Chavez aux commandes de son Tu-160

Bloc-Notes

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 590

Les forces aériennes russes s’offrent une petite balade dans les pays exotiques, avec deux bombardiers Tu-160 arrivés au Veznezuela, salués bruyamment par Chavez qui annonçait hier qu’il piloterait l’un d’eux. Le “style Chavez” et cette présence absolument inhabituelle ont de quoi irriter le Pentagone et Washington, ce qui sera le cas sans aucun doute et ce qui était le but recherché sans aucun doute.

La nouvelle est détaillée par AFP, via SpaceWar.com le 10 septembre, avec des détails concernant d’autres événements du même domaine.

«Two Russian Tu-160 strategic bombers were in Venezuela on Wednesday for "training flights," Venezuelan President Hugo Chavez said, adding he would be piloting one of the aircraft. “I hope that stings, ‘pitiyanquis’,” he said, using a derogatory term for Venezuelan opponents who have perceived US sympathies. “What's more, I'm going to take the controls of one of these monsters,” boasted the president, a former paratrooper and left-wing politician who has avowed antagonism towards the United States.

»“It's been a while since these planes have been around these parts, and Russia decided a couple of years ago to revive its strategic aviation program,” Chavez said during the inauguration of a medical center. […] Chavez also said plans for joint Russian-Venezuelan naval exercises in the region in November were currently being worked out, and said his closeness to the Kremlin would result in a cooperation that would “strengthen the country.”

»His announcement confirmed an Interfax report in Russia citing the Russian defense ministry saying the bombers would be in Venezuela for training flights over “neutral waters.”

»Russia said Monday it was dispatching a nuclear cruiser and other warships and planes to the Caribbean for the joint exercises with Venezuela – the first such maneuvers in the US vicinity since the Cold War. […] Among the Russian ships to take part in the exercises would be the heavy nuclear-powered guided missile cruiser Peter the Great, a vessel with massive firepower whose cruise missiles can deliver nuclear or conventional warheads.»

Laissons de côté les habituels détails sans guère d’importance, avec tendances techniques et stratégiques, sur les capacités de l’un ou l’autre (USA ou Russie), sur l’aspect symbolique ou opérationnel du déploiement, sur un démenti russe qui complète la manœuvre à force d’impudence qui ressemble à de l’ironie («Foreign ministry spokesman Andrei Nesterenko said Monday that the exercises were “not in any way connected to the current situation in the Caucasus.”»).

Bien entendu, il s’agit d’initiatives habituelles d’affirmation symbolique de puissance qui ont évidemment tout à voir avec la crise géorgienne et avec la tension nouvelle entre la Russie et les USA. Les Russes complètent leur dispositif pour faire savoir qu’ils sont désormais diablement sérieux. Ils n’ont pas l’intention de s’en tenir à la seule situation en Géorgie, voire même en Europe, mais considèrent la crise d’un point de vue global. Ils affirment, à l’intention des USA, que rien désormais de ce qui se passe dans le monde ne leur est indifférent (éventuellement, ils affirment que rien de ce qui peut arriver à Chavez et au Venezuela ne leur est indifférent).

Ce n’est ni une renaissance de l’“impérialisme soviétique” à la sauce russe ni une nouvelle Guerre froide, c’est une partie d’une réponse classique mais ferme et sans ambiguïté d’une puissance qui s’estime mise en cause, une partie d’une réponse à toutes les initiatives sous influence ou inspiration US qui, en Europe, ont nourri une forte pression contre la Russie ces dernières années. C’est aussi, de la part des Russes, une manière indirecte mais précise de confirmer leur volonté de mise en cause de l’ordre international mis en place par les USA, sous “influence unipolaire” des USA. Répétons-le, les Russes sont sérieux, ou, comme disent les politiciens de Washington, “they mean business”.


Mis en ligne le 11 septembre 2008 à 13H56