Coucou, le revoilà (F/A-22 Raptor)

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Coucou, le revoilà (F/A-22 Raptor)


11 février 2005 — Il n’a pas fallu longtemps pour que les réductions budgétaires significatives décidées par Rumsfeld & compagnie, sous l’impulsion de l’OSD (Office of Secretary of Defense) et de Stephen Cambone (n°3 du Pentagone et proche de Rumsfeld), soient remises en cause par le Congrès. Parmi les remises en cause, le retrait du porte-avions John Fitgzerald Kennedy et la réduction de production du F/A-22 Raptor. C’est ce dernier cas qui nous intéresse.

Le Financial Times décrit les premières auditions à la commission sénatoriale des forces armées, jeudi 10, et l’attaque aussitôt lancée contre les projets de réduction. A noter que Rumsfeld concède déjà sur l’essentiel, qui est le principe de la remise en cause ; à noter également que, plus que jamais, la QDR-2005 devrait devenir le champ clos de l’affrontement pour le choix des programmes dans un contexte budgétaire devenu ultra-serré .


« At a Senate armed services hearing on Thursday, several senators questioned whether the US air force could retain air superiority in coming years without the Raptor. The Pentagon budget slashes to 180 the number of Raptors the air force can buy. The air force says it needs 380 Raptors.

» John Jumper, the air force chief of staff, told the committee the Pentagon would re-examine whether it should buy more of the Lockheed Martin supersonic fighter in its quadrennial defence review, a study of the military's future needs that will be completed this autumn.

» Donald Rumsfeld, defence secretary, told some senators this week the Pentagon would re-evaluate the proposed cuts to the Raptor programme, AP reported on Thursday. »


Au Congrès, on n’en est qu’au début. Cette première passe d’armes est fortement significative. D’abord on voit qu’il n’y aura peut-être pas de “passe d’armes”, tant Rumsfeld n’a pas l’air de vouloir s’engluer dans un affrontement avec les parlementaires; ensuite, il paraît évident, à la lumière de ces premiers constats, que la mesure prise contre le F/A-22 est sans doute morte-née dans sa forme actuelle.

De toutes les façons, on n’en restera pas là. Cette attaque contre le F/A-22 met en cause trop de choses, notamment du côté de l’USAF, pour qu’elle soit éventuellement rapportée sans autres conséquences. Au contraire, l’incident a toutes les chances d’avoir ouvert un débat fondamental, d’autant que, parallèlement, le besoin de réduction des dépenses subsiste.

On peut donc envisager deux choses :

• Un prolongement serait assez logique si la tendance constatée se confirme. Si l’USAF constate effectivement un soutien important au F/A-22, elle voudra par tous les moyens renforcer cet avantage en cherchant un renforcement décisif du programme. L’USAF devrait avancer l’argument de sa logique opérationnel d’un retour au moins au niveau de 381 exemplaires (soit un escadron de F/A-22 pour chacun des 10 Air Expeditionary Wings de l’USAF) au lieu des 277 d’avant la décision de réduction. Au point de vue coût, le supplément budgétaire serait modique (et d’ailleurs pour assez loin dans les années 2010-2015) pour un retour à une capacité normale de supériorité aérienne. On devrait aussi voir s’affirmer l’argument en faveur d’une version de bombardement moyen (le FB-22) dont l’USAF a besoin, et dont le développement serait présenté comme un autre moyen de rentabiliser le programme. La situation est tellement tendue au niveau budgétaire que l’alternative tend à se radicaliser: si le F/A-22 n’est pas le grand perdant, il a de fortes chances de devenir le grand gagnant parce que la logique budgétaire interne de ce porogramme, au point où il en est, jouerait alors à plein en sa faveur (au plus grand serait le nombre d’exemplaires commandés, au plus le programme, dont l’essentiel [plus de $50 milliards] du R&D a déjà été dépensé, se rentabilise).

• Dans ce cas, qui deviendrait le “grand perdant”, s’il en faut un? Il n’y a qu’une possibilité dans ce domaine des avions de combat tactique: le JSF. On a déjà dit que l’offensive contre le F/A-22, dans la mesure où l’USAF avait tenté d’y répliquer en proposant une réduction de la commande de F-35 (JSF), avait eu pour effet certain d’impliquer le JSF dans la bataille bureaucratique et budgétaire, — alors que ce programme en était tenu en-dehors depuis son origine. Dans cette bataille, le JSF a perdu son statut de “programme hors-concours” qui l’avait préservé de toute attaque majeure. Si le F/A-22 est rétabli, s’il est même renforcé, le JSF devra payer les pots cassés, avec des réductions de projection de commandes et des délais.