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5472• Successivement visitées, un enchaînement de situations et de circonstances dans le cadre de la GrandeCrise voyageant de Ukrisis aux États-Unis. • D’abord, l’épisode concernant les échanges entre Lavrov et son “collègue” israélien en rapport avec les juifs et l’Ukraine. • Les craintes stratégiques et nucléaires des chefs militaires US face à la Russie et à la Chine. • Quelques mots sur l’absence de dirigeants-BAO capables de « tenir tête à Poutine » en décidant de « négocier la paix » avec lui. • Jusqu’aux USA, où triomphe le trumpisme antiguerre.
Ukrisis est dans une phase d’aggravation générale de la perception de l’évolution de la position de Moscou. Cette perception concerne l’aggravation de la situation hors du champ de la bataille, au niveau notamment des relations des USA et de la Russie, ou des relations de l’OTAN et de la Russie.
C’est une période symbolique et sacrée pour la Russie, à la lumière de la célébration de la victoire dans la Grande Guerre Patriotique qu’en général si peu de bloqueurs-BAO ont à l’esprit, si seulement ils la connaissent et la reconnaissent. Cette année, par contre, nous y sommes rendus très sensibles. Par conséquent, temps du souvenir et de la célébration et, dans les conditions présentes, temps de la résolution russe que les dirigeants ne manqueront pas d’exalter. L’accrochage avec Israel montre que, pour les Russes, l’accommodement n’est plus de mise et que l’affaire-Ukrisis est en train de devenir une cause sacrée. Cela donne une mesure des choses.
Un signe convaincant du durcissement conséquent de la Russie se trouve dans la querelle entre la Russie et Israël. On en lit ci-dessous un rapide compte-rendu provenant de RT-France qui continue à travailler malgré madame Ursula van der Leyen.
Cette dureté est caractéristique dans la mesure où elle porte sur un sujet ultra-sensible, avec lequel le gouvernement israélien a l’habitude d’imposer le silence de la bienpensance à ses contradicteurs, même dans des cas malheureux pour Israël. Ici, il n’en est rien, avec d’autant plus de force que la Russie se juge absolument lavée de tout soupçon d’antisémitisme, – ce qui n’est pas le cas de la cause (l’Ukraine, le bataillon Azov, la Pologne, etc.) qu’Israël est de plus en plus inclinée à soutenir après une attitude initiale équilibrée.
« “Je vais vous dire quelque chose que les hommes politiques israéliens, qui lancent actuellement une campagne [antirusse] [...] ne voudront probablement pas entendre. Cela pourrait les intéresser. Il y a de fait des mercenaires israéliens en Ukraine en ce moment aux côtés des combattants d'Azov”, a déclaré [la porte-parole du ministère des affaires étrangères] Maria Zakharova, interviewée par Sputnik à Moscou le 4 mai.
» Continuant sur sa lancée, Zakharova a déclaré que les dirigeants israéliens ne pouvaient pas ignorer cette présence. “J'ai vu la vidéo, les faits, les preuves”, a-t-elle dit.
» Cette déclaration est le dernier épisode en date d'une série d'échanges publics tendus entre les deux pays. Dans une interview diffusée le 1er mai sur la chaîne de télévision italienne Mediaset le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov avait balayé l'argument selon lequel il ne pouvait pas y avoir de néonazis en Ukraine puisque son président était lui-même juif. Il y a de fait des mercenaires israéliens en Ukraine en ce moment aux côtés des combattants d'Azov.
» “Je peux me tromper, mais Hitler avait aussi du sang juif”, avait-il dit. “Cela fait longtemps qu'on entend les plus sages des juifs nous dire que les pires des antisémites sont juifs”, avait-il ajouté, suscitant la protestation officielle des autorités israéliennes.
» “Les juifs ne se sont pas assassinés eux-mêmes pendant l'Holocauste”, avait entre autres dit le ministre des Affaires étrangères israélien Yaïr Lapid, réclamant des excuses officielles. Des excuses qui vont manifestement attendre encore puisque la Russie a enfoncé le clou le lendemain en accusant l'Etat hébreu de “soutien au régime néonazi à Kiev”, et en donnant plusieurs cas historiques de collaborations de juifs avec les nazis. »
On notera que cette polémique a été déclenchée par Lavrov lors de son interview, et certainement pas par imprudence selon l’hypothèse qui vient aussitôt sous ma plume. Lavrov est un rusé renard qui peut se transformer en ours déchaîné lorsque la ligne politique choisie l’exige (même chose pour Zakharova). Il est manifeste que la Russie n’(a pas rechiné devant cette polémique, qu’elle alimente d’arguments, aussi bien historiques que d’actualité, extrêmement forts, qu’elle a préparés en un dossier fourni dont les éléments sont assénés avec force sinon brutalité.
