Comment les choses vont mieux en Irak

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Témoignage intéressant sur la situation en Irak, celui d’un député démocrate (opposant à la guerre), Jim McGovern, qui a fait une visite courant avril dans une délégation de huit parlementaires de la Chambre des Représentants du Congrès des États-Unis. Le titre de l’article que McGovern fait paraître dans The Nation daté du 2 mai est particulièrement révélateur, par son ironie, de la situation en Irak: « What I Didn’t See in Irak »

Le témoignage de McGovern est principalement consacré à l’extraordinaire pression pesant sur tous les visiteurs, témoins, etc., pour que leurs appréciations reflètent la version désormais officielle : tout va mieux en Irak et tout va de mieux en mieux. L’article de McGovern commence par cette phrase significative: « “Trust me when I tell you things are so much better in Iraq,” said one US military official to me on my recent visit to that war-ravaged country. »

Quelques détails du voyage de McGovern suffisent à fixer cette situation.

« And while US officials point to a declining number of coalition casualties, there is still an unacceptably high level of violence in Iraq. One military leader told us they can tell that things are changing for the better because when US helicopters fly over certain areas of Iraq, Iraqis wave. Well, I took a helicopter ride (it's too dangerous to drive) from the Baghdad airport to the Green Zone wearing an armored vest and sandwiched between two heavily armed American soldiers who were pointing their guns down at the ground. I suggested to the military leader that perhaps he was confusing a wave with a plea not to shoot.

» Our young men and women in uniform are performing their difficult duties extraordinarily well. Indeed, the only honest and direct responses I got from any American in Iraq were from the soldiers. They told me they had been instructed by their superiors not to share any complaints with visitors. »

Entre le général qui demande qu’on lui fasse confiance pour accepter sa fiction et le GI’s qui confie au parlementaire qu’on lui a donné ordre de n’exprimer aucune appréciation défavorable auprès des visiteurs, il y a évidemment la volonté de monter une “représentation” générale, quasiment théâtrale de la situation en Irak.

On doit s’interroger sur le caractère si systématique de cette “représentation”, avec ses implications sur la situation réelle (la “représentation” étant aussi bonne pour un GW Bush que pour un McGovern, et évidemment avec beaucoup plus d’efficacité dans ses effets chez GW que chez McGovern). Il y a, au terme de cette technique telle qu’elle est appliquée, une courte vue très dévastatrice dans ses effets secondaires. L’énorme montage qui est fait dans cette “représentation” permanente est très vite mis à jour, son énormité ne pouvant longtemps résister à la puissance des faits et les autorités ne pouvant espérer tromper longtemps les divers McGovern visitant l’Irak; ce phénomène se reproduit à chaque fois, sans apporter le moindre goût d’en tirer un enseignement. L’effet réel est, finalement, au travers de la perte de confiance dans les autorités officielles, une dé-légitimation de ces autorités qui doit conduire à des situations très dangereuses lorsque des conditions pressantes surgiront.


Mis en ligne le 16 avril 2005 à 09H35