comportait deux volets, diversement substantivés selon les circonstances et les zones. L’un constituait le volet de l’agression unilatérale directe, essentiellement avec le rapport complicité-emprisonnement entre les USA et Israël, essentiellement au bout d’un certain temps de développement du volet, contre l’Iran reconstituée en super-puissance satanique. On connaît les interminables épisodes de cette aventure-narrative et, surtout, on constate aujourd’hui l’espèce d’impasse-imbroglio où se trouve cette entreprise. Le rapport à la fois corrompu et adultérin entre les USA et Israël, où l’on ne sait plus précisément qui manipule qui, où les uns et les autres sont parvenus à semer un incroyable désordre, chacun dans leur propre establishment de sécurité nationale (celui des USA, celui d’Israël), conduit aujourd’hui à des situations de tension d’une considérable puissance. Chacun des dirigeants, – Bibi d’un côté, BHO de l’autre, – dont les rapports sont empreints d'une méfiance sans limite et d'une haine à mesure, se trouve paradoxalement de plus en plus isolé dans sa propre organisation agitée par le désordre. (Pour l’épisode présent, qui peut encore changer, nous serions extrêmement enclins à voir, contrairement à l’interprétation de DEBKAFiles, l’installation en position de force d’un acteur essentiel, qui est la direction militaire US refusant toute aventure iranienne, imposant la chose à un BHO plutôt satisfait de cette pression qui l’exonère de la responsabilité de sa propre position, et humiliant à répétition un Bibi Netanyahou, formant la paire avec le compère Barak, et la paire de plus en plus isolée en Israël.) L’affaire iranienne fixe pour l’instant la situation en un antagonisme entre Israël et les USA, qui paraîtrait impensable selon les liens de corruption et de manipulation existant entre les deux pays ; et le résultat est une complète inversion des buts initiaux de cette politique.

Le second volet comprenait la transformation du reste du monde (surtout le Moyen-Orient qui n'attend que cela) en une colonie-Système selon les thèses des neocons, par le biais d’une dynamique d’américanisation ou de démocratisation (au choix), avec l’élargissement du processus au bloc BAO devenu la courroie de transmission directe du Système. On connaît les avatars du “printemps arabe” (Arab Spring), qui nous paraît certainement bien moins organisé par avance qu’on nous l’a expliqué après qu'ill se fut déclenché sans que personne ne l'identifie comme tel ; qui fut ensuite, une fois bien lancé, l’objet d’une tentative d’exploitation du Système qui se poursuit présentement. La Libye est l’archétype de cette tentative, avec la Syrie pour suivre, et l’Égypte considérée par ces mêmes théories et leurs théoriciens comme une étrape d’un genre différent mais aussi importante et aussi réussie. Le résultat, nous l’avons chaque jour, avec ces cahots et ce chaos islamistes, dont on constate régulièrement que la dynamique tend irrésistiblement et à toutes les occasions, malgré l’activisme du bloc BAO, à se retourner contre ce même bloc, et contre les USA tout aussi irrésistiblement. Les incidents d’hier, en Libye et en Égypte, sont à la fois très frappants et extrêmement symboliques lorsqu’on connaît l’historique, au moins des seize derniers mois (depuis l’intervention en Libye). La dynamique et là aussi d’une complète inversion par rapport aux buts poursuivis par le bloc BAO, avec les USA comme symbole et objectif privilégié des réactions que l’on constate dans le cours de cette inversion.


Mis en ligne le 12 septembre 2012 à 09H34