Comme le temps passe – 2006, 2009 et dedefensa.org

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Là, nous avons été pris comme jamais, et stupéfait, après coup, de l’extraordinaire persistance de l’actualité. Tout cela semble aller si vite, et tout cela semble être toujours dans la même humeur. Bref, ce communiqué de l’UEO qui nous est parvenu, par l’intermédiaire d’un réseau de sélections d’information, que nous avons commenté le 14 décembre 2009, comme s’il était du 9 décembre 2009, avec la supposition d’une erreur sur le jour (19 au lieu de 9), et dont il s’avère qu’il est… du 19 décembre 2006, comme nous le signale un lecteur, avec une réelle indulgence de sa part. (Le communiqué était daté du “19 décembre”, sans indication de l’année, et nous avons aussitôt choisi l’explication de l’erreur du jour plutôt que l’hypothèse de l’erreur de l’année, notamment à cause de la correspondance extraordinaire des propos tenus avec la situation actuelle du programme JSF.) Il faut certainement ajouter que le commentaire du même lecteur («…bien qu’il demeure d’une actualité brûlante») est, comme l’on dit, pile poil.

@PAYANT Allons-y donc pour notre profession de repentance, d’avoir été ainsi pris en flagrant délit d’une confusion suscitée par une curieuse inadvertance ou d’une confusion délibérément suscitée c’est selon. Cela nous rendra un peu plus méfiant vis-à-vis de certains canaux de sélection des nouvelles, quant à leur sérieux et, surtout peut-être, quant à leurs intentions.

Et pourtant, si non è vero, è ben trovato…» – cet adage a vraiment grand usage. Rarement, en effet, des déclarations et des constats ne semblaient autant correspondre à la situation actuelle des Européens (essentiellement des Britanniques) vis-à-vis du programme JSF, et à la situation du JSF lui-même, que ceux-là de 2006. Alors, toute honte bue, nous ne retirons pas un mot à notre commentaire, que nous aurions pu faire en 2006 en termes à peine plus modérés, et que nous faisons en 2009 en termes beaucoup plus affirmatifs, et qui vaut encore plus pour 2009 que pour 2006. Considérez la chose comme un chef d’œuvre de désinformation a posteriori de la part du réseau de revue des nouvelles ou comme un chef d’œuvre de prémonition de la part du communiqué de 2006, et accablez de defensa.org de tous les sarcasmes qu’il vous plaira. Nous méritons votre opprobre, sans le moindre doute. La leçon, pour nous, est qu’il importe d’être plus attentif que jamais face aux retransmissions d’informations qui ne sont pas de sources directes et connues de nous, et que les vérifications à cet égard s’imposent doublement, triplement s’il le faut. Pour le reste, rien à redire, tant effectivement le nouvelle s’avère plus que jamais «…d’une actualité brûlante».

Cet étrange commentaire rétrospectif et cette erreur de notre part ont donc une certaine valeur indicative, et à quelque chose erreur est bonne. Décembre 2006, c’est en effet la fin d’une année difficile pour le Royaume-Uni dans l’affaire du JSF, durant laquelle on avait frôlé la rupture. On se rappelle que Lord Drayson était allé en février 2006 devant le Sénat US, menacer ni plus ni moins d’un retrait UK du programme JSF si, notamment, l’accès aux codes sources n’était pas donné au Royaume-Uni. Après des mois de négociations difficiles, les Britanniques avaient finalement signé l’accord intérimaire pour poursuivre dans le programme JSF, en décembre 2006, dans des conditions que nous jugions fort suspectes.

L’intervention de l’Assemblée de l’UEO, largement suscitée par les Britanniques, montre leur inquiétude extrême à cette époque, malgré l’accord mentionné (qui date du 8 décembre 2006, donc avant l’intervention de l’UEO). Elle montre le crédit assez faible que les Britanniques donnaient à l’engagement US de procéder à des transferts de technologies (codes sources), voire les préoccupations qu’ils éprouvaient déjà sur le sort du programme JSF lui-même. Rien n’a donc changé depuis décembre 2006, sinon que les inquiétudes et les préoccupations ont été largement confirmées, sinon que le pire s’est développé à un bon rythme. Les Britanniques étaient bien informés et appréhendaient déjà le pire. Cela fait d’autant plus s’interroger sur leur politique qui consiste à poursuivre dans ce programme (comme dans d’autres affaires du même type), au nom des “spécial relationships”, alors qu’ils savent pertinemment de quoi il retourne. Aucune surprise, certes, quant au jugement défait que ce constat suggère de la politique britannique vis-à-vis des USA – une monstruosité stratégique qui asservit le Royaume-Uni aux USA sans réelle compensation.


Mis en ligne le 15 décembre 2009 à 09H40