C’est pas moi, c’est l’autre...

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C’est pas moi, c’est l’autre...

Comme l’on sait, Washington vit au rythme de la tragi-comédie de la dette et d’un des premiers remèdes, concernant notamment le Pentagone, que la direction politique (présidence et Congrès) s’est imposée à elle-même à l’été 2011. Le remède porte le nom de “séquestration”, c’est-à-dire en gros une réduction automatique (donc aveugle dans la distribution des choix des réductions budgétaires) du budget du gouvernement de $1.500 milliards sur 5 ans. Très récemment (voir le 6 février 2013), le président a demandé au Congrès un nouveau délai, après le précédent qui avait reporté les mesures principales de la séquestration du 1er janvier 2013 au 1er mars 2013. C’est une étrange tactique du président-cool, – mais peut-il faire autrement, d'ailleurs ? Tous les effets destructeurs, déstructurants et dissolvants, de la séquestration jouent tout de même à fond, avant même que la mesure soit appliquée, et donc aggravent toujours plus la situation d’elle-même, sans nécessité de séquestration… Puisqu’on parle du Pentagone, nous dirions qu’on voudrait aggraver le désordre dans le Pentagone déjà caractérisé par un immense désordre qu’on ne s’y prendrait pas autrement, – grâce en soit rendue au président-cool, comploteur de génie.

Si nous insistons sur le cas du Pentagone, c’est parce que le Pentagone est la matrice de la puissance US, et que le Pentagone rugit, mugit, brûle et sombre dans le désordre. (Outre qu’il attend son nouveau ministre, qui lui arrivera, s’il arrive, encore plus couturé de cicatrices qu’à son retour du Vietnam.) Ce que nous constatons à cet égard est que les démarches, à la fois opérationnelles et de communication prises par le Pentagone pour lutter contre la séquestration, ou contre les conséquences de la séquestration si la séquestration a bien lieu (le 1er mars ou quelques semaines plus tard, selon le succès de la tactique du président-cool), deviennent extrêmement significatives, qu’elles commencent à avoir un effet et une portée stratégiques peu ordinaires. Voici le cas des porte-avions, qui vient de franchir un nouveau cap particulièrement remarquable. (On sait bien entendu qu’il n ‘y a pas, dans la panoplie stratégique des USA, et la panoplie stratégique en général, de cas plus significatif que le porte-avions, mis à part le domaine très à part des armes nucléaires, – dont le porte-avions est également partie prenante, puisque tout grand porte-avions d’attaque de l’US Navy emporte un certain nombre d’armes nucléaires tactiques transportables par son aviation embarquée.)

On a relevé, le 26 janvier 2013, les problèmes que rencontrait la flotte des porte-avions US, mettant en question la stratégie globale de présence de l’US Navy. Voici que nous obtenons des précisions très actualisées et particulièrement significatives, notamment dans un texte de AOL.Defense du 7 février 2013. Au départ, le texte portait sur une présentation du plan républicain concernant la séquestration, et pour écarter l’application aveugle et les effets invertis (plan avec lequel, bien entendu, les démocrates et la Maison-Blanche sont en désaccord) ; ce n’est qu’après la publication du texte que les auteurs, Sydney J. Freedberg Jr. et Colin Clark, ont rajouté, à l’intérieur de ce texte, une partie consacrée aux porte-avions, très précise, construite à partir des confidences d’une source au Pentagone aussi bien que de déclarations officielles qui viennent d’être faites. Cette portion de texte rajoutée semble l’avoir été par Clark, qui est le rédacteur en chef du site ; cela suscite aisément l’hypothèse d’une requête directe du Pentagone selon la logique qu’on mettrait ainsi, dans l’ensemble d’un texte qui devrait être lu abondamment, l’attitude du Congrès actuellement bloqué qu’illustre l’intervention des républicains, et la situation des porte-avions. (Dans la phrase «…now down to 10 flattops with the retirement of the USS Eisenhower», il faut lire USS Enterprise et non USS Eisenhower, car il s’agit bien du USS Enterprise, qui a été mis à la retraite le 30 novembre 2012. Il y a eu une confusion dans la rédaction du texte de AOL.Defense, et le lien auquel renvoie cette phrase renvoie effectivement à la nouvelle de la retraite du USS Enterprise.)