Sur ce point précis de l’engagement brutal de Lavrov, – qui n’ignore pas que, dans certains cas, la brutalité est un acte diplomatique, – une intéressante spéculation de l’excellent Gilbert Doctorow. (On a été incité à consulter Doctorow par une citation de ‘b’, de ‘TheMoonofAlabam’ [MoA], qui a, de son côté, un excellent dossier plein à craquer sur les sujets évoqués par Lavrov et dénoncés par Israel.)
« ...Laissez-moi deviner. Lavrov savait bien ce qu'il faisait et avait probablement discuté de ce sujet avec son patron, Vladimir Vladimirovitch, avant d'ouvrir la bouche.
» Les Russes sont très mécontents d'Israël en raison de sa coopération militaire passée avec l'Ukraine, et la déclaration de Lavrov n'était que le premier round. Si nous revenons aux tout premiers jours de l'"opération militaire spéciale" de la Russie, lorsqu'ils ont pris le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporozhye et y ont saisi des documents relatifs aux efforts de l'Ukraine pour construire une “arme nucléaire sale”, le ministère russe de la défense a annoncé que des facilitateurs étrangers y étaient actifs. Puis, le lendemain, de manière inattendue et en toute hâte, le Premier ministre israélien, M. Bennett, s'est rendu à Moscou pour des entretiens non programmés avec M. Poutine. Presque rien n'a été divulgué sur l'objet de leurs discussions. Mais par la suite, les Russes n'ont jamais identifié les complices étrangers.
» Bien que certains lecteurs m'aient félicité pour avoir évité les “spéculations”, je me permets pour cette fois de spéculer : il n'est pas inconcevable que les Israéliens aient été parmi les principaux conseillers de Kiev sur son programme de fabrication d'armes nucléaires. Si tel est le cas, nous pouvons nous attendre à ce que les relations russo-israéliennes se détériorent considérablement dans les semaines et les mois à venir. »
Nous tendrions à nuancer, ou disons à préciser la chronologie. Si l’on accepte l’hypothèse de Doctorow sur l’aide nucléaire d’Israel à l’Ukraine, – qui deviendrait alors un élément de plus confirmant les projets nucléaires de Zelenski et ses amis US via Israël, confortant la résolution russe, – nous ferions l’hypothèse que les Russes ont d’abord accepté, donnant-donnant, de faire profil bas considérant le fait que Bennett adoptait une attitude d’équilibre pouvant passer, selon notre filtre compulsif, pour un soutien indirect à la Russie. Depuis, l’attitude publique d’Israël a évolué sous la pression US, et la Russie réagit avec une dureté inhabituelle, – d’abord en intervenant directement pour la première fois contre Israël en Syrie, pour abattre un missile israélien air-sol tiré vers Damas, puis en lançant l’affaire de l’interview de Lavrov... Mais considérons cela comme “un coup de semonce”, non sans en tirer quelques spéculations analytiques.
Pour cette fois et sans doute la première fois, et malgré qu’il soit sur son terrain communicationnel ultra-favorable de la repentance et de l’Holocauste, Israel est confronté à un adversaire impitoyable, peut-être plus dur que lui comme on le voit avec les ripostes Lavrov-Zakharova. Ce durcissement russe au niveau diplomatique, hors du champ opérationnel ukrainien est actuellement partout ressenti. Certaines sources européennes “officieuses-officielles”, capables de penser hors de la narrative générale du bloc-BAO, considèrent avec appréhension ce durcissement qui concerne désormais le camp américaniste-occidentaliste, Otanien et le reste, dans son ensemble. Bien entendu, ils ont à l’esprit la date-anniversaire du 9 mai 1945.
