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4647• Les conservateurs britanniques vont s’activer tout au long du mois d’août pour se choisir un successeur à Boris Johnson, à la tête du parti et au 10, Downing Street. • Signe des temps ou ironie de l’époque : les deux concurrent sont des représentants de la très-fameuse diversité : une femme et un fils de migrant indien. • La femme, Liz Truss, est agressive et antirusse, stupide et inculte, donc favorite. • En face, Rishi Sunak, beaucoup plus modéré mais forcé au radicalisme par sa rivale. • Ukrisis bouleverse tout. • Contributions : dedefensa.org et Timour Fomenko.
S’il nous arrive d’une façon assez régulière d’utiliser la langue anglaise pour l’un ou l’autre titre (“Britain Rules the Fools” après “Ideological Salad”, il y a trois jours), c’est que l’anglais actuel, qui n’a plus rien à voir avec Shakespeare, est bien la langue à la fois de la “politiqueSystème” et de l’effondrement suscité par la GrandeCrise... Car ce qui nous attend après Boris Johnson, dont le départ a suscité un soupir de soulagement temporaire et occasionnel chez ceux qui ont compris l’aspect nihiliste et entropique de la politiqueSystème si actif dans Ukrisis, semble devoir certainement être pire que Boris Johnson.
C’est la thèse de l’analyse politique russe Timour Fomenko dans un texte pour RT.com du 26 juillet 2022, qui analyse la position des deux concurrents derniers restant en lice pour revendiquer la fonction de Premier ministre (en plus de celle de chef du parti conservateur). Il s’agit de deux ministres de Johnson, Rishi Sunak, chancelier de l’Échiquier, et Liz Truss, Secrétaire au Foreign Office.
Reflétant en cela l’avis général, Fomenko ne doute pas que Truss, – la plus extrémiste, la plus inculte et la plus stupide à la fois, – a toutes les chances de l’emporter à cause de ces trois qualités essentielles pour réussir aujourd’hui dans les décombres de la politique occidentale devenue folle. On s’en était aperçu en février, lors d’une visite de Truss à Moscou où elle nous parla de la Mer Noire en la confondant avec la Baltique :
« En effet, qui aurait pu croire, lundi dernier, que Emmanuel Macron serait jugé jeudi à Moscou, et pour nous-mêmes finalement et en dépit de tout, comme un modèle de diplomatie, de mesure et de respect de ses interlocuteurs. La ministre des affaires étrangères Elizabeth Truss du grand pays qu’est l’Angleterre a réussi cet exploit, et haut la main encore. En sortant de son entretien avec elle, le grand Lavrov, écrasant par sa taille, caractérisa en pouffant à plusieurs reprises leur conversation d’une façon imagée et somme toute assez drôle, du type “puisqu’ils sont fous, eh bien amusons-nous”, ou encore comme « un sourd parlant à un muet », avant de poursuivre avec netteté, sans aucun souci d’atténuer le choc diplomatique et plaisantant allègrement à propos de l’invasion russe que tout le monde, du balcon au poulailler, réclame sur l’air des lampions... »
Aujourd’hui, Truss joue à la guerrière thatchérienne, ce qui fait frissonner tous les cervelets enfiévrés de parti conservateur. Sunak, plus sage et encore très modéré en janvier lorsqu’il voulait renforcer les liens avec la Chine, a dû s’aligner pour rester dans la compétition et il faut s’attendre à un déchaînement forcé de sa part pour tenter (sans grand espoir semble-t-il) de l’emporter malgré tout contre l’hyper-favorite, la stupide-Truss.
Nous ne faisons là que décrire une pente malheureusement connue à peu près dans tous les pays du bloc-BAO, même si désormais certains commencent à freiner très, très sérieusement... Les Britanniques, pas du tout, ils iront jusqu’au bout en fidèle soldat de la stupidité américaniste, et ainsi sera-t-il démontré que l’actuelle GrandeCrise, l’actuelle Ukrisis est complètement, absolument, un montage de l’“Anglosphère” et, par conséquent, le naufrage absolument épique et titanesque, – nous voulons dire à la mesure du ‘Titanic’, – de la susdite “Anglosphère”. De ce point de vue, il n’y a rien à reprocher à l’analyse de Fomenko, en y ajoutant la remarque wokeniste que, finalement, – tout le monde s’y retrouve, Folleville ! Après tout, les deux candidats sont tous deux, teigne et contente pour l’une, contraint et un tantinet gêné pour l’autre, des représentants du triomphe-LGTBQ dans l’austère et traditionnelle Angleterre :
• Truss est femme, et bien femme, connue comme impitoyable garce dans son parti, terrorisant tous les Lords au nom du féminisme militant, ce qui nous rendrait Thatcher presque sympathique.
