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535815 août 202 (17H40) – Il faut toujours suivre l’increvable John Bolton, aisément identifiable par ses moustaches blanches qui lui donnent l’allure d’un.e orque (ou d’un.e orc, l’un.e et l’autre des profondeurs de l’Arctique à la Terre du Milieu), – je veux dire l’allure d’un/d’une orque qui aurait des moustaches blanches à la Bolton. Plus qu’un neocon, ce « proche des neocon » comme dit son ‘Wikipédia’, est plus neocon qu’aucun autre neocon ne le fut et ne le sera jamais. C’est un exemple et un exemplaire unique.
On sait peu, et même très peu jusqu’à la fin de toute mémoire, que c’est Bolton qui est la cause directe et opérationnelle d’‘Ukrisis’. Nommé en 2001 au département d’État, à la tête du service du contrôle des armements, c’est lui qui, de sa propre initiative et sans véritable directive à ce propos alors que le post-9/11 battait son plein dans le désordre terroriste et patriotard, je dirais presque à ses propres frais dans les voyages qu’il fit chez les amis d’Europe de l’Est, – c’est donc bien lui qui lança (en 2002) la mécanique de l’installation de bases de missiles antimissiles américanistes-occidentalistes dans les pays bordant la Russie (Pologne, Ukraine, Roumanie). Cet homme avait compris, avant tout autre, comme fonctionnait et dans quel but de Rien-sinon-détruire la politiqueSystème.
Par contre, le but-narrative était admirable, presque comme une farce des Marx Brothers : intercepter des missiles balistiques super-intercontinentaux iraniens que les Iraniens n’avaient évidemment pas, non plus que les bombes à mettre dans leur nez, ni aucune intention de fabriquer ceci et cela. Il s’en déduit logiquement que ce programme boltonien résista à tous les avatars malgré les tempêtes de rire soulevés par la mission d’interception de missiles balistiques iraniens ; lequel programme finit par accoucher de vastes projets de bases US en Pologne et en Roumanie, en attendant que la Pax Americana donne tous ses effets vertueux en Ukraine.
Entretemps, on s’aperçut que les missiles antimissiles (sol-air) US étaient plus à l’aise dans l’interception de missiles russes ; que les missiles russes existaient contrairement aux missiles iraniens ; que les missiles sol-air US pouvaient être subrepticement et élégamment remplacés par une même version sol-sol d’attaque avec tête nucléaire ; que cela mettait ainsi Moscou fort proche et rapidement nucléarisable dans le cas d’une frappe de décapitation US par surprise, ce qu’on nomme communément une ‘FirstStrike’.
Note de PhG-Bis : « Cela pour dire, en passant et pour nos agapes futures, que si l’on en finit avec l’Ukraine, l’on n’en aura pas fini. Le véritable but des Russes, d’ailleurs enrobé dans un papier-cadeau sous le titre aguichant de “Retour de l’OTAN à ses frontières de 1996”, c’est la liquidation de ces bases , en Pologne et en Roumanie. Maintenant que les Russes ne craignent plus d’agir en mode opérationnel rien ne sera fini tant qu’elles seront là... »
Ainsi en est-il de John Bolton, qui réussit l’exploit de se faire nommer comme conseiller de sécurité nationale (poste qu’occupe actuellement Sullivan) de Trump, par Trump. Ce président-là, qui est capable de renverser bien des tables, est aussi capable de faire des fautes absolument phénoménales, où son narcissisme se mélange à un amateurisme satisfait pour lui faire gober des couleuvres de dimensions mythiques. Bolton en fut une, qui sabota les négociations avec la Corée du Nord, avant de démissionner et d’écrire un livre où il descend Trump en flammes de l’enfer.
Et ainsi en venons-nous à l’essentiel, qui m’est arrivé à l’oreille dans un éclat de rire de Christoforou à propos du ‘clown world’, où Bolton a sa place en vedette américaine. Christoforou se moquait d’un article de Bolton paru dans le Wall Street ‘Journal’ le 12 août, où il attaque méchamment Biden pour sa complaisance et ses hésitations dans l’affaire ‘Ukrisis’. Pauvre Joe ! Se faire accuser de mollesse dans son soutien aux antirusses d’Ukraine, lui qui se montre si actif, si prévenant, si généreux.
Sans prendre la peine de tenter de lire en entier le texte de Bolton qui a déjà été écrit et répété une bonne centaine de fois depuis 2002, je me replie sur l’extrait principal que nous cite Christoforou où Bolton énonce l’argument ultime pour y aller à fond, en Ukraine, contre les Russes, s’il le faut jusqu’à Moscou, s’il reste encore des ruines habitables chez ces barbares.
« Cette hésitation [de Biden à soutenir Zelenski] est le produit d’une dissuasion réussie du Kremlin, nullement une nécessité stratégique américaine. Il n’y a aucun signe que la Russie ait la capacité militaire conventionnelle de menacer l’OTAN et la volonté de lancer des frappes nucléaires.