Il y a certes eu des “excuses”, mais seulement affirmées du côté israélien et pas du côté russe, et nullement de la part des acteurs concernés, ni du côté russe ni du côté israélien, cela donnant une allure formelle qui peut être considérée comme de pure convenance... Enfin, drôle de conclusion (temporaire ?), cet entretien, téléphonique Poutine-Bennett, – sans qu’on sache qui, le premier, a décroché son téléphone, – où le premier ne parle pas d’excuses, et le second oui. Les Israéliens estimeraient donc leur honneur-bienpensant sauvegardé, les Russes n’estiment rien du tout sinon la poursuite des “bonnes“ relations avec Israël, – ici, dues au souvenir du rôle de la Russie contre l’Allemagne nazie, où Israel est plutôt débitrice vis-à-vis de la Russie comme le fait sentir le communiqué du Kremlin, – et là-dessus n’excluant pas du tout les coups de semonce. Ni Lavrov, ni Zakharova ne se sont excusés, et ils restent jusqu’à maintenant tous deux dans leurs fonctions, et donc ce qui a été dit a bien été dit...
« Vladimir Poutine a présenté ses excuses à Naftali Bennett pour les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d'un entretien téléphonique jeudi, a déclaré le bureau du Premier ministre israélien.
» “Le Premier ministre a accepté les excuses du président Poutine pour les remarques de Lavrov et l'a remercié d'avoir clarifié son attitude envers le peuple juif et la mémoire de l'Holocauste”, a déclaré le bureau du Premier ministre.
» Si le compte rendu des entretiens publié par le service de presse du Kremlin ne mentionne pas les excuses, il indique que les deux dirigeants ont discuté de l'importance des prochaines célébrations du Jour de la Victoire “pour les peuples des deux pays, qui préservent soigneusement la vérité historique sur les événements de ces années-là et honorent la mémoire de tous ceux qui sont tombés, y compris les victimes de l'Holocauste”. »
Au-dessus de ces agitations diplomatiques et significatives s’étend l’ombre de l’extrême du risque épouvantable que cette guerre fait peser. C’est un point central des inquiétudes américanistes, et essentiellement du Pentagone. Le témoignage au Sénat de l’amiral Richard, chef du Strategic Command, rend compte de ces inquiétudes en mettant en évidence les capacités stratégiques de la Russie (et de la Chine, considérée comme réalisant une « percée stratégique »), et de la Russie et de la Chine additionnées. Il ne fait aucun doute que les capacités des missiles hypersoniques dont disposent la Russie et la Chine sont à l’esprit de l’amiral Richard, comme elles le sont à la tête du Strategic Command depuis 2018.
D’une façon générale, Richard situe la gravité de cette crise stratégique comme sans précédent “depuis plus de trente ans”, remontant sans doute à la situation d’instabilité stratégique de1983-1985, avant l’arrivée de Gorbatchev et les premières consolidations de son pouvoir. Il apprécie les nécessités de la dissuasion pour les USA selon une « dynamique tripartite », c’est-à-dire intégrant les deux pays, – la Chine et la Russie, – dans une crise stratégique possible.
Mais le plus important est certainement la reconnaissance que les États-Unis n’ont pas réellement de capacités d’interdire par la dissuasion un usage tactique limité de l’arme nucléaire, voire d’y riposter : « Nous avons un déficit de dissuasion et d’assurance contre la menace d'un emploi limité du nucléaire. » Cela synthétise et renforce les craintes, chez les planificateurs US, de la possibilité pour la Russie d’employer du nucléaire tactique selon l’évolution de la situation ukrainienne ; on y distingue l’aveu implicite que les USA seraient placés devant un choix très difficile, sinon un dilemme insoluble, avec la possibilité que les Russes montent l’escalade d’un échelon en frappant les USA continentaux si les forces US employaient du nucléaire tactique US en Europe contre les forces russes en représailles. On retrouve, dans des conditions nouvelles où la Russie “a la main”, le fameux constat du général de Gaulle pour justifier la force française de dissuasion nucléaire : « Croyez-vous que les USA risqueraient Chicago pour défendre Hambourg ? »
« “Nous sommes actuellement confrontés à une dynamique de dissuasion de crise que nous n’avons vue qu’à quelques reprises dans l'histoire de notre nation”, a déclaré mercredi l’amiral Charles Richard, chef du commandement stratégique américain (STRATCOM), lors d'une audition au Sénat. Il a réitéré ses inquiétudes concernant la “dynamique de dissuasion tripartite”, dont il a averti les législateurs en mars, citant la crise ukrainienne.
» “La nation et nos alliés n'ont pas été confrontés à une crise comme l'invasion de l'Ukraine par la Russie depuis plus de 30 ans”, a déclaré Richard. “Le président Poutine a simultanément envahi une nation souveraine tout en utilisant des menaces nucléaires à peine voilées pour dissuader les États-Unis et l’OTAN d’intervenir“.
