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4259• Un vaste coup d’oeil sur diverses situations entraînées par la crise-Covid qui ne cesse de se structurer, de s’étendre, de se diversifier. • Le meilleur exemple est certes le cas américaniste où le désordre des différents pouvoirs et autorités est considérable, et conduit à des positions politiques de confrontation implicite, – par exemple, entre les États de New York et de Floride, entre la Floride et l’Australie, sans que Washington D.C. ne dise mot. • Les doutes sur les vaccins vont bon train tandis que la gouverneure de l’État de New York en fait un don direct de Dieu.
Même si nombre des nouvelles sur ce qui est devenue une “Grande Bataille du Vaccin” [GBV] dans le cadre de la crise-Covid viennent des USA, nous ne rangeons pas ce texte dans la rubrique ‘RapSit-USA2021’ parce que les USA figurent, au côté d’un autre exemple (essentiellement l’Australie), comme un exemple de la globalité de la GBV. Et nous commençons par un extrait de ce textede Glenn Greenwald, impeccable journaliste progressiste-mais-indépendant, nullement soupçonné (jusqu’ici !) de complotisme, assez peu touché (jusqu’ici ?) par la passion de cette bataille.
Greenwald consacre son observation à la résistance grandissante non pas des anti-vaxx extrémistes-complotistes, mais des sceptiques rationnels face au vaccin, doutes et hésitations en pleine expansion, notamment à cause de sa dimension politique partisane et affairiste capitalistique (‘Big Pharma’), autant que de ses effets pervers de créer deux catégories de citoyens, – et, dans le cas US, recréant une sorte d’‘apartheid’des Noirs, mais aussi en partie des ‘Latinos’. Surtout, Greenwald insiste sur l’aspect religieux, – de la religion du Covid assez marquée, désormais à la religion du vaccin qui prend des allures de fondamentalisme...
Les partisans de la vaccination commencent à ressembler aux hordes yankees chantant ‘The Battle Hymn of the Republic’, magnifique chant de bataille rythmé par ses majestueux “Glory ! Glory ! Hallelujah !”, avec la précision charmante que, dans les rangs des rebelles (les Sudistes !), on trouve une forte majorité de la population noire des USA...
« C’est devenu pratiquement une croyance religieuse dans la culture progressiste dominante que les personnes qui ne veulent pas du vaccin COVID sont stupides, ignorantes, immorales et dangereuses. Comme de larges secteurs de la population continuent de remettre en question ou de désobéir à leurs décrets COVID, ils ont commencé à rendre plus explicite cette vision condescendante.
» Les progressistes se sentent libres de les dénigrer en les qualifiant de “stupides”, malgré les disparités raciales de longue date (bien qu'en diminution) au sein de ce groupe. Un titre de CNN datant du mois dernier explicite cet aspect : “Les Noirs de New York ont peut-être les taux de vaccination les plus bas, mais les organisations communautaires refusent d’abandonner.” Citant des données de l'agence de santé de la ville, la chaîne rapportait que “dans toute la ville, seuls 28 % des New-Yorkais noirs âgés de 18 à 44 ans sont complètement vaccinés. La communauté hispanique est l'avant-dernière population la moins bien vaccinée dans cette tranche d'âge, avec 49 %.”
» Il y a deux semaines, Bloomberg a rapporté que si certains des non-vaccinés sont dans l'incapacité de se faire vacciner (en raison de pressions professionnelles ou de problèmes de santé), la plupart d'entre eux sont hésitants par choix et continuent de refléter les disparités raciales. Sous le titre “U.S. Racial Vaccine Gaps Are Bigger Than We Thought : Covid-19 Tracker”, le média a rapporté : “le taux de vaccination des Blancs n’est pas aussi mauvais qu’on le pensait et les communautés hispaniques sont plus à la traîne qu'on ne le pensait".
» Pourtant, les élites progressistes continuent de qualifier de “stupides”, d’ignorants et d’immoraux tous ceux qui ne sont pas vaccinés. Dimanche, la gouverneure démocrate de New York, Kathy Hochul, en annonçant son intention d’utiliser des soldats de la Garde nationale pour remplacer les travailleurs de la santé licenciés pour avoir refusé le vaccin, a déclaré à son public : “Oui, je sais que vous êtes vaccinés, vous êtes les plus intelligents.” Elle a ensuite déclaré que ceux qui refusent de se faire vacciner ne sont pas seulement stupides mais ont tourné le dos à Dieu : “Il y a des gens dehors qui n’écoutent pas Dieu et ce qu’Il veut”. La gouverneure Hochul a ajouté que le vaccin “nous a été donné par Dieu et nous devons dire, merci, Dieu”. Elle a ajouté, à l’intention de ses partisans vaccinés “intelligents” : “J’ai besoin que vous soyez mes apôtres.” »
• ... Ainsi, l’un des “privilèges blancs” les plus inattendus, – non, certainement le plus inattendu et promis à fructifier, surtout dans un jugement venu d’une dirigeante démocrate, est d’être “apôtre de Dieu” ! Puisque les Blancs-moutons américanistes se vaccinent bien plus que les sous-hommes/femmes des minorités de couleur... Quel renversement !
