Boeing et Airbus piquent dans la crise

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L’aviation civile de transport touchée de plein fouet par la crise, – tel est le verdict principal avant même le procès, au Salon aéronautique de Farnborough qui s’ouvre aujourd’hui. La tradition des grands salons aéronautiques de ces dernières années est brisée. Il n’y aura pas la folle compétition habituelle des commandes gargantuesques entre Boeing et Airbus, parce qu’il semble bien qu’il n’y aura guère de commandes gargantuesques. La seule attendue pour l’instant est un marché de $20 milliard pour Etihad, compagnie de l’émirat d’Abou Dhabi.

Farnborough est le premier salon de la Grande Crise, avec cette annonce par le Times d’aujourd’hui d’une prévision de l’effondrement des commandes dans les une-deux prochaines années: de 20 à 30% d’annulation ou de report des commandes actuellement enregistrées, soit plus de $100 milliards sur $530 milliards. Dans ce cas, il s’agit d’une réaction à la montée exponentielle du prix du pétrole. (Selon l’IATA, l’association internationale du transport aérien, chaque dollar de plus du baril du pétrole coûte $1,6 milliard à l’industrie du transport aérien. Plus de 20 sociétés de transport ont déposé leur bilan depuis le début de l'actuelle phase d'augmentation de prix du pétrole et d'autres faillites sont attendues. Partout, les compagnies suppriment des lignes et réduisent leurs activités, – bonne chose pour la lutte générale contre la pollution et le réchauffement climatique!)

«More than $100 billion (£50.2 billion) of aircraft orders could be cancelled or postponed in the next couple of years as the high price of fuel drives airlines into bankruptcy or forces them to cut spending.

»Analysts estimate that 20 to 30 per cent of the $530 billion order backlog held by Boeing and Airbus, the aircraft manufacturers, could be cancelled or delayed as the aviation industry heads towards a winter of turmoil. These cancellations would have a significant impact on aerospace suppliers such as Rolls-Royce, the engine maker.

»Evolution Securities, the brokerage, has cut its forecast for Rolls's earnings per share by 20 per cent, which would represent a £150 million reduction in earnings.»

Le même Rolls-Royce cité ci-dessus, interrogé par le Times, réagit en mettant en évidence un phénomène nouveau: le transfert des commandes et du chiffre d’affaire des sociétés aéronautiques vers le militaire, à mesure que le secteur civil recule. Rolls vient de repasser la barre des 50% de ses activités majoritairement pour la défense, en constante croissance, avec réduction à prévoir désormais de ses activités pour le civil. C’est une tendance qui renverse celle qui a existé depuis la fin de la Guerre froide et retrouve effectivement celle de la Guerre froide (équilibre de l’expansion des deux domaines, avec poussée du militaire selon les événements, et activités militaires en tête).

L’industrie aéronautique présente une situation très caractéristique de ce temps de crise, et même une situation exemplaire dans la mesure où cette industrie est directement et très rapidement touchée par les événements économiques et politiques. (C’est toujours la caractéristique essentielle de cette Grande Crise ; c’est la rapidité des événements, notamment mais principalement à cause de la structure globalisée de l’économie mondiale et de la puissance de la communication propageant les nouvelles et créant sa propre dynamique d’accélération.)

Cette situation est également caractérisée par le mélange paradoxal, contradictoire et souvent accélérateur du désordre, des nouvelles et des mesures confrontant la perspective catastrophique de la crise et la philosophie d’expansion à outrance qui est le propre de notre économie, qui subsiste encore. Ce mélange aggrave encore les déséquilibres déstructurants et contribue à la déstabilisation générale. Pour cette industrie aéronautique, le phénomène est illustré par l’annonce, au moment où Boeing et Airbus se trouvent face à une réduction de 20%-30% dans l’immédiat de leurs commandes enregistrées, de l’arrivée d’un nouveau concurrent (Bombardier) dans ce cercle de l’industrie de transport aérien de haut niveau qu’on croyait fermé aux deux grands avionneurs ; c’est aussi la possibilité que d’autres (Brésil, Chine, Russie) s’y lancent.

«Fears about a drop in aircraft orders come as Boeing and Airbus have a competitor in the trillion-dollar, shorthaul aircraft market for the first time in over a decade after the announcement yesterday that Bombardier, the Canadian engineering group, is to build a new passenger jet, the C-Series.

»Part of the funding for the $3 billion project will come from the British Government because Bombardier plans to build the wings for the C-Series at its factory in Northern Ireland.

»The C-Series' launch customer is Lufthansa, the German airline, which has bought 30 of the $46 million aircraft, worth about $1.4 billion at market prices. Bombardier becomes the first manufacturer to challenge the Boeing-Airbus duopoly in the large aircraft market since McDonald Douglas was bought by Boeing in 1997.

»The massive investment required to develop large aircraft has allowed Boeing and Airbus to dominate this market, but now they face challenges from Bombardier and other aspiring competitors in Brazil, Russia, China and Japan.»


Mis en ligne le 14 juillet 2008 à 06H06