Chhchuttt, le Pentagone pense

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S’étant aperçu qu’une crise-guerre était en cours, le Pentagone et sa bureaucratie se penchent sur les enseignements à en tirer déjà. Cela nous vaut un article succulent de Thom Shanker, du New York Times. Le thème est celui-ci : voilà du nouveau, et nous allons apprendre.

C’est surtout l’occasion pour que nous, nous en apprenions de bonnes. Voir et entendre le Pentagone penser, grâce aux services délicats d’une plume amie, constitue toujours un spectacle réjouissant.

On trouve quelques perles intéressantes.

• Parmi les avantages du Hezbollah (par rapport aux armées conventionnelles évidemment les meilleures du monde, — US et Israël), il y a ceci : « Hezbollah still possesses the most dangerous aspects of a shadowy terror network. It abides by no laws of war as it attacks civilians indiscriminately. Attacks on its positions carry a high risk of killing innocents. At the same time, it has attained military capabilities and other significant attributes of a nation-state. » Nous comprenons la leçon. Cela est écrit à l’heure où les Israéliens au Liban et à Gaza, les Américains en Afghanistan et en Irak, montrent quel handicap incroyable ils doivent subir en se conformant aux lois de la guerre et en évitant de toucher à un seul cheveu d’un nouveau-né civil (par contre les nouveaux-nés guérilleros sont éliminés comme il se doit).

• Avec une rapidité surprenante, le Pentagone fait une prédiction stupéfiante d’audace et d’originalité, à laquelle personne n’aurait osé penser. « Pentagon planners who focus on the region predict that the U.S. military would face a conflict far less conventional than that of the armored columns that rushed to Baghdad and toppled Saddam Hussein. »

• Mais tout de même, le Pentagone sait se battre contre ces nouvelles engeances. Pour cela, il suffit de récrire l’histoire : « U.S. intelligence agencies and the military proved they can fight this kind of war, as it did in Afghanistan to rout Al Qaeda, when intelligence officers and small groups of army Special Forces personnel worked with local fighters to call in devastating airstrikes and drive the Taliban from power. » (Cela se passe à l’automne 2001. Les talibans, alignés en rangs d’oignons face à l’Alliance du Nord, sont massacrés par les B-52 qui larguent leurs chapelets de bombes quasiment à vue. Puis l’Alliance se précipite jusqu’à Kaboul, sans opposition. Ensuite, on verra les Special Forces US se mettre en branle dans l’Afghanistan libéré, pour liquider ce qu’il reste de talibans et d’Al Qaïda. Résultat : les talibans sont presque revenus au pouvoir.)

Donc, lecture instructive, dont le thème central est, finalement : comment le Hezbollah peut-il être si bon, contre nous (le Pentagone et son annexe israélienne) qui sommes les meilleurs du monde ? D’où un tableau gigantesque du Hezbollah, baptisé nouvelle menace globale. Pas un instant n’affleure cette simple pensée, qui serait sacrifier à l’horrible bon sens : ce n’est pas qu’ils sont si bons, c’est parce que nous sommes, en vérité, effroyablement mauvais.


Mis en ligne le 31 juillet 2006 à 15H04