Clark leur fait vraiment très peur

Clark leur fait vraiment très peur

23 septembre 2003 — La candidature du général Wesley Clark fait très peur à l’équipe GW Bush. On a pu le mesurer aux réactions médiatiques, notamment aux réactions médiatiques tendant, d’ores et déjà, à “démolir” la candidature Clark, alors que celle-ci n’est vieille que de 6 jours. L’origine de ces attaques, ainsi que leur contenu, sont suffisamment significatifs pour qu’on puisse avancer une explication politique (politicienne).

• Une attaque critique de Clark dans la chronique du 22 septembre de Robert Novak, principalement pour une photo, fameuse à l’époque (août 1994) et oubliée depuis, de Clark en tenue camouflée, échangeant sa casquette avec Ratko Mladic, — Mladic, alors chef des forces armées des Serbes de Bosnie et, depuis, criminel de guerre curieusement (ou opportunément) introuvable. Robert Novak, chroniqueur conservateur à Washington, est connu pour obtenir souvent des informations et suivre des orientations de Karl Rove, le conseiller en communication de GW Bush. (C’est Novak qui avait annoncé, faussement semble-t-il, qu’on avait trouvé des armes de destruction massive en Irak et qu’on l’annoncerait en fanfare en septembre, — là aussi, “information” dont on spécula largement qu’elle venait de Rove.)

• La même attaque est lancée dans une chronique du Weekly Standard du 29 septembre  : la casquette de Clark, la rencontre avec Mladic, etc. On trouve un autre texte dans le même numéro, présentant la candidature de Clark d’une façon plus générale. Les deux textes sont d’accès direct sur le site de l’hebdomadaire. (On sait que le Weekly Standard est l’organe de référence des néo-conservateurs, principaux soutiens idéologiques de GW Bush.)

• Sur le site du même Weekly Standard, on trouve enfin une autre information critique, affirmant que Clark n’avait jamais appelé Karl Rove au téléphone (sans avoir de réponse), pour éventuellement adhérer au parti républicain.

Il ne s’agit que d’exemples. D’autres attaques médiatiques ont déjà eu lieu et vont avoir lieu, venues de l’équipe GW ou de son entourage. Pourquoi cette crainte de Wesley Clark, car bien sûr ces attaques disent principalement qu’il y a une grande crainte de sa candidature ?

La raison est fondamentale : par son titre de général, sa carrière, son action durant la guerre du Kosovo, Clark a une réputation de guerrier. Il est impossible de l’accuser de pacifisme ou de manque de patriotisme, ce qui va être le thème essentiel de défense contre les critiques de la guerre durant la campagne. Pire encore, Clark pose aisément au “général intellectuel” et la guerre du Kosovo est par substance l’archétype de la guerre humanitaire. C’est dire que Clark peut rassembler sur son nom une part importante des libéraux interventionnistes, ceux qui soutinrent la guerre contre le Kosovo, soutiennent aujourd’hui la guerre contre l’Irak et se disent souvent proches des néo-conservateurs. Il peut d’autre part séduire une partie des conservateurs qui ne goûtent pas certains aspects extrémistes de la politique GW. Wesley Clark est, pour l’instant, le candidat qui touche potentiellement l’éventail le plus large de l’électorat. Donc, c’est le plus dangereux pour GW. Sa “destruction” est prioritaire.