Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
589Aujourd’hui à Washington, le Premier ministre israélien rencontre le président des USA Obama. Les deux hommes se haïssent, et il s’agit vraiment d’une affaire personnelle. Ils ne se sont pas vus depuis plus d’un an, malgré une visite à Washington pour parler devant le Congrès de Netanyahou en mars 2015 en évitant une rencontre de courtoisie d’Obama, démarche considérée comme une insulte personnelle et délibérée du premier au second. La rencontre d’aujourd’hui est plutôt considérée comme une tentative de réconciliation, ce qui a priori ressemble à une étrange plaisanterie. La chose a démarré sous les pires auspices, Netanyahou ayant nommé au poste très important de son conseiller diplomatique personnel, Ran Baratz, un ultra-conservateur idéologue, dont la plus récente performance diplomatique, sur son tweet, a été de qualifier Obama d’“antisémite” et d’affirmer que le Secrétaire d’État John Kerry avait l’intellect d’un pré-adolescent de douze ans. La chose ayant été découverte après sa nomination, elle a provoqué une tempête diplomatique à l’intérieur d’une météo déjà très agitée ; Baratz a fait des excuses (du type “il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce qu’on écrit sur des tweets”) mais il semble que Netanyahou soit dans l’obligation de reconsidérer cette nomination, c’est-à-dire de l’annuler. Il faut tout de même noter qu’il ne l’a pas fait avant de rencontrer Obama, ce qui n’est pas particulièrement aimable pour le président des USA et pour son secrétaire d’État.
Malgré ce climat singulièrement difficile pour une “réconciliation” spectaculaire entre les deux hommes, il se pourrait que ce sujet vital de leurs relations ne soit pas l’essentiel de la rencontre, même si rien ne bvient les améliorter, au contraire. C’est ce qu’affirme DEBKAFiles, dont le suivi des affaires générales de la situation au Moyen-Orient est particulièrement soigné depuis l’intervention des Russes. DEBKAFiles, dont on connaît les accointances, varie de ton et d’orientation ; selon qu’il se donne pour mission d’accentuer d’éventuelles difficultés des Russes, ou pour mission de donner une estimation générale de la situation. Dans le premier cas, il n’hésite pas à employer l’hyperbole, sinon les méthodes habituelles des narrative et autres dramatisation excessives pour accentuer fortement son propos avec ce qu’il faut de liberté prises par rapport aux évènements ; dans le second cas, il se rapproche à notre sens beaucoup plus, non de la réalité dont on sait qu’elle est insaisissable, mais de la vérité des évaluations que font les services de sécurité israéliens qui constituent l’essentiel de ses sources. Le site a publié, hier 8 novembre, une analyse générale de la situation, à l’occasion de la rencontre Netanyahou-Obama, qu’il présente en un sens comme le rapport que l’Israélien va présenter à l’Américain sur la situation dans la région, du point de vue israélien. Le moins que l’on puisse dire est que le tableau est catastrophique.
Ce qui est caractéristique dans ce tableau, c’est le tout récent événement de la destruction du vol 9628, de l’avion russe détruit au-dessus du Sinaï, – désormais attribué, quasiment unanimement (à 90% par les Égyptiens, qui étaient les plus réticents) à une bombe posée dans l’avion par des terroristes. Jusqu’alors, DEBKAFiles en faisait surtout une catastrophe pour les Russes, subissant ainsi un rude coup de la part des terroristes. Mais, dans le compte-rendu mentionné ici, le site en vient à l’évidence la plus significative : il s’agit d’abord d’une catastrophe pour l’Égypte, et c’est alors un coup très rude pour Israël qui a fait de ses bonnes relations avec l’Égypte un élément important de sa politique de bon voisinage avec les pays arabes sélectionnés comme fréquentables, notamment à cause de leur hostilité à Bachar el-Assad et envers l'Iran. On sait que le cas de l’l’Égypte est très tangent car il n’entre certainement pas dans ces catégories, mais l’l’Égypte reste proche d’Israël pour la lutte contre le terorisme proliférant dans le Sinaï, justement là où le vol 9268 s’est désintégré. Donc l’alliance d’Israël avec l’l’Égypte est faiblarde et doit pourtant être maintenenue aussi fortement que possible ; et voilà qu’il se trouve que l’attaque signifie l’affaiblissement radical du régime Sissi, et que cela implique deux possibilités. Soit il y a la perspective de la mise en cause de ce régime, et par conséquent la perspective catastrophique d’une Égypte qui tomberait dans un chaos dont les terroristes seraient les grands triomphateurs ; ou bien il y a le choix du régime Sissi, pressé par les évènements, d’un rapprochement (déjà en bonne voie) brusquement radical des Russes, de la Syrie et de l’Iran, dans une lutte acharnée contre les terroristes. Dans les deux cas, une catastrophe pour Israël (et pour les USA, insistera Netanyahou auprès d’un BHO qui, soit s’en fout, soit considère son interlocuteur avec toujours la même hostilité à peine voilée).