• Sunak, d’une vieille et noble famille venue du Penjab, est beaucoup plus sympathique et compétent que Truss, et donc défavorisé à mesure à cause de ceci et cela. Son seul avantage, au contraire de ce qu’écrit Fomenko, est justement qu’il est “issu de la diversité” : cela aurait pu le servir s’il avait été aussi stupide et inculte que Truss, – mais non ! Et Fomenko écrit à notre sens faussement dans un parti conservateur assoiffé de bienpensance-wokeniste :
« En tant que premier candidat issu d’une minorité ethnique à la direction du parti conservateur, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il est désavantagé dans de telles circonstances, une vérité triste et inconfortable. »
En effet, si Fomenko a raison d’attirer notre attention sur un avenir britannique qui nous fera très probablement regretter Boris Johnson, il le fait selon nous, selon une méthodologie et un classement idéologique qui est faussé. Il insiste beaucoup sur la “droite”, sur la “base populiste” (de droite ; bien sûr), qui pousseraient les candidats à l’extrémisme et à la guerre co-américaniste, aussi stupide que peut l’être la politiqueSystème. Là-dessus, il met ce courant dans la perspective des “special-relationships” qui a guidé l’Angleterre au côté des USA dans toutes les guerres américanistes (sauf pour le Vietnam, dont Harold Wilson n’avait rien voulu savoir ; et alors, l’on comprend, que des rumeurs de coup d’État contre lui, du fait du MI6 soutenu par la CIA, n’apparaissent aujourd’hui nullement infondées, comme des documents récemment déclassifiés l’ont montré).
Cette classification droite-gauche, c’est oublier un peu vite que, dans le cycle actuel, le bellicisme déchaîné des Britanniques a été revigorée par une équipe travailliste fameuse (Blair-Brown, 1997-2010), dite “de-gauche” façon-R2P, qui nous a valu quelques brillantes expéditions guerrières et laissera dans nos mémoires Tony Blair comme favori pour le titre de plus sanglant criminel de guerre de la période1999 (Kosovo)-2008 (Irak, Afghanistan). A cet égard, la “gauche” britannique n’a rien à envier à “la droite”, loin de là.
De même, les critiques lancées contre le Brexit comme événement agitateur d’un ultranationalisme débouchant sur la politique actuelle doivent être à notre sens si largement nuancées qu’on doit considérer le Brexit comme un outil détourné de son but initial et nullement comme une cause. Nous pensons que si la Grande-Bretagne était restée au sein de l’UE, quand on considère la “politique” de l’UE vis-à-vis d’Ukrisis, son attitude extrémiste antirusse n’aurait été en rien différente. Le Brexit comme processus pour quitter l’UE a accompli son but, puis le courant national ainsi créé a été détourné au profit de l’habituelle politiqueSystème. Cela ne discrédite en aucune façon le processus de quitter l’UE, elle-même aussi belliciste qu’on la voit, mais nous ramène à la veulerie générale, – extrémisme, inculture et stupidité, – du personnel dirigeant et de la presseSystème qui exerce ses pressions habituelles dans le sens qu’on sait.
Ainsi préférons-nous une classification avec le marqueur de la politiqueSystème , qui est la marque infamante de l’effondrement de la civilisation occidentale en remorque de l’“Anglosphère”, particulièrement depuis le 11 septembre 2001 (même si le Kosovo était une brillante ouverture prophétique). Et l’on peut alors y mettre pêle-mêle des gens étiquetés à droite, à gauche, populiste, LGTBQ, wokenistes et progressistes, etc., – mais tous se retrouvant, une fois privés de leurs étiquettes sans le moindre valeur (surtout dans l’“Anglosphère”) selon leur position par rapport au Système, c’est-à-dire alignés sur le Système.
