Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
5720• RapSit-USA2023 • L’attitude raisonnable ou “conciliante” des USA à Vilnius (freinage radical de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN) vient de la nécessité où se trouve l’administration Biden de lâcher du lest dans ses aventures bellicistes. • La cause en est le réveil des antiguerres dans le parti du fait de la candidature de Robert Kennedy. • Kennedy est devenu en quelques semaines le cauchemar de la direction démocrate malgré une hostilité unanime de toute la presseSystème à son encontre. • La scène de la GrandeCrise passe décisivement de l’Ukraine aux USA.
________________________
Il est incontestable pour nombre d’observateurs que les USA (avec l’Allemagne) sont apparus notablement raisonnables lors du sommet de Vilnius, notamment et essentiellement en s’opposant quasi-catégoriquement à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. On a vu combien Mister Z. en fut fâché, et d’ailleurs avec certaines bonnes raison de l’être. Après tout, ce sont les fidèles Britanniques qui demandent à Z. s’il les prend « pour Amazon » parce qu’il ne cesse de demander des armements, qui sont intervenus fort brutalement et pour le compte des USA, via Boris Johnson, pour empêcher de signer un accord de cessez-le-feu avec la Russie en mars 2022 en Turquie...
Quoiqu’il en soit, il y a donc cette apparente sagesse qui est né di côté US, Biden compris, – ce qui est tout de même beaucoup... Une source US, qui est sur la même longueur d’onde que Mercouris concernant le rôle de Jack Sullivan, le conseiller de sécurité nationale de Biden, a confié cette interprétation concernant la situation à Washington D.C., – que nous aurions tendance à accepter :
« D’accord, Sullivan est un neocon, mais c’est d’abord un gestionnaire de campagne électorale. Il est inquiet et affolé par deux choses : Trump, mais ce n’est pas nouveau et il gère, – mais surtout pour l’immédiat ! La crainte exponentielle, jusqu’à la panique, que Robert Kennedy réussisse un coup et batte Biden pour la nomination démocrate. Du coup, il a estimé qu’il fallait à tout prix calmer le brulot ukrainien pour renforcer la position de Biden face aux opposants démocrates à la guerre que Bobby est en train de rassembler. Sullivan a expliqué ça à ses amis neocon-radicaux, –Blinken, Nuland, – et leur a demandé impérativement de mettre une sourdine. Pour l’instant, ils s’exécutent face au danger mortel pour “leur” guerre qu’est Bobby. Voilà mon explication de la position défendue à Vilnius... Biden a plus ou moins suivi, à moins qu’il n’ait pas encore compris. »
On suit cette explication qui nous paraît valide et logique, – et qui donne une bonne mesure de ce qu’il faut penser des “intentions de paix” de la partie US-Biden dans ‘Ukrisis’.
Depuis quelques semaines, Bobby Kennedy est l’objet d’attaques d’une violence inouïe, prouvant qu’on craint réellement qu’il puisse mettre Biden KO. Il met en évidence une menace complètement inattendue qui est la réveil de tendances antiguerre chez les démocrates et la formation d’une aile antiguerre. L’analyse de cet angle de danger est d’autant plus crédible que les attaques contre Kennedy se font essentiellement sur les accusations de “complotistes” par rapport à ses positions sur le vaccin et le Covid, – justement, parce que l’on sent bien que l’attaquer sur sa position antiguerre, c’est paradoxalement mettre en évidence la validité de cette position, et réveiller chez certains démocrates l’antiguerre qui s’est endormi depuis la fin des mandats GW Bush et l’administration à hautes doses des drogues opioïdes de la marque “B.H. Obama”...
Il est vrai que toute la presseSystème, obéissant à une consigne qui n’en est pas une, qui est plutôt la manifestation d’un instinct de survie touchant le Système et tous ses employés à la perception d’un danger majeur, s’est levée contre Robert Kennedy. On en a déjà souvent parlé ici, tant le phénomène est remarquable, bien au-delà d’une opposition orchestrée ou d’un “complot anti-complotiste”, – mais bien comme l’effet d’une perception extra-sensorielle, comme un journaliste de LCI saisi d’horreur à l’audition de quelques notes d’une symphonie de Tchaïkovski, – vous savez, le Russe...
L’étendard de l’excellence semble devoir être remis au, – who else ?– New York ‘Times’, avec une majestueuse tempête d’articles attaquant Kennedy sous tous les angles, mais dans le seul domaine complotiste du vaccin, comme on l’a dit. Pour information, on reprend un extrait d’un article de la vivifiante Caitline Johnstone, effectivement en tournée d’inspection minutieuse dans les pages du quotidien global de référence...
« Ces derniers temps, le New York Times a publié un nombre impressionnant d’articles sur Robert F. Kennedy Jr.
» Mardi [11 juillet], le Times a publié un essai audio intitulé “Pourquoi je regrette d’avoir débattu avec Robert F. Kennedy Jr” par le chroniqueur d’opinion Farhad Manjoo. Manjoo a débattu avec Kennedy en 2006 au sujet de la légitimité de la victoire de George W. Bush sur John Kerry en 2004, estimant que le scepticisme de M. Kennedy à l’égard des résultats de l’élection était dangereux.