» Pendant ce temps, les dirigeants chinois “observent de près la guerre en Ukraine et utiliseront probablement la coercition nucléaire à leur avantage à l'avenir”, a déclaré l’amiral. “Leur intention est d'obtenir la capacité militaire de réunifier Taïwan d’ici 2027, si ce n'est plus tôt”. [...]
» “La guerre en Ukraine et la trajectoire nucléaire de la Chine - sa percée stratégique, – démontrent que nous avons un déficit de dissuasion et d'assurance contre la menace d'un emploi limité du nucléaire“, a déclaré M. Richard. Il a ajouté que les forces nucléaires sont le “fondement” de la capacité des États-Unis à dissuader les attaques. »
Et nous, “à l’Ouest”, d’une façon générale, que pourrions-nous penser ? Le commentateur Egon von Grayers, – Suisse et financier du site bien-nommé ‘GoldSwitzerland.com’, – donne d’abord la plume à Ernest Hemingway :
« La première panacée d’une nation mal gérée est l’inflation de la monnaie ; la seconde est la guerre. Les deux apportent une prospérité temporaire ; les deux apportent une ruine permanente. Mais les deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques. »
Et von Grayers de poursuivre sur ces propos bien peu exaltants, parlant de « l’Occident au bord du précipice » et jugeant de façon originale que “l’Ouest” n’a aujourd’hui aucun dirigeant qui « puisse tenir tête à Poutine » pour entamer des pourparlers de paix.
Ainsi termine-t-il ce passage par un “En Attendant Trump” que Beckett n’aurait jamais imaginé, – lui-même, von Grayers, décrivant cette situation étrange où un conglomérat pseudo-impérial en cours d’effondrement encercle son adversaire de façon de plus en plus belliqueuse alors qu’il l’accuse de multiples intentions de plus en plus belliqueuses ; on extrapole cela jusqu’à cette “opération militaire spéciale” aussitôt baptisée “invasion de l’Ukraine”, préparée avec minutie depuis huit ans au moins, – la question intéressante restant de savoir “préparée par qui ?”...
Bref, comment allons-nous, nous “à l’Ouest” ? Il est un signe intéressant de ces “temps-devenus-fous”, marquant l’inversion de toutes les choses dans notre chef ; avec ce von Grayers qui définit le fait de la vertu politique cardinale de « tenir tête à Poutine » par l’acte de « négocier la paix » ; comme si plus personne n’était capable, “à l’Ouest” entraîné par l’étrange harpie diabolique qu’est Ursula von der Leyen, d’avoir l’audace d’imaginer qu’il puisse y avoir une alternative qui se nomme “paix”, à cette folle chevauchée guerrière ; comme si l’héroïsme se trouvait aujourd’hui chez ceux qui ose parler de paix...
« Au mieux, le monde est confronté à une dépression hyperinflationniste suivie d'une dépression déflationniste.
» Mais malheureusement, il y a aujourd’hui beaucoup plus en jeu, car l'Occident fait monter frénétiquement le son du tambour de la guerre contre l'invasion de la Russie en Ukraine.
» Lorsque l'économie mondiale atteint le point d’effondrement, les pays ont les dirigeants qu’ils méritent. Il n’y a aujourd’hui aucun dirigeant ou homme d’État en Occident qui puisse tenir tête à Poutine afin de négocier la paix. Biden n’a malheureusement ni la vigueur, ni la capacité de jouer un rôle significatif dans la résolution du conflit. En outre, les néoconservateurs font pression sur lui pour qu'il attaque et vainque la Russie. Et la rhétorique de Biden contre Poutine n’est certainement pas propice à la paix, avec des mots comme “criminel de guerre” et “génocide”. Biden ne doit pas oublier que pendant la seule guerre du Viêt Nam, on estime que les Nord-Vietnamiens et les ViêtCongs ont perdu un million de soldats et deux millions de civils. Les guerres non provoquées sont bien sûr toujours insensées, quel que soit celui qui les déclenche.
» Techniquement, les États-Unis n'ont pas déclenché de guerre contre la Russie. Mais la Russie soutiendra bien sûr que la révolution Maidan de 2014, soutenue par les États-Unis, qui a chassé le président élu Ianoukovitch, était une menace directe contre elle. La carte probable de l’OTAN [...] aujourd'hui, si la Finlande et la Suède adhèrent, est clairement une situation très inconfortable pour la Russie.
