Bush-père a-t-il pleuré en public sur le sort et le malheur de GW et de la Grande République?

Il y a une semaine, au cours d’un discours public qu’il donnait et dans le cours duquel il évoquait une bataille électorale de son fils Jeb, on vit Bush-père s’effondrer un instant en larmes avant de se reprendre. Ce moment d’intense émotion avait d’abord été attribué à l’évocation qu’il faisait directement, à propos de Jeb, — larmes d’émotion sans interprétation tragique nécessaire.

Le Times de Londres en donne une autre interprétation, à partir d’une déclaration d’une ancienne collaboratrice de Bush-père. Les larmes de Bush-père ont jailli lorsqu’il a dit cette phrase sibylline, qui convenait à la description qu’il faisait de la situation passée de Jeb mais qui convient également à la situation présente de GW : «A true measure of a man is how you handle victory and how you handle defeat.» (“C’est à la façon dont il se comporte dans la victoire comme dans la défaite qu’on prend la vraie mesure d’un homme”)

«It was an emotional moment for President George H W Bush. His son Jeb was soon to step down as Florida’s governor and he was recalling some rough moments during his boy’s first campaign.

»There was some “unfair stuff”, he recalled in a speech last week but “Jeb didn’t whine about it, he didn’t complain”. Then Bush began to sob. As he struggled to continue, he said haltingly, “A true measure of a man is how you handle victory and how you handle defeat”, before breaking down in tears again.

(…)

»“No one who knows George H W Bush thinks that moment (when he cried) was only about Jeb,” said Peggy Noonan, one of his former speechwriters.

»“It wasn’t only about some small defeat a dozen years ago. It would more likely to have been about a number of things and another son.”»

Certes, il y a une tragédie humaine terrible dans les rapports entre ce père et ce fils, si glorieusement réunis dans le même triomphe (41ème et 43ème présidents des USA) et si ignominieusement opposés dans deux politiques antagonistes, à propos de la même crise, à douze ans d’intervalle (Bush-père avait écarté toute conquête de l’Irak en 1991, craignant les conséquences désastreuses d’un tel acte). Les larmes de Bush-père semblent étrangement illustrer, également, les craintes tragiques que d’aucuns éprouvent désormais pour le sort de la Grande République dont son fils est l’actuel président, et dont l’Histoire pourrait retenir que c’est ce même fils qui, justement, la précipita dans sa crise la plus terrible.

Mis en ligne le 10 décembre 2006 à 10H48