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988Il s’agit, chose exceptionnelle, d’un “coup d’œil horrifié” du service éditorial du New York Times (NYT) sur le système pénitentiaire US, le Goulag américaniste, ce 17 novembre 2013. Condamnations à vie, sans possibilité de réduction de peine, pour une personne qui voulait vendre de la marijuana pour $10, même chose pour une personne qui siphonnait de l’essence dans le réservoir d’un camion et ainsi de suite. L’édito commence par cette observation remarquable pour la publication-phare de America The Beautiful : «Si cela arrivait dans un autre pays, les Américains seraient horrifiés...» Cela n’arrive pas aux autres, mais uniquement aux USA. Un rapport de l’association de défense des droits civiques ACLU détaille cet aspect extraordinaire du Goulag américaniste : en 2012, 3 278 prisonniers subissaient ce sort d’une “mort lente” («Sentenced to a Slow Death»), d’une peine incompressible de condamnation à vie pour de tels “crimes”.
Le plus extraordinaire de ces choses extraordinaires est que personne ne s’avance à défendre ce régime exorbitant, mais qu’on ne parvient pas à trouver un moyen de sortir de cet imbroglio juridique, si l’on essaie seulement. (Cela rejoint les tentatives infructueuses de fermer l'annexe maximale du Goulag à Guantanamo.) Le coût de ce régime insensé pour ces 3 278 prisonniers est exorbitant, précise le NYT toujours attentif à l’aspect pratique : $1,78 milliard. Le Congrès essaie de trouver une solution. Le Système veille.
On ne peut se départir, une fois de plus, de l’impression d’une société bloquée d’une façon presque construite, active, par des processus, des dynamiques et des forces que personne ne contrôle. Le Système règne, sans possibilité d’appel. Il n’empêche qu’au départ, il y a la complicité humaine dans le chef d’un état esprit répressif pour tout ce qui dépasse des normes draconiennes de contrôle du système général de l’américanisme. Certes, cette sorte-là, l’“état d’esprit répressif”, a existé partout et toujours, plus ou moins latent, plus ou moins actif, mais il restait soumis au jugement de la légitimité d’un pouvoir régalien par définition principiel qui, d’une façon ou d’une autre, peut défaire ce qu’il a permis de faire, comme il peut tempérer les effets de ce qu'il permet de faire. Ici, l’impression est très forte d’une absence de freins et même simplement de contrôle à certaines tendances de l’esprit dominant et aux actes qui en découlent, et aussi d’une impossibilité à la fois psychologique et opérationnelle, bureaucratique et législative, de revenir en arrière une fois les mesures mises en place. Il y a une sorte de connivence entre l’acte humain structuré conforme aux normes du Système coupé de toute conception principielle et l’acte de l’emprisonnement dans ces normes par le Système une fois l’acte posé.
«If this were happening in any other country, Americans would be aghast. A sentence of life in prison, without the possibility of parole, for trying to sell $10 of marijuana to an undercover officer? For sharing LSD at a Grateful Dead concert? For siphoning gas from a truck? The punishment is so extreme, so irrational, so wildly disproportionate to the crime that it defies explanation. And yet this is happening every day in federal and state courts across the United States. Judges, bound by mandatory sentencing laws that they openly denounce, are sending people away for the rest of their lives for committing nonviolent drug and property crimes. In nearly 20 percent of cases, it was the person’s first offense.
»As of 2012, there were 3,278 prisoners serving sentences of life without parole for such crimes, according to an extensive and astonishing report issued Wednesday by the American Civil Liberties Union. And that number is conservative. It doesn’t include inmates serving sentences of, say, 350 years for a series of nonviolent drug sales. Nor does it include those in prison for crimes legally classified as “violent” even though they did not involve actual violence, like failing to report to a halfway house or trying to steal an unoccupied car.
»The report relies on data from the federal prison system and nine states. Four out of five prisoners were sentenced for drug crimes like possessing a crack pipe or acting as a go-between in a street drug sale. Most of the rest were sentenced for property crimes like trying to cash a stolen check or shoplifting. In more than 83 percent of the cases, the judge had no choice: federal or state law mandated a sentence of life without parole, usually under a mandatory-minimum or habitual offender statute.
»Over the past four decades, those laws have helped push the American prison population to more than two million people, and to the highest incarceration rate in the world. As in the rest of the penal system, the racial disparity is vast: in the federal courts, blacks are 20 times more likely than whites to be sentenced to life without parole for nonviolent crimes.
»The report estimates that the cost of imprisoning just these 3,278 people for life instead of a more proportionate length of time is $1.78 billion. It is difficult to find anyone who defends such sentencing. Even Burl Cain, the longtime warden of the Louisiana State Penitentiary, which holds the most nonviolent lifers in the country, calls these sentences “ridiculous.” “Everybody forgets what corrections means. It means to correct deviant behavior,” Mr. Cain told the A.C.L.U. “If this person can go back and be a productive citizen and not commit crimes again,” he asked, why spend the money to keep him in prison? “I need to keep predators in these big old prisons, not dying old men.”»
Le NYT conclut par cette observation qui nous apprend, à notre très grande surprise, que les États-Unis d’Amérique ne sont toujours pas une nation civilisée ; dont acte, après tout, – et essayez encore... «If the United States is to call itself a civilized nation, it must end this cruel and ineffective practice.»
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