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196422 juillet 2013 – Notre concept d’infrastructure crisique, qui prétend organiser en une vision arrangée un état de fait qui ne cesse de se confirmer, constitue un facteur de plus en plus déterminant de la situation du monde, et de la forme que prennent les relations internationales. Cela constitue un facteur puissant dans la détermination de nos observations et des jugements qui en découlent, et de l’orientation qu’il faut donner à ces observations.
Ce que l’infrastructure crisique nous offre, c’est la disposition d’une sorte de “matériel de crises”, et un matériel constituant désormais la forme essentielle (infrastructure) de la situation du monde, sinon la seule forme. Il devient impossible de penser cette situation du monde d’une façon efficace et enrichissante hors d’une pensée complètement intégrée dans le facteur général de la crise d’effondrement du Système dont l’infrastructure crisique constitue effectivement la forme principale. Cela résulte d’un caractère essentiel de l’infrastructure crisique, qui est de maintenir “en activité”, même dans les phases d’apaisement, voire dans les phases “dormantes”, toutes les crises qui la constituent. Cela fait que toutes ces crises continuent à figurer dans “l’agenda” du système de la communication, et qu’il devient impossible pour le Système, comme il le faisait auparavant (il y encore un an ou deux), d’“étouffer” une crise par son expulsion du système de la communication. On peut effectivement “zapper” d’une crise à l’autre, mais cela n’expulse pas la précédente du système de la communication, et il est extrêmement possible sinon probable, sinon accompli dans nombre de cas, que la crise ainsi “expulsée” puisse revenir, et revienne même souvent, et même rapidement, s’imposer à notre attention sous la forme d’une réactivation “éruptive”. (Nous employons plus volontiers ce mot “éruption” pour indiquer un paroxysme d’une crise, que par exemple le mot “explosion”, dans le sens où le mot “éruption” caractérise un volcan en activité qui produit une crise active avant de s’apaiser sans être éteint, avant une nouvelle phase du genre, ce qui implique une “dynamique paroxystique”. En effet, les “crises” que nous identifions sont désormais du type chronique, – une innovation du Système à ce point de systématisation, – c’est-à-dire qu ‘elles sont durable et se manifestant non par une explosion paroxystique mais des éruptions constituant une succession de phases hautes paroxystiques.) En un sens, l’infrastructure crisique a établi la pérennité de toutes les crises qui la composent, non seulement dans leur vérité (ce qui était déjà le cas auparavant), mais avec cette vérité installée dans le système de la communication qui conduit effectivement notre attention et qui active les événements.
Notre travail est donc, selon les circonstances et l’évolution des choses, de choisir quelle crise en général en phase d’éruption dans l’infrastructure doit le plus retenir notre attention parce qu’elle constitue au moment où cela se fait la plus importante dans le sens de sa signification et de ses effets. Nous sommes placés devant une nécessité de choix, mais en précisant que ces choix ont une signification fondamentale. C’est là que s’engage le jugement de l’observateur, de la “sentinelle” antiSystème que tout commentateur digne de sa mission doit considérer être lui-même. A côté des références d’opportunité qui conditionnent les éléments de l’efficacité de ce choix (intensité de la crise, place de la crise dans le système de la communication, etc., – on ne peut s’acharner à commenter et à évaluer quelque chose qui est complètement “dormant”), et parce que l’infrastructure crisique nous offre nombre d’opportunités, il y a dans ce choix une nécessité de hausser décisivement le jugement. Il s’agit d’évaluer la valeur antiSystème effective et potentielle de la crise (tenant compte que toutes les crises sont nécessairement antiSystème, – il s’agit donc d’en apprécier l’intensité et l’essence même) ; il s’agit d’effectuer son travail en tenant compte, par jugement de raison mais d’une raison éclairée par l’intuition dans une mesure parfois décisive, et même de plus en plus souvent décisive, de l’importance essentielle de la crise selon son apport à la crise générale d’effondrement du Système.
