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12 mars 2005 — Une note européenne pour compléter la semaine: le Parlement européen (PE) s’est montré bien moins avisé que l’administration GW pour s’accorder de façon intelligente aux événements au Liban, en votant sur la question du “statut” du Hezbollah. Il s’est montré zélé dans le dysfonctionnement politique, à l’imitation de l’administration GW comme tout le monde le comprend sans avoir besoin d’un dessin, — signe que les “valeurs communes” transatlantiques, cela existe, — mais sans la reconnaissance de la réalité, même contrainte, qui a caractérisé l’attitude américaine depuis jeudi dernier. Voyons cela.
Le PE semble avoir calibré la chronologie de son récent vote sur le Hezbollah pour montrer à ceux qui en doutaient encore jusqu’où peut aller la compétence d’une assemblée européenne connue pour son combat pour démontrer qu’elle n’est pas irresponsable, qu’elle est même politiquement avisée, — bref qu’elle sert à quelque chose. Le résultat est surprenant. Qu’on suive cette chronologie:
• Le 8 mars, comme on l’a vu et revu, manifestation monstre à Beyrouth (500.000-1 million), organisée par le Hezbollah, anti-américaine et pro-syrienne.
• Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le Hezbollah, il est désormais difficile de lui dénier le titre d’“organisation populaire”, dans les deux sens du mot, sinon à s’en remettre à l’explication de Michael Ledeen (« The Syrian and Iranian regimes are flexing their muscles at us in Lebanon by herding the Syrian guest workers and the faithful of Hezbollah into Beirut's streets. »). Cela implique que ce n’est pas une organisation terroriste, — dont on sait, selon notre mesure des vertus nécessaires, qu’elle est par essence anti-populaire, — sinon, que reste-t-il de la démocratie?
• Le 10 mars, le PE vote une résolution à une écrasante majorité, rappelant en un peu plus sophistiqué les temps des votes du plenum du Parti, par 473 votes contre 8 et 33 abstentions. La résolution demande qu’on qualifie le Hezbollah d’organisation terroriste et que les gouvernements de l’UE agissent contre elle. Quelques extraits du grand événement.
« The European Parliament branded Lebanon's Hizbollah movement a “terrorist” group on Thursday and urged European Union ministers to take action against the organization.
» “Parliament considers that clear evidence exists of terrorist activities by Hizbollah. The (EU) Council should take all necessary steps to curtail them,” a non-binding resolution adopted by a big majority said.
» The resolution, which also renewed a call for Syria to withdraw its troops and intelligence services from Lebanon, was adopted by 473 votes to eight with 33 abstentions.
» The EU is under pressure from the United States and Israel to add the Iranian-backed Hizbollah to its list of outlawed terrorist organizations, obliging member states to seize its assets and take action against its members. »
Pourquoi s’intéresser à cet organisme qui ne veut pas paraître irresponsable et qui veut au contraire prouver qu’il est capable d’avoir une attitude cohérente et ordonnée? Parce que ce vote représente un modèle du genre pour fourni quelque argument de poids dans le débat sur la compétence de l’institution.
La question n’est plus, dans ce cas, de débattre autour de la nature du Hezbollah. Elle est d’apprécier l’incompétence politique qui est de parvenir à faire voter cette résolution, ce jour-là, dans de telles conditions. Quoi qu’on puisse penser des alignements systématiques des organismes européens sur les consignes du politically correct washingtonien, faut-il encore qu’ils soient réalisés d’une façon habile et informée. On nous dit que les gens de Washington ont failli modifier le discours de Bush du 8 mars en fonction de la manifestation, qu’ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ont été pris par le temps. Cela prouve qu’ils suivent les nouvelles du monde. La question est plus ouverte du côté du PE, qui semble avoir voté, sur les affaires du monde, sans se préoccuper de l’évolution des affaires du monde. Mais en cela, il faut l’admettre, il a été plus américaniste que les américanistes.