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597Eric Zuesse ayant estimé que l’article de Paul Craig Robert(PCR) du 18 janvier était le meilleur qu’ait écrit le vieux chroniqueur-polémiste furieux, ancien ministre de Reagan, nous l’avons lu avec d’autant plus d’attention. Il s’agit d’un article qui ressemble un peu à une synthèse descriptive de l’évolution des USA comme système de l’américanisme, ou comme outil privilégié du Système plus simplement. Zuesse justifie moins son enthousiasme par le texte lui-même que par le “style” du texte, la tonalité, etc., par rapport à ce que fut Paul Craig Roberts, – ancien ministre, ancien professeur d’économie, ancien commentateur-Système (le Wall Street Journal), etc.
« Le profond courage de Paul Craig Robert est de s’être séparé si publiquement du système si totalement corrompu qu’il avait servi précédemment avec distinction. Il s’est isolé complètement de ces cercles extraordinairement puissants et richissimes et il s’est placé lui-même au cœur de l’élite de l’opposition à ce système, aussi admirable que les premiers sont ignobles. Ce fait est en soi extrêmement frappant et nimbe tous ses textes, depuis maintenant plus d’une décennie, d’une très grande puissance d’attraction. Peut-être est- ce la cause du constat qu’on peut faire selon lequel il n’a pas d’équivalent comme commentateur. »
Il y a un mot fondamental dans le texte de Robert, qui est pour nous le mot “corruption” dans ce que ce mot indique d’une dynamique déstructurante qui a embrassé toute la planète dans des proportions inimaginables, qui a comme effet de fausser tous les effets de la réalité jusqu’à la réalité elle-même, jusqu’à notre époque où la réalité n’existe plus au point qu’il nous faut chercher des “vérités-de-situation” pour espérer parvenir à reconstituer la situation du monde. (PCR emploie le mot “Fraud” [The 21st Century: An Era Of Fraud], qui a plusieurs significations : fraude certes, mais aussi imposture, duperie, supercherie, tous ces mots nous rapprochant de ce que nous voulons signifier en employant le mot “corruption” [mot que nous employons dans le sens de corruptio/alteratio, c’est-à-dire dans le sens d’altérer les formes, les caractères, ou bien encore, pour notre propos et en nous référant à notre jargon, qui a pour effet enfin de “déstructurer”].) Un passage bien illustratif du propos de Paul Craig Robert est celui-ci (il emploie deux fois le mot “astonished” que nous prenons dans son sens le plus fort, – “stupéfait”, ébahi”, “abasourdi“) :
« Les faits de notre existence sont si différents de ce qui nous est rapporté que j’en suis stupéfait. Comme ancien professeur d’économie, chroniqueur du Wall Street Journal et Adjoint au ministre du Trésor, je suis stupéfait par cette situation où la corruption règle toutes les activités dans le domaine financier, le ministère du Trésor, les agences de régulation financière et la Réserve Fédérale. A mon époque, il y aurait eu nombre d’inculpation et de condamnations à la prison des dirigeants des banques et des officiels du gouvernement.
» En Amérique aujourd’hui, il n’y a aucune liberté des marchés financiers. Tous les marchés sont truqués par la Réserve Fédérale et le Trésor. Les agences de régulation, contrôlés par ceux qui sont censés réguler dans ces agences, détournent les yeux pour ne pas voir les fraudes, et si elles ne le font pas elles sont sans pouvoir pour appliquer une loi que les intérêts privés dominent et contrôlent aisément à leur avantage. Même les statistiques du gouvernement ont été corrompues... »
Il n’y a rien pour nous étonner dans tout cela, mais la chose est écrite avec rectitude et une conscience si complète que ces phrases et ces jugements bien connus en acquièrent un poids spécifique et bien plus grand que le courant de telles affirmations. Nous sommes alors conduits à réfléchir d’une façon différente que selon les première évidences à propos des vérités-de-situation de la corruption. D’une façon assez singulière, ou bien est-ce aussi parce qu’il y a une correspondance “de courroies de transmission” (le Washington’s blog et Zuesse parlent des deux), nous sommes conduits à nouveau ou ramenés c’est selon, et de façon plus profonde, au cas Hillary Clinton et à la situation électorale US. (« ...Hillary, dont l’impopularité et la réputation de candidate absolument corrompue par le Système grandissent à chacune de ses apparitions. [Cette courbe descendante d’Hillary Clinton, comme une bulle qui se dégonfle, est certainement le fait objectif, indépendant de tout acte politique, le plus impressionnant, et une vérité-de-situation effectivement “révolutionnaire”.] »)
