Comment dit-on que la situation à l’asile est “pire que pire” ?

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Le 20 septembre 2004

Jamais bien sûr, — tout est inédit dans notre époque, — le climat a atteint un tel degré de gravité et une telle intensité dans l’impression que nous ressentons de la perte de contrôle des choses. Lorsque l’International Herald Tribune (d’aujourd’hui) juge nécessaire d’afficher un texte où des sénateurs de bon aloi, — les républicains Lugar et Hagel, — vous disent que la situation en Irak est extrêmement grave, vous comprenez que l’on se trouve dans une situation où les Etats-Unis, qui s’intitulaient encore “nouvel Empire romain” il y a 18 mois, ne sont pas loin de la défaite. (C’est simple : « Far graver than Vietnam », c’est la façon dont d’anciens généraux respectés définissent cette situation.)

Pendant ce temps-là, nos deux compères, les duettistes Tony & GW qui se sont tant aimés, donnent des signes convaincants de faiblesse mentale. Tony est obligé d’envoyer les copains pour démentir qu’il ait temporairement pété les plombs, et même sa douce Cherie, pour confirmer le démenti. Nous voici assurés que Tony a réellement failli partir il y a quelques semaines, à cause de l’instabilité de son humeur et de sa dépression, sous la pression de sa femme. (Et ce n’est pas fini, ajouterions-nous, pas très aimablement mais il faut bien faire son travail d’observateur.) Quant à GW, nous apprenons, grâce à l’attention d’un lecteur, en date du 19 septembre, qu’il serait mal en point, semblable au Nixon du temps du Watergate. Rien d'étonnant à tout cela.

Curieux, notre temps historique. Comment se retenir de rire franchement devant nos commentateurs sérieux, dits “de référence”, qui s’escriment à analyser “les programmes des deux candidats” dans les élections américaines. Franchement, cela est-il bien sérieux ? La campagne présidentielle américaine semblerait orchestré par une bande sympathique de surréalistes, décidée à tourner en ridicule notre cher “processus démocratique” pour épater le bourgeois. Mais le bourgeois continue imperturbablement à se prendre au sérieux.

La difficulté principale, aujourd’hui, est d’accepter l’inéluctable constat que plus rien de ce qui veut paraître sérieux ne peut être pris au sérieux. Les énormes événements qui secouent le monde sont le fait de situations étrangement dérisoires, de montages grossiers caractérisés par le volume et le poids de mensonges primaires, de déséquilibres de caractères faibles enivrés par la vanité, jusqu’aux imperturbables néo-conservateurs, ces Buster Keatons de l’apocalypse, qui vous annoncent que cela ira mal dans un demi-siècle.

Alors, cher lecteur, installe-toi dans ton fauteuil et observe le spectacle du monde, exactement comme on allait au cirque au temps de l’effondrement de l’Empire romain. C’est la seule chose qui nous reste à faire, le seul honneur qui nous reste : avoir l’audace de regarder le monde tel qu’il est.