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1130Si l’on voulait une indication sérieuse du très grave malaise qui est en train de gagner les rangs des militaires américains, on l’a avec cette réaction du président du JSC (le général du Marine Corps Peter Pace) à la suite d’une tribune (le 9 avril) du général Gregory Newbold (récemment retiré) dans Time Magazine.
C’est une querelle de famille, — et de quelle prestigieuse famille! Pace et Newbold sont tous deux des généraux des Marines. La grande nouveauté apportée par Newbold, c’est qu’il ne recommande rien moins que la révolte : les militaires doivent parler, ils doivent dire ce qu’ils pensent. Pace s’exclame : « We had then, and have now, every opportunity to speak our minds. And if we do not, shame on us, because the opportunity is there. It is elicited from us. And we're expected to. » Et à propos du plan de guerre contre l’Irak, que Newbold et d’autres critiquent: « And the plan that was executed was developed by military officers, presented by military officers, questioned by civilians as they should, revamped by military officers and blessed by the senior military leadership. »
Une dépêche AFP, qui reprend cet “échange” à distance signale également le malaise grandissant de l’establishment militaire. A côté de Newbold, qui demande le départ de Rumsfeld, on trouve deux autres ex-généraux demandant la même mesure : Eaton et Zunni. AFP note : « While criticism from retired military officers is not new, the latest has carried greater weight because of the roles the generals played. Newbold was the operations director of the Joint Staff through the war in Afghanistan before retiring in September 2002, partly in opposition to what he said he saw as the hijacking of the September 11, 2001 attacks on the United States to invade Iraq.
» Retired Major General Paul Eaton, who called for Rumsfeld's resignation in a New York Times opinion piece last month, was in charge of training Iraqi security forces in Iraq.
» Retired General Anthony Zinni, an early critic of the US invasion who has criticized Rumsfeld in recent television interviews, served as commander of US forces in the Gulf during the Clinton administration, and as a Middle East envoy under President George W. Bush. »
A ce malaise, on ajoutera celui qu’ont causé certaines révélations de Seymour Hersh, notamment sur la possibilité d’emploi d’armes nucléaires tactiques contre l’Iran et la précision que certains généraux auraient menacé de démissionner si une telle option était poursuivie.
Du côté des militaires US, c'est donc aussi une crise qui va s'amplifiant. Sous les pressions conjuguées de l’horreur irakienne et de la crise iranienne, des développements graves sont possibles. Un fait peu connu (révélé par Mark Perry, dans son livre Four Stars) est que le Joint Chief of Staff (les quatre chefs d’état-major de L’Army, de l’Air Force, de la Navy et du Marine Corps, avec le président du JCS) avait envisagé une démission collective en 1967, pour protester contre la politique militaire suivie au Viet-nâm. Les Chiefs avaient reculé, estimant que leur projet serait assimilé à un véritable “coup d’État” déguisé. Il se pourrait qu’on arrive au point où de tels événements, extraordinairement déstabilisants pour le système, (re)deviennent possibles.
Publié le 12 avril 2006 à 10H20