« …And the Pentagon upped the ante a few hours later: The Navy has decided to delay deployment of the aircraft carrier USS Harry S. Truman because of the threat from sequestration. At a time of rising tensions with Iran, that will leave the fleet with only one carrier in the Gulf region “for the foreseeable future,” a Defense Department official told AOL Defense. “Facing budget uncertainty – including a Continuing Resolution and the looming potential for across-the-board sequestration cuts – the US Navy made this request to the Secretary and he approved,” Pentagon Press Secretary George Little said in a statement. “This prudent decision enables the U.S. Navy to maintain these ships to deploy on short notice in the event they are needed to respond to national security contingencies.”

»Budget uncertainty from Washington gridlock and maintenance problems from a decade of war have forced the Navy to play a complicated shell game with its already-reduced carrier fleet, now down to 10 flattops with the retirement of the USS Eisenhower. When the aging USS Nimitz had an unexpected problem with a cooling pump, it couldn't sail out to replace the USS Eisenhower, which was patrolling the Gulf alongside the USS Stennis – so the Navy brought Eisenhower home ahead of schedule (and in time for Christmas) to do its repairs; when that's done, in March, they'll send Eisenhower out again to replace Stennis, which has been sailing on alone.

»It would have been possible to keep two carriers in the Central Command theater for now, the defense official acknowledged, but then the Navy would have run out of operations funds before the end of the fiscal year and gone down to zero carriers. “If we'd sent two carriers over... any combination of two carriers... we would have run out of carrier presence before the end of the year was over, because of the budget, because of the CR [Continuing Resolution],” the official explained. “It's really a 1-2-3 punch: 10 years of war, no appropriations bill, and then sequestration.”»

Selon ces explications, il apparaît que l’US Navy a volontairement réduit sa présence à un seul porte-avions d’attaque au lieu de deux dans la région du Golfe, c’est-à-dire dans la zone embrassant les crises iranienne et syrienne. Cette nouvelle situation va perdurer, au moins pour le “futur prévisible”, “séquestration” regnante…(Retour aux USA pour réparations d’entretien du USS Dwight D. Eisenhower début décembre 2012, laissant le seul USS John S. Stennis sur zone ; annulation du remplacement USS Dwight D. Eisenhower en janvier 2013 par le USS Harry S. Truman ; remplacement en mars du USS John S. Stennis resté seul sur zone par le même USS Dwight D. Eisenhower, réparations faites.) L’opération permet à la Navy, en gardant un porte-avions en réserve opérationnelle, d’adopter une posture qui évite les frais d’un déploiement à la mer, en zone opérationnelle. Si cette mesure n’avait pas été prise, ce sont les deux porte-avions déployés autour du Golfe et du Moyen-Orient qui auraient dû être retirés de la zone avant la fin de l’année fiscale courante (octobre 2013).

Ces restrictions sont dues évidemment à une situation fiscale cauchemardesque, qui n’intègre pas encore la séquestration (laquelle n’a pas encore été réalisée ou réglée) mais se trouve sous la contrainte de la disposition législative dite CR (Continuing Resolution) permettant au Congrès d’allouer des crédits de fonctionnement poste par poste ; en effet, et principalement à cause de la séquestration, la situation est celle où la loi de programmation budgétaire du Pentagone pour l’année fiscale 2013, qui aurait dû être signée en octobre 2012 et d’application effective, n’est pas encore d’application. Cela explique que la zone Central Command, dont dépend la région du Golfe, doit être administrée selon une comptabilité spécifique décidée par le Congrès, et donc n’a pu bénéficier de crédits supplémentaires venus d’autres postes pour maintenir en déploiement opérationnel les deux porte-avions qui lui avaient été alloués. Le porte-avions de réserve est prêt à intervenir “on short notice” dit-on avec optimisme, – ce qui implique tout de même trois à quatre semaines avant la réalisation du déploiement opérationnel effectif en cas de nécessité.