Il est vrai que la gouverneure de l’État de New York, remplaçante d’un Cuomo devenu infréquentable pour cause de harcèlement sexuel, a décidé de mettre à pied(au nom de Dieu) tous les fonctionnaires non-vaccinés de l’État, notamment dans les hôpitaux, et de mobiliser la Garde Nationale pour effectuer un “Grand Remplacement” à mesure. Il est vrai que les BLM se mobilisent pour protester contre l’‘apartheid” établi de facto par cette obligation d’un ‘passe-sanitaire’ pour reprendre une vie à peu près normale ; il est vrai que plus de 200 chefs d’entreprise new-yorkais se sont regroupés pour porter plainte contre le maire de New York qui a précédé sa gouverneure dans ses mesures draconiennes :
« [Plus de 200] propriétaires d’entreprises de la ville de New York s’unissent dans le cadre d’une action collective fédérale pour mettre fin à la tyrannie des vaccins et lutter contre la ségrégation sanctionnée par le gouvernement et introduite par des mandats de vaccination anticonstitutionnels.
» Le 17 août, le maire Bill De Blasio a signé l’ordonnance d’urgence 225, exigeant que tous les établissements intérieurs “ne permettent pas à un client, à un employé à temps plein ou partiel, à un stagiaire, à un bénévole ou à un entrepreneur d’entrer dans les locaux couverts sans présenter une preuve de vaccination et une pièce d'identité portant les mêmes informations d’identification que la preuve de vaccination”.
» Ceux qui n’ont pas la preuve d’un premier vaccin ou d’un résultat de test négatif sont désormais exclus des théâtres, des boulangeries, des cafés, des salles de concert, des salles de sport, des stades, des zoos, des aquariums, des restaurants, des bars et des salles de sport. Ceux qui oseraient falsifier le passeport vaccinal “sacré” risquent une peine de 7 ans de prison. »
• Pendant ce temps, le sympathique Albert Bourla, CEO de Pfizer, nous dit que la pandémie cessera sans doute en 2022, uniquement pour les vaccinés qui devront renouveler annuellement leur bail : toutes ces haies franchies régulièrement pour procurer à Pfizer une rente confortable, « Nous pourrons revenir à une vie normale ».
Parallèlement, deux cadres de Johnson & Johnson, compagnon de route de Pfizer, ont été filmés, plutôt à leur insu que volontairement, parlant à un enquêteur du réseau ‘Veritas.com’. L’un des deux est un scientifique de Johnson & Johnson, l’autre un directeur régional. Bien que les conversations [voir la transcription sur ‘ZeroHedge.com’] aient porté sur la nécessité de vacciner les enfants (aucune, bien entendu), les considérations générales des deux cadres de J&J sur les vaccins Covid sont expéditives :
« Durrant a déclaré qu'il ne recommandait pas de prendre le vaccin de sa propre entreprise. Il a demandé au journaliste de Veritas de garder cette information privée. “Ne prenez pas le vaccin Johnson & Johnson [COVID], – mais je ne vous ai rien dit”.[...]
» Schadt a comparé l'efficacité du vaccin COVID de J&J à celle des autres sociétés pharmaceutiques. “J&J, c'est comme si on mettait les pieds dans le tas de merde le plus odorant qui soit”, a-t-il déclaré. »
• Interrogés sur les moteurs de la production du vaccin (J&J), Durrant et Schadt ont répondu en général : “l’argent et la politique”. L’argent, c’est l’évidence ; pour la politique, un montage présenté le 25 septembre par un abonné au réseau social anti-GAFAM et populiste, ‘Gab.com’, un nommé ‘Patriot.win’ exprime bien ce rôle de la politique partisane dans une Amérique absolument disloquée. Il met en regard deux tweets de Robert Reich, universitaire économiste et sociologue, ancien ministre du Travail (Secretary of Labor) de Clinton en 1993-2000, remarquable durant ces années par son sens social, sa critique du capitalisme, une certaine honnêteté très inhabituelle... Mais où est donc passé cette honnêteté ?