» L’Occident a encerclé la Russie.
» Le président Zelenski fait tout ce qu'il peut pour impliquer militairement le reste du monde en demandant plus d'argent et plus d'armes à l'Occident, plutôt que de consacrer ses efforts à des négociations de paix. Bien entendu, l'Ukraine ne pourra jamais gagner seule la guerre contre la Russie. Et impliquer les États-Unis et l'OTAN ne peut que mener à une guerre aux conséquences incalculables et potentiellement à une troisième guerre mondiale qui pourrait être nucléaire.
» Et à l'Ouest, pas un seul dirigeant ne fait une tentative sérieuse de paix. De Biden à Johnson, Macron et Scholz, nous n'entendons parler que de plus d'armes et de plus d'argent pour l'Ukraine. C’est terriblement tragique et le signe d'un leadership totalement incompétent en Occident.
» Trump a de nombreuses faiblesses, mais il n’aurait pas hésité à entamer des pourparlers de paix avec Poutine. »
Puisque von Grayers parle de Trump, parlons-en.. Et parlons-en à la lumière d’une perception différente de celle de la possibilité d’une très grave aggravation de la situation sur un rythme rapide, comme nous avons évoqué. C’est la perspective d’une guerre durable, longue, très longue, “des mois, voire des années”. C’est ‘The Hill’ qui évoque la chose :
« Parfois, une “impasse stratégique” peut offrir l'occasion d'un règlement pacifique, mais les États-Unis n'ont pas voulu remettre les pourparlers entre Moscou et Kiev sur “la bonne voie” et ont plutôt déclaré un “affaiblissement de la Russie”
» L'auteur écrit qu'avant cela “les Etats-Unis avaient la supériorité morale parce qu'ils aidaient un autre Etat”. Mais récemment, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a appelé à affaiblir la Russie
» “Si l'impasse stratégique persiste, le conflit risque de se figer - et aucun des deux camps n'obtiendra un avantage décisif. Les armées s'entretueront pendant des mois, voire des années. Les pertes s'accumuleront, mais ce sont les civils qui souffriront le plus”, conclut le journaliste. »
Ce constat d’une “guerre longue”, qui n’est pas nouveau, n’est pas nécessairement celui de notre prospective si Trump y est inclus. Ce constat est là pour rendre plus crédible, sinon possible, sinon probable, le bouleversement que constituerait alors un retour de Trump en 2024, – voire avant, par le biais de son influence.
Nous en parlions déjà avant-hier et hier, en faisant du bis repetitat qui s’impose à notre sens tant les esprits de moineau européens ont expédié l’épisode-Trump et ce que cela signifie pour “la guerre en général” aux oubliettes :
« Il n’étonnera donc personne que cette intervention de Trump, devant un public enthousiaste est perçue comme une sorte de pré-annonce à une candidature de Trump-2024, effectivement évoquée par l’orateur. Le ton habituel de Trump vis-à-vis de Poutine, son hostilité au conflit en Ukraine lui valent un soutien inattendu : l’intellectuel, linguiste et activiste de gauche Noam Chomsky, jusqu’alors antitrumpiste sans concessions, parlant à Glenn Greenwald tel que celui-ci rapporte l’intervention... » (4 mai 2022)
« Au reste, le seul homme politique d’importance nationale et candidat potentiel pour la présidentielle-2024 qui se soit prononcée directement contre l’entretien et l’exacerbation de cette guerre comme fait Biden, – c’est-à-dire Trump, ‘Who else’ ? – le fait en définissant la guerre comme une faute de Biden et nullement comme une initiative agressive de Poutine : à cause de Biden, dit Trump, Poutine “ne respecte désormais plus le leadership américain”, – donc, la chose se règle sur le territoire national... » (5 mai 2022)
Or, voici qu’entretemps sinon en même temps intervient un événement politique interne d’une particulière importance pour l’illustration opérationnelle et symbolique d’une tendance : le jeune et inattendu J.D. Vance a remporté les primaires pour la désignation du candidat du ‘Great Old Party’ (GOP) pour le Sénat en novembre 2022. A cette occasion, on remarque
1). le soutien et l’adoubement tonitruants et bombastiques, déterminant pour sa victoire, du jeune candidat à la désignation par ‘The Donald’, et
2). la reconnaissance par les deux ailes du parti (un pro-Trump et l’archi-ennemi de Trump, Mitt Romney) de la puissance phénoménale de l’influence de Trump.