Tout cela a évidemment un poids et une interprétation stratégiques. Lorsque le USS Dwight D. Eisenhower et son groupe d’attaque ont quitté la zone opérationnelle début décembre 2012 (l’ensemble se trouvait au large de la Syrie), la mesure a été interprétée, notamment par certains milieux israéliens, comme un “geste” d’Obama vis-à-vis d’Assad et, plus indirectement, vis-à-vis de l’Iran. Il n’en est rien de façon directe, semble-t-il, mais le fait lui-même est désormais acté ; désormais, tout le monde sait que les effectifs de la Navy sont réduits à un seul groupe de porte-avions tant que dure la situation actuelle, c’est-à-dire tant que la menace de séquestration n’est pas écartée, si elle est écartée… (En effet, il y a bien deux possibilités de contraintes pour faire perdurer la situation actuelle : qu’un délai supplémentaire soit décidé, qui ne supprime en rien la menace de séquestration mais la repousse, ou que la séquestration intervienne finalement, par absence d’accord, moyennant quoi tous les postes seront affectés d’une valeur similaire de réduction.) On admettra qu’il ne s’agit certes pas des meilleures conditions pour les USA, pour opérer dans cette zone de crise extrême selon leur politique habituelle qui implique une forte pression militaire. On a été habitué à la présence de deux à trois groupes de porte-avions dans cette zone, en cas de tension… Qui peut nier que la tension y soit permanente, entre la crise syrienne et ses effets, les tribulations du “printemps arabe”, la crise iranienne qui continue à piétiner après l’“ouverture” des USA pour des négociations bilatérales, les cris d’orfraie permanents de Netanyahou et sa bande dénonçant les menaces pesant sur Israël et la nécessité de riposter ? «Where are the carriers ?», comme disait Kissinger dans les années 1970, lorsqu’une crise éclatait quelque part. La différence est donc que, lui, il les trouvait aussitôt.

La séquestration devenue un mythe

…Mais bien plus que les implications directes de la perception stratégique de la puissance US, ces nouvelles telles qu’elles sont présentées invitent à une réflexion plus vaste. Nous l’articulerons en deux volets qui conduiront à une réflexion générale qui sera évidemment notre conclusion.

Le premier de ces volets est l’observation d’un phénomène budgétaire de contraction qui conduit à une évolution de dissolution. La fameuse séquestration est de plus en plus perçue, appréhendée, et finalement actée d’une façon préventive, dans les mesures concrètes et dans la présentation de communication à mesure, comme une entité de moins en moins mesurable et contrôlable. D’une façon différente, on dira qu’elle est prise en compte de facto avant même d’exister ; de ce point de vue, elle tend à s’insérer dans une situation budgétaire d’ores et déjà chaotique et extrêmement tendue du Pentagone, où les capacités militaires, notamment stratégiques pour le cas qui nous arrête des porte-avions, sont en complète retraite sous une pression budgétaire générale conduisant à une déstructuration des forces.

On ne sait plus exactement, dans le désordre qui est également bureaucratique et comptable, quels sont les termes budgétaires, les montants, les pourcentages de baisse ou de hausse ralenties du budget, mais le résultat général est un repli également général des capacités. Cela reflète aussi bien le chaos régnant du côté du Congrès que du côté de la Maison-Blanche, avec des mesures temporaires et à ultra-court terme prises au jour le jour, sur fond d’antagonisme féroce entre le Congrès et la Maison-Blanche, entre le Congrès et le Pentagone, entre les républicains et les démocrates, etc. Ce désordre général dissimule à peine que le Pentagone est dans une situation comptable et budgétaire telle qu’il est conduit à des réductions dans tous les domaines, quelles que soient les sommes qui lui sont allouées, et séquestration ou pas. On est désormais largement au-delà du point que nous avons souvent souligné où les augmentations budgétaires pour le Pentagone n’auraient plus aucun effet positif, et auraient même des effets négatifs à cause de l’augmentation du gaspillage, inefficacité, corruption, incontrôlabilité, etc. (C’est notamment l’approche que défend Winslow Wheeler.) Dès lors, lorsqu’il y a des réductions budgétaires, ou menaces de réductions (qui sont en fait des réductions de la hausse budgétaire courante) faites sous la contrainte et dans l'urgence du désordre, sans planification équilibrée à long terme, elles s’inscrivent également dans ce schéma de désordre pour évidemment l’accentuer, – c’est “gaspillage, inefficacité, corruption, incontrôlabilité” plus panique à bord et mesures préventives de réduction d’activité et de puissance prises dans l’urgence et l’improvisation, et d’une façon sectorielle, sans tenir compte de l’équilibre général.

