Chronique du 19 courant… Le double et son triple

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Chronique du 19 courant… Le double et son triple

19 mai 2014 ... Moi, je ne peux pas résister à la tentation de l’enchaînement sur la précédente chronique du 19 courant.... Je veux dire, – et il faut me pardonner, – que je vais encore écrire à propos de cette désormais fameuse (pour moi) rubrique vidéo. J’espère ainsi participer à l’effort que nous faisons pour faire connaître cette initiative parce que, certes, je lui trouve nombre de vertus, avec des résultats qui paraissent très encourageants pour ceux qui participent à ce travail. Il y a de l’enthousiasme bien tempéré dans notre démarche, avec la sensation d’explorer et de développer un nouvel outil qui correspond remarquablement à une complémentarité, à un renforcement qualitatif du travail général de dedefensa.org. Cela n’est pas loin d’être une surprise, ce sentiment-là, parce qu’on pouvait craindre, comme l’un ou l’autre commentaire l’a exprimé justement, un effet inverse, un effet de dégradation... Jusqu’ici, en vérité, nous ne ressentons rien de semblable et notre travail se fait avec cette conscience de construire quelque chose, je dirais presque avec une ferveur religieuse assumée avec retenue et sans dévotion excessive. Peut-être mon propos semblera-t-il dramatique à certains, ou bien emphatique, pourtant il est dit avec l’esprit d’exprimer un sentiment simple et qui vient comme par nature ; du sérieux sans affectation, pas d’exaltation excessive sinon l’“enthousiasme bien tempéré” dont je parle plus haut ; presque du travail d’artisan, ce qui est pour nous une manière de dompter la matière et sa redoutable progéniture qu’est la technologie, de n’en être ni le prisonnier ni la dupe, à aucun moment.

D’abord et pour montrer que tout cela ne nous détourne pas des contingences matérielles qu’il faut vérifier et contrôler, un constat concernant la première vidéo, celle du 19 avril 2014. Elle a été vue, à la date du 18 mai inclus, 2 414 fois. Ce n’est pas déshonorant pour des adversaires acharnés du Règne de la quantité, mais de ces adversaires qui savent que pour vaincre le monstre, il faut lui faire aïkido, retourner ses propres armes contre lui. En attendant, ces belles paroles saluent un résultat qui n’est significatif en rien sur le fond de la question de la popularité intelligente de la formule, compte tenu de l’inconnue que constitue le facteur de la curiosité. Première production du genre dans un domaine jusqu’alors écarté par dedefensa.org, il est normal que cette vidéo ait suscité la curiosité qui n’est en rien garante de l’intérêt et de la fidélité pour la suite, – mais qui n’est en rien, non plus, contraire à “[cet] intérêt et [à cette] fidélité pour la suite”, qui pourrait au contraire les avoir aiguisées. Sur ce point fondamental, on ne peut donc être que dans l’attente de ce que donnera “la suite”, qui a commencé ce 18 mai 2014 au soir, avec Vidéo-02 : l’idéal de puissance, première intervention développant la forme et le fond de la chose. Exécutant mon travail courant et habile de relations publiques, je ne peux qu’encourager les auditeurs et spectateurs de cette Vidéo-02 à la faire connaître par leurs propres moyens et par tous les moyens s’ils trouvent qu’elle en vaut la peine.

... Car, je le répète comme on dirait “au risque de me répéter”, l’expérience est passionnante, voire exaltante, dans une mesure que je ne pouvais imaginer avant de la ressentir comme je le ressens aujourd’hui. Cet effet sur l’un des protagonistes de cette initiative est le signe qu’il y a là quelque chose à exploiter, une potentialité de renforcement du site, résolument dans le sens du mieux et du bien, – parce que cet enthousiasme se manifeste, chez ceux qui l’ont, dans un esprit qui est résolument celui de dedefensa.org. Croyez-nous, croyez-moi, cette idée-là, – ne pas trahir le site, rester dans son esprit pour le renforcer, – est constamment présente dans nos esprits à nous.

Si je précise ces choses, c’est parce que nous avons déjà effectué plusieurs séances d’enregistrement, – travail préparatoire ou travail achevé, – sur des sujets précis, renvoyant à la formule, aux formules que nous entendons suivre. Ce n’est pas encore “l’expérience” au sens de l’appréciation à partir d’un travail qui a pris sa forme, son rythme, son “style”, et qu’on ne peut juger que sur la durée constituant l’essence, la “vie profonde” d’une telle initiative ; mais, déjà, ce sont les composants de l’expérience qui prend forme. L’impression générale, toutes matières confondues sans s’attacher à aucune précisément, est toujours la même : celle de contribuer à une dimension supplémentaire du site, au renforcement de son esprit, etc., et nulle part la perception d’un réductionnisme, d’une dérive du propos menaçant de déstructuration et de dissolution ce même esprit. La technique est utilisée mais elle est tenue à distance, et à aucun moment elle ne nous infecte de ses facilités trompeuses et de ses tentations à sacrifier le fond à une forme illusoire.