« Mitt Romney et Josh Hawley, complètement opposés dans le GOP d'aujourd'hui, sont d'accord sur une chose : le statut de Donald Trump comme ‘faiseur de roi’ républicain.
» Après que le soutien de l'ancien président ait propulsé J.D. Vance vers la nomination du GOP pour le Sénat dans l'Ohio, les deux sénateurs ne peuvent s'empêcher de voir les choses de la même façon. Hawley (R-Mo.), qui a mené les contestations électorales soutenues par Trump au Sénat l’année dernière, a observé qu’“il est le leader du parti, c'est clair... S’il décide de se présenter, il sera le candidat”.
» Et bien que Romney ait voté deux fois en faveur de la condamnation de Trump dans des procès de destitution, bien que critique républicain le plus virulent de Trump, le républicain de l'Utah a également conclu que toute personne qui soutient l’idée que l’ancien président s’effacera n’est pas attachée à la réalité.
» “Je ne me fais pas d'illusions, je ne pense pas avoir avec moi une grande partie du GOP”, a déclaré M. Romney lors d'une interview mercredi. “Il est difficile d'imaginer quoi que ce soit qui puisse contrecarrer la puissance de son influence. Donc, s’il veut devenir le candidat désigné en 2024 je pense qu’il a de grandes chances d’y parvenir”. »
Or, que nous dit donc le jeune J.D. Vance à propos de la grande crise du jour, Ukrisis elle-même où l’Amérique nous donne, vue de l’Europe, comme n’étant préoccupée que d’elle, que de cette guerre, que de sa durée, que de son embourbement sanglant ? Ces simples mots, lors d’une interview par Tucker Carlson, toujours sur le coup :
« Je pense que c'est ridicule que nous nous concentrions sur l'Ukraine. Je dois être honnête avec vous, – peu m’importe ce qui se passe en Ukraine... »
Honnête, le garçon, nul ne peut dire le contraire. Imaginez un candidat d’un si grand parti à une élection de novembre tenant ce propos, en France, en Allemagne, en Pologne, en Grande-Bretagne ? Imaginez et riez-en amèrement, – nous voulons dire, de la stupidité de l’enfermement européen...
Quoi qu’il en soit, vous vous doutez bien que Trump a soutenu J.D. Vance, sorti de nulle part, à cause de ce genre de jugement qui en fait un candidat à la fois populiste et isolationniste. Ayant à l’esprit l’état de délabrement incroyable, social et économique des USA aujourd’hui en pleine crise tendant vers l’hyperinflation et les blocages économiques et commerciaux divers façon-Tiers-Monde en crise, à côté de l’état florissant de Moscou ou de Saint-Petersbourg, – ayant à l’esprit tout cela, nous pensons que cette sorte de politique qui est à 150% celle de Trump se trouve dans la possibilité de séduire beaucoup de gens, voire de se répandre comme une trainée de poudre. Cela pourrait assurer au GOP une victoire triomphante en novembre prochain, consacrant la mainmise comme jamais de Trump sur le parti, sinon sur la politique aux USA lorsqu’on voit le carnage épouvantable qui règne du côté démocrate sous le direction chancelante de Biden.
Les démocrates et toute la clique du ‘War Party’ estampillé DeepState veulent faire durer la guerre, malgré le freinage discret mais constant du Pentagone. Cela signifie qu’ils offrent à Trump, s’il se présente, un argument de campagne pour 2024 en or massif. C’est alors que la carnage sera terrible du fait de la résistance hystérique des pro-guerre et du parti démocrate à la dérive, ce dernier encalminé dans ses folies wokenistes par ailleurs...
La guerre Ukrisis qui doit durer longtemps pour avoir la peau de la Russie, pourrait durer moins longtemps que prévu et, peut-être bien, avoir la peau des USA. Dans ce contexte, Trump qui devient irrésistible pourrait bien, en écrasant le ‘War Party’ en rase-campagne, signer la fin de l’‘Empire’, avec les USA en décomposition suivant dans la foulée et dans la folie.
Cet étrange bonhomme aurait alors accompli une tâche, non pas historique mais métahistorique. Imaginez l’ébahie tronche de ‘The Donald’ si on lui parle métaphysique en lui disant qu’il est un personnage métahistorique...
Mis en ligne le 6 mai 2022 à 17H40