Ce rêve à la dérive

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Le 8 mars, un incendie a pris dans une maison (très) pauvre du Bronx. Les circonstances de l’incendie ont conduit à une catastrophe, dix personnes (dont neuf enfants) ayant péri dans l’incendie. L’incendie a mis en évidence les conditions de vie, notamment de la minorité noire vivant dans ce quartier.

A côté du compte-rendu de l’incendie, le site WSWS.org a fait un effort important de reportage auprès des acteurs, des témoins, des voisins du lieu du drame dans un texte qui peut figurer comme une véritable enquête sociologique des conditions de vie dans la plus grande ville des Etats-Unis.

Comme d’habitude, les défenseurs de l’américanisme rétorqueront en citant des cas divers de catastrophes semblables dans d’autres pays, aussi bien européens que d’autres régions. Ce faisant, ils desservent en vérité leur cause en la réduisant au reste. Ce qui différencie l’Amérique, c’est qu’elle n’est pas le reste comme elle-même ne cesse de l’affirmer. (Si elle est comme le reste, elle n’est plus l’Amérique et alors c’est la fin des haricots.) L’Amérique est différente, à la fois immensément riche, à la fois “élue de Dieu”, à la fois bâtie sur des conceptions et des principes exceptionnels. Ce qui est admissible ici et là comme un accident malheureux ne l’est pas en Amérique, dont l’exceptionnalité est garante du refus définitif de ces conditions de misère et d’imperfection sociale caractéristiques du vieux monde, — celui que les émigrants quittèrent pour l’“American Dream”. Depuis que l’Amérique est proclamée unique, depuis que sa puissance qui s’est bâtie sans vergogne sur le malheur des autres est affichée à la face du monde, la période de probation est largement dépassée et nous devrions avoir atteint au moins l’aube des “lendemains qui chantent”.

… Pas pour Elsie, de Flushing, dans le Queens, qui a fait des donations pour les survivants de l’incendie et qui confie : «“My heart goes out to them. We as a human community should help one another. I wanted to give to such a tragedy.

»“These people here were looking for the American dream. They were helping each other live. This is a tragedy when people are struggling just to keep themselves warm in the winter. And there is tragedy because of the lack of education about heating and fire.”

»When we asked her what it would take to change things, Elsie looked for a moment at the ruin of the house. “It will take a civil war to stop conditions like this. It will take strikes. We have to claim what’s ours. This country was founded on freedom and equality, and I don’t see it here anymore. Something’s got to give. A lot people are frustrated. America is now the haves and the have-nots, and big business runs things the way it sees fit.”»

Sans doute Elsie, s’il devient sans-logis, trouvera-t-il une place pour se loger à Guantanamo. On l’y aidera. Et puis, écoutez Raymond Ortega, du Bronx : «How much rent did he pay for his apartment, the WSWS asked. “Eleven-hundred dollars a month for two bedrooms in an old house in a high-tech city like New York. I’m in the same position as these people. This could happen to me. A lot of people are not educated about smoke detectors. The instructions are only in English, so some immigrants can’t read them. And if you can’t pay the light bill, you’re seeing with candles, and that is very dangerous.

»“It gets cold. The windows are not properly sealed. In my house, you can feel the draft, and here the government is in Iraq fighting a war for oil. It’s like the devil’s running this country.”»

Saluez Raymond Ortega et rappelez-vous sa dernière phrase : «C’est comme si c’était le diable qui gouvernait ce pays.»


Mis en ligne le 12 mars 2007 à 11H52