Il faut noter que, dans le cas envisagé et selon la façon dont nous l’envisageons, notre faiblesse devient une vertu, ici à dedefensa.org. Nous parlons d’une faiblesse quantitative, parce que nous n’avons pas les moyens humains de suivre avec la même intensité toutes les crises, – et, dans ce cas, on le verra plus loin, – deux crises très actives et en apparence d’importance concurrente pour le moment. Cela nous force à ce “choix” et cela nous oblige à déterminer ce “choix” selon la référence la plus forte à la crise d’effondrement du Système et l’interaction la plus profonde dans cette crise. Dans cette démarche de déterminer ce “choix”, il y a une valeur haute qui va contribuer décisivement à hausser la valeur de notre recherche permanente à propos de la crise d’effondrement. Cela nous force et cela nous oblige à éclairer justement cette référence à la crise d’effondrement du Système. “Cela nous force et cela nous oblige“ à ne pas perdre, à ne jamais perdre la trace de ce qui doit rester notre orientation absolument fondamentale qui est la crise d’effondrement du Système. Nécessité (par faiblesse [quantitative]) devient vertu, pour autant que l’on garde constamment à l’esprit l’essence même de sa mission et que l’on dispose de la force (nécessairement qualitative) de continuer à la conduire. Une telle méthodologie permet d’approcher un peu plus la vérité de la crise.
Ces considérations pour l’instant théoriques nous conduisent, par un souci de clarté certes mais aussi par un souci d’activisme opérationnel, à aborder la situation actuelle et courante. Nous voulons donc donner un exemple, – évident par ailleurs dans la situation actuelle, – de ces considérations théoriques à trouver dans la situation courante d’une part ; nous voulons, d'autre part et surtout, à partir de cette démarche encore méthodologique, passer à l’échelon supérieur de la réflexion et aborder, à partir de cet exemple, l’essence même de la notion de “choix” pour tenter de montrer combien cette démarche permet d’aborder le problème central de l’appui qu’on peut apporter à l’observation du développement de la crise générale d’effondrement du Système, et même directement, l’appui au développement lui-même de la crise générale d’effondrement du Système.
Nous allons préciser, pour les circonstances actuelles, combien ces circonstances mettent bien en lumière la nécessité d’un “choix” pour nous, – en fonction de nos moyens comme on l’a précisé plus haut, mais ces moyens forçant à la vertu dont nous parlons, – et combien elles constituent l’exemple concret de la nécessité d’un “choix”. (A partir de là, et parallèlement à la réflexion théorique et méthodologique que nous poursuivons, il serait logique de proposer une autre réflexion, plus conjoncturelle, expliquant et justifiant beaucoup plus en détails et selon la nature de certains composants de la crise choisie, ce choix de l’intérêt pour telle crise plutôt que pour telle autre. Nous aurions là un complément absolument nécessaire à notre démarche, avec l’explication fondamentale et essentielle de ce en quoi cette crise choisie par nous apporte effectivement de supplément d’exploration et de compréhension de la crise générale d’effondrement du Système. Ce sujet divergeant notablement de la réflexion développée ici, sera traité indépendamment, et certainement très rapidement, par un second F&C.)
D’une façon très concrète par conséquent, nous considérons ce que nous jugeons être les deux crises actuelles les plus actives, qui sont la crise Snowden-NSA et la crise égyptienne. Il est manifeste qu’il y a “choix” de notre part, que nous abordons beaucoup plus souvent la première que la seconde, que la crise Snowden est l’objet de notre attention constante. Par contre, nous avons traité la crise égyptienne avec une certaine distance et beaucoup plus épisodiquement. Il s’agit bien d’un choix car le volume d’informations disponibles concernant les deux crises est grosso modo également abondant.
