Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
887
2 août 2004 — “Ça marche” ? L’expression peut désigner plusieurs faits ou situations. Citons-en trois à la lumière de l’alerte rouge à une attaque terroriste sur New York, qui vient d’être annoncée la nuit dernière et met New York et Washington D.C. sur le pied de guerre.
• Ce qui marche, c’est peut-être, sans doute, certainement, — la capacité de manipulation exceptionnelle d’une alerte terroriste. Tout le reste, aujourd’hui aux USA, passe au second plan dès qu’une attaque terroriste est annoncée. Tout le reste, c’est-à-dire, pour le cas qui nous occupe, la Convention démocrate, qui devait apporter une poussée de popularité à John Kerry et qui est désormais oubliée.
• Ce qui marche, c’est que “la guerre contre la terreur” est aujourd’hui le sujet n°1 de la campagne électorale, voire le seul sujet, et qu’il s’agit principalement, dans ce contexte de “la guerre contre la terreur” livrée aux USA mêmes, c’est-à-dire avec les USA sur la défensive, “en attendant” une attaque terroriste.
• Ce qui marche, par conséquent, c’est que John Kerry est complètement prisonnier de son adversaire puisque c’est son adversaire qui est président et que c’est l’administration en place qui décide quand, comment et pourquoi mettre le pays en alerte.
Le New York Times publie un excellent article qui nous dit que les candidats sont prisonniers de la menace d’une attaque terroriste sur le sol US, et qu’il y en a qui sont un peu plus prisonniers que d’autres.
« Three days after he accepted the Democratic presidential nomination, Mr. Kerry, along with President Bush, received a bracing reminder about how the fear of another terrorist attack on American soil had shaped the contest and about how the most pivotal thing that could happen between now and Election Day was beyond the control of either campaign.
» Campaign aides said they could not recall a contest fought against such an uncertain and unsettling backdrop since 1968, when Richard M. Nixon and Hubert H. Humphrey battled as an increasingly bloody war was being waged in Vietnam, polarizing Americans at home. “In a campaign there are things you can control, and things you can't control,” said Tad Devine, a senior adviser to Mr. Kerry. “You have to spend as much time as humanly possible worrying about the things you can control. We don't sit around all day talking about what color the terror alert is.”
» Yet the issue has charged the atmosphere, influencing everything Mr. Bush and Mr. Kerry do these days, as was particularly clear at Mr. Kerry's nominating convention last week. News of the terror threat on Sunday also stirred renewed suggestions from some Democrats that the White House was manipulating terror alerts for Mr. Bush's political gain. They said the alert had been issued just as Mr. Kerry emerged from a convention that was described by Republicans and Democrats as a success. “I am concerned that every time something happens that's not good for President Bush, he plays this trump card, which is terrorism,” Howard Dean, a former rival of Mr. Kerry for the Democratic nomination, told Wolf Blitzer on CNN on Sunday. »
Une autre conséquence de cette alerte du début du mois d’août, c’est l’importance extraordinaire qu’elle a prise aux USA, où elle fait partout la une dans la presse, où elle fait les manchettes du New York Times comme du Washington Post, si l’on veut parler des inévitables journaux de référence.
Dans le reste du monde, par contre, l’intérêt est beaucoup moins évident. Cela signifie que cette perception, — qu’elle soit ou non née d’une manipulation — éloigne une fois de plus les USA du reste du monde. La campagne électorale a toutes les chances de se dérouler de cette façon, avec les USA déconnectés du reste. Nous ne verrons sans doute rien venir, et y prêterons sans doute trop peu d’attention, pour nous retrouver sans doute, au début novembre, avec une situation bien étonnante aux USA. La campagne électorale américaine de l’année 2004 sera un tournant révolutionnaire pour l’évolution de la puissance américaine. Nous ne l’avons pas encore réalisé.
Forum — Charger les commentaires