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480Le grand projet américain est, depuis quelques années, de phagocyter l’Europe pour en faire, notamment, entre autres tâches exaltantes, une arme contre la Russie. L’évolution de l’OTAN va également dans ce sens, comme le note le vieux sage Alexandre Soljenitsyne, qui était reçu à bras ouverts par les américanistes il y a 30 ans. Pour cette mission, les USA avaient prévu que les dix “petits nouveaux”, les ex- de l’Europe communiste, feraient pencher la balance et entraîneraient l’UE dans la voie anti-russe. C’était d’une pierre deux coups : une Europe grand format unie et une Europe anti-russe.
Hier, à Vilnius, Cheney a déclaré la guerre à Moscou au nom de l’Europe, dans tous les cas au nom des pays baltes et quelques autres du même domaine, jusqu’à la Mer Noire. Curieux mélange : des pays de l’UE, des pays qui ne sont pas dans l’UE, une poussière de petits pays… Pourtant, à lire la presse US, l’IHT (NYT) du jour par exemple, on croirait que tous les Européens sont là (passage obligeamment souligné en gras par nous) : « Vice President Dick Cheney on Thursday delivered the Bush administration's strongest rebuke of Russia, saying in a speech to European leaders in Lithuania that the Russian government “unfairly and improperly restricted” people's rights. »
Mais il ne s’agit, on s’en doute, que d’“European leaders” très secondaires. D’ailleurs, pour certains, leur colère anti-russe est également anti-allemande, c’est-à-dire dirigée contre un important pays de l’UE. D’autres pays européens en plus de l’Allemagne (la France, le Luxembourg, l’Espagne, etc.) ne devraient pas tarder à juger de plus en plus irritante cette orientation anti-russe d’une partie de l’UE, si ce n’est déjà fait. Par contre, les “European leaders” qui ont écouté Cheney ont avec eux la Commission européenne qui « fourbit ses armes contre la Russie »… Quelles armes?, avons-nous demandé à notre source, qui nous informait aussi obligeamment. Elle nous a répondu, sur un ton assez goguenard il faut le noter : « Eh bien, menacer les Russes de ne plus acheter leur gaz »
Sur ce point, ajoutons ce commentaire de la société d’analyse PINR, du 2 mai : « Although the E.U. is aware of the dangers caused by energy dependence, its members will not be able to significantly reduce their dependence on Russia any time soon. Alternatives are few and not easy to implement, especially now that Russia's major energy companies (especially Gazprom) are quickly moving to increase their control of Algeria's and Turkmenistan's resources (two of the possible alternative suppliers).
» The most likely consequence of Poland's rigid stance against the Russian-German Baltic pipeline is going to be political in that it will stress Brussels' inability to speak with only one voice in energy deals. Since Germany will take the helm of the E.U.'s rotating presidency after Austria and Finland, in January 2007, expect the next twelve months to be crucial for the definition of a European energy policy. Germany may use its influence in Moscow to propose a comprehensive E.U.-Russian energy deal, notwithstanding Poland's discontent, in order to contain likely increases in natural gas prices. »
Notre commentaire pour conclure sur cette manoeuvre générale US pour faire de l’Europe un bloc anti-russe : son résultat sera de diviser l’Europe d’une façon brutale, de remettre en cause, d’une façon ou l’autre, l’élargissement et de réduire encore plus dramatiquement le poids de la Commission. Comme l’écrivait l’historien Gabriel Kolko à propos de la crise à venir de l’OTAN : « That is to be welcomed »
Mis en ligne le 5 mai 2006 à 17H10