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6868• Poutine propose une bonne affaire à Erdogan, le Turc accepte et le Russe se réjouit. • Il s’agit de faire de la Turquie le “centre gazier” destiné à remplacer en les prolongeant vers le ‘Grand Sud’ les infrastructures NordStream démolies par sabotage américaniste-atlantiste. • Bien entendu, les grands esprits européens, sociopathe Macron absolument en tête, haïssent ce projet qui habille leur stupidité de perspectives extraordinaires. • Mercouris, lui, y voit « potentiellement le plus grand bouleversement géopolitique auquel j’ai assisté depuis la chute de l’URSS... »
Qui avait coutume (est-ce Lénine ?) de dire à peu près que certains bouleversements importants mettent des décennies à prendre forme, alors qu’il suffit parfois d’un seul mois, d’une seule semaine pour que ces bouleversements se produisent. Nous y sommes, – nous y sommes encore plus que ce qu’avait envisagé l’approximatif personnage ainsi citée. Plus encore, bien plus, on peut dire que, jamais sans aucun doute depuis qu’existe une perception globale de la géopolitique et de la métahistoire, tant d’événements extraordinaires auxquels il faut des décennies pour se produire, ne se sont empilés aussi rapidement en l’espace de quelques mois. C’est le moment poursuivi, chaque jour accentué, où l’histoire se fait métahistoire pour accélérer, pour prendre tout le monde de cours, pour laisser nombre d’entre nous, ou d’entre eux, interdits, comme poussières « jouant avec cette poussière » sur le bord de la route où file cette course métahistorique.
Dixit PhG (c’est son jugement, non-censuré) : « Parmi ces poussières, les plus insignifiantes se trouvent dans les “grands” arrogants et stupides pays européens, UE ou pas, – la France, l’Angleterre, l’Allemagne, – cocus mille fois, impuissants, babillant, suffisants, aussi stupides que l’on puisse imaginer... Quelle honte d’être Européen et Français aujourd’hui ! »
On s’arrête ici à la rencontre Poutine-Erdogan de jeudi dernier, autour de l’offre russe de faire de la Turquie un “centre gazier” (le “hub gazier” dit la presseSystème des salons parisiens, jamais aussi bêtes et creux à chaque nouvelle occasion de commentaires dépassant les bavardages de l’hexagone et de l’Europe sacro-sainte)
Il s’agit, pour la Russie, de renverser la route du Nord (les NordStream sabotés) et la faire passer au Sud, en transitant par la Turquie (opération tout à fait possible, selon GazProm) : passer de la Baltique à la Mer Noire (ou de la Mer Noire à la Baltique doit penser Liz Truss). Cette idée a aussitôt rencontré l’accueil enthousiaste d’Erdogan, qui voit son pays soudainement transformé en poutre-maîtresse du flot gazier russe vers l’Ouest et le ‘Grand Sud’.
‘ZeroHedge.com’ parlait, samedi, de l’“accueil impatient” d’Erdogan. Tout le monde pensait aussitôt à l’Europe aujourd’hui soumise aux exigences exorbitantes des USA, quoique ce ne soit qu’une partie du projet (voir plus loin, Mercouris). Le ministre Turc Cavusoglu a observé avec mesure :
« L’affaiblissement de l'Europe dans tous ses aspects n'est pas dans l'intérêt de la Turquie, bien au contraire. C'est une question d'offre et de demande. Quelle proportion de l'Europe ... est-elle prête à acheter du gaz provenant d'un tel projet ? Il faut y réfléchir ensemble. »
Mais ‘ZeroHedge.com’ va à l’essentiel, lorsque le site soulève les objections européennes qui sont évidemment produites et centrées sur cette étrange maladie de la phobie antirusse qui est en train de la saigner à mort. Donc, les réflexions de Taylor Durden, sans véritable surprise lorsqu’il s’agit de jauger l’intelligence européenne où veille ‘Le désert des Tartares’ :
« Quant à l'Europe, ses dirigeants n'y verront probablement qu'un nouveau stratagème de Moscou pour semer la division au sein de l'OTAN ainsi que des pays de l'UE dans leur position unie contre la Russie, et alors qu'ils luttent pour se mettre d'accord sur des mesures énergétiques punitives contre Moscou, mais d’une manière qui n’a pas d’effets plus catastrophiques que ceux que subissent les populations et l'économie européennes.
