Clark for President ?

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Clark for President ?

21 novembre 2002 — Avec cette information de Viveca Novak, “postée” le 18 novembre, diffusée par Time.com et reprise par CNN, la perspective d'une candidature du général Wesley Clark à la présidence, comme candidat démocrate en 2004, acquiert du crédit en devenant un problème politique public.

« Retired four-star general Wesley Clark, who has been famously opaque about his party preference and political future, met privately last week in New York City with a group of high-rolling Democrats and told them he was seriously considering a run for the White House, sources tell Time.

» Lunching with about 15 Democratic donors and fund raisers at the Park Avenue offices of venture capitalist Alan Patricof, a strong Gore backer in '00 who is neutral so far for '04, Clark laid out his credentials and his differences with George W. Bush. »

On sait qui est Clark : commandant en chef de l'OTAN, c'est lui qui a mené les opérations durant la guerre du Kosovo, au printemps 1999. Clark s'est fait beaucoup d'ennemis durant cette guerre, — et on ne parle pas des Serbes, il s'agit d'ennemis là où cela compte : à Washington, notamment au Pentagone, dans la personne du secrétaire à la défense d'alors (William Cohen) mais aussi dans la hiérarchie et la bureaucratie militaire ; c'est dire, pour ces derniers, si ces ennemis-là sont toujours en place. Clark a toujours entretenu l'image d'un général “atypique”, volontiers intellectuel (c'est un « Rhodes scholar »), devenu banquier dans l'Alabama et aussi commentateur pour CNN.

Ce dernier point doit nous arrêter : l'information de Time.com a été reprise par CNN sur son site. Elle ne l'a pas été sans consultation de Clark. C'est le signe que Clark soutient lui-même une campagne discrète sur sa possible candidature, donc qu'il songe effectivement à cette candidature.

Les dénégations de Clark sont assez molles et présentent effectivement l'attitude d'un homme qui est en train de lancer des ballons d'essai pour mesurer les réactions à l'idée de sa candidature.

« In an interview with TIME, [Clark] wouldn't discuss his plans or the lunch. “I haven't made any decision to run, I haven't declared I'm a member of any political party, I haven't raised any money,” he said, adding that he has been traveling the country, talking to groups about developing an American “global vision for the 21st century.” (...)

» Still, Clark might be an attractive new face for the Democrats. “It's clear the public today doesn't think Democrats are as strong on national security as the G.O.P.,” said a source who attended the lunch. “He has the capacity to negate that argument.” »

Clark est l'un de ces nombreux généraux à la retraite qui ont attaqué l'idée d'une guerre contre l'Irak. Clark estime que c'est un détournement de la guerre contre le terrorisme, qui devrait être conduite autant avec des moyens civils qu'avec des moyens militaires soft. Là aussi, Clark se distingue des militaristes et autres penseurs-bulldozer de l'administration GW, sans craindre, en tant que général qui a conduit une guerre (jugée comme victorieuse) le soupçon de défaitisme et de non-patriotisme. On comprend qu'une candidature Clark puisse avoir du succès dans un pari démocrate totalement à la dérive.

D'autre part, une candidature Clark pourrait accentuer la polarisation à l'intérieur de ce parti démocrate, l'aile gauche et progressiste estimant que cette candidature ne répond pas à l'attente des Américains les plus pauvres, la masse des laissés-pour-compte de la politique des républicains. Selon ce que seraient les événements, une candidature Clark pourrait être aussi bien rassembleuse que diviseuse pour le parti démocrate ; elle pourrait conduire à un apaisement démocrate et à un affrontement plus radical avec les républicains, aussi bien que conduire à une division du parti démocrate et à un désordre plus général de la vie politique US. Dans tous les cas, une candidature Clark accentuerait, radicaliserait les relations avec les républicains, Clark pouvant se sentir libre d'attaquer l'administration GW là où elle se sent la plus forte et là où elle a tout misée, — la guerre contre le terrorisme.

La réalité de la situation aujourd'hui, l'état de désintégration du parti démocrate, poussent aussi à se demander si ces démocrates ont une autre chance de se rétablir qu'une candidature spectaculaire. Ce serait le cas d'une candidature Clark.