Il est vrai que le destin actuel d’Hillary Clinton est surprenant ; elle est d’ailleurs elle-même, comme on ne cesse de le lire sur son visage et ses éclats de rire un peu trop forcés, très surprise c’est-à-dire affolée. Elle l’est, surprise-affolée, comme doit l’être toute vraie politicienne dans nos élites-Système, qui compte sur la démagogie du conformisme aux grandes tendances-Système et aux mécanismes de communication qui vont avec pour la maintenir dans le flux d’une prospective-Système qui annonçait imperturbablement depuis 3-4 ans (depuis son départ du département d’État) sa victoire inéluctable en 2016. Dans un texte qu’il publie hier sur son site ConsortiumNews, Robert Parry prend acte de cet affolement d’Hillary Clinton (« Stunned by falling poll numbers... ») et observe qu’elle en train de se “néoconiser”, c’est-à-dire d’emprunter par opportunisme démagogique et par penchant naturel la voie extrême de l’extrême qu’est déjà sa position de politique extérieure, – après avoir curieusement affirmé il y a cinq jours qu’il faudrait peut-être songer à un “redémarrage“ des bonnes relations avec la Russie, – ceci et cela, dans la contradiction, n’étant pas le moindre signe de son affolement.
L’intérêt du texte de Parry et qu’il fait un historique, notamment en citant l’ancien secrétaire à la défense Gates à partir du livre de ses mémoire (Duty), de l’évolution des positions de Clinton durant son passage au département d’État et des motifs qui la poussent. Deux traits essentiels émergent : d'une part une complète absence de structure de l’analyse et du jugement dans ses options politiques et morales, tout étant laissé à l’opportunité politicienne, ce qu’on pourrait désigner comme une sorte de “cynisme postmoderne” en ce sens qu’il ne prend aucune peine pour se dissimuler parce qu’il se manifeste presque inconsciemment, comme une attitude mécanique, une évidence d'un temps réduit au présent immédiat ; d'autre part un constant maximalisme hystérique relevant de l’affectivisme qui imprègne toute sa psychologie, qui la conduit à des positions par ailleurs majoritaires dans le bloc-BAO et aux USA dans l’action politique, qui sont effectivement extrémistes (interventionnisme, bellicisme, du type neocon-R2P, ce pourquoi nous parlons plus haut du choix de la voie extrême de “l’extrême qu’est déjà sa position de politique extérieure”). La “néoconisation” d'Hillary Clinton annoncée par Parry, qui n’est finalement qu’une “néo-néoconisation”, – ou dit autrement une redondance, un pléonasme de l’opinion extrémiste mécanisée, – n’est donc qu’une opérationnalisation de son “cynisme postmoderne” au niveau de cette psychologie hystérique qui la caractérise.
Malgré l’apparence de notre rapide analyse qui semblerait montrer une déviation du sujet par rapport au texte de Robert, nous y sommes en plein par le biais de l’exposition d’une sorte d’archétype que serait Hillary Clinton, de cette corruption extraordinaire qu’est devenue l’Amérique sous l’empire du Système. Il est alors clair pour nous que cette corruption rend son effet le plus remarquable et le plus profond au niveau de la psychologie. (Nous mettons à part l’aspect vénal sans le moindre frein, qui est la première marque, complètement évidente pour tous, de la corruption. La vénalité totale depuis la fin de leur séjour à la Maison-Blanche est constante chez Hillary Clinton travaillant “en équipe” avec son mari Bill pour constituer une “petite fortune” respectable selon l’opérationnalisation planifiée de cette vénalité ; elle est la conséquence comptable, presque de routine dirait-on, du cynisme postmoderne.) Dans les deux traits identifiés (cynisme postmoderne et hystérie de l’affectivisme), on trouve la psychologie comme principal moteur, et une psychologie complètement corrompue comme un organe absolument mangée par la gangrène. Il n’y a naturellement plus aucune référence à la réalité puisque la réalité n’existe plus, et une complète absence de la recherche des vérités-de-situation, sinon une haine inconsciente pour tout ce qui pourrait s’en rapprocher.
