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211819 (20) décembre 2014 … C’est vrai, j’en fais le serment : j’ai bien perdu 24 heures à décider du sujet de cette chronique, et j’ai choisi, finalement, un sujet que je n’avais pas prévu alors que j’hésitais entre deux autres. Voilà que je n’y tiens plus et prétends vous parler de 2014 comme s’il s’agissait de 1914. La similitude ne vous échappera pas, comme elle vous était déjà signalée à l’orée de 2014 : à cent ans de distance, ces deux années ont décidé d’une guerre, c’est-à-dire de deux guerres qui sont si proches l’une de l’autre qu’on peut dire que c’est la même poursuivie d’un siècle l’autre ; et qu’il est assuré, comme tant de pauvres gens clamaient il y a un siècle, et plutôt après avoir expérimenté et subi les horreurs de 1914, que c’est aussi “la der des ders”. C’est en effet, en 2014 après 1914, la “der des ders” parce que c’est celle qui décide du sort de la civilisation, ou de la contre-civilisation dans le jargon de notre domaine, à nous, ceux de dedefensa.org... Dans tous les cas, je vous ai exposé ma conviction, dedefensa.org vous l'a exposée au long de divers textes tout au long de cette années 2014-1914 et il y aura tant d’autres occasions d’y revenir dans les semaines et les mois à venir.
Pour l’instant et pour engager le propos, c’est justement de cet objet étrange, dedefensa.org, que je veux vous parler dans le cadre de 2014-1914. Je veux vous en parler comme je vous parlerais de nos âmes à nous tous, et pourtant en n’évitant pas à ce point du propos l’étrange référence (pour moi, “étrange”) de la comptabilité. Dans le cadre de notre dedefensa.org, la comptabilité, c’est l’intrusion du quantitatif le plus vil dans un univers dont nous voudrions tous qu’il n’ait comme référence que celle de la qualité. Il est vrai que cet aspect quantitatif, la comptabilité, est dans ce cas indicative d’une vérité de notre situation à nous tous qui a son rôle d’outil de référence pour permettre aux âmes de s’identifier, de se situer, de se compter, sans abandonner la raison qui permet d’aider aux rangement des jugements… Cette comptabilité, c’est pour vous dire, sans fausse pudeur ni modestie fausse ou vraie, peu importe, que nous sommes passés dans une tempête nouvelle, nous à dedefensa.org comme nous tous de par notre monde tordu d’une fureur folle et d’une furieuse agitation dans tous les sens. Par bon exemple de comptabilité, prenez le chiffre des visites par jour (en général plus de 4 minutes passées sur le site) : en janvier et en février, il y en a eu 4.428 et 4.753 en moyenne/jour ; et puis la chose s’envole, et 2014 devient vraiment 1914 en son nouveau siècle : 6.553 (mars), 5.935 (avril), 5.897 (mai), 6.192 (juin), 7.438 (juillet), 6.897 (août), 6.688 (septembre), 6.381 (octobre), 6.455 (novembre), 6.733 (au 19 décembre 2014, soit proche de 7.000 le 31 décembre lorsque la moyenne tiendra compte de tous les jours pleins)… Qu’est-ce qui pousse donc ces âmes à se rassembler ?
Ce n’est pas là une vulgaire démarche de grossière promotion pour le site dedefensa.org qui prétendrait affirmer sa progression, – je m’en porte garant, il n’y a rien de tel dans cette chronique et il y en a fort peu souvent sur le site. Je le redis précisément, c’est un simple “outil de référence pour permettre aux âmes de s’identifier, de se situer, de se compter, sans abandonner la raison qui permet d’aider aux rangement des jugements”. L’essentiel est que, dans le cadre de cette chronique, je veux montrer que les âmes se comptent et avancer l’espérance ardente que dedefensa.org est devenu pour son compte et sans prétendre à plus (quelle importance !) une sorte de havre où des âmes peuvent se rassembler pour se reconnaître, pour se retrouver, pour se compter dans une sorte de communion ; je veux le montrer en espérant que pour ces âmes rassemblées, démonstration vaudra bien plus que raison, qu’elle vaudra conviction comme l’on parle d’une affirmation spirituelle.
