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27 août 2003 — Après la paralysie constatée sur la question des OGM, c’est sur la question de l’euro que Blair se trouve aujourd’hui coincé. La cause est toujours la même : la désastreuse campagne irakienne et tout ce qui suit, la mort du docteur Kelly, l’enquête Hutton, la chute de popularité du Premier ministre, sa paralysie auto-provoquée (avec si peu de soutien, comment lancer telle ou telle initiative ? On repousse les décisions, les choix, etc).
La situation générale de Tony Blair, d’absence de contrôle sur sa politique, est quasi-officiellement admise, selon le même article : « Alastair Campbell, the Downing Street director of communications director, admitted to the Hutton inquiry last week that the government had partly lost control of the domestic agenda. »
« Downing Street aides are hoping that convincing performances this week will begin to restore public trust in Mr Blair, allowing him to regain the initiative on the domestic political agenda in his Labour party conference speech next month. But the task facing him was underlined by the warning that the euro campaign has been blown off course.
» Mr Blair had hoped to fire the starting gun in the campaign for a referendum shortly after Gordon Brown announced in June that the government was still keeping the door open to British membership, even though the five tests had not been met. Within days, however, Downing Street was embroiled in its row with the BBC which has since dominated the political agenda.
» Ian Taylor, the Conservative chairman of the European movement, said yesterday: “All attempts to have a [pro-euro] roadshow have been knocked out of the window. There has been damage to the standing of the government... which is not the right background for what was always going to be a very challenging campaign.” »
Cela ne signifie pas que les diverses causes (OGM, euro) sont compromises, mais qu’elles sont compromises tant qu’elles sont identifiées à Tony Blair. Pour la question de l’euro, les pro-européens font contre mauvaise fortune bon coeur. « The pro-European former minister, George Foulkes, [...] said the delay in the euro campaign would give the pro-Europeans the chance to put in place a better organisation. “It is more important to get the right result, rather than to rush.” »
Le fait que cette paralysie touche précisément la politique européenne de Blair est paradoxalement un problème grave pour le Premier ministre britannique. L’on dit “paradoxalement”, dans la mesure où on pourrait croire que la seule politique qui semble importer aujourd’hui à Tony Blair est celle de l’alignement sur les Américains. Mais toute la stratégie de Blair est en réalité fondée sur l’idée d’une double action, à la fois transatlantique et européenne ; son ambition est de tenir une place de direction en Europe parce qu’il tiendrait le rôle, jugé par lui essentiel, de relais privilégié entre l’Europe et les USA.
Si l’option européenne s’effondre ou est bloquée, cette stratégie du double engagement, ou du “grand écart”, se trouve complètement amputée d’un de ses deux fondements, et Blair confiné plus que jamais à un simple rôle de sous-traitance de la politique américaine. Dans ce cas, effectivement, la relation privilégiée avec l’Amérique devient une chaîne et Blair n’a plus aucun argument pour justifier un tel engagement, qui va jusqu’à la perte de souveraineté nationale. L’annonce du délai sur la question de l’euro constitue la plus grave nouvelle de ces derniers mois pour Blair, malgré que les mauvaises nouvelles n’aient pas manqué.