Continuité à-la-Poutine

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Hier, Vladimir Poutine a fait un discours de combat, parlant d’une relance de la course aux armements et accusant l’Occident d’être la cause de cette situation. Il a cité l’expansion de l’OTAN, le développement du réseau anti-missiles US (BMDE), et a ainsi justifié les contre-mesures de réarmement de la Russie. Poutine parlait devant le Conseil d’Etat…

«The speech was broadcast live on Russian television. Mr Putin was addressing the State Council, an influential gathering of the country's elite, including Dmitry Medvedev, the man virtually guaranteed to be Russia's next president. Also present was the Chelsea owner, Roman Abramovich, Russia's richest man, attending in his capacity as governor of Russia's Chukotka region.

(…)

»Bizarrely, Mr Putin made no reference in his speech to the fact that the presidency will soon be changing hands, and spoke repeatedly of what “we” need to do.»

Le “bizarrement” nous paraît mal choisi et devrait être remplacé par “significativement”. Parlant devant le probable futur président Medvedev, Poutine a employé le “nous” qui implique, dans son esprit, une complète continuité de la politique russe, notamment de sécurité nationale. C’est bien la formule qui semble de plus en plus s’imposer, avec un Poutine devenant Premier ministre moins en fonction de la volonté du nouveau président (avec lequel l’accord était scellé dès l’origine de la candidature Medvedev) qu’en sa qualité de chef du parti Notre Russie qui domine l’échiquier politique russe, et avec son passé de créateur de la nouvelle politique russe. Comme l’explique Anne Penketh dans un commentaire pour The Independent d’aujourd’hui : «The Russian President laid down a marker, in case the West might think that his successor, the smiling Dmitry Medvedev, looks like a pushover when he takes over after next month's elections. In the presence of all the gilded trappings of state, Mr Putin was committing his successor to continue the aggressive foreign policy stance that has kept his popularity ratings surging. [...] We are talking long-term strategy here. Until 2020 in fact.»

En bonne intellectuelle occidentale, Penketh parle assez curieusement d’une “politique agressive” de la part de Poutine/de la Russie. Ayant dit cela, elle ridiculise aussitôt l'emploi de l'expression dans ce sens en mentionnant les divers éléments montrant que, si “politique agressive” il y a, elle vient évidemment de l’Occident, enfermé dans le schéma brutal et aveugle de la Guerre froide inspiré par une direction américaniste, avec le clone habituel de la Commission européenne. La soi-disant “politique agressive” de Poutine est ainsi définie:

«Mr Putin does have a point when he says that he is not starting this, but responding. Seen from Russia, the noose of Nato – the Soviet-era enemy – is tightening around Russian borders. What is more, Russia only revived the Cold War-era flights by strategic bombers last summer after Nato failed to halt its own flights over Russian territory, according to military experts.

»He is also right when he says that diplomatic conflicts “smell of gas and oil.”...»

Par ailleurs la situation de l’OTAN est en train de s’affaiblir à cause notamment de l’Afghanistan et de l’affaiblissement dramatique à la fois de la position US et de l’administration Bush en fin de mandat. Cela fait que la position dure de la Russie, déclenchée par les provocations occidentales, place ce pays en position idéale pour marquer des points contre l’Occident. Quand on observera cette séquence du point de vue de historique, à partir de la domination qu’exerçait l’Occident sur la Russie dans les années 1990, on le montrera en exemple dans les cours d’histoire comme une sorte d’archétype d'une diplomatie arrogante, bornée et aveugle. Aujourd’hui, l’Ouest en est réduit à gémir à propos de la “politique russe” de l’“ours russe” qui n’est vraiment très gentil parce qu’il ne se laisse pas faire, notamment au nom des droits de l’homme et de la vertu démocrate. Pathétique, indeed.

«But with Nato weakened by the challenges outside its European borders, and a “lame duck''” president in the White House, the escalation of rhetoric from Mr Putin – albeit for electoral motives – is worrying. The US has allowed its relationship with Russia to deteriorate while President George Bush thinks of his own legacy in Iraq and the Middle East. As for Britain, relations with Russia are at their lowest ebb since Cold War days because of the fallout from the Litvinenko affair.

»Even though Mr Putin delivered his final speech as president to the State Council yesterday as part of his long goodbye, he was telling the whole world, and particularly the West, that after 2 March, he will retain his influence in Russia, whatever his formal role. Le Roi est mort. Vive le Roi. Or in his case, Le Tsar est mort, vive le Tsar.»


Mis en ligne le 9 février 2008 à 10H49