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116717 novembre 2008 – L’idée d’un ou de plusieurs “grands marchandages”, déjà exposée par Jim Lobe le 3 novembre fait son chemin, cette fois dans les colonnes du Sunday Times du 16 novembre. Cet article du 16 novembre est renforcé par un autre article, également du Times de Londres, d’aujourd’hui, où le président israélien Shimon Peres, en visite à Londres, parle de diverses possibilités d’évolution vers des processus de paix ou des arrangements au Moyen-Orient. (A noter que Jim Lobe, aujourd’hui sur Antiwar.com, diffuse une appréciation qui va également dans le sens indiqué, qui est celui de pressions de conseillers d’Obama pour qu’il adopte une ligne de conciliation avec l’Iran.)
«Israel believes that there is a chance for dialogue with Iran if Barack Obama succeeds in uniting the international community behind a common policy.
»Shimon Peres, the Israeli President who arrives in London tonight, said that his country’s most implacable foe could be brought to the negotiating table depending on a new political climate and economic factors, in particular a falling oil price. The veteran politician, who turned 85 this summer, also told The Times that he expected Israel to achieve peace with its Arab neighbours within his life time, and even predicted that he would one day visit Damascus and Riyadh.»
L’article du 16 novembre dans le Sunday Times donne beaucoup plus de détails sur les diverses initiatives envisagées, cette fois du côté de la nouvelle administration US, essentiellement dans le champ du Moyen-Orient.
«Barack Obama is to pursue an ambitious peace plan in the Middle East involving the recognition of Israel by the Arab world in exchange for its withdrawal to pre-1967 borders, according to sources close to America’s president-elect. Obama intends to throw his support behind a 2002 Saudi peace initiative endorsed by the Arab League and backed by Tzipi Livni, the Israeli foreign minister and leader of the ruling Kadima party.
»The proposal gives Israel an effective veto on the return of Arab refugees expelled in 1948 while requiring it to restore the Golan Heights to Syria and allow the Palestinians to establish a state capital in east Jerusalem. On a visit to the Middle East last July, the president-elect said privately it would be “crazy” for Israel to refuse a deal that could “give them peace with the Muslim world”, according to a senior Obama adviser.
»The Arab peace plan received a boost last week when President Shimon Peres, a Nobel peace laureate and leading Israeli dove, commended the initiative at a Saudi-sponsored United Nations conference in New York. Peres was loudly applauded for telling King Abdullah of Saudi Arabia, who was behind the original initiative: “I wish that your voice will become the prevailing voice of the whole region, of all people.”
»A bipartisan group of senior foreign policy advisers urged Obama to give the Arab plan top priority immediately after his election victory. They included Lee Hamilton, the former co-chairman of the Iraq Study Group, and Zbigniew Brzezinski, a Democrat former national security adviser. Brzezinski will give an address tomorrow at Chatham House, the international relations think tank, in London.
»Brent Scowcroft, a Republican former national security adviser, joined in the appeal. He said last week that the Middle East was the most troublesome area in the world and that an early start to the Palestinian peace process was “a way to psychologically change the mood of the region”. Advisers believe the diplomatic climate favours a deal as Arab League countries are under pressure from radical Islamic movements and a potentially nuclear Iran. Polls show that Palestinians and Israelis are in a mood to compromise.
»The advisers have told Obama he should lose no time in pursuing the policy in the first six to 12 months in office while he enjoys maximum goodwill.»
Pour compléter ce tableau, signalons une autre information allant dans ce sens d’une recherche de nouvelles orientations, celle de la nomination (le 10 novembre) d’un conseiller spécial du nouveau président pour les affaires afghanes et pakistanaises, l’ancien officier de la CIA Bruce Riedel dont le récent parcours pourrait constituer une ouverture intéressante vers une méthode entièrement nouvelle de traiter la situation dans la région. C’est Tom Engelhardt, dans sa dernière tribune de TomDispatch.com consacrée à Tarek Ali (le 16 novembre), qui présente la nouvelle comme “une lueur d’espoir”.
«The question is: Does this experience really have to be repeated to the bitter end – in the case of the Soviets, a calamitous defeat and retreat from Afghanistan, followed by years of civil war in that wrecked country, and finally the rise of the Pakistani-backed Taliban? The answer is: perhaps. There is no question that the advisers President Obama will be listening to are already exploring more complex strategies in Afghanistan, including possible negotiations with "reconcilable elements" of the Taliban. But these all remain military-plus strategies at whose heart lies the kind of troop surge that candidate Obama called for so vehemently – and, given the fate of the previous 2007 U.S./NATO “surgé” in Afghanistan, this, too, has failure written all over it.
»If you want a glimmer of hope when it comes to the spreading Afghan War – American missile-armed drones have been attacking across the Pakistani border regularly in recent months – consider that Barack Obama has made ex-CIA official Bruce Reidel a key advisor on the deteriorating Pakistani situation. And Reidel recently reviewed startlingly favorably Tariq Ali's must-read, hard-hitting new book on Pakistan (and so Afghanistan and so American policy), The Duel: Pakistan on the Flight Path of American Power for the Washington Post. (“My employers of the past three decades, the CIA and the Brookings Institution, get their share of blame,” Reidel wrote. “So do both of the current presidential candidates…”)»
Terminons ce florilège par une notation intéressante. Elle n’annonce pas un autre plan révolutionnaire mais plutôt une impression sur l’état d’esprit supposé de Obama. L’appréciation vient d’un homme peu suspect de complaisance pour Obama puisqu’il s’agit de Justin Raimondo, d’abord favorable à Obama (au printemps dernier) puis devenu son farouche adversaire après avoir estimé qu’il s’était rallié à l’establishment, et au “parti de la guerre” selon Raimondo, à partir de sa nomination comme candidat démocrate. Dans ce contexte, l’appréciation de Raimondo, dans sa chronique d’Antiwar.com aujourd’hui, vaut citation:
«In his victory speech, Barack Obama told us: “I will listen to you, especially when we disagree.” And, you know what? I believe him. He will listen. That's the one important difference, I think, between the outgoing and incoming administrations: George W. Bush would no sooner listen to ordinary Americans when it comes to the conduct of foreign affairs than he'd consult with Congress – i.e., not at all – whereas Obama… well, at least it's possible, and that is one real big change.
