Bons baisers de la “strong Europe

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 898

La chronique de Simon Serfaty dans l’International Herald Tribune du 30 septembre est à signaler, non pour son intérêt intrinsèque mais parce qu’elle signale l’un des premiers signes de l’offensive du CSE (“Committee for a Strong Europe”), dont la réapparition “européenne” de Bruce P. Jackson marquait l’annonce officielle.

Le texte de Serfaty est assez banal, avec une analyse très pessimiste de la situation en Europe qui ne répond certes pas à la complexité du continent ; c’est une soi-disant démonstration outrancière et également désabusée d’une vision de l’Europe à usage précis (implicitement : une Europe qu’il importe de redresser en suivant les préceptes de la CSE). Serfaty, “pied-noir” d’origine (il est né au Maroc), français de culture (études à Paris et grande admiration pour Camus), a finalement capitulé devant le brillant et le confort des bonnes places du système américaniste. C’est un personnage assez rare, notamment par la différence abyssale entre ce qu’il écrit publiquement (dans les conférences à public réduit, il est plus audacieux) et ce qu’il vous dit en privé. Sa vraie opinion, dite sur un ton désabusé quoique d’une ironie mondaine, se ramène au constat de la situation absolument catastrophique du système de l’américanisme (et pas du tout de l’Europe).

Sa présence dans l’offensive pour une “strong Europe ” signifie que les néo-conservateurs ont ratissé large pour leur nouvelle initiative. (Serfaty n’est nullement proche des néo-conservateurs.) Contrepartie de cette tactique: l’offensive porte sur des objectifs assez sages et classiques (voir pour la culture personnelle les principes d’action de la CSE), dans le sens plutôt du multilatéralisme américaniste que de l’unilatéralisme américaniste. Les neocons ne sont vraiment plus ce qu’ils étaient. Par contre, l’étiquette qui leur colle à la peau de comploteurs et d’extrémistes mettra aussitôt la puce à l’oreille des Européens et voue cette offensive à l’échec. Il manque les pincettes que les grands anciens de la manipulation américaniste avaient l’habitude d’utiliser dans ce genre d’entreprise, surtout lorsqu’il s’agit des Européens.


Mis en ligne le 3 septembre 2005 à 09H20