» Jusqu'à présent, bien sûr, cette délicate tentative de l’Europe de marcher sur un fil, – y compris les efforts visant à plafonner les prix du pétrole russe, – n’a fait que se retourner contre elle et a mis en évidence les tensions et les fractures intereuropéennes, étant donné la forte résistance de pays comme la Hongrie et la Bulgarie.
» La Turquie, qui a aussitôt accueilli avec une grande faveur la nouvelle proposition de Poutine et qui signale maintenant qu'elle va l’étudier, a prouvé tout au long du conflit ukrainien qu'elle était une exception à la règle en ce qui concerne la position ferme et unie de ses alliés occidentaux contre la Russie. »
Il faut noter à part, comme en exergue de l’état du projet européen et de l’intelligence qui le nourrit, l’extraordinaire réaction de l’Élysée à la proposition russe faite à la Turquie, – comme s’il lui avait été demandé de réagir. Macron, puisqu’il s’agit de lui, estime qu’il n’existe aucune nécessité de créer “de nouvelles infrastructures“ pour le transport de gaz : NordStream 1 et 2 suffisent amplement, on l’avait compris.
Voici ce qu’en dit ‘Le Figaro’, toujours d’un parfait laconisme lorsqu’il s’agit de commenter et d’apprécier la pensée élyséenne, comme la presseSystème l’a été lorsqu’il s’est agi de ne pas trop s’attarder à des commentaires et des supputations concernant les responsables des sabotages des deux NordStream. La nouvelle concernant la proposition de Poutine est courtement expédiée, dans sa première appréciation du 13 octobre (dans ce cas, la spontanéité est la marque de la profondeur politique) :
« “Il n'y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d'importer davantage de gaz russe”, a indiqué l'Élysée.
» Le “hub gazier” en Turquie proposé par le président russe Vladimir Poutine pour exporter du gaz vers l'Europe n'a “aucun sens” alors que les Européens veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures venant de Russie, a déclaré jeudi la présidence française. »
Pour “faire sens” à cette remarque sur l’“absence de sens” de la chose exposée dans cette page, on se permettra un détour par les méandres de la psychologie élyséenne du temps présent. On y trouve l’indication de divers “sens interdits” et autres “sens giratoires” qui permettent de comprendre dans quel sens il est justifié d’orienter son jugement et son évaluation des intelligences siégeant là où elles doivent être selon le bon sens et le sens des temps-devenus-fous... Selon ‘France-Soir’ du 12 avril 2022, ce rappel opportun qui vaudra l’essentiel en fait d’explication d’une “sociopathie infantile”, – même pas machiavélique, – qui inspire aujourd’hui les directions européennes, de Liz Truss à Scholz, comme le cercle des ‘European Sociopaths’ dont Macron serait le centre, se gardant bien de toute fréquentation du “hub gazier” poutino-erdoganesque.
« Après un quinquennat marqué par deux crises majeures (celles des Gilets jaunes et du Covid-19), le démantèlement du système de santé (5 700 lits d’hôpitaux supprimés en 2020, environ 15 000 soignants suspendus), 600 milliards de dette, un rapport dette/PIB de 120 %, des scandales tels que l'affaire Benalla, McKinsey et Rothschild, et un mépris affiché envers les Français, il est intéressant d'essayer de comprendre qui nous gouverne. Le professeur et psychiatre italien Adriano Segatori s'est attelé à la lourde tâche d'analyser Emmanuel Macron. À travers deux vidéos (la première parue en 2017 et l’autre en 2022), il livre quelques pistes... »
Nous nous tournons donc vers nos deux compères favoris, Christoforou et Mercouris, dans une brève chronique du 16 octobre. Il faut signaler que Christoforou avait déjà noté l’importance extrême (à comparer avec la réaction macroniste) de la proposition de Poutine, insistant sur l’aspect révolutionnaire que le projet introduit dans tous les schémas de circulation d’énergie en Méditerranée, dans le Sud de l’Europe, etc. Ici, on laisse la parole à Mercouris, essentiellement selon un commentaire qui embrasse la révolution géopolitique qu’introduit l’accord :
« Je pense que c’est une très importante rencontre [Poutine-Erdogan] parce que, à entendre le langage des deux interlocuteurs après leur rencontre, il est désormais clair qu’il existe une alliance de facto [entre la Russie et la Turquie]... »
Mercouris développe ensuite son appréciation, n’hésitant pas à parler de la possibilité du “plus grand bouleversement géopolitique depuis la chute de l’URSS”. Tout le monde ne va pas apprécier ce qui se passe, – malgré l’absence totale de sens (le « aucun sens ») de la chose. Une remarque d’Erdogan montre bien que Poutine et lui en sont conscients.