• D’une façon générale, nous traitons la crise Snowden/NSA comme un événement en soi, qui contient sans aucun doute, en lui-même, des facteurs essentiels d’aggravation ; qui développe une multiplicité d’aspects, certains inattendus, avec des ramifications complexes qui conduisent à des surprises, à des rebondissements ; qui met impitoyablement en lumière des comportements, des allégeances, des servilités, des révoltes, qui se signalaient jusqu’ici dans une latence incertaine permettant effectivement une certaine incertitude du jugement à leur égard. Nous comprenons qu’il y a une spécificité dans cette crise, qui la distingue de toutes les autres, qui la sort des standards et des séries qui conditionnent nombre d’autres crises. La crise Snowden/NSA est complètement unique dans l’état chronologique présent de l’infrastructure crisique, c’est une “crise pure”, ou ce que nous désignerions comme “crise première” ; elle pourrait, si elle se poursuit à ce rythme, déplacer le centre d’activité de la crise d’effondrement du Système, – dénommée opérationnellement “crise haute”, – de la situation crisique passée de l’Iran à l’entour de la Syrie vers une situation crisique autour d’elle-même (de Snowden/NSA). (Effectivement, cette dénomination de “crise première” ne signifie pas, depuis quelques années que se sont développées une structure puis une infrastructure crisique jusqu’à faire du phénomène crisique le caractère principal, puis le caractère unique des relations internationales, que la crise Snowden/NSA soit la seule crise à être unique en son genre, puisque l’une ou l’autre crise a pu prétendre à ce caractère. Dans tous les cas et pour la situation présente, elle l’est.)
• La crise égyptienne nous paraît figurer, au contraire, dans une série, depuis le démarrage de ce qu’on a nommé “le printemps arabe”. Au départ de cette série qui s’est inscrite dans le concept de chaîne crisique se trouvait selon nous, de façon indirecte mais décisive par la psychologie collective qu’elle cristallisa autour de l’usage de ce qu’en vint à nommer “les réseaux sociaux”, la crise Wikileaks de la fin 2010 (un temps surnommée Cablegate), qui aboutit à l’arrestation du soldat Manning, à l’isolement d’Assange dans l’ambassade de l’Équateur à Londres, et qui constitua effectivement elle-même une “crise première”. En tant que telle et grâce à son influence psychologique, elle activa les moyens (peu nous importe que nombre de ces moyens soient ceux fournis éventuellement par la CIA) et donna l’impulsion de la “chaîne crisique” entraînant la Tunisie, l’Égypte, la Syrie, etc. La crise égyptienne, qui est nettement dans une deuxième phase qui la fait considérer comme une crise spécifique, est manifestement une conséquence de cet enchaînement. Au mieux pour la considération qu’on peut avoir de son importance, cette crise égyptienne figure comme un signe de ce qu’on avons nommé “notre Smutnoye Vremya” (voir le 10 juillet 2013), ou “notre Temps des troubles” en référence à la période fameuse de la Russie entre la fin du XVIème et le début du XVIIème siècle. Si l’on veut, cette crise est une manifestation de quelque chose d’autre (en fait, pour nous, une manifestation de la crise d’effondrement du Système dans ses multiples effets), et donc elle n’est nullement une “crise première” en soi, un “modèle” de la crise générale comme on verra plus loin. Elle est indiscutablement partie d’un tout, et son importance est fonction de l’importance de ce tout bien plus que d’elle-même.
La question principale déterminant notre choix en faveur de la crise Snowden/NSA plutôt que la crise égyptienne est de savoir laquelle des deux crises se rapproche le plus du modèle qui pourrait à la fois s’avérer le plus proche du processus de la crise d’effondrement du Système d’une part, et qui contiendrait assez de potentialité pour faire éventuellement envisager qu’il y ait la possibilité (“possibilité”, rien d’autre pour l’instant) qu’elle (cette crise) apportât un élément décisif accélérant ou précipitant jusqu’à son apothéose la crise d’effondrement du Système d’autre part. La crise Snowden/NSA répond manifestement à la préoccupation exprimée par cette question. Contrairement à la crise égyptienne où diverses forces politiques et autres existantes avant la crise sont en action, elle ne porte au premier chef (pour les conséquences, c’est autre chose) aucun dessein terrestre, de type politique, géopolitique, économique, etc. Pour cette raison, à son démarrage elle ne laissait rien prévoir de ce qu’elle est devenue, et, à son stade actuel, ne laisse rien prévoir de ce qu’elle deviendra après avoir déjà produit de multiples effets très intéressants.
