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50672 juin 2019 – Bien que la connaissant depuis peu mais l’ayant aussitôt adoptée, je suis décidément un amateur éclairé et très goûteux du travail de Caitline Johnstone, de son entrain, de son enthousiasme, de la façon qu’elle a de nous entraîner et de faire de nos velléités des actes décisifs. Elle est sans guère de doute, dans le temps actuel où les plumes abondent et où les meilleures se révèlent vite à votre regard, une des meilleures chroniqueuses de cette incroyable descente dans la cruauté sanguinaire, la fureur morbide, la brutalité d’une stupidité sans fin, le totalitarisme de l’aveuglement du “salopard” sartrien à qui l’on donnerait en sus une dimension néo-platonicienne et une dimension nietzschéenne, je veux dire pour faire le compte ronbd, c’est-à-dire pour parvenir à identifier ce salopard-postmoderne qu’est le Système dans le traitement qu’il inflige à Assange.
Qu’est-ce qui nous inspire le plus ? La fougue et la vigueur de Johnstone ou l’ignominie du salopard-postmoderne qui tourmente Assange ? Les deux sont complémentaires et l’on s’aidera bien entendu de l’une pour mieux afficher le sentiment évident et accablant pour le destin de l’autre. Johnstone se bat pour Assange dans la séquence actuelle, avec une ardeur rarement égalée. Elle met en évidence dans un de ses plus récents textes une interview du plus grand intérêt (sur Democracy Now !), qui donne une bonne mesure de l’extrême illégalité, de la cruauté, du cynisme du traitement qui est appliqué à Assange, – essentiellement par trois pays, le Royaume-Unis, la Suède et les États-Unis.
La personne interviewée est le Suisse Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les traitements cruels, inhumains ou dégradants notamment pour les faits de torture et de mauvais traitements des prisonniers, cela depuis le 1er novembre 2016. Melzer a finalement accepté d’intervenir dans le cas Assange après des hésitations qu’il ne cache nullement, en décembre 2018. Dans son interview, il parle longuement du cas Assange, qu’il a été visiter dans sa prison britannique au début du mois de mai, accompagné de deux médecins, et qu’il a trouvé dans un état de santé extrêmement alarmant.
(Craig Murray, ancien ambassadeur du Royaume-Uni et conseiller d'Assange, nous précise à propos de cet homme : « Le professeur Melzer est le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture. Le professeur Melzer est suisse. Il est un avocat extrêmement distingué et professeur de droit international à l'Université de Glasgow ainsi que professeur de droit international humanitaire à l'Académie de Genève. Il a été délégué de la Croix-Rouge pendant 12 ans. Il n'y a aucun doute sur l'expertise du professeur Melzer ou sur son indépendance en la matière. Lorsque le professeur Melzer dit que “les tribunaux britanniques n'ont pas fait preuve de l'objectivité et de l'impartialité requises par la loi”, les gens devraient se lever et écouter.»)
Johnstone signale un passage de l’interview de Melzer, qu’elle juge particulièrement intéressant, – et je partage sans aucun doute son avis au moins pour trois raisons :
• ce passage montre combien l’information sur ces cas sensibles est mauvaise, particulièrement et précisément chez des hauts fonctionnaires aux plus hautes fonctions, y compris celles qui sont destinées à prendre en charge ces cas. (Mais cette dernière remarque sans étonnement tant les hauts fonctionnaires jugent eux-mêmes et assez naturellement être très bien informés, notamment par leurs propres autorités, et ils n’ont aucunement l’idée de mettre en cause la validité, l’honnêteté, la rigueur de leurs sources. J’ai la conviction que c’est certainement dans cette catégorie que l’on rencontre les gens les plus mal informés.) ;
• ce passage montre comment l’on peut arriver à combler cet état de mésinformation ou de désinformation où l’on se trouve, sans aucun doute par des voies que le Système réprouve mais qu’il ne parvient pas à empêcher tant elles sont nombreuses et rigoureuses. (Il serait intéressant de savoir comment Melzer a procédé pour se former son opinion finale sur le cas Assange, comme il est passé d’une posture méfiante vis-à-vis d’Assange, acceptant la version officielle, à son inverse.) ;
• ce passage montre combien la disposition de l’information pour entretenir son jugement dans une direction honorable et conforme à la vérité-de-situation est une bataille de tout les instants, au sein du système de la communication, sans qu’aucune piste, aucune possibilité ne soit complètement fermée, et à la condition que le doute vis-à-vis de l’information officielle soit entretenu comme une vertu première : “Je doute, donc je suis”, et “toute information officielle doit être considérée comme fausse tant qu’elle n’a pas été vérifiée comme juste par des moyens hors-Système”.
Johnstone cite donc ceci, extrait des déclarations de Melzer :
« Je pense que nous devons prendre du recul et examiner toutes ces procédures, la manière dont elles ont été menées, et parvenir à nos propres conclusions quant à leur équité. Nous devons aussi prendre du recul et examiner avec attention toute cette histoire de violeur présumé, de narcissique, d’égoïste, d’ingrat, de hacker, [quelques-unes des accusations et appréciations portées sur Assange], nous devons écarter les apparences et voir ce qu'il y a derrière. Lorsque j'ai été approché pour la première fois par son équipe de défense pour demander que j’excipe de mon mandat [pour m’occuper du cas Assange], en décembre de l'année dernière, j’étais réticent parce que, moi aussi, j’étais influencé par ce préjugé que je m’était formé à partir des récits publics, vous savez, ceux qui sont diffusés dans les médias grands publics [la presseSystème] depuis des années. Et ce n'est que lorsque j’ai eu écarté ces apparences que j’ai pu voir à quel point le fondement pour appuyer tout cela était faible, combien il y avait de fabrication et de manipulation dans ce cas. J'encourage donc tout le monde à regarder derrière les apparences dans cette affaire. »
Est-ce un cas important ? Je veux dire par là qu’on doit se demander, avecx la réponse évidente dès que la questioin est posée, si une évolution comme celle de Melzer et les conclusions qu’il en tire (règle générale : “Faites comme moi, ne prenez plus rien pour du comptant”) est exemplaire et nous autorise à tirer des conclusions plus générales sur les divers canaux d’information. Au départ de cette séquence, il y a un rapport, naturellement explosif, de Melzer sur les conditions de détention d’Assange, puis des réactions en cascade pour tenter de boucher la voie d'eau d’officiels, surtout UK (voir chez Johnstone), l’affaire ayant pris une tournure publique extrêmement délicate et impliquant la presseSystème elle-même. On distingue aisément dans les divers détails disponibles, les réactions des uns et des autres, une vulnérabilité de plus en plus grande du Système.
