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345624 juillet 2021 – Je ne cesse de me trouver stupéfié davantage, à chaque occasion qui se succède si vite, de voir ce qui caractérise cette époque, – la rapidité du Temps, comme si le Temps était laissé à lui-même... Bien entendu, c’est la communication qui marque dans nos esprits cette rapidité. Je ne cesse de répéter, à chaque occasion qui m’est donnée ou que je suscite, que la communication est le phénomène fondamental de notre-temps dans les affaires humaines : sa dynamique et la puissance de cette dynamique règnent.
Je ne cesse de répéter ce constat, évidemment à la lumière de la crise-Covid parce qu’il n’y a rien d’extrêmement intéressant à dire sur le fond dont je parle assez peu par conséquent, mais qui est partout présente, non pas tant par son objet que par la tonitruance de la dynamique temporelle qu’elle nous impose et la puissance de cette dynamique. La crise-Covid est absolument une démonstration de ce que j’entends dire ici :
• en un sens, la crise-Covid totalement vide de tout contenu politique, car il n’est rien en soi de plus politiquement simple qu’un virus infernal, insaisissable, se prolifèrant tout seul en variants déclinés selon l’alphabet grec (pas de noms de pays, par pitié ! Pas de racisme, ô esprits sourcilleux de la moraline !)... (D’ailleurs, cela suffira-t-il , je veux dire : l’alphabet grec et ses vingt-quatre lettres ? Lorsqu’on se trouvera au variant Omega, en 2029, “Que faire ?” comme disait Lénine en février 1902, ne doutant pas qu’il tenait ferme la formule de la fin de l’Histoire par l’épidémie révolutionnaire) ;
• en un sens, la crise-Covid totalement présente, pressante, écrasante, nous pressurant jusqu’à nous étouffer, jouant entre nos sages dissertations scientifiques annonçant les lendemains qui chantent et nos folles envolées de complotisme dénonçant le complot et dénonçant les dénonciateurs du complot...
• en un sens et au bout du compte, la crise-Covid imposant un contenu politique sans le moindre sens et jaillissant dans tous les sens, ce contenu de notre chef pour tenter de justifier cette agitation cosmique qui nous désintègre littéralement ; donc nous imposant de nous regarder en train d’étaler les terribles vices et travers de notre civilisation, sans aucune raison politique, instaurant ainsi une sorte d’autocritique absolu et sans retour, sans plaidoirie à décharge possible, sans que nous le voulions, sans même que nous le sachions.
Mais la vacuité de contenu de la crise-Covid n’explique pas toutes ses conséquences, ni le fardeau qu’elle nous impose. Ce qui règne au-dessus de tout cela et se saisit de l’horloge des temps pour la faire tourner folle puisqu’à son rythme, c’est le Temps lui-même. Même la communication ne justifie pas, par sa puissance qui implique sa rapidité, cette extraordinaire accélération du Temps. Au contraire, elle en est le rejeton : c’est parce que le Temps ne cesse d’accélérer et de se contracter en une stupéfiante rapidité que la communication, qui s’alimente à cette dynamique, acquiert la puissance qu’on lui voit.
On n’en peut déduire qu’un seul constat : le Temps lui-même s’est libéré de toutes ses contraintes, et notamment de notre raison-subvertie qui voudrait lui donner du sens en le déchiffrant, et qu’il écrase de son mépris. Le Temps, plein de dégoût pour les impuissantes agitations humaines et leurs mensonges, a pris son envol. Il se déroule à la vitesse qu’il veut, et entend nous faire rendre raison. Le caractère exceptionnel de la crise-Covid, par son absence de sens politique et ses effets politiques infiniment dévastateurs, a “libéré” le Temps de ses obligations temporelles. (C’est une image : on ne “libère“ pas le Temps, il fait cela quand il lui plaît ; disons qu’il s’est saisi de la crise-Covid comme d’un subterfuge bienvenu pour se déchaîner. L’essentiel est bien qu’il se déchaîne de sa propre volonté suprême.)
Sur ce constat stupéfiant et extraordinaire du Temps-devenu-fol-apparemment et nous imposant des événements vides de sens et fols eux-mêmes mais qui nous révèlent à nous-mêmes et à la profondeur abyssale de notre Grande Crise, à nouveau et à un propos plus sérieux s’impose la question du camarade Lénine : “Que faire ?” Je vois une réponse en trois volets.
• Une attitude moutonnière, consistant à mettre la tête dans le sable et à psalmodier : “Oui, certes, petits problèmes, mais tout cela sera résolu et l’on jouera ‘Embrassons-nous, Folleville !”. Cette attitude moutonnière est suivie par une partie significative de la populace moutonnière ; mais également, et d’une façon bien plus significative par l’écrasante majorité des élitesSystème, – sinon l’entièreté, puisque c’est la raison d’être même de leur attitude, – décidée à pulvériser toute question déplacée sur le vaccin, sur Joe Biden, sur les LGTBQ et le wokenisme, sur les causes des crises dont on dénie l’existence, pour continuer à entretenir le feu de leur servilité au dieu-Système.
• Une attitude, disons “de résistance”, assez honorable, de la part de ces gens qui veulent comprendre tout en refusant de capituler, et qui s’épuisent, et qui ne lâchent pas prise, qui se renforcent dans leur attitude... Il est vrai que certains d’entre eux lâchent prise à leur façon et sombrent dans la folie des condamnations anarchiques, des complots sans fin, des anathèmes et des fureurs contradictoires qui ne servent qu’à épuiser la psychologie, souvent pour des satisfactions accessoires dont la vanité, sous-classe de l’hybris.
• Une attitude de sagesse dans la tempête, celle de l’inconnaissance que l’on connaît. Quand il le faut, quand l’inexplicable ne peut être expliqué, quand le nœud ne peut être tranché, l’on rompt tactiquement et l’on s’installe pour le cas dans la distance vigilante. Il s’agit d’établir une référence impeccable, un de ces “corps-morts” comme l’on dit en termes de marine (de mon temps), auquel l’on amarre le navire secoué par la tempête, à l’abri d’un repli de terrain ou d’une avancée de jetée ; ou bien, si l’on est pris dans la tempête, on se met “à la cape” et la référence devient “l’ancre flottante” disponible... Dans tous les cas, cette référence, comme je l’ai souvent exprimé, c’est pour mon compte l’antiSystème (Delenda Est Systema).
Bien entendu, il s’agit de se partager au mieux de sa position tactique, entre résistance et inconnaissance. Il faut faire montre de souplesse tactique pour affronter les effets de la grande crise, qui se manifestent d’abord dans les grandes structures d’origine cosmogonique, plus que dans notre quotidien consumériste et satisfait de lui-même.