Par conséquent, la séquestration n’est plus seulement une mesure de réductions budgétaires arbitraires et abruptes, elle devient une mesure de désordre de plus, presque une chose autonome qui s'inscrit comme une nouvelle matrice du désordre budgétaire général. Bien plus encore, elle devient un argument général pour toutes les mesures de repli, de défense, de réductions, etc., prises par des bureaucraties affolées par elles ne savent quelles menaces, – toutes ces menaces contenues dans cette horrible chose qui a nom “séquestration”… (Pourquoi pas “guillotine” ? Cela sonnerait plus juste et couperait court aux spéculations sur sa signification...) Pour le cas qui nous occupe, nous avons la conviction que l’argument utilisé autour du cas du USS Dwight D. Eisenhower et de la situation de l’US Navy au Moyen-Orient va devenir institutionnel, et la situation opérationnelle elle-même également, simplement parce que l’explication donnée (mesure prise “pour se préparer à la séquestration”) tiendra, quel que soit le sort de la séquestration, parce qu’elle correspond à la situation réelle du Pentagone (de l’US Navy)… En fait, nous dirions que l’argument de la séquestration est une aubaine pour l’US Navy (et pour les autres services, le cas est général), pour faire passer des mesures de restrictions stratégiques qu’elle brûle de prendre depuis longtemps et dont elle a été empêchée pour des raisons politiques, et pour instituer un fonctionnement normal de sa flotte très réduite de porte-avions, – ce qui permet ainsi de découvrir tout ce que l’on savait in fine, combien cette flotte est désormais dramatiquement insuffisante pour les ambitions stratégiques des USA. Bref, la chose faisant jurisprudence et actant le déclin stratégique…

Nous passons alors à notre deuxième volet de réflexion, alimentée par la vision du Pentagone se rangeant en ordre de bataille pour sa vraie guerre, qui est d’essence bureaucratique : comment éviter la responsabilité de la réduction de puissance qu’il est lui-même en train d’organiser ? On observera dans le cas qui nous occupe que le même Pentagone, et l’US Navy avec lui, ne sont avares de détails sur les mouvements de leurs porte-avions qui présentent un seul effet : laisser de plus en plus à découvert le flanc brûlant du chaudron moyen-oriental où la politique US est construite sur la menace permanente d’attaque contre un peu tout le monde. On observera que ni le Pentagone, ni l’US Navy ne sont obligés d’organiser une telle agitation de communication, et que c’est assez peu dans leurs habitudes. Après tout, l’US Navy s’y entendait pour camoufler les mouvements de ses porte-avions, ou plutôt les non-mouvements de porte-avions traînant de la coque pour un déploiement opérationnel, quand elle faisait de la haute stratégie de dissimulation pour couper les ailes aux diverses fusées que lançaient Cheney et son gang pour tenter d’allumer la mèche d’une attaque de l’Iran. (Voir l’histoire du “porte-avions volant”, le 18 juillet 2007, assortissant son déploiement urgent vers l’Iran de diverses escales de courtoisie le long de la côte Est des USA.) Aujourd’hui, voyez les précautions prises, les détails fournis avec une obligeante précision ; le porte-parole officiel du Pentagone nous annoncé même que le secrétaire à la défense (le pauvre Panetta, avec déjà les deux pieds dans sa maison de retraite), a donné, après avoir obtenu celle du Pape, sa bénédiction officielle à l’US Navy pour ses déplacements de porte-avions – qui devraient être mieux nommés “restriction de porte-avions”.