» “Contester les élections n’est tout simplement pas bon pour la démocratie”, déclare Manjoo, rejoignant ainsi le reste de la classe politique/médiatique libérale américaine qui réécrit l’histoire pour prétendre qu’elle n’a pas passé la totalité de l’administration Trump faire exactement la même chose.
» Manjoo cite son expérience de débat avec Kennedy (qu’il qualifie à plusieurs reprises de “théoricien du complot”) pour soutenir que personne ne devrait débattre avec le candidat à la présidence sur le sujet des vaccins Covid, ajoutant une nouvelle entrée aux très nombreux articles et segments de nouvelles qui ont été publiés dans les médias de masse le mois dernier, disant que le scientifique spécialiste des vaccins Peter Hotez devrait rejeter l’offre de Joe Rogan de verser 100 000 $ à une œuvre de bienfaisance de son choix s’il débattait avec Kennedy sur le sujet.
» La semaine dernière, le New York Times a publié un article intitulé “5 fausses informations notables que Robert F. Kennedy Jr. a promues”, ainsi qu’un article de Paul Krugman qui s’ouvre sur la phrase “Robert F. Kennedy Jr. est un excentrique” et un article d’opinion intitulé “Les opinions pro-vaccinales sont en train de l’emporter. Ne craignez pas les sceptiques”, qui s’ouvre sur un coup de poignard à l’encontre de Kennedy. La semaine précédente, Gail Collins avait publié un article à charge classique. La semaine précédente, Farhad Manjoo avait publié un autre article expliquant que personne ne devrait débattre des vaccins avec Kennedy.
» Ces articles sont parfois présentés comme des articles d’opinion, parfois comme des articles d’actualité, en dépit d’un langage manifestement biaisé et d’un éditorialisme flagrant, et tous sont orientés contre Kennedy d’une manière ou d’une autre. Le New York ‘Times’ n’aime manifestement pas RFK Jr et ne cache pas qu’il s’efforce de faire en sorte que son public ne l’aime pas non plus.
» C’est à peu près ce à quoi nous pouvons nous attendre de la part des médias américains jusqu’à ce que Kennedy ait perdu sa course à la présidence ou que sa réputation ait été tellement détruite auprès de l’électorat qu’il puisse être ignoré en toute sécurité. Le message sera martelé, martelé et martelé jusqu’à ce que l’effet de vérités illusoires amène les lecteurs à confondre la répétition par cœur avec la vérité, et la campagne de Kennedy s’éteindra. »
Ces références sont épuisantes et conduisent à la question : comment donc Robert Kennedy, Bobby, pourrait-il venir à bout de ce formidable barrage de stupidité collective accouchant d’une inquisition accusatrice déguisée en vertu salvatrice ? Tentative de réponse.
Il y a un long texte de Kevin Barrett (en français sur ‘réseau International’), originellement du site ‘Veterans Today’, pas très aimé de la bienpensance globale, pour antisémitisme et conspirationnisme. Comme cette appréciation vient brut de fonderie de ‘Wikipédia’, cela donne du cœur au ventre.
Barrett, dont le sentiment général est plutôt antiSystème de gauche (populiste de gauche ?) aborde la question du “Comment RFK va-t-il faire pour résister çà la presseSystème” d’un point de vue psychologique et moral. Voici un extrait de cette longue plaidoirie, choisi notamment parce qu’il y est fait allusion à une référence que nous apprécions beaucoup, au livre de James Douglass ‘JFK et l’indicible’, que Bobby Kennedy lui-même cite très-souvent.
« Ainsi, par rapport à Trump en 2016, la candidature de RFK Jr. pour 2024 commence par se retrouver derrière la proverbiale boule de 8. Quelques jours seulement après son annonce, les médias s’étaient déjà ligués contre lui. D’autres événements, plus graves encore, suivront certainement.
» Alors, y a-t-il ne serait-ce qu’un soupçon de chance qu’il puisse gagner ? Une vue superficielle suggère que c’est presque impensable. Mais si l’on tient compte de la possibilité de changements étonnamment rapides dans l’opinion publique – un phénomène pour lequel il existe des précédents – je pense que RFK Jr. pourrait réaliser un miracle du type de celui que son oncle John a failli accomplir en 1963.
» L’ouvrage de James Douglass, ‘JFK and the Unspeakable’ (parmi d’autres sources), montre clairement le changement stupéfiant de l’opinion publique et, dans une certaine mesure, de la politique électorale, que JFK a en quelque sorte inspiré à partir de son discours à l’American University le 10 juin 1963.
» JFK est parvenu à faire adopter le traité d’interdiction des essais nucléaires au cours de l’été et de l’automne 1963, malgré l’opposition initialement écrasante de l’establishment et de ses médias. L’opinion publique, elle aussi, a commencé par être hostile au traité. Mais en faisant appel à la meilleure nature des gens et en mobilisant son charisme pour les inspirer, JFK a d’abord fait basculer l’opinion publique, puis le Congrès. Il a signé le traité le 7 octobre 1963, six semaines avant d’être assassiné lors d’un coup d’État.