Dans le même sens, les références à Trump pour ce qui concerne l’hostilité jusqu’à la possibilité d’une guerre contre la Chine, pêche par le même étiquetage. Trump est “populiste” si l’on veut, mais il est surtout, d’instinct, opposé aux guerres extérieures qui rendent fous d’enthousiasme les neocons et tous les progressistes plus ou moins wokenisés soutenus par le complexe militaro-industriel et le globalisme ultra-libéral. Alors oui, dans ce cadre-là, l’Angleterre est sur une pente catastrophique, surtout si Truss l’emporte. On verrait alors l’Angleterre conduite sur la pente de sa catastrophe par une native européenne, blanche et féministe évidemment comme une des ‘Harpies’ d’Hillary Clinton, – tandis qu’un fils de migrants indiens aurait pu ou pourrait marquer plus de sagesse, comme en montrent son pays d’origine et de nombreux autres du “Grand-Sud”... Qui veut bien s’y retrouver savourera l’ironie de ces caractéristiques croisées que produit cette étrange époque.
Enfin, d’une façon plus générale, on doit remarquer combien tous les actes politiques, les ruptures, les désignations, etc., – surtout en Europe, – même s’ils se font à partir de situations internes particulières finissent par se décider à la lumière d’Ukrisis, de la GrandeCrise. Ainsi, Johnson est tombé à la suite de diverses incartades qu’il a accomplies, dont certaines anodines mais énormément grossies, comme le ‘Partygate’, c’est-à-dire l’une ou l’autre réunion, réception privées, données par le premier ministre dans un régime Covid imposé au pays (port du masque), et pour ces divers cas, faites sans masque ; pourtant, la chute de Johnson est vécue comme ayant un rapport avec son activité en Ukraine, certains pour s’en réjouir, beaucoup pour s’en désoler ; et son successeur, à partir de nombreuses questions internes pressantes, prenant finalement le chemin d’être choisi en fonction de sa politique antirusse, de soutien à l’Ukraine, etc.
Nous trouvons là une confirmation que la GrandeCrise Ukrisis tend de plus en plus à phagocyter, à “vampiriser” tous les problèmes politiques européens, à devenir le pôle central de tous les choix politiques, et montrant par ailleurs des divergences et des différences importantes entre les pays européens. Ukrisis devient la crise européenne absolue en plus d’être l’étape finale de la GrandfeCrise, et son effet, au lieu de s’atténuer après le premier moment d’émotion, tend au contraire à dépasser l’affectivisme, à se structurer en des choix politiques assumés, fussent-ils catastrophiques comme celui qui se dessine en Angleterre
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Lors du prochain débat télévisé, le candidat à la direction du Parti conservateur britannique, Rishi Sunak, qui a été chancelier de l'Échiquier sous le gouvernement de Boris Johnson, devrait promettre une action résolue contre la Chine, qu'il accuse d'être « la plus grande menace à long terme pour le Royaume-Uni ».
Affirmant que Pékin est maintenant en train d’« infiltrer nos universités » et de « voler notre technologie », des affirmations racistes et alarmistes développés par l’administration Trump, Sunak appellera à renforcer la coopération de l'OTAN contre la Chine et s'engagera à fermer les 30 instituts Confucius du pays (qui enseignent la langue chinoise mais ont été fréquemment et sans fondement accusés d'espionnage et d'ingérence politique).
Pour la plupart des conservateurs-neocon, cependant, la rhétorique de Sunak n'est pas convaincante. En janvier de cette année il s’engageait encore à renforcer les liens commerciaux entre la Chine et le Royaume-Uni. Son changement de cap est manifestement motivé par son désir de devenir le chef du parti et de plaire à une base populiste de droite qui favorise massivement son adversaire Liz Truss s'inspirant très explicitement de Margaret Thatcher. En tant que premier candidat issu d’une minorité ethnique à la direction du parti conservateur, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi il est désavantagé dans de telles circonstances, une vérité triste et inconfortable.
Les positions antérieures de Sunak sur la Chine, également assez raisonnables, ont rapidement constitué une ligne d'attaque de la presse de droite contre lui. Le ‘Daily Mail‘ affirmait récemment qu'il était soutenu par le ‘Global Times’ de Chine, ce qui, selon le journal, constitue « un soutien dont personne n’a vraiment besoin ».
