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244816 août 2017 – Tout d’abord, il ne faut pas s’y tromper : le nom Charlottesville n’a rien de français, sinon du mot “ville” qui lui est donné en référence à la maîtrise internationale de la langue française au XVIIIème siècle. Ce nom fut donné à cette petite ville (43.000 habitants aujourd’hui) fondée en 1762, en l’honneur de la femme du roi George III, Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strelitz venue d’une des multitudes de principautés et de royaumes de l’ancien saint-Empire et du futur Reich ; ainsi reine d'Angleterre de 1761 à 1818, grand caractère d’une très-grande amie des arts (élève de Bach, admirée par Mozart), remarquable botaniste, favorisant l’éducation avancée des femmes dont celle de ses filles, pesant d’un poids politique grandissant à mesure que son mari sombrait dans la maladie (sans doute une maniaco-dépression sévère).
Tout cela paraîtrait idyllique au premier abord, de même que la ville dont la petitesse rend d’autant plus attachant l’intérêt qu’elle a toujours porté à la culture, notamment sous l’impulsion de Jefferson au départ. Tout cela n’est pas idyllique et s’efface devant les événements de vendredi et de samedi, non qu’ils soient dramatiques et exceptionnellement sanglants, mais parce que je crois qu’on doit les juger si significativement exemplaires de leur temps. Je ne m’attache ici qu’à un seul aspect, pathétique, catastrophique, qui est la mise en évidence d’un fait central, une fois de plus mais cette fois de façon très spectaculaire, je dirais symboliquement très éclairante avec les références à l’histoire des USA comme on le voit dans l’un des deux textes de The Federalist adjoints à l’Ouverture Libre de ce 15 août 2017.
(Je veux dire par là qu’à lire ce texte, effectivement, apparaît d’un pur point de vue intellectuel et culturel l’acte par des violences obscènes de haine et d’hystérie de la profanation directe ou symbolique de deux des plus grandes figures de l’histoire des USA, qui contrastent avec la foule d'infâme crapules et de corrompus notoires dont elle est peuplée. Je veux parler, on s’en doute je l’espère, de Thomas Jefferson et du Général Robert E. Lee.)
Ce “seul aspect, pathétique, catastrophique” qui m’importe ici, c’est une éclatante confirmation par les symboles les plus hauts et les violences les plus basses, salués par la corruption des psychologies et la soumission au simulacre du Système de la plupart des commentateurs ; confirmation de l’ignominie que constitue la trahison de la gauche dissidente US par rapport au devoir impératif que lui impose la situation présente, c’est-à-dire la lutte contre la Grande Crise Générale d’effondrement du Système. La chose est rapidement mais clairement mise en évidente par Denise C. McAllister, dans l’un des deux textes du Federalist cités. Reprenant l’historique de l’Antifa aux USA, McAllister note :
« Dans les années 2000, sur l’internet qui encourageait le dialogue transatlantique, quelques activistes américains adoptèrent l’étiquettes d’Antifa [anti-fascistes]. Mais même du côté de la gauche militante, le mouvement “Antifa” était relégué à l’arrière-plan. Pour beaucoup d’activistes de gauche durant les années Clinton, Bush et Obama, le capitalisme global dérégulé semblait un danger bien plus grand que le fascisme... » Dans un autre texte (du 9 août 2017), la même McAllister observe, se faisant critique du changement qui s’est amorcé en 2014-2015 (avec Trump), où une part importante de la “gauche dissidente” et antiSystème a rejoint l’Antifa pour plonger dans l’idéologie de l’ultragauche qui semble comme un de ces simulacres sans tain fascinant les esprits en tranquillisant les consciences ; on remarque l’usage du mot “déconstruire”... :
« Le véritable danger est cette idéologie du gauchisme [notre ultragauche, rameutant le centre-gauche humaniste et droitdel’hommiste, les libertaires-globalistes et les marxistes utopistes] qui cherche à déconstruire notre nation et à détruire tout ce qui menace ses idéaux utopiques. »
C’est une question des plus essentielles qui est ainsi résumée, qui apparaît également d’une façon très significative en France, laquelle devrait se sentir concernée par l’attaque qui est faite contre le passé historique des USA parce qu’elle-même (la France) y a joué un rôle essentiel. J’ai abordé à plusieurs reprises cette “question essentielle” à propos d’un personnage politique qui est à lui seul la quintessence contradictoire de ce renversement dont parle McAllister. Il s’agit de Mélenchon, dont on a l’impression à divers moments qu’il est l’homme politique français le plus apte à comprendre l’ampleur catastrophique de notre Grande Crise Générale générée par le Système (en gros, « le capitalisme global dérégulé » dont parle McAllister), et qui sombre d’une façon absolument catastrophique le moment d’après dans la vitupération Antifa-à-la-française, sans le moindre souci de la contradiction, de l’énorme indignité d’ainsi gaspiller une vision lucide de la catastrophe dans un emprisonnement de l’idéologisation la plus basse, et éventuellement avec la dose d’hystérie qu’il faut.