Mises à part les interrogations relevant de l’habituel scepticisme devant l’évidence, et qui concernent toutes des intentions supposées et des conséquences annoncées, donc du domaine du “comment” et nullement du “pourquoi”, qui sont hors du domaine de la vérité de la crise et dans le domaine de la spéculation accessoire (du type : “la crise Snowden est un montage pour détourner l’attention”, etc.), la crise Snowden/NSA ne dépend d’aucun facteur extérieur à elle. Littéralement, elle vient de nulle part sinon d’une fermentation intérieure par définition non identifiable avant que son effet ne se manifeste, et elle éclate hors de tout contrôle identifiable. Elle se suffit à elle-même, à partir d’éléments existants a priori stables avant que la crise n’éclate (existence de Snowden, existence de Greenwald, existence de la NSA, existence des programmes de la NSA, etc.) ; elle porte en elle-même les conditions de son éruption, de son développement, de son imbrication dans l’infrastructure crisique ; elle suscite par elle-même, par effets directs et indirects, une multitude de déstabilisations qui n’ont aucun besoin de manipulations externes mais dépendent simplement d’enchaînements événementiels et psychologiques.
Il s’agit donc d’une crise “pure au premier degré” (“crise première”). Nier cette spécificité implique nécessairement un appel à une autorité supérieure impliquant une sorte d’axiome (du type : “quoiqu’il arrive, tout acte ou crise décrit comme antiSystème est en réalité une manipulation du Système”), qui implique lui-même un choix. Celui qui applique cet axiome pour mettre en cause la validité de la “pureté première” de cette crise implique que le Système est supérieur à tout, donc selon une croyance quasi-religieuse, et même spirituelle, dans le Système et sa nécessaire supériorité. (Système-Dieu, si l’on veut, – traduite du point de vue de son opérationnalisation par la fascination pour les USA comme représentation de la puissance-Système, fascinations d’ailleurs aussi forte chez certains adversaires des USA aussi bien que chez leurs partisans, ou dit autrement, chez certains adversaires du Système se disant antiSystème comme chez les créatures du Système.) C’est un choix ontologique (axiomatique) qui n’est pas le nôtre, et aucune discussion spéculative n’est possible à ce point par définition. Notre choix ontologique, notre conviction spirituelle si l’on veut, relevant d’une foi plus que d’une croyance, – “foi” vient du latin fides et signifie “confiance”, – est au contraire que le Système, parce qu’il représente le Mal, ne peut être supérieur à tout et, par conséquent, nous ne tenons aucun compte de l’axiome contraire. Notre choix ontologique est opérationnalisé, pour nous, par l’affirmation que nous nous trouvons dans la crise d’effondrement du Système, – “opérationnalisation” de notre axiome, en d’autres mots, – et, dans ce cas, la crise Snowden/NSA affirme sa “pureté” et son caractère “premier” en étant effectivement un modèle de la crise d’effondrement du Système. Qu’elle soit ou non le “modèle final” est absolument indéterminable, et aucune réponse n’est possible pour nous, mais elle est inscrite dans cette voie de “modélisation”. (Nous ajouterons, en a-parte, que la confusion existante entre la NSA et Google, dont les projets de transmutation du sapiens en sapiens-Google sont à hauteur des ambitions d’éternité de contrôle des esprits de la NSA, en complétant l’équation mode intérieur [Google et ses “puces”]-mode extérieur [NSA et ses écoutes], donne à la crise Snowden une dimension eschatologique et apocalyptique qui ne contredit certainement pas son classement de “crise première“.)
Maintenant, quel est l’intérêt opérationnel, à côté du choix ontologique, de suivre prioritairement la crise Snowden/NSA comme nous le faisons ? Le but concret est bien d’orienter la pensée vers l’essentiel, qui est la crise générale du Système. Il ne s’agit pas de soutenir un mouvement d’opinion, voire du type “mouvement de foules”, jusqu’à l’absurdité de transcrire cela en termes politiques concrets (émeutes, partis politiques, prises de pouvoir, etc.). Nous croyons plus que jamais que ces moyens politiques habituels sont complètement hors de saison, sinon contre-productifs, toujours pour la sempiternelle raison qu’ils se produisent à l’intérieur du Système, donc nécessairement au bénéfice du Système qui “récupère” aussi efficacement que la voiture-balai du Tour de France. Outre le fait évident et fondamental de l’information et de la réflexion sur l’information, ce qui nous importe ici c’est d’appuyer, voire de contribuer à la tension psychologique suscitée par cette “crise première”, qui est nécessairement antiSystème. Ce que nous voulons, c’est, grâce à cette tension psychologique constituée en force antiSystème, contribuer à ce que nous croyons être le véritable moteur des forces supérieures en action, donc contribuer à l’action de ces forces poussant à l’accélération de la crise d’effondrement du Système en exacerbant sa contradiction surpuissance-autodestruction.