Ce qui m’importe alors, c’est bien d’explorer le “pourquoi ?” de cet événement platement statistique dans le cadre de cet événement sublimement symbolique qui est notre subtile, puissante et tonitruante vérité de situation, qui s’affirme dans cette années 2014-1914 parce qu’il s’agit effectivement de 2014-1914, – c’est-à-dire 2014 qui n’est rien sans 1914, et 1914 qui prend toute sa puissante et furieuse dimension à l’ombre prémonitoire d’un 2014, un siècle plus tard. L’on doit entendre cela, certes, à la lumière de la conception de 1914 comme première guerre de déstructuration de la “Matière déchaînée”, argument fondé sur une intuition fondamentale qui est souvent exprimée sur ce site... Voilà un étrange mélange farci d’échappées oxymoriques, tout cela plein d’allures d’ambiguïté et non exemptes de grandeur, avec l’impression fausse qu’il donne d’être double, entre l’“ombre prémonitoire d’un 2014” et la “lumière de la conception de 1914”.
Je ne ferai pas l’injure à mon lecteur de lui rappeler la litanie des événements qui ont marqué 2014-1914, notamment (pour fixer les mémoires) à partir de l’explosion du 21 février à Kiev, et tout ce qui a suivi et qui continue à défiler... Ne cherchez pas, dans ce bouillonnement impétueux, où se trouve notre Marne-2014, où surgit et nous emporte notre “divine surprise”, car l’on ne fait pas ici, comme l’on fait une comptabilité, de ces calculs d’épicier décortiquant ces équivalences historiques qui ne valent que par la puissance du symbole et la lumière divine de l’intuition. (En fait de comptabilité, pour cette chronique, j’ai déjà donné.) Observez seulement que les événements ont défilé à un rythme proche d’une histoire qui devient folle de l’ivresse de son accélération, ou bien d’une histoire qui semble devenue folle parce qu’en vérité elle est devenue métahistoire. Alors, n’en doutez plus une seconde : 2014 est bien 2014-1914 ; et comptez-vous, vous les âmes qui se rassemblent, non pas comme fait un comptable mais comme procède une intuition qui reconnaît les signes du feu divin dans le Ciel.
... Car vous reconnaissez l’essentiel ! Cette année 2014-1914 a été celle d’un bouleversement colossal, qui est celui de la reconnaissance, de l’identification de l’événement où nous sommes plongés. Il s’agit bien de la Crise Ultime, de la Crise d’Effondrement du Système (nous en sommes presque à l’usage de l’acronyme, CES), qui me paraît à moi, désormais, une immense vérité de situation, et une vérité métahistorique, – et qui paraît tel, je le crois ardemment, à nombre d’âmes et en nombre grandissant, – cette fois, avec la comptabilité qui aurait du sens autant qu’un sens...
(Vite, vite, entendons-nous clairement, oreilles dégagées du tumulte de l’immédiat et des volte-face multiples du système de la communication, et cela avant que quelque esprit comptable ne s’empare du constat pour jouer au pronostic comme l’on joue au poker-tiercé : alors, les USA vont perdre ? Mais non, ils gagnent ; mais non, pas du tout ... Alors, Poutine va gagner ? Mais non, il perd ; mais non, pas du tout, – etc., et toute cette sorte de spéculations d’un autre temps où les Temps Ultimes n’étaient pas encore en vue, à vue de nez je veux dire, pas encore écrasants ; ces spéculations inutiles dans leur interprétation qui se voudrait définitive pour rassurer la raison-subvertie en train de se consumer dans l’angoisse des lendemains qui ne s’expliquent pas par la seule raison hors de toute intuition, comme si l’on s’apprêtait à remettre à telle ou telle interprétation le Prix Nobel de l’Ontologie... Nous ne sommes pas au terme d’une course haletante, avec juges de ligne et contrôle électronique sur la ligne d’arrivée pour savoir qui l’emportera dans le chef de l’hégémonie mille fois réaffirmée ; nous sommes dans un tourbillon furieux, qui mugit et qui tourne sur lui-même, et bascule, et se redresse, rugissant comme la Bête blessée à mort, et qui s’ébroue de fureur, qui secoue le monde comme jamais il ne fut dans ce cycle métahistorique, – la Bête blessée à mort, fin de règne, fin de cycle...)
