Cooper, Ashton et la politique britannique

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Des sources européennes nous signalent que Robert Cooper, qui servait jusqu’ici de principal conseiller de Lady Ashton, comme Directeur Général, devrait être placé à la tête d’un “Strategic Team” qui lui donnerait une position moins directement influente.

@PAYANT Ces sources nous indiquent que divers postes importants autour de Lady Ashton, qui seront autant de postes d’influence et de surveillance à la fois, vont être pourvus par des “poids lourds” dont les positions signifient également l’implication des Etats membres (dont la France) dans le contrôle de l’activité du “ministre des affaires étrangères” de l’UE. Le Strategic Team que Cooper doit former pour l’occasion, et dont il prendra la tête, sera, selon le mot d’une de nos sources, «une sorte de CAP européen, à l’image du CAP existant dans les structures du ministère français des affaires étrangères». Ce sera donc un think tank officiel chargé de développer des analyses des diverses situations stratégiques pour les soumettre, en tant qu’autant de conseils, à la direction effective de cette “politique étrangère”, c’est-à-dire Lady Ashton et son cabinet.

On pourrait alors penser que Robert Cooper conserve une influence conceptuelle importante. Cela n’est nullement assuré, d’abord par la simple réalité des mécanismes de décision et d’influence dans une telle structure, qui privilégient d’une façon massive l’action et la réaction à la réflexion, donc les structures du cabinet au détriment des conseillers extérieurs. Ensuite, à cause de ce qu’on voit de l’activité et des “conceptions” de Lady Ashton dans son rôle. Les appréciations de nos sources la décrivent comme «à la fois extraordinairement tatillonne sur les détails, jusqu’aux plus futiles, et extraordinairement rétive pour ce qui concerne des engagements marqués sur les grands problèmes». Ce dernier point a été jusqu’au cas où Ashton a refusé dans un premier temps une objurgation, “un ordre” si l’on veut, du Conseil des ministres de s’engager dans la voie d’une reprise d’un dialogue avec les Palestiniens. Cela ressort moins, selon les analyses qui nous sont confiées, d’une position idéologique que de ce refus, justement, de s’impliquer dans toute action importante de politique étrangère, sur des sujets effectivement important, tant politiquement que stratégiquement.

A quoi correspond cette attitude d’Ashton ? Il y a sa personnalité, décidément décrite comme extrêmement réductrice, sans la moindre culture politique et diplomatique, avec une absence complète de charisme et de volontarisme imaginatif. Mais, d’autre part, il y a également l’effet de l’influence britannique sur Ashton, qui reste elle-même, bien évidemment, une Britannique. L’intérêt des Britanniques, selon leur conviction profonde, est plus que jamais d’empêcher que l’UE puisse exister en tant que corps politique autonome et puissant. De ce point de vue, les Britanniques ne veulent pas que l’UE en tant que telle ait une grande politique étrangère autonome et spécifique. Cela correspond bien à l’“activisme” absolument réducteur d’Ashton tel qu’on nous l’a décrit.

Ainsi se confirme-t-il qu’il existe dans ce cas une situation paradoxale. Nombre d'adversaires nationaux de l’Europe intégrée, les “souverainistes” français par exemple, qui dénoncent régulièrement les manigances britanniques comme celles d’un “sous-marin” au service de puissances extérieures (les USA), peuvent trouver une certaine satisfaction à voir l’influence britannique contrecarrer la possibilité d’une politique étrangère européenne autonome et puissante, qui serait un signe marqué d’une Europe intégrée. Cela répond aux ambiguïtés qui entourent, voire caractérisent absolument la structure européenne ; dans certains cas, ceux (les Britanniques) qui sont perçus comme les adversaires d’une indépendance (sous quelque forme que ce soit) de l’influence US, deviennent les alliés de ceux qui estiment que l’indépendance européenne ne pourra se développer qu’en conservant toute la puissance des structures nationales et en empêchant le développement d’un artefact supranational dont les fondements rejoignent les principes du système de l’américanisme.


Mis en ligne le 10 septembre 2010 à 09H09

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