Cela me renvoie à un extrait d’un article très récent d’Orlov, qui parle des américanistes mais c’est comme s’il parlait de tous les bandits de nos contrés : « Comme les temps ont changé ! Les politiciens et les fonctionnaires américains ont abandonné toutes les tentatives de maintien du décorum et ne dissimulent plus leurs manières rapace et accrocheuses. Au lieu de menaces voilées, ils déploient maintenant de gros mensonges et de fausses menaces. Se concentrant sur la fabrication et la diffusion de faux, ils ont tenté de les utiliser pour forcer l'obéissance. Il y a les fausses menaces, – russes, chinoises, iraniennes, nord-coréennes, cubaines, – qui sont utilisées pour appeler à la discipline au sein de l'OTAN et au respect des sanctions unilatérales américaines. »
Je crois que c’est exactement ce que veut exprimer Orlov tel que je l’entends, disons avec mon interprétation : tous ces gens n’ont plus aucun frein, livrés à leurs vices, à leur sottise insondable, à leur cruauté que suscite cette sottise, sans souci d’être vus pour ce qu’ils sont, agissant en roue libre, – c’est-à-dire en sottise libre et en cruauté libre. Ainsi s’observe à visage découvert le comportement des pays qui s’occupent du cas Assange qui, tous, se trouvent réunis dans une attitude de profonde cruauté, d’inhumanité complète, en même temps que d’aveugle stupidité. Que leur apporte donc le fait ignoble et sans aucun doute écœurant pour la majorité des gens informés de tourmenter Assange comme ils le font ? Ils n’ont plus rien à apprendre de lui, et cet exemple de martyre imposé à un homme, s’il pouvait à l’origine faire peur et décourager certains qui étaient du parti d’Assange, aujourd’hui donne à tous une telle nausée que ceux-là qui en ont la vocation ne songent plus qu’à une chose : prendre le relais d’Assange pour taper sur le Système. Car il s’agit du Système, nous y sommes car nous le savons bien.
C’est lui, le Système, qui impose leur conduite ignoble et indigne à ses pauvres serviteurs, aussi bêtes, aussi aveugles qu’un sapiens sapiens dégénéré peut arriver à être, réfugiés dans une pathologie de la psychologie en phase ultime de dégénérescence et dans la déshérence d’une âme inféconde. Les robots, de Bolton à Pompeo, de la “justice” britannique aux palinodies des Suédois, à la trouille des Australiens qui renient la qualité de citoyen australien à Assange, à l’addition mécanique des chefs d’accusation contre Assange du DoJ américaniste, tous débitent leurs insanités et leurs mensonges, et leurs ricanements de cruauté. Avec eux la Contre-Civilisation dont a accouché le Système inaugure un comportement qui n’a pas de précédents dans l’exaltation des vices moraux et des perversions de la psychologie, comme on n’en vit jamais auparavant dans l’Histoire.
Ainsi, et une fois de plus, ce qui m’arrête avec toujours plus de force, moi, c’est le tort irréparable que le Système est en train de se faire à lui-même en tourmentant Assange comme il le fait. S’il y en a pour être fascinés par le Système, il y en a d’autres, dont moi-même, qui sont fascinés par sa sottise, et par son habileté extraordinaire à transformer sa surpuissance eu autodestruction.
Cinq pays sont complices et coquins ignobles dans cette affaires, liés par un sordide enchaînement de cruauté et de mensonges qu’ils ont eux-mêmes suscités à l’origine : l’Australie, l’Équateur, le Royaume-Uni, la Suède et les États-Unis. Vous remarquerez la présence massive des pays de l’“Anglosphère”, qui prétendent détenir la formule-magique de la civilisation et de futur du bonheur de l’humanité : leur puanteur dans ces actes est tout simplement insoutenable et lève quelques nausées révélatrices. Sur le site The Automatic Earth, Raul Ilargi Meijer écrit : « Ils pensent qu'ils vont s'en tirer avec le meurtre de Julian Assange. Sans être gênés par aucune loi. Cela signifie qu'il n'y a plus de système juridique international fonctionnel. Il ne reste que des États voyous. »
Barbares postmodernes, bien pires que les Barbares originels, car chargé d’hypocrisie, de bonnes conscience rachetées au rabais, puant de servilité puisque créature du Système absolument. Jamais dans l’Histoire le devoir de l’honnête homme fut aussi clairement tracé : détruire, absolument détruire cette chose ignoble qu’est le Système, et balayer avec tous ses serviteurs.
Civilisation des bas-fonds, puante et agonisante, civilisation-voyou... Evites de te regarder dans un miroir, droit dans les yeux, – ou bien alors non, fais-le donc ! Et qu'on en soit débarrassé une bonne fois....
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