Il y a quinze ans, il y a dix ans, il y a presque cinq ans encore, tout ce qu’il y avait de “dissident” antiSystème, de droite comme de gauche, – comme si ces étiquettes pouvaient encore avoir un sens, se disait-on alors, – se retrouvaient contre la guerre en Irak, contre Wall Street et l’UE à l’automne 2008, contre la relance de la guerre en Afghanistan, l’assassinat par les drones et l’omniprésente NSA lors de la première moitié du règne de Sa-Sainteté Obama. Parallèlement et sans que nous le vîmes venir d’abord pour ce qu’il était, un vent nouveau, produit remarquable de la modernité extrêmement avancée des années 1930, se leva à propos d’Assad, puis de l’Ukraine (et de Poutine pour toutes les saisons et toutes les raisons), et enfin devint tempête folle avec le cas-Trump une fois que l’escroc Hillary n’eut trouvé (il y a un an) rien d’autre que les simulacres idéologiques que l’on agite aujourd’hui, Antifa compris, pour grappiller quelques semaines de plus de l’apparence de sa vertu politique. Leur “dissidence” antiSystème vola en éclats pour laisser place au “combat contre le fascisme”.
En France, nous avons le même schéma, – je veux dire pour le “combat contre le fascisme”, – mais simplement selon une évolution différente. La chanson est connue car la France n’a jamais vraiment déserté ses fantasmes-Antifa. L’hystérie est telle dans tous ces cas qu’un dilemme s’impose aussitôt pour l’enquêteur qui entend y comprendre quelque chose : est-ce la démence qui rend stupide ou la sottise qui rend fou ? Dans tous les cas, on a les deux, démence et sottise.
Mais la chose ne s’arrête pas là. Les Antifa qui préfèrent la lutte contre le fascisme qui évidemment n’existe pas dans la lutte antiSystème, introduisent non moins évidemment une dimension qui est qualifiée par le mot “déconstruire” qu’emploie McAllister, qui nous est si familier. Du coup, leur bataille contre le fascisme n’est plus si sotte qu’elle y paraît, même si l’on peut faire l’hypothèse que la démence subsiste, sous forme d’un emprisonnement diabolique qui les entraîne dans l’inversion d’eux-mêmes. La lutte contre le fascisme se décline également et évidemment sur le mode universel de l’antiracisme, avec tout ce que cela suppose dans le chef de la postmodernité. Elle éclot dans la radicalité la plus extrême que l’on connaît aux USA depuis une petite année, allant jusqu’à l’exigence d’un “holocauste des Blancs” chez les plus imaginatifs, ou encore, selon le mot de Michael Moore, jusqu’à l’éradication des trois siècles de “suprémacisme blanc” aux USA.
(“Holocauste des Blancs”, certes la chose a déjà été dite, et chez nombre de progressistes-libéraux blancs aux USA, au point qu’on se demanderait pourquoi ils ne passent pas à l’acte le plus simplement et le plus droitement du monde pour lancer leur programme en lui faisant “don de leur personne”, – en se tirant une balle dans la tête, façon-NKVD ou manière-SS c’est selon, puisque blanc de peau en vérité ?)
