Charlie-Hebdo : Erdogan accuse la France

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Charlie-Hebdo : Erdogan accuse la France

Le président turc Erdogan a fait une sortie remarquable et, comme souvent à son habitude, tonitruante. Il a mis en cause la France, avec la complicité incitative du Mossad israélien, d’être derrière l’organisation de l’attaque contre Charlie-Hebdo, de façon à provoquer une réaction antimusulmane très violente. Les mots employés par Erdogan ne s’intéressent en aucune façon aux précautions de la diplomatie ; ils vont droit au but ; ils ne s’attachent à aucune mesure quant à leurs effets sur les relations avec la France et avec l’Europe... Sur ce dernier point, si l’on veut tout de même distinguer un aspect rationnel dans cette sortie, on observera qu’Erdogan ne fit ici que confirmer sont désintérêt complet actuel pour l’Occident, éventuellement au profit de ses rapports avec la Russie (voir le 4 décembre 2015). Extraits de ZeroHedge.com du 14 janvier 2015... (A noter que le reste de la dépêche reprend une autre thèse de complot, provenant de Russie, selon laquelle les USA ont monté l’attaque pour empêcher un rapprochement France-Russie à propos de l’Ukraine...)

«It was less than 48 hours ago when Turkey’s prime minister, Ahmet Davutoglu, joined millions marching in Paris to pay tribute to the 17 people killed by ISIS-supporting extremists. Then, almost the moment he got back, things changed, and as the FT politely paraphrases what transpired, the “country’s president struck a much more confrontational tone.” That's one way of putting it. Another is that the former PM and current president, Recep Tayyip Erdogan, of NATO-member Turkey did the unthinkable: accused the west, and French citizens in particular, of staging the Charlie Hebdo murder in order to blame Muslims, even as the mayor of Ankara said “Mossad is definitely behind such incidents ... It is boosting enmity towards Islam.”

»“The duplicity of the west is obvious,” Recep Tayyip Erdogan said at a press conference on Monday evening. “As Muslims we have never sided with terror or massacres: racism, hate speech, Islamophobia are behind these massacres.” His punchline: "The culprits are clear: French citizens undertook this massacre and Muslims were blamed for it,” he added. The FT is confused: “Although political leaders in Turkey have repeatedly condemned the attacks on the Charlie Hebdo magazine, a Jewish supermarket and a policewoman, a parallel narrative has emerged in the country, with conspiracy theorists blaming the murders on foreign intelligence agencies rather than radical Islamists.”

»It's not just the French who were said to be behind the attack: so is Mossad: Melih Gokcek, mayor of Ankara for the ruling AK party, said on Monday that “Mossad [the Israeli intelligence service] is definitely behind such incidents... It is boosting enmity towards Islam.” Mr Gokcek linked the attacks to French moves towards recognising Palestine...»

Certes, on pourrait ranger ces diverses supputations et accusations dans notre fameuse rubrique de l’inconnaissance, comme nous faisons souvent. Nous ne le faisons pas parce que, quelles que soit la véracité des affirmations, l’intervention turque constitue un acte extrêmement fort de désordre dans les relations internationales, dans le chef d’un dirigeant connu, dans une crise de communication et de symbolisme qui ne peut que se renforcer encore de ce fait. Par conséquent, l’intervention d’Erdogan est de toutes les façons importante, – c’est sa véritable “vérité de situation”, plutôt que de savoir si ce qu’il dit est fondé, – et elle a sa place dans une appréciation de l’essentiel qui est l’énorme crise en rapide évolution depuis le 7 janvier. (Par exemple contraire, l’explication russe qui est mentionnée n’a pas du tout la même importance, non pour une question de véracité, mais pour une question d’effet de communication. Si, demain, Poutine la prenait à son compte, on comprend combien les choses seraient différentes.)


Mis en ligne le 14 janvier 2015 à 22H46