Le reste du compte-rendu concerne la Syrie et met en évidence les résultats de l’intervention russe, de la présence désormais structurelles des Iraniens et du Hezbollah à terre, en coordination avec les Russes. Les Israéliens considèrent que cette coalition a obtenu d’excellents résultats, mais moins contre Daesh que pour la consolidation du régime Assad, ce qui augmente la pression sur Israël et restreint ses capacités d’intervention. Dans ce contexte, la menace que représente Daesh, qui s’est renforcée, devient une menace pour tout le monde, y compris Israël. La tactique des Russes, selon Israël, serait donc d’abord le renforcement d’Assad et effectivement de ne pas trop attaquer Daesh, de façon à ce que Daesh, qui est bien entendu un danger pour la Syrie et la Russie, apparaisse aussi comme un danger pour Israël et les intérêts US eux-mêmes ; de façon à retourner contre les coupables, le Frankenstein qu’ils ont contribué à créer...
Tout cela va-t-il rapprocher, comme par un danger commun, Israël et les USA ? Encore une fois, nous doutons que cela soit assuré, et, dans cette interrogation objective sur la situation, il est vrai que la haine des deux hommes, “Bibi”-BHO, joue son rôle. Pour les USA, il y a le désintérêt pour la situation et la pente du déclin à laquelle le président-sortant cède par lassitude, une pente par encore vertigineuse mais qui ne demande qu’à l’être. Pour Israël de plus en plus pressé par des impératifs stratégiques, il y a la possibilité d’en venir, un jour pas si lointain, à jouer clairement la carte russe en remplacement de la carte américaniste.
.... Ci-après, on lit des extraits significatifs du texte de DEBKAFiles du 8 octobre 2015. (Le titre complet est : « No good news in the Mid East for Obama or Netanyahu when they meet Monday »)
dedefensa.org
[...] « The Israeli prime minister had his most promising card snatched from him just ten days before he traveled to Washington. He had intended presenting the US president with the quiet alliance he had formed with key moderate Arab governments as a viable alternative for the deadlocked Palestinian peace process, with the promise of a measure of stability for its members in the turbulence around them. However, the linchpin Egyptian President Abdel-Fatteh El-Sisi’s position was suddenly shaken up badly by the downing of the Russian passenger plane over Sinai on Oct. 31, presenting him with his most dangerous crisis since he took power in 2013.
» In addition, the security situation in Syria, including along Israel’s northern border, especially the Golan, has gone from bad to worse - especially since Russia built up its military presence in Syria. Israel has been forced to forego most of its red lines for defending its security as no longer relevant. Although no Israeli official says so openly, Israel’s military options in Syria have shrunk, and even the overflights by its air force flights for keeping threats at bay are seriously restricted...
» Iran and Hizballah, under Russian air cover, have been slowly but surely making gains in their attempt to retake southern Syria from the rebels and hand it over to the army of Syrian President Assad. Israel is still insisting that it will not allow the deployment of Iranian or Hizballah forces on the Syrian side of the Golan, but these statements are losing their impact. If the coalition of Russia, Iran, Syria and Hizballah defeats the rebels in southern Syria and moves in up to its border, Israel will find it extremely difficult to prevent this happening.
» It would also mark the end of more than three years of investment and building of ties with various elements in southern Syria as part of a strategic decision to transform those groups into a buffer between Israel and Iran in the Golan area. Netanyahu’s struggle against the nuclear deal with Iran was not just aimed at Washington’s recognition of Iran’s nuclear program, but ever more at Obama’s acknowledgement of Iran as America’s strategic partner and leading Middle East power. But in this respect, the US president is most likely chafing over the setbacks to his own cherished plan, as a result of four developments:
» 1. Iran has plunged more deeply than ever predicted into the Syrian conflict. For the first time since the 19th century, Iran has not only sent its military to fight beyond its borders, but it is coordinating its moves with Moscow, not Washington. Even if Israel needed to turn to the US administration for a helping hand against Iran, it would have no address because Washington too has been displaced as a power with any say in the Syrian picture.
» 2. Although the alliance by Israel and moderate Arab countries was designed by Netanyahu to serve as a counterweight to the US-Iranian partnership, that alliance too is far from united on Syria: Egyptian President El-Sisi, for example, supports President Bashar Assad, and is in favor of keeping him in power in Damascus.
» 3. The Islamic State continues to go from strength to strength in Syria and the Sinai Peninsula which share borders with Israel as well as in Iraq.
» 4. Israel’s political, defense and intelligence elite have badly misread or missed altogether four major events in the region: • Assad’s persistent grip on power ; • The deep Russian and Iranian military intervention in Syria ; • The strengthening of ISIS ; • The eruption of a new, deadly Palestinian campaign of terror which strikes unexpectedly in every town, highway and street.
» These errors are taking their toll on Israel’s security, wellbeing and prestige. Even if Israeli Prime Minister Netanyahu and US President Obama, like Defense Minister Moshe Yaalon and Secretary of Defense Ashton Carter, do reach an agreement on Israel’s security needs for the coming years and US military assistance, such an agreement may not withstand the test of Middle East volatility. The rapidly changing conditions are for now all to the detriment of the US and Israel. »