Ainsi s’agit-il de l’événement fondamental, essentiel, transcendantal. 2014-1914 a marqué l’ouverture de la phase ultime de notre Grande Crise, nous entrons dans la tempête ultime, nous y sommes bel et bien, nous sommes dans son œil lorsque même l’œil de la tempête réputé d’un calme paradoxal se contracte décisivement en absorbant tout le désordre de la tempête en lui-même, et devenant tempête lui-même. Plus aucun esprit de sapiens-Système n’est capable de se redresser sinon de se dresser, abîmé dans le furieux désordre que chaque acte qu’il pose contribue à accentuer. Nous sommes dans le terme de l’année qui a vu le désordre créer une nouvelle progéniture, une progéniture d’une nouvelle sorte pour ne surtout pas dire “d’une nouvelle race”, en accouchant de l’hyper-désordre paré de la grâce de “faire aïkido” (voyez “faire aïkido)... Le désordre au bout de lui-même, jusqu’à créer l’inversion de lui-même, – si ce n’est la Grâce, cela... Pour reconnaître une pareille transmutation qui dépasse d’une façon écrasante et d’une autre essence tous les paradoxes de notre histoire pépère telle que nous l’avions fabriquée, il faut être une de ces âmes qui se comptent, et se comptent de plus en plus nombreuses.
Désormais, plus rien n’arrêtera la course de l’histoire puisque l’Histoire est désormais du domaine de la métahistoire. Plus personne, – d’ailleurs il n’y a plus personne dans cette cohorte presqu’invisible à force de navrance que forment nos dirigeants et nos élites plongés dans la perversion du Rien, du Tout devenu Rien, – plus personne parmi ces montreurs d’ombres devenus meneurs de zombies n’est plus capable de rien distinguer. Leur caverne pseudo-platonicienne s’est contractée jusqu’à devenir un non-lieu obscur du dessous du monde, où plus aucun simulacre n’est possible parce qu’on ne distingue plus rien qui puisse sembler simuler quelque chose. Qu’est-ce qu’un simulacre dont la simulation est devenue Néant et Rien à la fois ? La narrative ultime, celle qu’on continue à psalmodier pour des ombres devenues zombies et disparues dans les entrailles de l’abysse de la Terre.
L’année 2014-1914 est le temps où la situation du monde nous est apparue en pleine lumière, dans toute la fureur de ses éclairs terribles. Je ne connais rien de plus éblouissant et de plus exaltant pour l’esprit lorsqu’on l’y retrouve, de plus angoissant, de plus meurtrier pour nos pauvres psychologies, comme des fétus perdus dans un grondement de tonnerre. Il nous faut subir et nous exalter, n’y rien comprendre et pourtant croire, et faire de notre désespoir l’ultime récif d’où l’on recommencera à distinguer les choses. La folie et la rédemption nous guettent pareillement. Vouloir y comprendre quelque chose et prétendre que ce qu’éclaireront les éclairs de la colère du monde semblent nous montrer ce que sera notre avenir relèvent de la futilité dérisoire de la piètre raison-subvertie.
Ainsi soit-il. Et c’est ainsi, effectivement, que l’année 2014-1914 ne fut pas inutile.
Philippe Grasset
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