Des exemples effectivement opérationnels de cette tension psychologique, si l’on veut, se trouvent, par exemple, dans le soutien implicite apporté à Greenwald par la puissance de son lectorat au sein du Guardian (commentaires, reprise de ses articles, etc.), mais aussi et encore plus fondamentalement par le processus psychologique suscité par cette tension qui a conduit Snowden à se constituer en whistleblower-procureur à charge du Système. En sens contraire, cette tension psychologique est exacerbée par les réactions irrationnelles du Système (dito, l’establishment US), lui-même à la fois producteur et victime de cette tension, et ainsi “planificateur” si l’on veut (pour ceux qui tiennent à cette sorte de “rationalisation”) de sa transmutation surpuissance-autodestruction. Cette tension dans le chef de la réaction du Système influant tous les employés-Système des directions politiques, a par exemple touché de plein fouet un Obama, passant d’une position de conciliation vis-à-vis de la Russie, à une position d’intransigeance. (Voir le 13 juillet 2013 et le 19 juillet 2013.)
L’“opérationnalisation” de cette “crise première” (et encore, compte non tenu de ses conséquences en cascade) est effectivement mesurée en terme d’influence et de communication (système de la communication), donc en termes psychologiques. Rejoignant ce que nous écrivions le 18 juillet 2013, c’est ce qu’expose par exemple Dmitri Minine, qui fait un parallèle avec la crise du Watergate 40 ans plus tôt (voir Strategic-culture.org, le 20 juillet 2013). Comme on le voit, il est effectivement question des effets psychologiques de la crise non seulement sur l’extérieur, en termes d’influence et d’“image” du Système (des USA), mais sur l’intérieur, en termes de réaction irrationnelle du Système. Dans ce cas, Minine n’attache très justement aucune importance au contenu des révélations Snowden, mais à l’effet très puissant de leur concrétisation dans la vérité de la situation (un peu comme la différence entre la connaissance de la production de la bombe atomique, puis de son utilisation prochaine, et l’événement de la première explosion à Palo-Alto, “plus claire que mille soleils” et instillant une terreur métaphysique chez ceux qui l’avaient créée, et enfin les images d’Hiroshima après le 9 août 1945).
«But in the past Washington has never exerted such an unprecedented pressure on foreign leaders, including direct threats. This attitude is in contrast with logic. For instance, the White House demands from Russia what it has many a time refused to do in its turn upon receiving requests from this country, including the days of President Obama’s tenure. Traitor Poteev received honorable welcome and even was paid well. So why this irrational reaction, almost paranoia, when it comes to Snowden? Or Gods may do what cattle may not? The Snowden’s revelations produce few secrets not known to other secret services. There have been much more damaging things becoming public domain, but no such ballyhoo has ever been raised. No technical details, no individual names have surfaced, Snowden appears to have no intention to do it. But there is something else. He destroyed the deeply enrooted myth about US struggle, including the Obama’s administration, aimed at freedom for all . The global crusade to protect democracy has turned into global eavesdropping and monitoring. PRISM looks like the pervading big brother from the Orwell’s 1984. The disclosures has also inflicted great damage on IT Microsoft, Google, Yahoo, Facebook, YouTube, Skype, AOL, Apple and others. These companies suffer financial losses their reputations are undermined. That’s why, no matter all the evidence produced, they stubbornly refuse to admit the fact of close cooperation with US special services giving away the information on clients.»
