Chronique du JSF : poids & circonstances

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Chronique du JSF : poids & circonstances


1er juillet 2004 — Chronique du JSF, car ce programme-mammouth mérite bien un suivi attentif qui relève de ce genre littéraire. Trois nouvelles récentes, dont aucune n’est particulièrement réjouissante pour le programme américain et soi-disant international.

• L’annonce, développée dans Aviation Week & Space Technology, que le moteur de l’avion, le Pratt & Whitner F135, rencontre des problèmes, essentiellement avec la version STOVL. Ces problèmes sont dus essentiellement à l’excédent de poids de cette version.


« Pratt & Whitney stopped its tests when the first Stovl F135 production-configuration engine developed erosion damage in the second-stage vanes of its low-pressure turbine. Initial reports from inside the engine community indicate that Pratt & Whitney will not have to redesign any components, but designers will likely have to change some interior engine coatings. A company official says the engine is expected to be back into the test program by early July. »


• Ce problème du poids est posé (officiellement) depuis plus d’un an (depuis février 2003). A cette époque, la solution (réduction du poids aux normes initiales) était de résoudre ce problème dans les mois à venir, pour un rétablissement des normes autour de la fin de l’été 2003. Aujourd’hui, le problème est tel que vient d’être adoptée (le 29 juin), par le département de la défense, une proposition de prolonger les délais de développement de l’avion, pour se donner du temps et résoudre cette question du poids. Les nouveaux délais sont 2006 (au lieu de 2005) pour le premier vol du premier prototype du JSF, et 2012 (au lieu de 2010) pour les premiers déploiements du JSF. Depuis le lancement du programme (1994), le délai global de développement (lancement du programme-premiers déploiements) a augmenté de près d’un tiers (18 ans au lieu de 13 ans, le premier déploiement étant initialement prévu pour 2007).

• Tout cela est d’autant plus inquiétant que le problème réel du poids est largement obscurci par les manipulations générales qui encombrent ce programme. (Aucun programme d’avion de combat, sans doute, n’a été autant l’objet d’une guerre de propagande et de désinformation aussi intense que le JSF.) L’avis d’une commission de la Chambre des Représentants, selon Tony Capaccio, de Bloomberg News, le 29 juin, est particulièrement inquiétant pour ce qui concerne la question du poids. Le chiffre de dépassement de poids à rattraper pour la version STOVL, officiellement autour de 2.000 livres, approcherait en réalité de près du double.


« Lockheed Martin's F-35 joint strike fighter may be more overweight than previously known, according to the preliminary finding of a review that deepens the headache for program officials who are trying to cut costs and keep the aircraft on schedule. The House Appropriations Committee said the problems “may be greater than previously recognized,” particularly for the most complex of three F-35 versions — one capable of vertical landings for the Marines and the British Navy.

(…)

» The Pentagon in April said that the F-35's estimated cost rose 22 percent in a year to $244 billion, including purchases of 2,457 planes. Lockheed also delayed the first flight until 2006 to study ways to shed weight.

» “The committee is concerned about the impact, if any, these new findings may have on program costs, schedule and ... the successful transition to production of all three F-35 variants,” the House committee said.

» Lockheed spokesman said that the company has more than 500 engineers working on weight-loss efforts for the Marine and Royal Navy version. »


La dernière précision est loin d’être encourageante, contrairement à l’effet recherché : Nous annoncer que plus de 500 ingénieurs travaillent sur le problème du poids et découvrir que celui-ci ne se résout pas, mais, qui plus est, s’avère plus grave que ce qu’on annonce, en vérité n’a rien pour rassurer. De même que de proclamer, également triomphalement, que plus de 40.000 personnes, chez Lockheed Martin, travaillent sur le JSF, lorsqu’on mesure, chaque jour, le résultat de cette débauche de talents et de cerveaux.