Hillary Clinton représente donc effectivement l’archétype de l’Amérique qui ne cesse de stupéfier Paul Craig Robert, et, au-delà, l’archétype du zombie-Système puisque l’Amérique est une chose du Système, et par hallucination plutôt que par atonie dans son cas, – disons, catégorie “zombie-exubérante”. Sa chute actuelle est la mesure des effets de la corruption de sa psychologie, et alors la psychologie-corrompue par le Système identifiée comme une véritable pathologie. (L’idée est déjà suggérée par le constat de la “gangrène” dévoreuse de cette psychologie.) La conséquence est en effet que la psychologie déstructurée par la corruption se dissout rapidement, enlève tout crédit, toute humanité à celui (à celle) qui la subit, induisant un comportement qui alimente l’intuition collective chez le public de se trouver effectivement devant le stéréotype de la corruption-absolue : Hillary transpire la corruption par tous les pores de la peau et toutes les dents de son sourire éclatant. C’est, pour nous, l’explication de sa chute actuelle, qui se situe au sein du système de la communication qu’elle croyait maîtriser, puisque cette chute se fait au rythme des sondages qui nourrissent le jugement et l’humeur de plus en plus catastrophiques de la candidate et de toute son équipe électorale, l’artifice statistique devenant ainsi paradoxalement le révélateur de la vérité-de-situation. (Mais qui a jamais douté de la capacité de Janus dont dispose le système de la communication ?)
Hillary est donc une parfaite émanation, – on n’ose trop dire “humaine” mais il faut bien situer la chose, – de cette Amérique que décrit Paul Craig Robert, et du Système car c’est bien le Système qu’il décrit en réalité. Tel qu’il apparaît actuellement, à côté de nombreux signes dans les diverses politiques en cours et les situations crisiques proliférant que ces politiques ne cessent d’alimenter, dans l’état des diverses forces, réseaux, structures, en plein délabrements et eux-mêmes générant leurs propres crises, le cas d’Hillary Clinton avec sa corruption totale et la chute que suscite cette corruption totale devenant ainsi totalitaire signale que le monde décrit par Paul Craig Robert, c’est-à-dire l’Amérique, c’est-à-dire le Système, est à bout de souffle. Comme le disait très curieusement Hillary dimanche dernier dans une intervention publique de campagne, “Il n’y a pas de “too big to jail’” (“trop gros, trop puissant pour aller en prison”), – c’était à propos des banquiers de Wall Street, mais ç’aurait pu être à son propre propos puisque le FBI n’en dort plus la nuit à lui chercher des noises dans ses e-mails. (...Car entre corrompus, on ne se fait pas de cadeaux quand l’un d’entre eux est pris la main dans le sac par rapport aux règles du Système ; cette consigne de fer est d’autant plus acérée quand le bateau prend eau de toutes parts et que plus personne n’est assuré de la stabilité de la chose. Le FBI ne fera pas de cadeaux à Hillary.)
Qui a suivi les évènements depuis quelques décennies, et notamment depuis la décennie des années 1990, a pu voir et entendre cette “femme politique” armée de certaines vertus, et parfois d’un discours politiques qui n’était pas sans sincérité ; qui a continué à suivre les évènements a pu la voir et l’entendre décliner, se pervertir absolument, se corrompre, se pourrir, se transformer en “zombie-Système” éclatant de rire en contemplant le film du lynchage de Kadhafi, massacré, empalé, réduit en bouillie, et elle s'exclamant (“We came, we saw, he died !”, ah ah ah). Voici donc, vue par PCR, l’Amérique d’Hillary... Elle pourrait aussi bien écrire cet article, non, elle, Hillary, qui a si bien roulé sa bosse ? Elle préfère rouler sa boue, en attendant son hypothétique, de plus en plus hypothétique bâton de maréchal. (Le texte de Paul Craig Robert, du 19 janvier sur son site.)
In the last years of the 20th century fraud entered US foreign policy in a new way. On false pretenses Washington dismantled Yugoslavia and Serbia in order to advance an undeclared agenda. In the 21st century this fraud multiplied many times. Afghanistan, Iraq, Somalia, and Libya were destroyed, and Iran and Syria would also have been destroyed if the President of Russia had not prevented it. Washington is also behind the current destruction of Yemen, and Washington has enabled and financed the Israeli destruction of Palestine. Additionally, Washington operated militarily within Pakistan without declaring war, murdering many women, children, and village elders under the guise of “combating terrorism.” Washington’s war crimes rival those of any country in history.
I have documented these crimes in my columns and books (Clarity Press).