La démarche rejoint elle aussi ce qui se passe en France, dans d’autres conditions mais émargeant au même esprit. Voici la chose parfaitement résumée par Alain Finkielkraut réagissant lors de l’émission Historiquement Show du 11 août 2017 à la parution du gros ouvrage qui fait grand bruit, dit Histoire Mondiale de la France, qu’il définit comme « une imposture, qui se présente comme une somme érudite alors qu’il s’agit d’une entreprise idéologique de part en part ». Il s’agit bien d’une démarche de néantissement de la France, qui « vide la France de toute identité même narrative. La France n’est plus qu’une succession d’aléas [...] [La France est devenue] un espace vide, sans qualité, qui accueille la diversité en tant que telle, ce qui veut dire que nulle antériorité ne saurait prévaloir et que nulle hiérarchie n’est autorisée à s’exercer [...] Nous ne sommes plus rien [...] et cette renonciation à soi de la France aujourd’hui me plonge dans la stupeur et dans une sorte de désespoir... »
Finkielkraut, que l’on voit d’ici avec ses gestes enfiévrés et contenus et sa diction si précise et pressée, nous conte avec au départ une sorte de sourire incrédule, comment l’un des collaborateurs de cette œuvre de collaboration (voir Antifa, au sens pétainiste du terme) démontre que le très-grand philosophe français Descartes, tout simplement, « n’a absolument rien à voir avec la France. Ce qui a fait de lui un grand philosophe, c’est sa mobilité, son errance, ses voyages. Il ne doit rien à la France, tout à l’exil ; il n’appartient pas à la France, il appartient au monde... ».
L’Histoire Mondiale de la France, qui entend ainsi nous protéger de “la lepénisation des esprits”, du « nationalisme renaissant en supprimant la nation », est évidemment Antifa au même titre que le cogneur qui vient matraquer les grotesques pseudo-Nazis en espérant qu’ainsi Robert E. Lee, Thomas Jefferson & Cie sombreront définitivement dans les latrines largement ouvertes de la non-histoire. Il se manifeste de cette façon, dans l’esprit de la chose, une indisputable convergence entre les USA et la France, montrant combien les deux pays historiquement liés par tant d’occurrences restent proches l’un de l’autre, pour nos beaux jours d’aujourd’hui après les occurrences historiques, dans les plus basses entreprises possibles. Le constat est, par-dessus tout cela, et considérant ce travail de déconstruction et de néantissement du passé, que la gauche devenue Antifa s’est ainsi instituée comme la première collaboratrice, dans le sens pétainiste (suite) de la chose, du Système dans son œuvre totalitaire de destruction du monde. Le basculement est complet, total, absolument accompli par rapport à ces jours de la dissidence antiSystème que je rappelai plus haut.
Quoi qu’il en soit, il se trouve que, pour mon compte, je ne me plains pas vraiment de cette évolution. L’effet principal est, en effet, qu’en même temps que la gauche devenait Antifa et se découvrait comme collaboratrice directe du Système, ce même Système sortait de l’ombre, notamment sous sa forme de Deep State aux USA de la façon qu’on a tentée de décrire le 14 août 2017.
Cela signifie que toutes les cartes sont ouvertes, bien lisibles et, comme l’on dit, étalées sur la table... Nous avons devant les yeux l’opérationnalisation à ciel ouvert d’un concept qui est à l’œuvre depuis longtemps, mais souterrainement ; sa mise à jour doit nous réjouir car ainsi savons-nous désormais qu’il est bien ce que nous soupçonnions qu’il est. Les arguments attentistes pour ne pas trop dramatiser la situation et écarter la nécessité de la résistance et du combat n’ont plus cours. Bienvenu, Armageddon.
De mon point de vue, ceci viendra de plus en plus vite, ce fait que l’on va pouvoir et que l’on va devoir se compter à propos du rôle que chacun joue par rapport à cette entreprise de destruction du monde que conduit le Système. J’en serais même à soupçonner que cette haine démente et cette démence haineuse que l’on constate aux USA, qui est si proche d’une sorte d’hystérie, d’une espèce de crise de nerfs sans fin à l’échelle globale des progressistes-sociétaux, qui est si proche de la nécessité de très vite consulter et d’envisager un séjour au calme de la maison de repos psychiatrique du coin, – je soupçonne fortement que tout cela provient du fait que même les plus sots d’entre eux, et encore plus pour ceux qui le sont moins, commencent à se douter de quelque chose. Il ne s’agit pas de Trump mais du piège où ils se sont mis, en se déchaînant comme ils font contre Trump, de se retrouver employés, serviteurs et collaborateurs du Deep State, alias le Système.
Bientôt, il leur faudra constater et mesurer dans quelle entreprise affreuse ils se sont engagés au nom d’une fugace satisfaction d’avoir un simulacre de vertu de leur côté et, par le biais d’une fantasmagorie complète conceptualisée sous la forme de slogans, d’avoir combattu des lubies qui font le jeu du Système et l’exacerbe dans le déchaînement de sa surpuissance... La surpuissance du Système devenant comme l’on sait autodestruction, cela pourrait valoir pour eux comme cela vaut pour le Système.