Cependant, personne ne peut sérieusement penser que Sunak va “surpasser” en agressivité Liz Truss, fanatique sans bornes dans son approche conflictuelle de la diplomatie contre la Chine et la Russie, et dans son obsession pathologique pour la démocratie, – ou plutôt, la fabrication rhétorique du concept de « démocratie » constituant le cri de ralliement des dirigeants occidentaux.
Pour la Grande-Bretagne dans son ensemble, c'est une nouvelle désastreuse, mais bien peu s'en rendent compte. Malgré les discours sur la « Grande-Bretagne globale » et le « libre-échange », la personne qui succédera à Boris Johnson (et ce sera probablement Truss) mettra la Grande-Bretagne sur une trajectoire de collision avec la deuxième plus grande économie du monde, la plus grande en termes d'importations et d'exportations dans le sillage des impacts persistants du Brexit, et bien sûr tout en poursuivant simultanément une guerre par procuration agressive en Ukraine, où Truss ne veut rien de moins que la défaite de l'État russe. On pourrait alors s'arrêter un instant pour réfléchir autour de la question : mais qu’est-ce qu’il s’est donc passé avec la politique étrangère britannique ? Comment a-t-elle pu devenir si déséquilibrée et autodestructrice ? On y trouve l’exercice de la pure folie qui s’est emparée du courant politique dominant à la lumière du Brexit.
La Grande-Bretagne moderne a toujours été, à tous les moments de son histoire, arrogante et agressive, et n'a jamais regretté son héritage impérial. Attribuer au seul Brexit un tel chauvinisme débridé serait oublier la destruction de l'Irak, de la Libye et de la Syrie, et bien sûr le fait que la Grande-Bretagne n’a jamais cessé de se plier aux consignes de la politique étrangère américaine, avec le manque évident d'indépendance de sa propre direction. Le Royaume-Uni a, sur le papier, participé à toutes les guerres menées par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. La seule exception a été le Vietnam, grâce à Harold Wilson, un Premier ministre travailliste qui a véritablement défini les « swinging sixties » en Grande-Bretagne et a refusé d'y participer. Mais il était l'exception.
Ainsi, bien que son esprit ait toujours été présent, le Brexit s'est manifesté comme étant probablement la forme la plus élevée et la plus chauvine d'exceptionnalisme anglophone et d'élitisme idéologique à ce jour, notamment parce qu'il a étouffé le débat d'après-guerre concernant l'identité post-impériale de la Grande-Bretagne et la demande d'appartenance à l'Europe. Au lieu de tourner la page du passé, il l’a renforcée en fusionnant avec un type de néoconservatisme extrême pour rendre la Grande-Bretagne encore plus soumise aux Etats-Unis, jusqu’à conduire une hyper-agression contre certains pays, en l'occurrence la Russie et la Chine, au nom de la civilisation britannique. Tout pragmatisme, toute raison, tout équilibre et toute humilité qui auraient pu autrement retenir les politiciens conservateurs se sont évaporés au nom du populisme.
Nous en sommes maintenant au stade où un politicien britannique d'origine indienne estime qu'il peut obtenir un gain politique pour lui-même en utilisant la peur, la haine et l'alarmisme contre les Chinois, trahissant ainsi le pays diversifié et ouvert où ses parents se sont installés et qui lui a permis de connaître un tel succès. C'est un triste état de fait, et cette recherche agressive de brûlots de confrontation géopolitique va sans aucun doute, comme elle l’a déjà fait, mettre encore davantage à mal l’économie britannique, déjà en proie à une inflation galopante, à une baisse des revenus, à des conflits sociaux croissants et à des inégalités criantes. Si, bien sûr, Liz Truss semble être un vainqueur presque inévitable, le fait qu'une personne comme elle soit dans cette position en dit long non pas sur son ascension, mais sur la descente aux enfers de la Grande-Bretagne. Si vous pensiez que Boris Johnson était mauvais (il était personnellement incompétent et politiquement limité par rapport aux autres), attendez-vous à bien pire. Sur de multiples fronts, nous allons voir le Royaume-Uni prendre le profond virage de la régression vers la droite qu'ont connu les États-Unis.