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311Chacun a sa formule pour redresser très vite le monde déboussolé par la terrible crise financière. Des Américains divers ont la leur, surtout quand ils sont américanistes et quand ils savent manier le système à leur avantage. Cela devient alors inénarrable, – mais méritant tout de même d’être narré. Ainsi en est-il de la solution proposée par Michael Bloomberg, maire de New York, pour se débarrasser de cette crise maléfique qui ne fait pas marcher les affaires, à New York City. Cela se lit le 7 octobre dans The Independent, cela ne se mouche nullement du pied, cela est présenté comme un vaste dessein et cela nous rassure pour le reste du destin du monde, station New York City. Michael Bloomberg est venu à Londres, quasi spécialement de NYC, pour nous délivrer son message, comme d’autres se délivrent d’un grand poids, ni vu ni connu.
Justement, avec Bloomberg, le “ni vu ni connu” c’est fini. L’homme de NYC a l’expérience des choses, c’est-à-dire de l’immortel 9/11. Par conséquent, 9/11 sera également le modèle de la lutte, – non, certes plus que cela, de la victoire contre la crise. Nous y sommes : de la même façon que la riposte US à 9/11 a amené une surprenante et fulgurante victoire US, la riposte contre la crise sera victorieuse parce qu’elle suivra le modèle de la riposte contre 9/11.
«In America, we have heard a lot of comparisons to the Great Depression. The better analogy to make – at least in terms of how we should be thinking about our next steps – might be to a terrible crisis that is far more recent: The attacks of 11 September 2001. And let me explain why.
»In the weeks and months after the attacks, we worked hard to improve our understanding of the threat. The answers we arrived at made it clear we needed to take some major steps – some of which may sound familiar.
»First, we needed to improve the transparency of flow of information – so that government agencies do not miss important signs and developments. We needed to invest more money to shore up our underlying vulnerabilities and promote public confidence. And we needed to work more closely with our allies abroad to share information and strategies.
»Today, these essential steps apply to economic security, too – and if we have learned anything from the post-9/11 years, it is that cities cannot wait for national governments to take action. In New York, financial services account for only 10 per cent of our workforce, but 35 per cent of all wages. When Wall Street catches a cold, the rest of the city sneezes. That is not going to change anytime soon, but it is our job to prevent that sneeze from becoming pneumonia.»
Voilà le programme du maire de NYC pour emporter la victoire, pour terrasser l’hydre de la crise: reprendre la “narrative” de 9/11 et la recycler contre la crise. L’opération permet également une manipulation psychologique de plus heureux effet. La crise est présentée implicitement comme identique à la terreur que poursuivit, avec le succès qu’on sait, la riposte US post-9/11. La crise devient vivante, et elle devient l’Ennemi haïssable, comme le fut hier Ben Laden.
Cette identification, cette “démonisation” implicite, c’est le signe d’une constance extrême dans le fonctionnement de l’esprit du système et dans le chef de ceux qui le représentent, et qui le représentent pour l’avantage de leurs opérations de relations publiques. Somme toute, pas vraiment de surprise. Par contre, avec une défense pareille, il est possible que la crise, elle, nous réserve des surprises.
Mis en ligne le 7 octobre 2008 à 23H29