Mercouris : « ... Les mots d’Erdogan, “nous sommes résolus à travailler ensemble et sans doute certains dirigeants et cercles politiques n’aimeront pas que nous soyons décidés à travailler ensemble mais nous sommes résolus à le faite”, et il a dit également que ce travail commun se fera au bénéfice des pays pauvres contre les pays riches et ainsi Erdogan s’aligne complètement sur la ligne de Poutine contre l’Ouest... Les milieux dirigeants et d’affaire en Turquie ont réagi très, très positivement à la proposition de Poutine et tout cela montre que la Turquie est en train de complètement modifier sa position. Je n’ai jamais entendu Erdogan parler à Poutine de cette façon...
» La façon dont Erdogan a répondu à Poutine, avec une vision à long terme, signifie qu’ils sont en train d’intégrer la Turquie dans le système eurasiatique, ce qui est logique pour la Turquie... [...]
» C’est potentiellement un bouleversement géopolitique gigantesque, le plus grand bouleversement géopolitique auquel j’ai assisté depuis la chute de l’URSS... »
Effectivement, note Mercouris, les deux présidents sont conscients du risque qu’ils prennent. Si les expressions de “regime change” et de “révolution de couleur” ont un sens, contrairement au “hub gazier”, c’est aujourd’hui, dans les mois qui viennent dans tous les cas, qu’il faut y prendre garde.
« Cela va rendre l’Ouest extrêmement nerveux et je pense qu’il faut s’attendre dans les prochains mois, très rapidement, à des tentatives de faire tomber Erdogan... Je crois qu’il faut se préparer à cette possibilité... »
En nous référant aux remarques de Mercouris, qui apparaît comme une de nos plus sûres références actuellement, nous croyons qu’il n’est pas inutile de rappeler un commentaire que nous faisions en 2020, sur la nouvelle période où nous étions entrés, là où l’histoire devient métahistoire. L’événement Poutine-Erdogan, dans la situation générale extraordinaire que nous traversons, y a sans aucun doute sa place. C’était le 2 septembre 2020, sous le titre « Les grands espaces métaphysiques », dans le ‘Journal-dde.crisis’ de PhG :
« ... [C[ette fameuse année 2020, où l’on voit, sous nos yeux, ces mêmes événements qui recèlent tous les secrets du monde acquérir une nouvelle accélération qui est en vérité une nouvelle dimension. Cette année 2020 est absolument fascinante car il se produit en effet une rupture de la perception, consécutive à une rupture décisive de la compression du Temps et de l’accélération de l’Histoire. Désormais, plus rien de nos explications habituelles, de nos références les plus estimées et les plus complexes, – et je parle ici sans l’ombre de la moindre ironie, – plus rien de tout cela n’a plus la moindre capacité de figurer dans le même complexe Espace-Temps où les événements nous ont emmenés.
» Nous avons véritablement changé d’univers, après les quelques années de confusion, de fureur et de désordre, qui nous ont férocement agités. 2020 est l’année où nous sommes entrés dans l’œil du cyclone de l’Espace-Temps, avec la perspective désormais de pouvoir y trouver, pour les regards qui savent voir les choses derrière les choses, les grands espaces métaphysiques de notre destinée. Nous sommes dans un univers parallèle, un étage au-dessus, où règnent la maîtrise du Temps et la mesure de l’Espace. »
Mis en ligne le 17 octobre 2022 à 12H55
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