»Okay, then, listen up, Mr. President-elect, because I've got a few bones to pick with you…»
Tout cela a-t-il une chance sérieuse d’aboutir? La seule raison pour laquelle nous pourrions réponde par la positive est simplement que ce n’est pas l’essentiel pour Obama, cette recherche d’une pacification de la politique extérieure. A partir du moment où ce n’est pas l’essentiel du travail de son administration, l’attention est moins orientée, aux USA, sur la question, et la possibilité moins grande que des interférences agissent sur le processus. Le risque évident dans ces “grand bargains” est la mobilisation inévitable des réseaux extrémistes de tous poils contre cette sorte d’initiative; mais cette mobilisation, essentiellement de communication, n’a de chance d’être pleinement efficace que par l’effet médiatique et de communication, si toute l’attention de la communication est portée sur les initiatives.
Cela admis, qui ne garantit rien en aucune façon, il faut admettre qu’il existe une certaine agitation au sein de l’équipe Obama et alentour pour tenter de trouver des voies alternatives permettant d’être quitte des situations extérieures très pesantes. L’intérêt de cette agitation, et ce qui fait qu’elle est peut-être plus susceptible de donner des effets, c’est effectivement qu’elle s’exerce justement alors que la future administration est essentiellement préoccupée des affaires intérieures (selon l’idée suggérée plus haut). Ainsi, la question des anti-missiles (BMDE) est nettement considérée, non du point de vue stratégique mais du point de vue diplomatique, par rapport à la Russie, et selon l’idée suivante: comment tenter d’apaiser les relations avec la Russie, éviter toute crise, toute tension, de façon à ne pas avoir l'attention détournée des questions intérieures? On a déjà dit qu’il s’agissait du point de vue de différents émissaires de l’équipe Obama qui prennent des contacts dans les milieux européens, et s’informent uniquement dans ce sens des moyens d’apaiser les relations avec la Russie. Du coup, un problème comme la BMDE devient secondaire en soi, il peut être plus aisément manipulé selon les impératifs diplomatiques et il échappe en partie aux pressions de la bureaucratie et aux exigences des ailes extrémistes.
Finalement, une évolution de la diplomatie US, du passage d’une diplomatie militarisée et agressive à une diplomatie d’éventuel accommodement ne peut se concevoir qu’en fonction de l’importance que prendront les affaires intérieures dans l’orientation de l’administration Obama. Si cette question acquiert une dimension d’urgence vraiment impérative, si elle est considérée comme un dossier vital, et pour l’Amérique et pour la stabilité politique de l’administration, alors existe la possibilité qu’Obama trouve l’énergie et le soutien pour prendre des décisions de rupture vis-à-vis du parti de la guerre et du complexe militaro-industriel. C’est, à notre sens, la seule possibilité sérieuse, d’autant que cette option des affaires intérieures prioritaires demandera de l’argent et que, dans la situation actuelle, on ne peut la trouver qu’en contractant les budgets extérieurs. Ce n’est pas une possibilité assurée, loin de là, et cela mesure les chances que l’orientation décrite ici soit menée à son terme.
On ajoutera tout de même deux facteurs qui pourraient s’avérer non négligeables pour renforcer cette orientation extrême. Ces facteurs sont signalées dans le texte:
• D’une part, une partie de l’establishment de sécurité nationale, surtout des personnalités “réalistes” de l’ancienne école, type-Scowcroft, presse Obama de prendre des mesures dans le sens de l’apaisement, notamment pour un plan de paix général au Moyen-Orient. Cela implique une certaine division dans l’establishment, qui implique un affaiblissement des critiques “dures”.
• D’autre part, ce plan semble avoir le soutien de Tzipi Livni, l’actuelle ministre des affaires étrangères et peut-être future premier ministre israélien. Des élections sont prévue en Israël en février 2009 et Livni et son parti Kadima semblent bien placés pour les remporter. Dans ce cas, la situation à Washington serait modifiée, le puissant lobby israélien se trouvant dans une situation difficile pour activer son habituel extrémisme. Tout autre serait la situation si le Likoud de Nétanyahou l’emportait. On serait alors devant une impasse.
Il s’agit d’une partie essentielle qui se joue à ce niveau de l’orientation de la politique extérieure. Le fait remarquable, et peut-être surprenant, est qu’il existe effectivement une ouverture, une plus grande possibilité de choix, alors que nous estimions en général qu’avec sa position réalignée sur l’establishment il ne fallait rien attendre d’Obama à moins d’une échappée type-gorbatchévienne. Ce que nous promet essentiellement cette situation, plus qu’un choix ou l’autre, question sur laquelle il est impossible de se prononcer, c’est surtout une tension importante à Washington, avec une pression importante des questions intérieures, l’éventuelle évolution d’Obama dans le sens qu’on décrit devant susciter des pressions populaires de gauche et des groupes anti-guerres dans ce même sens d’une façon beaucoup plus appuyée que dans le cas où l’option de la poursuite de la politique extérieure sans changement l’emporterait.
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