Blair assiégé

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Tony Blair est en vacances mais il téléphone. Il téléphone à George Bush pour faire évoluer les choses, bien entendu sans succès. C’est au Royaume-Uni qu’elles évoluent. Le Premier ministre britannique est de plus en plus assiégé par des pressions convergentes dont l’effet recherché est une évolution décisive de la position britannique vers un durcissement par rapport à l’action israélienne au Liban.

• Plus de 130 parlementaires ont signé une lettre commune pour Jack Straw, ministre chargé des affaires parlementaires. Ils demandent une convocation extraordinaire des Communes pour discuter de la situation au Moyen-Orient. L’appréciation générale est que Straw, qui a déjà pris ses distances de la politique Blair en demandant plus de fermeté avec Israël, n’est pas défavorable à une telle convocation.

• Une parlementaire très proche de Gordon Brown, Ann Keen, a signé la lettre. La chose est perçue comme une indication précise de la position de Brown, pour l’instant prudemment silencieux. Brown tendrait évidemment à s’opposer à Blair (notamment dans la perspective de le remplacer) et à se rapprocher de ce qui semble de plus en plus être l’opinion majoritaire dans le parti travailliste.

• Un parlementaire travailliste, qui occupait une fonction non payée de conseiller au ministère de la défense, a démissionné. S’il s’agit d’une démission symbolique, elle illustre clairement la détérioration du climat pour Tony Blair. Selon The Independent, « Mr Sheridan, MP for Paisley and Renfrewshire North, was one of several junior members of the Government unhappy about Mr Blair's refusal to call for an immediate ceasefire. He was also angered by the US's use of Prestwick airport, near Glasgow, to refuel aircraft being used to ship bombs to Israel. “The reason I am resigning is the current conflict in the Middle East and once again the Palestinian situation has been put on the back burner,” he told Sky News. »

Cette détérioration de la situation de Tony Blair suit les lignes de la situation de la crise : intensification de la bataille sur le terrain, tension grandissante à l’ONU où l’affrontement entre la France et les USA est de plus en plus probable et illustre bien la situation générale (USA et Israël isolés dans une position extrême, l’impatience grandissante dans le reste du monde devant le blocage de la possibilité d’un cessez-le-feu). Si la situation ne s’améliore pas rapidement, la position de Blair va devenir intenable. Il devra céder et il cédera dans une situation qui appellera de plus en plus à un durcissement conséquent de la position britannique.

C’est le dilemme du Premier ministre britannique, qui ressemble à une situation de “lose-lose”. La reprise du contrôle des forces politiques nécessaires à son autorité et au renforcement de sa position très affaiblie dépend directement du durcissement de sa politique vis-à-vis d’Israël. Plus il durcirait cette politique, plus il condamnerait de facto tout son comportement antérieur et affaiblirait sa position d’une autre manière. Pendant ce temps, Brown et les autres attendent.


Mis en ligne le 10 août 2006 à 06H30