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671016 mars 2020 – Il y a deux ou trois jours, alors que commençaient à s’empiler les nouvelles des mesures dramatiques ordonnées contre la crise Covid-19 perçue comme prenant un tour gravissime, m’est apparue une évidence. Un débat succédait à l’autre sur telle chaîne d’information, et chacun de ces débats marqué par la dramatisation qu’on imagine, réellement palpable, réellement tragique, parfois jusqu’à des extrêmes difficilement supportables.
Je ne parle absolument pas de la réalité des choses dites ni de leur fondement, ni de leur déformation, – vous savez que cet aspect-là est secondaire pour moi tant il est difficile d’y trouver une vérité-de-situation et tant qu’on n’en trouve pas une, – je parle de l’effet “shock & awe” [“choc & effroi”] que subissent, souvent inconsciemment parfois consciemment, votre perception et donc votre psychologie devant cette sorte de débats, et jusqu’à ces extrêmes lorsque des gens en charge de responsabilités majeures dans cette “guerre” parlent sans barguigner.
Un exemple, venu des USA où la pandémie n’est pas (encore ?) très grave, mais où l’impréparation est évidente et la perspective alarmiste : « Lors d’un échange brutal dans le cadre de l'émission ‘State of the Union’ diffusée hier sur CNN, le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut National des Allergies et des Maladies Infectieuses, a été interrogé : “On estime que des centaines de milliers de personnes aux États-Unis pourraient mourir ou, dans le pire des cas, des millions. Pouvez-vous dire au peuple américain que cela est possible ?” Fauci a répondu : “C’est possible”. »
Là-dessus, vous savez que, bien entendu, comme sur chaque chaîne dans notre époque, les programmes évoqués sont interrompus par des séquences publicitaires qui peuvent dévorer 10-15 minutes d’une heure de diffusion. Alors, brusquement, vous passez d’un entretien dramatique, où la tension est totalement celle de la tragédie de ce qu’on nommait un “fléau de Dieu”, à l’univers féérique, au simulacre de carton-peint rutilant de bling-bling, encombré de ces luxueuses voitures chuintantes de puissance et de confort, qui glissent comme de gracieuses patineuses artistiques et olympiques sous un ciel bleu éclatant de bonheur et dans le cliquetis silencieux de leurs appareillages électroniques, avec de si beaux jeunes gens, de magnifiques jeunes femmes, ou bien des familles heureuses et si bellement-démocratiques, des femmes libérées, des bandes de joyeux drille très rock’n’roll, des voyages paradisiaques dans des contrées où l’on organise des safari pour chasser avec feu à volonté des hordes de coronavirus parfaitement identifiés, pour le plaisir des chasseurs venus des rives démocratiques de nos contrées. L’univers chante et danse, les papillons volent, les oiseaux chantent Le temps des cerises,le soleil brille et la modernité heureuse rutile de globalisation, le futur exsude la certitude du triomphe de leurs triomphe additionnés (modernité + globalisation) sans nul besoin de l’avenir.
L’immonde publicité règne.
Puis, soudain, comme un coup de gong qui est un coup de massue, nous passons à une nouvelle séquence de la discussion enfiévrée et angoissée sur le “fléau de Dieu” qui reprend le récit du déchaînement de cette vague terrifiante courant sur l’univers et sa défense improvisé parfois si dérisoire. Tous ces commentateurs, malgré leur stupidité au moins en minimum syndical (il faut les entendre parler de la Chine), se laissent aller à quelques incursion de sincérité lorsque l’angoisse leur noue la gorge à l’idée de l’antique frayeur du “fléau de Dieu”... Croyez-vous que ce traitement, auquel tout le monde est soumis consciemment ou pas (j’ai pris l’exemple de la TV, mais tout aujourd’hui, dans notre vie de confinement pour pandémie tandis que la Système poursuit sa retape, est soumis à ce même traitement), – croyez-vous que ce traitement de hauts et de bas, de bonheurs inouïs flottant dans leur cosmos et de malheurs pour demain matin, laisse notre psychologie intacte, quelles que soient notre capacité de comprendre et nos habitudes de vassalisation satisfaites ?
Je crois que nous subissons des effets de contraste d’une stupéfiante et catastrophique brutalité qui nous rapprochent, du point de vue de la psychologie, de ce que devaient ressentir les poilus dans les tranchées ou les soldats français à Dien Bien-phu. (Ce n’est pas pour rien que les médecins interviewés parlent de “guerre”, certains suggérant qu’à cause de l’encombrement des hôpitaux, la médecine hospitalière courante est devenue une “médecine de guerre” [médecine opératoire pour les premiers soins de survie sur le front en pleine bataille], où l’on sélectionne les cas selon les chances de survie pour leur réserver les faibles soins qu’on peut encore donner. Imaginez le déchirement terrible pour les âmes qu’impliquent de tels choix pour les médecins.)