Anyone who still believes in the purity of Washington’s foreign policy is a lost soul.
Russia and China now have a strategic alliance that is too strong for Washington. Russia and China will prevent Washington from further encroachments on their security and national interests. Those countries important to Russia and China will be protected by the alliance. As the world wakes up and sees the evil that the West represents, more countries will seek the protection of Russia and China.
America is also failing on the economic front. My columns and my book, The Failure of Laissez Faire Capitalism, which has been published in English, Chinese, Korean, Czech, and German, have shown how Washington has stood aside, indeed cheering it on, while the short-term profit interests of management, shareholders, and Wall Street eviscerated the American economy, sending manufacturing jobs, business know-how, and technology, along with professional tradeable skill jobs, to China, India, and other countries, leaving America with such a hollowed out economy that the median family income has been falling for years. Today 50% of 25 year-old Americans are living with their parents or grandparents because they cannot find employment sufficient to sustain an independent existance. This brutal fact is covered up by the presstitute US media, a source of fantasy stories of America’s economic recovery.
The facts of our existence are so different from what is reported that I am astonished. As a former professor of economics, Wall Street Journal editor and Assistant Secretary of the Treasury for Economic Policy, I am astonished at the corruption that rules in the financial sector, the Treasury, the financial regulatory agencies, and the Federal Reserve. In my day, there would have been indictments and prison sentences of bankers and high government officials.
In America today there are no free financial markets. All the markets are rigged by the Federal Reserve and the Treasury. The regulatory agencies, controlled by those the agencies are supposed to regulate, turn a blind eye, and even if they did not, they are helpless to enforce any law, because private interests are more powerful than the law.
Even the government’s statistical agencies have been corrupted. Inflation measures have been concocted in order to understate inflation. This lie not only saves Washington from paying Social Security cost-of-living adjustments and frees the money for more wars, but also by understating inflation, the government can create real GDP growth by counting inflation as real growth, just as the government creates 5% unemployment by not counting any discouraged workers who have looked for jobs until they can no longer afford the cost of looking and give up. The official unemployment rate is 5%, but no one can find a job. How can the unemployment rate be 5% when half of 25-year olds are living with relatives because they cannot afford an independent existence? As John Williams (shadowfacts) reports, the unemployment rate that includes those Americans who have given up looking for a job because there are no jobs to be found is 23%.
The Federal Reserve, a tool of a small handful of banks, has succeeded in creating the illusion of an economic recovery since June, 2009, by printing trillions of dollars that found their way not into the economy but into the prices of financial assets. Artificially booming stock and bond markets are the presstitute financial media’s “proof” of a booming economy.
The handful of learned people that America has left, and it is only a small handful, understand that there has been no recovery from the previous recession and that a new downturn is upon us. John Williams has pointed out that US industrial production, when properly adjusted for inflation, has never recovered its 2008 level, much less its 2000 peak, and has again turned down.
The American consumer is exhausted, overwhelmed by debt and lack of income growth. The entire economic policy of America is focused on saving a handful of NY banks, not on saving the American economy.
Economists and other Wall Street shills will dismiss the decline in industrial production as America is now a service economy. Economists pretend that these are high-tech services of the New Economy, but in fact waitresses, bartenders, part time retail clerks, and ambulatory health care services have replaced manufacturing and engineering jobs at a fraction of the pay, thus collapsing effective aggregate demand in the US. On occasions when neoliberal economists recognize problems, they blame them on China.
It is unclear that the US economy can be revived. To revive the US economy would require the re-regulation of the financial system and the recall of the jobs and US GDP that offshoring gave to foreign countries. It would require, as Michael Hudson demonstrates in his new book, Killing the Host, a revolution in tax policy that would prevent the financial sector from extracting economic surplus and capitalizing it in debt obligations paying interest to the financial sector.
The US government, controlled as it is by corrupt economic interests, would never permit policies that impinged on executive bonuses and Wall Street profits. Today US capitalism makes its money by selling out the American economy and the people dependent upon it.
In “freedom and democracy” America, the government and the economy serve interests totally removed from the interests of the American people. The sellout of the American people is protected by a huge canopy of propaganda provided by free market economists and financial presstitutes paid to lie for their living.
When America fails, so will Washington’s vassal states in Europe, Canada, Australia, and Japan. Unless Washington destroys the world in nuclear war, the world will be remade, and the corrupt and dissolute West will be an insignificant part of the new world.
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