Comment ben Laden ne fut pas capturé

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L’administration GW Bush est-elle l’administration la plus “destituable” de l’histoire des USA? Selon le député démocrate Hinchey, sans nul doute: «[T]he Bush administration is the most impeachable administration in the history of this country.» Dommage, penseront certains, qu’on n’en ait pas profité… Mais Hinchey a autre chose à nous apprendre, selon l’interview qu’il a donnée le 25 juillet à Politico.com.

Hinchey affirme que l’administration Bush pouvait capturer Ben Laden en décembre 2001, dans les montagnes de Tora Bora, en Afghanistan, où se déroula une bataille fameuse, mais qu’elle ne le fit pas parce que cette capture aurait rendu difficile, sinon impossible de lancer la guerre contre l’Irak.

«“I think it is very clear they did not want to capture bin Laden,” Hinchey told the House Judiciary Committee during a hearing today on President Bush's abuse of executive power. In an interview afterward, Hinchey expanded on that allegation, which he acknowledged was a very serious one.

»“I think the evidence indicates that very clearly ... bin Laden was close to being captured [in December 2001], there was a clear understanding of where he was, heading up to Tora Bora, in those mountains. He could have been captured,” Hinchey said. “But there was a decision that was made through the Pentagon, and probably that decision had been made outside the Pentagon as well, within the administration, not to aggressively pursue bin Laden.”

»Hinchey added: “I believe that the reason for that was that if bin Laden had been captured, it would have been very difficult, if not impossible, for this administration to then justify an attack against another country. Not Afghanistan, another country. And, of course, Iraq is the country. So I think that it was clear, based upon all of the evidence that we have, that this was a purposeful decision that was made not to capture bin Laden.»

Cette attaque démocrate contre l’administration Bush vise au cœur de la croisade qui a suivi l’attaque du 11 septembre 2001, en mettant publiquement et officiellement en cause le comportement de cette administration vis-à-vis de celui qui fut désigné comme la symbole maléfique de la “guerre” infâme lancée contre les USA. (Ce comportement de l’administration Bush est depuis longtemps mis en cause, et avec nombre d’arguments, de faits, de documents, etc., par nombre de commentateurs, dans ce cas de la capture de ben Laden et dans d’autres. Mais il s’agit d’actions hors du système, qui sont ignorées formellement par le système. Ici,l'événement est qu'il s’agit d’une mise en cause venue de l’intérieur du système, avec l’accord tacite de la direction d’un des deux grands partis.)

L’attaque signale que les démocrates sont prêts à aller plus avant dans la mise en cause de cette administration, au-delà des seules accusations d’incompétence et d’aveuglement, pour envisager des accusations de duplicité et de manipulation dans la conduite de la “guerre contre la terreur”. Cette orientation peut conduire à une mise en cause plus générale, étant admis et bien connu que les républicains et l’administration Bush voulaient une attaque de l’Irak dès l’origine, non seulement dès le 11 septembre mais même avant le 11 septembre. Dans ce contexte, la logique de la situation pourrait conduire à une mise en cause des conditions même de l’attaque du 11 septembre. Même si les démocrates ne veulent certainement pas aller jusque là, le risque existe.

Cette évolution accompagne le changement de “priorité belliciste” qui est en cours, avec la priorité passant massivement de l’Irak à l’Afghanistan, cela sous la pression des démocrates et d’Obama lui-même qui s’appuient autant sur les situations respectives des deux conflits. Il y a là un jeu entre la cause et les effets puisque, à l’inverse dans l’ordre du raisonnement, ce changement de priorité qu’on croirait effectivement du aux seuls événements (aggravation de la situation en Afghanistan) conduit à la mise en cause des choix stratégiques depuis 2001 (l’Irak plutôt que l’Afghanistan). Il y a dans cette évolution autant la logique induite que la dynamique électorale d’affrontement. Par ailleurs, cette évolution rejoint la position publique d’Obama qui affirme son opposition à la guerre en Irak, moins par hostilité au principe de la guerre que parce que cette guerre était à ses yeux autant injustifiée par les événements que par les réalités stratégiques. Les démocrates devraient devraient d'autant plus exploiter cette veine parce qu’elle les met à l’abri du soupçon d’être “mou” sur les questions de sécurité nationale, soupçon qu’ils ont toujours considéré comme une de leurs faiblesses les plus graves dans la logique du système.


Mis eb ligne le 28 juillet 2008 à 11H39