Le premier tweet est du 20 octobre 2020, alors que les vaccins lancés en extrême urgence par Trump le 1er mars 2020 (réunion à la Maison-Blanche des patrons des ‘Big Pharma’), pour être disponible “avant la fin de l’année”, éventuellement (sûrement, disent Reich et les démocrates) pour renforcer ses chances de réélection ; le second date du 29 juillet 2021, Biden devenu président et ordonnant la vaccination obligatoire pour les employés de toutes les entreprises de plus de 100 personnes. Les vaccins en question sont les mêmes en octobre 2020 et en juillet 2021, rien d’objectif n’est venu bouleverser leur perception “scientifique & médicale” :
20 octobre 2020 : « S’il vous plaît, pour l’amour de Dieu, ne vous précipitez pas sur ces vaccins dangereux développés pour des objectifs politiques. »
29 juillet 2021 : « Chaque entreprise aux USA devrait exiger de tous ses employés qu’ils se fassent vacciner. Point final. »
• Effectivement, la politique est partout et ne cesse d’être de plus en plus présente, en dépassant le cadre national (seule la France s’imagine être seule dans l’embarras où elle se voit). Comme d’habitude, la globalisation marche essentiellement pour l’extension des crises, nullement pour la coopération et la résolution de ces crises (ce qui ne survient plus, désormais). Ainsi, le cas du gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui présente deux situations :
1). le chef d’un État US qui refuse absolument la vaccination obligatoire et le passe-sanitaire, montrant par là (comme l’État de New York dans le sens contraire) l’affirmation des pouvoirs intermédiaires qui renforcent leur souveraineté ;
2). Le même DeSantis se tourne vers l’extérieur, l’Australie précisément, où la ‘doctrine’ officielle est de plus en plus : “Nous ne reviendrons jamais à la voie normale, pré-Covid”. Dans un discourset d’une façon tout à fait inédite et extraordinaire pour un gouverneur d’État, DeSantis juge si sévèrement la situation dans ce pays qu’il la compare à la Chine, avec une pensée implicite pour Biden et ses “édits” (dont certains sont radicalement contestés par DeSantis devant les tribunaux, sinon refusés) :
« Non seulement DeSantis dit de façon très précise que l’Australie n'est pas un pays “libre” à l’heure actuelle mais il va plus loin et touche à un point que j’ai déjà mentionné par le passé. Pourquoi le gouvernement des États-Unis ignore-t-il la tyrannie en Australie alors que nous la décrierions si elle se produisait en Chine ? Comme l'insinue DeSantis, il est assez inexcusable que nous maintenions les mêmes relations diplomatiques avec un pays qui se comporte comme l’Australie.
» Je sais que cela semble fou, mais ce n’est pas parce qu’un pays a fait partie de l’ordre démocratique occidental qu’il doit bénéficier d’un laissez-passer pour commettre des violations flagrantes des droits de l’homme. Et je ne parle pas des “violations des droits de l’homme” mises en avant par la gauche mondiale concernant les règles de vote ou les inégalités supposées. Je parle de la police australienne qui casse littéralement des têtes pour non-respect des mandats de masquage.
» Comme le demande DeSantis, l’Australie est-elle aussi libre que la Chine en ce moment ? Il ne le sait pas, et je ne le sais pas. Bien sûr, j'aimerais penser que les Australiens ne franchissent pas certaines limites que les Chinois pourraient franchir, mais pourquoi le supposer à ce stade ? »
L’ensemble de ces nouvelles, ponctuées de diverses interventions concernant la valeur des vaccins, montrent à la fois une intense radicalisation et une intense politisation de la crise-Covid. L’observation très spécifique qu’elle implique concerne une étonnante universalité politique, c’est-à-dire une dynamique crisique qui touche quasiment tous les domaines et tous les échelons. On voit très souvent aujourd’hui, c’est un fait sur lequel nous insistons beaucoup, une activité beaucoup plus grande des gouverneurs des États US que de l’administration fédérale ou du Congrès.
Dans les cas exposés, on trouve effectivement deux tendances qui dessinent une sorte de dualité compétitive de perspective : un renforcement à la limite de l’extrême de la démocratie morphant en une “démocrature” pour l’État de New York, une extension complètement nouvelle vers l’extérieur, et surtout en rupture totale avec les orientations habituelles des USA puisqu’il s’agit de l’Australie anglo-saxonne.
(Que dire du téléscopage des déclarations de DeSantis avec le choix stratégique des sous-marins et du traité AUKUS offerts [imposés] en grandes pompes par Washington D.C. à l’Australie, récipiendaire pour l’occasion du titre d’“allié le plus proche des États-Unis” régulièrement distribué à l’un et à l’autre ? Que dire de la “théologisation” du vaccin à nous donné par Dieu Lui-même, par l’intermédiaire gracieux de la gouverneure de l’État de New York, en forte contradiction avec les tendances progressistes-sociétales et fort peu inclinées à la religiosité de son propre parti démocrate ? Rien, sinon qu’il s’agit de quelques séquences animées du ‘New Normal’.)
Ce qui est également remarquable, c’est la radicalité de positions inconciliables, d’entités placées pourtant dans des zones communes, de fédération ou de coopération. Ainsi l’État de New York évolue-t-il vers une structure qui n’est plus loin de celle de l’Australie, que le gouverneur DeSantis, de l’État-“frère” de Floride, dénonce quasiment comme tyrannique. Ainsi retrouve-t-on “grâce” à la crise-Covid encore plus que par d’autres voies, des tensions semblables à celles qu’on trouve au sein de l’UE, entre les pays “traditionnels” (Hongrie, Pologne, etc.) et le reste.
Le Covid est une belle trouvaille. En plus d’être une crise sanitaire et politique lui-même, il est à la fois détonateur, révélateur, accélérateur d’une myriade d’autres crises. En même temps, il participe avec entrain à la parcellisation de la globalisation, comme si la globalisation, – qui, par exemple, donne plus d’espace à certains États de l’Union aux USA pour prendre des initiatives politiques extérieures, – donnait à ceux qu’elle affecte les meilleurs outils possibles pour la désagréger...
Mis en ligne le 29 septembre 2021 à 13H50