Du coup, voilà bien une façon de se tourner vers le Congrès et de lui dire  : “Qui t’a fait roi, et pour foutre quel bordel en vérité ?” Ce sont en effet les allocations chichement mesurées du Congrès (ou bien les dépenses en constante augmentation et dépassant aussitôt les crédits alloués de toutes les productions et activités militaires, après tout, signe de l’incontrôlabilité du Pentagone) qui sont responsables du “découvert [du] flanc brûlant du chaudron moyen-oriental”, et donc d’une réduction,– oh, sainte horreur, – de la protection accordée par les USA à notre sacro-saint Israël… Que va dire Netanyahou ? Et l’AIPAC ? Vont-ils gronder les [leurs] sénateurs ? Dans tous les cas, dit le Pentagone par la voix très autorisée de son porte-parole et avec l’onction du secrétaire à la défense sortant, ce n’est pas nous et nous nous en lavons les mains. (Extension de la “doctrine Ponce-Pilate” à tous.) Ainsi prend-on date pour les futurs avatars et, – qui sait, car cela peut arriver, – pour un éventuel mauvais coup stratégique où il manquerait un porte-avions US dans la zone pour faire face.

…Cessons donc d’ironiser car la matière est sensible, puisqu’il ne s’agit de rien de moins que la survie de la civilisation qu’on sait, face aux barbaries diverses et variées, iranienne, syrienne, terroriste et le reste. Surtout, il s’agit du processus de déstructuration-dissolution de la puissance US qui est à l’œuvre, au travers des réactions des bureaucraties et des centres de pouvoir concurrents, soumis aux pressions du système de la communication et victimes autant que complices du désordre budgétaire extraordinaire qu’est en train d’accentuer d’une façon exponentielle ce qui devient le mythe de la séquestration encore plus que la séquestration elle-même. Selon la politique de l’administration, le Pentagone s’est refusé à toute planification pour l’application éventuelle de la séquestration, et il est désormais en position de nécessité de planifier à très grande vitesse et n'importe comment le désordre stratégique le plus complet… C’est-à-dire que sa planification, bureaucratiquement et opérationnellement compréhensible dans le détail et selon les contraintes budgétaires, organisent en fait, du point de vue de la puissance déployée dans le monde des USA, un désordre stratégique qui réduit à très grande vitesse la position stratégique de ces mêmes USA. La chose va très vite être actée par le système de la communication, et contribuera à sa mesure à la poursuite de l’évolution de la perception de l’effondrement de la puissance US.

Comme on voit, aucun acte sensationnel, aucun événement brutal, et même pas (encore) la séquestration réelle… Il s’agit bien d’un processus presque silencieux et dissimulé de déstructuration-dissolution, exactement à l’image de la crise générale de l’effondrement (voir le 8 février 2013). Le processus décrit ici est, cela va sans dire et bien mieux en le rappelant, également parfaitement en accord avec la dynamique de dissolution du pouvoir aux USA, telle que signalée par Harlan K. Ullman (voir le 31 janvier 2013). … Nous n’avons pas besoin de bruits assourdissants et de clameurs journalistiques bombastiques pour avoir la crise (au contraire, ces clameurs, comme on le comprend aisément, constituent une tentative à la fois inconsciente et dérisoire de masquer la crise). La progression de la crise, extrêmement rapide, se fait subrepticement, hors de nos outils médiatiques habituels et grossiers, hors du sensationnel inconvenant de la presse-Système bien trop occupée à exalter la moralité de la pseudo-destruction d’Assad et de la très réelle intervention au Mali.

…Ainsi s’amorce, pompeusement et selon les rites impériaux qui continuent imperturbablement à clamer la puissance de l’Empire, le retrait définitif des grandes forces structurantes du pseudo-Empire. Pendant ce temps, le sénateur Lindsay Graham continue à demander avec obstination à Chuck Hagel si vraiment, pour de vrai, il aime très, très fort et très beaucoup, notre sacro-saint Israël ; pendant ce temps, le Pentagone attend son Chuck Hagel pour lui voir poser la dernière pierre de l’effondrement. Moby Dick se vide de sa substance à vue d’œil derrière son obésité malsaine, gavé, comme une grande partie de la population, par une nourriture politique et bureaucratique faisandée et farcie de poisons divers et très postmodernistes.