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735Nous recommandons à nos lecteurs qui ne l’ont pas consulté à partir du lien de notre rubrique Nos choix, de s’intéresser vivement au texte publié par le Chicago Tribune du 6 juin, sur l’incapacité biologique du Pentagone de s’adapter à la “guerre de la quatrième génération”.
Le texte fait nombre de références aux divers cercles de réformistes militaires US, par exemple ceux qui sont proches aujourd’hui de William S. Lind ou de groupements tels que le le “National & Defense Interest”. Il se réfère à diverses interventions célèbres dans la mémoire des “dissidents” militaires, comme cet article d’octobre 1989 du Marine Corps Gazette, mettant en cause la capacité du Pentagone à affronter le nouveau type de guerre à venir.
De fait, ce débat extraordinairement complexe et engageant des enjeux d’un poids considérable, porte sur une matière extraordinairement simple. Dès lors que l’adversaire n’a ni vos capacités, ni vos méthodes, ni vos moyens, ni vos habitudes, dès lors que vous êtes sur son territoire ou contestez directement ses intérêts, il ripostera évidemment d’une façon non-conventionnelle. On appelle cela, aujourd’hui, la “guerre de quatrième génération” ; hier, c’était la guérilla, ou la révolution, ou l’insurrection ; c’était la guerre d’Algérie, ou bien la guerre contre les guérilleros communistes en Malaisie, ou bien encore l’expédition en Espagne de Napoléon, etc.
Le problème n’est ni le conflit, ni les méthodes, ni rien de cette sorte. Il est dans les gênes de la bureaucratie du Pentagone, dans sa psychologie totalement fermée. On lit dans l’article du Chicago Tribune:
« But rather than adopting a new strategy, the generals and civilian leaders in the Defense Department have continued to support conventional, high-intensity conflict and the expensive weapons that go with it. That is happening, critics say, despite lethal insurgencies in Iraq and Afghanistan.
» “They don't understand this kind of warfare,” said Greg Wilcox, a retired Army lieutenant colonel, Vietnam veteran and critic of Pentagon policies. “They want to return to war as they envision it. That's not going to happen.” »
Le véritable théâtre d’opération se trouve au Pentagone. La guerre doit se dérouler selon les règles prescrites au Pentagone, lesquelles déterminent les budgets, les programmes, la solidité et l’influence des services, etc. Toute autre sorte de guerre n’est pas acceptable, d’autant plus que le Pentagone s’est équipé exclusivement mais très puissamment pour la sorte de guerre qu’il programme, et qu’il y est irrésistible, — alors, pourquoi s’aventurer sur le terrain de l’autre?
Le problème est que la réalité insiste. Sur les théâtres d’opération réels, la principale activité des forces armées américaines est de créer des conditions qui permettent d’effectuer des opérations conformes à la planification du Pentagone. En un sens, on peut admettre que cela est plus important que la victoire elle-même, dans la mesure d’ailleurs logique où la victoire selon le Pentagone ne peut être telle qu’en conformité à ses propres règles. Le reste, il ne connaît pas, point final.
Mis en ligne le 8 juin 2005 à 15H45