» Malgré les menaces nucléaires répétées de Moscou, la communauté du renseignement a affirmé dans des auditions au Congrès que les capacités nucléaires russes n’ont pas été mises en statut opérationnel d’emploi. Poutine ne cesse de bluffer. Cela pourrait changer, mais succomber à son bluff lui donne exactement ce qu’il veut sans que cela ne lui coûte rien. »
C’est un passage d’anthologie qui m’a surpris, malgré mon habitude du bonhomme et des œuvres de nos amis dans ce domaine de la narrative. Je veux dire par là que, dans ces quelques lignes, il y a autant de mensonges parfaits, à 180°, à chaque affirmation qui est faite, – ce qui vous pousserait à dire que Bolton est une source précieuse : prenez le contraire à 180° de ce qu’il dit, vous tapez juste.
• Il nous dit qu’« n’y a aucun signe que la Russie ait la capacité militaire conventionnelle de menacer l’OTAN », et le contraire exact est parfaitement vrai : il n’y a aucun signe que l’OTAN ait la capacité militaire conventionnelle de menacer la Russie. Comme on l’a découvert ces mois derniers, c’est le contraire qui est de plus en plus assuré : la Russie a de plus en plus la capacité conventionnelle opérationnelle, non seulement de menacer, mais de vaincre l’OTAN.
• Il nous dit qu’ « n’y a aucun signe que la Russie ait... la volonté de lancer des frappes nucléaires ». C’est exactement le contraire : toutes les déclarations disent que la Russie, si elle se juge menacée dans son existence et est attaquée dans ce sens, utilisera « tous les moyens dont elle dispose » (Poutine il y a un mois) pour se défendre, – donc le nucléaire. Il n’y a jamais eu de débat sérieux à cet égard en Russie, donc aucune question concernant la volonté : il s’agit d’un fait irréfragable, un acte qui sera nécessairement posée. (Au reste, toutes les nations disposant du nucléaire raisonnent de la sorte, c’est inhérent à l’arme et à la dissuasion.)
• Il nous parle des « menaces nucléaires répétées de Moscou » (d’utiliser du nucléaire en Ukraine dans les conditions courantes). Il n’y en a pas eu. Poutine a dit à l’une ou l’autre occasion qu’il y avait du nucléaire dans son arsenal, avec l’emploi possible tel qu’il est décrit ci-dessus, “en défense de la Patrie”. Ce n’est pas une “menace nucléaire” mais la narrative américaniste-occidentaliste l’a affirmé au contraire, d’ailleurs dans l’un ou l’autre cas alimenté par Bolton, ceci et cela illustrant la marche de la narrative, son blanchiment comme l’argent de la drogue en passant d’une plume à l’autre, d’un menteur à l’autre, si bien que le premier menteur qui a lancé le canard le réutilise comme vrai lorsqu’il le découvre dans une des sources qu’il a lui-même abreuvée.
• Les armes nucléaires « russes n’ont pas été mises en statut opérationnel d’emploi » disent les services de renseignement US, – ah mon Dieu, nous sommes bénis d’avoir de telles sources qui enfoncent des portes ouvertes qui n’existent pas avec un bulldozer capable d’éviter un champ de mines ! Combien de fois ces dernières années et décennies avons-nous pu clamer notre admiration de la lucidité et de l’efficacité de cette énorme usine à gaz que l’on nomme “communauté du renseignement” à Washington D.C. ! Par ailleurs, puisqu’il n’y a pas de décision d’emploi, il n’y a pas de préparation opérationnelle : c’est ce que m’a révélé mon service de renseignement.
• Tout cela montre que« Poutine ne cesse de bluffer ». C’est juste : quand il pleut avec beaucoup des nuages il n’y a pas de soleil et quand il y a du soleil et pas de nuages ni de pluie, il ne pleut pas. Mais « cela pourrait changer », tonnerre de Brest !... Je n’avais pas songé à ça, moi.
On ne peut pas dire, je vous interdis de la dire, que John Bolton est un menteur. Il dit tout cela avec une plume si assuré, un sérieux si imperturbable, le regard perçant et la moustache en bataille bien rangée... Vous ne pouvez douter de lui : cet homme parle avec “honnêteté” et “franchise”, il est impensable de lui faire un procès en infamie. Il ne dit rien qui soit de lui ; John Bolton, comme ses hordes de compagnons et de compagnes de certitude, ne parle pas, il est “parleur”, et même “haut-parleur” de choses terribles et incroyables, ignorées de l’inconscience politique et publique, qui lui sont transmises par des canaux inconnus et complètement impossibles à identifier, depuis des sources innommables et insoupçonnables, là-bas, où logent les dieux et leurs diablotins.