Tout cela, encore une fois, – la chose doit être répétée, – non pour suggérer un jugement que j’aurais sur la situation, alors que je n’en ai aucun par incapacité d’avancer un jugement que je penserais cohérent et véridique, mais bien pour parler des psychologies selon l’hypothèse qui est presque un constat que les psychologies subissent, à tort ou à raison, des chocs considérables. Certes, je parle moins pour moi, –après tout, je suis vacciné dix fois, mille fois, cent mille fois, contre la pandémie du Système, – que pour d’autres sinon pour “les autres”, pour cette majorité de gens, qui est heureusement en forte baisse ces dernières années comme s’ils prévoyaient le “fléau de Dieu”, qui ont continué à vivre comme si les lendemains continueraient à chanter encore plus fort que les jours d’aujourd’hui semblent, à leurs oreilles prisonnières du simulacre, chanter sans se retenir.
A ce point et parce qu’il faut faire son travail, élargissons le champ pour trouver quelque bien que l’on puisse sortir de cette terrible épreuve. Ce choc conscient et inconscient des psychologies, d’ailleurs inspiré par les crises dites-“collatérales” (finance, pétrole, économie) qui accompagnent la crise Codiv-19 comme si elles avaient été créées par elles, alors qu’elles la précédaient et qu’elles ont été conduites à l’explosion par Covid-19, conduit justement à élargir le champ de la perception réfléchie des causes fondamentales. Covid-19 laisse alors la place au Système, et à ce que j’ai appris à nommer la GCES (Grande Crise de l’Effondrement du Système). Je cite rapidement, citations rapides, quelques remarques qui vont dans sens, sans choix particuliers ni recherche spécifique...
• Jean-Paul Marthoz, chronique au Soir de Bruxelles, le 12 mars 2020, sous le titre : « Le coronavirus et le basculement du monde » : « L’épidémie sonne comme un avertissement qui devrait amener nos sociétés, ceux qui les dirigent et ceux qui les composent, à s’interroger sur leur mode de fonctionnement et sur les risques qu’ils encourent à poursuivre leur “marche folle” ».
• Maxime Tandonnet, dans FigaroVox le 14 mars 2020 sous le titre « Le coronavirus ou l’imprévu en histoire » : « Avec la crise du Covid-19, la France est entrée depuis deux semaines dans l’une de ces rares périodes pouvant être qualifiée d’événement historique. Elle est la première grande secousse mondiale directement issue de l’accélération de la globalisation. La crise en cours diffère de tout ce que les Français ont connu dans le passé, combinant une catastrophe sanitaire planétaire, un effondrement financier et économique ainsi que de fortes tensions diplomatiques entre alliés sur la question de la fermeture des frontières. Elle mélange le retour ancestral de la hantise des grandes épidémies de peste (celle de 1340 avait anéanti un tiers de la population européenne), même si le bilan du coronavirus n’a naturellement rien à voir avec ce fléau, et l’image du «village mondial», prophétisé par Marshall McLuhan au début des années 1970, comme conséquence ultime du progrès technologique poussé à son paroxysme. »
• Alexandre Devecchio, FigaroVox également, le 14 mars 2020 : « “La France est entrée depuis deux semaines dans l’une de ces rares périodes pouvant être qualifiée d’événement historique”, écrit Maxime Tandonnet. L’histoire est de retour. Et comme souvent, elle est tragique. En l’espace de quelques semaines, la crise du Coronavirus a bousculé toutes les certitudes... »
On voit qu’il est extrêmement aisé de passer de la crise Covid-19 à ce que nous nommons GCES, simplement par la force de l’évidence. Mon propos est alors de proposer une hypothèse de plus, qui est que l’essentiel de la population, qui a déjà montré des signes de mauvaise humeur, en vient, par le choc infligé aux psychologies par Covid-19 et par le lien évident entre Covid-19 et la GCES, à prendre conscience, par le moyen d’une psychologie exacerbée et dont l’exacerbation est enfin compréhensible par l’esprit, à la réalisation de la Grande Crise d’Effondrement du Système, et au poids qu’elle nous impose.
Dans ce sens, il faut oser dire que la pandémie Covid-19, qu’en plus on ne peut à cause de sa durée et de son implacable cruauté noyer dans le flot de la communication et le zapping auquel invite ce flot, est, dans la terrible tragédie qu’elle nous impose, une sorte de paroxysme au sommet de laquelle brille une lumière. C’est pour mon compte la lumière de l’essentielle vérité-de-situation qui doit éclairer pour nous l’immense carnage du monde qu’est devenue notre civilisation, cette immense Char de l’Apocalypse, – réunissant en un seul attelage tous les Cavaliers de l’Apocalypse, – qu’est le Système que les crétins couverts d’or pour certains et de privilèges de la reconnaissance de la référence du “Penseur” pour d’autres, vont honorer chaque jour d’une courbette illustrée de bassesses et enluminée de platitudes flatteuses.
Si Covid-19 vous apprend à distinguer enfin ce qu’est le Système et à vous mettre en armes pour le combattre jusqu’à la mort, le “fléau de Dieu“ aura montré une fois de plus que les voies du Seigneur sont impénétrables, ne serait-ce que celle qui conduit à la vérité. Ainsi la seule globalisation qui nous restera face au choc global affectant nos psychologies, si ce n’est déjà fait d’ailleurs, c’est la conviction qu’un combat global doit être conduit, sans relâche ni faiblesse, face au Système que Covid-19 nous a enfin révélé en pleine lumière et dans toute son extrême puanteur.
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