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656Lisez l’article de Jon Henley, du Guardian d’aujourd’hui, sur les réactions de l’establishment parisien après le discours de Chirac d’hier soir et vous aurez un résumé acceptable d’un monde irresponsable, hystérique et qui n’a rien appris. (L’article traduit remarquablement le sentiment des salons parisiens hier soit.) On ne sait si la France est en crise, mais l’establishment, lui, nous fait une comédie qui ressemble à un “chef d’œuvre d’hystérie”, — ce qui vaut bien le « chef d’œuvre de masochisme » de l’autre.
Les reproches faits à Chirac pour ses choix de gouvernement sont effectivement du domaine de l’hystérie. (Cela ne préjuge rien de ce qu’on doit penser de ce nouveau gouvernement, — on verra. Nous jugeons ici les réactions.) Ainsi nous avise-t-on que les analystes (parisiens sans doute) « said that in appointing a loyalist, friend and former adviser, Mr Chirac had opted for security ». En même temps, Chirac nous est décrit comme un homme aux abois qui joue son va-tout (« Weakened Chirac gambles on Villepin »). Jouer son va-tout, est-ce jouer la sécurité?
Le principal reproche fait à Villepin, c’est qu’il n’est pas un élu du peuple, — reproche aisément compréhensible quand on voit combien le peuple se montra, dimanche, en accord d’esprit et de cœur avec ses élus. (« “It's a catastrophe, a real catastrophe,” said Philippe Moreau Defarges of the French Institute for International Relations. “People will go on to the streets to show their anger. This is a man who has never been elected, who doesn't represent the people at all. It will turn out badly.” ») Ils ont gardé, bien cachée, la fibre démocratique, ceux qui, en même temps, sont bien proches de vous dire, avec déjà une moue de mépris, qu’il n’y a pas à tenir compte d’un vote majoritaire et massif aussi manifestement déraisonnable que celui du 29 mai. Est-ce un signe de compétence et de légitimité d’être un élu, après la raclée phénoménale que vient de recevoir la représentation nationale? (Si la Constitution était allée devant le Parlement, elle aurait bénéficié d’un soutien de 90% au pire: comparez avec les résultats du référendum et dites-nous si l’élu, aujourd’hui, est un garant de légitimité?)
Sarkozy bénéficie d’un délire indirect qui rattrape ceux qui le manifestent de bien des enthousiasmes contraints pour le soutien de la politique de De Villepin à l’ONU, en 2002-2003, contre les USA et leur magnifique croisade démocratique en Irak. Sarko est désormais l’homme de tous les enthousiasmes hystériques. Dans la bataille contre Villepin, — puisqu’il est décidé qu’il y a bataille entre les deux, — il a gagné d’avance: « At the high-profile interior ministry, however, Mr Sarkozy is certain to devote his considerable energy to outmanoeuvring the politically inexperienced premier. Together with the UMP party machine, that could make him unstoppable. » Effectivement, on a vu dimanche dernier combien les diverses “party machines” étaient absolument et complètement “unstoppable”.
Par-dessus tout cela, il y a ce sentiment aussi lourd qu’une chape de plomb: tous ces gens, Européens jusqu’au bout de leurs ongles manucurés, sont absolument incapables de penser en termes autres que ceux de la politique politicienne des salons qu’ils fréquentent, là où se trouve leurs contacts d’élus du peuple avec le peuple. Cela aussi, c’est un bon signe. Nous serions Sarko, nous serions plutôt mal à l’aise d’avoir le soutien de tous ces gens.
Mis en ligne le 1er juin 2005 à 07H30