» Si RFK Jr. veut avoir une chance de remporter la présidence, il devra imiter le miracle de l’été 1963 de son oncle en inspirant un changement radical de l’opinion publique par un appel charismatique à la bonne nature des gens. Pour ce faire, il devra adopter une approche diamétralement opposée à celle que Trump a utilisée contre les médias en 2016 : Au lieu de riposter par des invectives méchantes et de désigner des boucs émissaires, Bobby devra rendre l’amour pour la haine, rendre la vérité pour les mensonges, et se concentrer sans relâche sur le positif et l’inspiration, tandis que les médias accumuleront la négativité et le cynisme.
» Est-ce que cela pourrait fonctionner ? Oui, c’est possible. Tout comme les gens en avaient assez des conneries anodines des médias en 2016 et trouvaient l’agression verbale de Trump rafraîchissante, nous sommes aujourd’hui de plus en plus nombreux à en avoir assez non seulement des mensonges, qui deviennent de plus en plus scandaleux chaque année, mais aussi de l’absence totale de vision idéaliste ou inspirante. »
On verra ce qu’il faut faire du jugement porté sur Trump par rapport à celui qui est porté sur Kennedy. Les appréciations se mélangent et se contredisent : lorsqu’on est antiSystème de gauche, on n’en est pas moins de gauche. Dire que Kennedy ne serait qu’amour contre la haine alors que Trump, qui défendait pourtant la même cause, n’était que méchanceté est une absurdité. Que Kennedy soit ou non amour, il ne déborde pas d’un tel sentiment lorsqu’il parle du complexe militaro-industriel, et ce serait même plutôt l’inverse, en souvenir de son oncle. La différence entre Kennedy et Trump, c’est que le premier s’attaque clairement au Complexe tandis que le second s’attaquait à la corruption, — ce qui était faire preuve d’“amour” pour les gens victimes de la corruption. Par contre, Trump a été d’une extraordinaire maladresse et ignorance dans ses choix de ses collaborateurs. Sans doute a-t-il évolué de ce point de vue.
On reste confondus devant l’opportunité qui parvient à se dégager de ce pays pourtant cadenassé par la gangrène de la corruption, du militarisme, et du formidable manteau de censure et de mensonge qui le recouvre. Que ces deux hommes s’aiment ou ne s’aiment pas, qu’ils soient étiquetés différemment, peu nous importe. Ils sont faits pour travailler dans le même sens, que cela leur plaise ou non, que ce soit directement ou indirectement.
Là-dessus, la référence de Douglass est irrésistible et il faut l’avoir à l’esprit, sinon dans l’âme du fait de sa dimension spirituelle. Dans un mois, nous serons sous les auspices du soixantième anniversaire du « miracle de l’été 1963 de son oncle »... (Ce discours de Kennedy d’août 1963, indiscutable événement pour une formidable tentative d’apaiser toutes les tentations bellicistes avec la complicité de Krouchtchev.)
Tout cela, qui nous ramène à Vilnius, renforcés dans notre sentiment que c’est bien la perspective de Kennedy au sein du parti démocrate, dans le cadre du tandem diabolique Kennedy-Trump, comme complices ou comme adversaires de connivence, – cette perspective qui a conduit la parti US à désamorcer le plus possible l’Ukraine de plus en plus encombrante avec ses prétentions à faire partie du club très chic et très fermé de l’OTAN, – le Wimbledon de la planification des guerres que les autres feront pour lui.
Que des dizaines, des centaines de milliers d’hommes meurent ou sont gravement blessés pour une cause qui n’intéresse plus guère ceux qui en sont la cause n’importe guère à ces personnages. Ce qui importe, c’est que l’Amérique est en train de faire un 180° sur place et de confirmer le jugement de Richard Haass sur « L’hégémon épuisé », avec ce moment où la crise intérieure de l’Empire prend le pas sur toutes les crises extérieures, – et donc la préoccupation-Kennedy l’emportant sur la préoccupation-Zelenski :
« Jusqu'à récemment, ce stratège mondial [Richard Haass] n'aurait jamais envisagé une telle éventualité. Mais dans son esprit, l’effritement du système politique américain signifie que, pour la première fois de sa vie, la menace intérieure a surpassé la menace extérieure. Au lieu d’être le point d’ancrage le plus fiable dans un monde instable, les États-Unis sont devenus la source la plus profonde d’instabilité et un exemple incertain de démocratie. »
Bien entendu, tout est bien compris mais rien n’est dit. Les USA ne sont pas seuls dans cette partie ukrainienne, et même loin de contrôler la chose d’une façon satisfaisante. Il y a Mister-Z. qui l’a mauvaise et qui est capable de n’en faire qu’à sa tête, – et puis, mazette, il y a les Russes, dont l’intention n’est pas de faciliter la tâche des démocrates.
Mis en ligne le 14 juillet 2023 à 17H15