L’impression intellectuelle, plus précisément, est celle que la parole dans le chef du propos tel qu’il se développe naturellement confirme bien cette idée déjà énoncée dans la chronique précédente («[L]a parole excite l’esprit tandis que l’écrit approfondit l’esprit»). La cause est bien dans ce que “la parole”, dans ce cas, est là pour servir l’esprit et non pour faire sa propre promotion méthodologique, comme l’écrit est là également pour servir l’esprit à sa façon à lui. Nous avons la sensation qu’en parlant, en posant des questions et en suscitant leurs réponses, en développant un dialogue (une “conversation”), il y a bien un but commun renvoyant à cet “esprit” (l’“esprit de dedefensa.org” pour dire l’expression, si vous permettez cette identification ambitieuse) qui a acquis bien assez du caractère qui lui est propre désormais pour être extérieur à nous, avec ses propres traits, ses propres spécificités ; ainsi, il est à la fois plus aisé, plus évident, et plus inévitable au fond de se mettre à son service. Voilà notre “impression intellectuelle”, ressentie de l’intérieur de nous-mêmes comme à l’intérieur du cadre de dedefensa.org, et c’est alors à l’auditeur-spectateur d’en faire son miel, et sachant que les abeilles travaillent bien, avec feu autant qu’alacrité.

Maintenant, quelques observations plus pratiques, qui vont structurer méthodologiquement le propos. La chose est abordée dans le rapide commentaire de la Vidéo-02 de ce 18 mai 2014... «Comme l’on voit, nous complétons ici l’article du “Glossaire.dde” référencé... [...] L’idée de compléter certains concepts du Glossaire.dde, d’ailleurs évoquée ici ou là par l’un ou l’autre commentaire, constitue certainement une des formes (une des formules) du contenu de ces entretiens. C’est dire qu’il nous arrivera de revenir sur l’un ou l’autre article du Glossaire.dde. Mais d’autres formules d’entretien vont intervenir, qui prendront plus la forme de véritables échanges (une “conversation” au sens propre du mot). Nous y travaillons d’ores et déjà, et il ne serait pas surprenant que le canevas de “La Grâce de l’Histoire” nous serve de guide à cet égard...»

Il est vrai que nous travaillons d’ores et déjà sur des formules plus diversifiées, où les interventions auront bien plus l’allure de dialogues que de questions-réponses, – donc, de plus en plus de la forme de la “conversation” effectivement. La pratique devrait conduire à cette sorte d’exercice, restituant finalement ce que je crois être le véritable “esprit dedefensa.org” dont il est déjà question plus haut (esprit-dde, si l’on veut). L’on doit être assuré de l’enrichissement que procure cette activité, évitant le piège de la substitution par synthétisation des textes du site, au contraire évoluant comme des flanc-gardes (superbe expression), renforçant ces textes, leur ouvrant des opportunités, etc. Dans ces premiers exercices de “conversation” qui vont bientôt venir, et sur lesquels nous avons déjà travaillé, je découvre que l’on développe une attitude bientôt devenue systématique parce que les échanges se font dans des bornes et selon des règles tacites que tout le monde respecte : il s’agit de la tolérance, non pas celle de l’idéologie et des salons mais celle de la politesse et du respect, qui est le fait dans ce cas d’écouter l’autre exposer sa conception jusqu’à son terme, sans l’interrompre, même si l’on brûlerait à un instant ou l’autre de prendre brusquement la parole lorsqu’on a été arrêté par une phrase ou un mot.

Nos prévisions incluent aussi bien des thèmes généraux, – dont la Vidéo-02 sur l’idéal de puissance est le premier exemple. Il est vrai qu’il sera fait un bon emploi de la démarche consistant notamment à traiter dans cette forme et cette démarche différentes des articles du Glossaire.dde. Dans le même esprit, nous traiterons de sujets plus conjoncturels comme celui d’un événement en général, d’une crise par exemple, en essayant toujours d’allonger la perspective selon son caractère historique, sa perspective passée, ses hypothèses sur l’avenir, etc. Il y aura aussi le thème spécifique de La Grâce de l’Histoire, exploité dans divers sens et de diverses façons, – bien sûr, en plus du fait que les grands axes du livre sont présents eux-mêmes, en tant que tels, dans les autres sujets traités. Il ne faut pas cacher, et je me dois d’insister là-dessus sans la moindre hésitation ni réticence, que l’on comptera sur cette série d’entretiens pour attirer un public beaucoup plus vaste que celui que nous avons déjà, à la lecture du livre.

Bien, tout cela fait partie d’une conviction que j’ai exposée, qui n’est en rien comptable de l’avenir. C’est une façon assez plate d’en revenir aux évidences, et de faire comprendre que cette conviction exposée, cette foi si l'on veut dans la nouvelle initiative dont je parle tant, peuvent fort bien ne pas suffire, et l’aventure s’étioler à mesure. Mais ce qui reste pour moi une surprise confondante, concerne une sorte de diagnostic tout personnel, un regard qui est presque comme une thérapie de la psychologie et, au-delà, de l’esprit. C’est le simple constat que je ne me croyais pas, – je veux dire par rapport à mon âge, mon expérience, l’usure du temps et des choses, – je ne croyais pas que je fusse encore capable de trouver dans cette vieille carcasse un enthousiasme de cette sorte. Étrange, car au fond, chaque fois me revient la même surprise, devant la même résilience de l’esprit, devant la capacité d’en revenir aux élans de temps qu’on croyait révolus, ou enfuis, ou morts plus simplement ; étrange, mais quoi, bien vivant malgré tout ... Voilà donc, – embarquez avec nous, si vous le voulez, et l’on verra jusqu’où le bon vent nous pousse.

Philippe Grasset