Chronique syrienne, réassortiment de fragments

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Chronique syrienne, réassortiment de fragments

La découverte en 1953 de la double hélice d’ADN, matrice de toutes les informations pour la reproduction et le fonctionnement cellulaire, a initié la compréhension de la machinerie biologique des eucaryotes. Les tentatives de déployer la cartographie du génome humain se heurtent entre autres, à la difficulté d’interprétation des séquences silencieuses. Elles ne codent pas pour des protéines et sont dotées de fonctions régulatrices.

De plus, certains gènes résultent du réassortiment de segments d’ADN non contigus, parfois fort éloignés les uns des autres. Il devient difficile alors de faire un répertoire des gènes quand la lecture de la succession des unités des bases désoxyribonucléiques ne délivre plus un message univoque. Vouloir recenser les éléments du génome humain c’est prétendre maîtriser le processus de mise bout à bout de segments d’ADN de longueurs, d’extrémités et de situations inconnues.

Au cœur de la génétique, science précise, s’insèrent exégèse et heuristique !

Aux chroniqueurs qui se saisissent de morceaux d’informations circulant dans les medias il revient de les scénariser en adoptant une certaine typologie de leur juxtaposition, ils en font un certain collage et par là une exégèse en taisant certains et en faisant se côtoyer d’autres.

La représentante spéciale de l’ONU pour les enfants et les conflits armés a fait part à la presse le 27 mars 2012 qu’elle a été saisie d’informations non encore recoupées selon lesquelles l’Armée syrienne libre enrôle des enfants soldats.

L’organisation Human Rights Watch, dérogeant à sa longue litanie d’accusations du régime sanguinaire et oppressif syrien, rapporte que des opposants au régime de Bachir Al Assad commettent des enlèvements, des tortures et des exécutions à l’encontre de soldats réguliers ou de simples citoyens.

Seul le soldat Juppé arborant avec un côté laïc chic à l’occasion la kippa ne l’entend pas encore de cette oreille. Pourtant l’annonce par le Daily Star libanais puis par The Telegraph du 5 mars 2012 de la capture de 13 officiers français à Homs n’a pas été démentie par le ministre de la Défense français. Persuadé qu’il sera mis aux commandes de la France en 2017 par toute une droite qui ne supporte plus le style et l’inefficacité de Nagy de Bocsa Sarkozy, Juppé mène son jeu personnel dans l’affaire syrienne comme dans celle des tueries de Montauban et de Toulouse, signalant ici la faille du renseignement et répugnant là à se faire déborder par le système béhachélien dans la surenchère de défense des intérêts sionistes.

En même temps que des signaux ont été émis pour créer le contexte de la relative sortie de l’ingérence occidentale en Syrie, un autre message est fourni par les Affaires Étrangères françaises, pôle du bidouillage de la diplomatie française. Il a offert son soutien à la deuxième rencontre des Amis de la Syrie, Qatar, Arabie aux mains des Séoud, États du Golfe et OTAN, qui s’est tenue le premier avril à Istanbul. L’opposition syrienne comprise par les Amis et réduite au Conseil National Syrien a eu à se prononcer sur le plan en six points de Qofi Annan. Approuvé par la Russie et la Chine, il ne comporte pas comme préalable la chute du régime de Bashir Al Assad et n’est pas contraignant pour le gouvernement syrien qui en a accepté le principe de cessation bilatérale des violences. Une troisième version de cette réunion des Amis de la Syrie sera donnée à Paris. Un train de sanctions suivra, promet Alain Juppé, si Assad ne se montre pas compliant aux prescriptions très directives de la communauté des Amis. La Syrie est autosuffisante pour ses denrées alimentaires et les besoins pharmaceutiques et médicaux de sa population.

La disparate entité Armée Syrienne Libre qui ne cesse de se faire sermonner pour son hétérogénéité et la multiplicité donc l’absence de sa direction dispose d’un centre d’entraînement dans la province d’Hatay, le sandjak d ‘Alexandrette ‘donné’ par la France à la Turquie en 1939 en échange de sa non coopération avec l’Allemagne nazie, il est normal qu’il revienne au Qatar et au gouvernement turc de réunir trois cents opposants dans la banlieue de l’ancienne capitale ottomane. Un sous-groupe de cette opposition, le Conseil National Kurde, est inacceptable pour la Turquie qui n’a cessé depuis l’effondrement de l’empire de combattre par tous les moyens, les extrêmes largement compris, ses minorités religieuses et ethniques. La kurde représente 20% de sa population. Les puissances occidentales ont été pudiques sur le sort des Arméniens, des Kurdes et de Chypre en échange de l’intégration de la Turquie dans l’Otan et de son alliance avec Israël.

La Chine et la Russie ont fait savoir, comme elles l’avaient fait pour celle de Tunis le 24 févier, qu’elles ne peuvent soutenir une conférence dont le but avoué est d’organiser le contraire du dialogue.

Les cinq puissances économiques émergentes, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud réunies en un sommet à New Delhi cette semaine ont publié un communiqué commun qui condamne l’ingérence étrangère en Syrie. Dimitri Medvedev en pointe dans l’adoption de cette résolution demande que soit évitée dans ce problème toute solution militaire.

Ces prises de position des BRICS confirment la volonté d’affirmation indépendante de ce groupe d’États dans le domaine de la politique internationale.

Elles ne sont pas marginales au propos central de ce sommet qui constate l’inadéquation du FMI et de la Banque Mondiale et la baisse de leur influence ces dix dernières années puisque elles n’ont pu ni prévoir ni traiter la crise actuelle. Les BRICS entendent se doter d’une institution financière commune et proposer leur candidat à la présidence de la Banque Mondiale. L’utilisation de monnaies nationales a été préconisée pour les échanges croissant entre les pays du BRICS. Elle diminuerait les risques financiers inhérents à l’emploi de la monnaie de réserve soumise à des aléas non contrôlés.

Badia Benjelloun