La tension psychologique que suscitent les diverses crises, répercutée par le système de la communication, constitue le principal apport humain au processus général en cours de la crise d’effondrement du Système. Dans ce cas, la crise Snowden/NSA est incomparablement supérieure à la crise égyptienne, et même d’une catégorie et d’une nature en-dessus, justement par son effet psychologique et son extrême résilience grâce aux dispositions prises par ses acteurs (dispositions des documents de révélation, répartition de ces documents, Greenwald se substituant peu à peu à Snowden comme véritable whistleblower, etc.) Les effets indirects généraux sont également très importants, là aussi supérieurs à ceux qui sont générés par la crise égyptienne, – y compris celui, purement psychologique, qui est signalé par Minine (transformation peut-être décisive de l’“image” des USA qui est un des facteurs de cohésion et d’affirmation du bloc BAO).
En refusant, notamment par la force des choses, de répartir notre intérêt sur plusieurs crises, en nous concentrant principalement sur celle de notre “choix”, nous faisons une sorte de “pari pascalien”, toutes proportions gardées mais dans le même sens, ce qui est une démarche que nous jugeons extrêmement rationnelle, que nous jugeons également basée sur l’intuition et qui utilise autant que faire se peut la notion fondamentale d’inconnaissance, qui, à notre niveau, élève la démarche tactique au domaine fondamental de substance du stratégique. L’inconnaissance permet de concentrer tactiquement son effort psychologique et intellectuel sur l’essentiel, qui est fondamentalement haut et stratégique, aux dépens de l’accessoire… Quoique dans la même logique, nous sommes bien entendu bien loin du modèle ultime, “au-delà de l’être“ et “au-delà de l’essence”, de l’inconnaissance parfaite, cette notion vertigineuse pour l’esprit qui est la suppression de toute connaissance par le simple fait de la rencontre avec le Principe ultime. (Le Principe ultime, à la fois Grand Un et Grand Tout, efface tout autre connaissance que lui-même qui est parfaite inconnaissance, puisqu’il n’a besoin de rien d’autre que lui-même, étant lui-même le Grand Tout... L’inconnaissance parfaite, c’est celle que décrit Pseudo-Denys l’Aéropagite [voir le 19 avril 2013] : «C’est alors seulement que, dépassant le monde où l’on est vu et où l’on voit, Moïse pénètre dans la Ténèbre véritablement mystique de l’inconnaissance : c’est là qu’il fait taire tout savoir positif, qu’il échappe entièrement à toute saisie et à toute vision, car il appartient tout entier à Celui qui est au-delà de tout, car il ne s’appartient plus lui-même ni n’appartient à rien d’étranger, uni par le meilleur de lui-même à Celui qui échappe à toute inconnaissance, ayant renoncé à tout savoir positif, et grâce à cette inconnaissance même connaissant par delà toute intelligence.»)
Avec ces “choix” purement opérationnels et terrestres, nous sommes effectivement sur cette voie de l’inconnaissance. S’il s’agit effectivement d’une voie encore “opérationnelle et terrestre“, donc bien loin de Pseudo-Denys, la dynamique et la logique qui la caractérisent sont bien les mêmes : l’abandon de la connaissance des choses marginales qui encombrent, sinon interdisent la voie vers le fondement essentiel. La crise Snowden, en tant que “crise première”, est un choix évident, – et là, on se moque bien de savoir s’il y a montage, manipulation, etc., toutes choses qui doivent être éliminées, également par la tactique-stratégie de l’inconnaissance, comme autant d’obstacles de diversion et d’atomisation par cloisonnement de l’essentiel dressés par le Système. (Les véritables obstacles du Système sont, encore une fois, de l’ordre du psychologique : non pas l’enquête sur la réalité ou non du montage, de la manipulation, mais la croyance à ceci et cela qui pousse à cette enquête accessoire qui n’est que diversion et atomisation par cloisonnement.) Il s’agit de laisser l’accessoire de l’enquête sur la véracité dérisoire des faits accessoires, pour embrasser l’essentiel du destin que produit cette crise. La recherche de cette révélation répond de l’efficacité des constats qui pourraient être faits, notamment sur les faiblesses autodestructrices du Système contrastant avec ses ambitions surpuissantes, toujours dans le but d’alimenter cette tension psychologique qui est la plus terrible chose à opposer au Système, et la seule arme que craint le Système, – évidemment parce qu’elle seule peut et doit détruire le Système.
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