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6372Un lecteur de bon aloi nous a signalés ce texte à notre attention, éveillant effectivement notre intérêt. La principale raison en est la personnalité et les attitudes professionnelles habituelles de l’auteur par rapport au sujet traité qui est celui des accusations de machination chinoise dans, – pour l’extrême de ces accusations, – la conception, la fabrication et la diffusion de Covid19. L’auteur est l’ancien diplomate indien M.K. Bhadrakumar, qui tient depuis plusieurs années un site (Indian Punchline), qui est repris par divers sites de grandes audiences, comme Asia Times.
Nous-mêmes avons souvent cité M.K. Bhadrakumar, comme une source expérimentée, jusqu’à en faire un de nos titres sur l’importante matière du DeepState ; source surtout intéressée par les questions diplomatiques et stratégiques plutôt “par le haut” que par les souterrains des machinations improbables ; par conséquent disposant de nombreux contacts dus à sa carrière diplomatique comme ambassadeur de l’Inde, notamment à Moscou, en Chine, en Iran et en Turquie, etc. Depuis les années où nous l’avons suivi (beaucoup moins ces dernières années, simplement parce que nous abordons nos sujets d’intérêt sous un angle de plus en plus métahistorique), nous avons vu sa défiance et sa critique de la politique américaniste ne cesser de grandir et de s’affirmer.
Pour autant, Bhadrakumar est et reste dans sa culture diplomatique. C’est-à-dire que sa vision critique s’appuie sur cette sorte de sujets, et bien peu sur les polémiques, notamment plus ou moins complotistes, qui ne cessent de voler dans tous les coins, et d’ailleurs aussi bien sinon plus venues des milieux officiels des dirigeants-Système dans les pays qui vont bien, qui font profession de dénoncer le complotisme. C’est par conséquent avec d’autant plus d’intérêt qu’il faut accueillir cette incursion de Bhadrakumar dans l’une des polémiques les plus “chaudes” autour de Covid19, qui est l’affirmation par divers milieux dirigeants des USA que la Chine a elle-même fabriqué le Covid19 comme arme de guerre biologique, bien entendu contre les USA.
Bhadrakumar présente une intervention de l’ambassadeur de Chine à Moscou, qu’il faut évidemment prendre comme une affirmation indirecte du gouvernement chinois. L’ambassadeur Zhang détaille la généalogie de Covid19, qu’il fait se déplacer hors de Chine, peut-être même vers les USA... C’est ce que semble laisser penser la dernière phrase du texte de Bhadrakumar :
« Le diplomate chinois a clairement laissé entendre que la piste du Covid-19 peut être et sera remontée scientifiquement. Trump aura un sérieux problème s’il s’avère que la grand-mère, le grand-père et l’arrière-grand-père du Covid-19 sont en fait domiciliés aux États-Unis. »
Si Bhadrakumar écrit cela, lui qui a l’habitude de préférer les faits, même officieux, aux hypothèses gratuites, c’est bien qu’il a peut-être des indications précises à cet égard. Comme par hasard ou par un fait exprès, au moment où nous reprenons ce texte en soulignant ce paragraphe le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères Geng Chuan répond sans barguigner à une question sur certaines critiques que les médias US soulèvent quant à l’attitude du gouvernement vis-à-vis de Covid19. Sa réponse peut aussi bien ressembler à un avertissement lancé à Trump du type “Nous savons des choses et pourrions en lâcher si le ‘China bashing’ se poursuit aux USA”, – et en cela rejoignant certaines des déclarations de l’ambassadeur Zhang à Moscou, qu’on lit dans le texte :
« Récemment, de nombreuses voix se sont élevées aux États-Unis pour s'interroger et s’inquiéter sur la question de savoir si le gouvernement américain a réagi à l’épidémie de manière opportune et efficace... [...] Elles veulent connaître les faits : quand le premier cas s’est-il produit aux Etats-Unis ? Le gouvernement américain cache-t-il quelque chose ? Pourquoi cherche-t-il si désespérément à faire porter le chapeau à d’autres pays et organisations internationales ? »
On trouve un très grand nombre d’articles de chroniques, de tribunes consacrés à cette question de l’antagonisme entre les deux puissances. Il faut lire ce long article de Ron Unz, décrivant le comportement de la Chine qu’il dénonçait il y a 20-30 ans comme un pays infréquentable et qu’il réhabilite aujourd’hui avec un luxe considérable de détails et de références qui en font une source de grande qualité. A l’inverse, Amir Taheri, un des journalistes iraniens (en Iran jusqu’en 1979) qui étaient les plus proches du Shah et qui a hérité de la présidence du Gatestone Institute, forteresse neoconrichement dotée, publie cet article où la mise en cause des Chinois par certitude-sans-preuve-nécessaire passe même par une mise en cause de The Economistpour manque de confiance dans la puissance des USA :
« “La Chine est-elle gagnante” ? C’est le titre que l’hebdomadaire britannique The Economist a choisi au début du mois pour un long reportage sur la façon dont les grandes puissances pourraient sortir de la crise actuelle du coronavirus.
» Ce n’est pas la première fois qu’une part des médias occidentaux, dont The Economist fait souvent partie, déclarent les démocraties occidentales, en particulier les États-Unis, perdants par rapport à leurs rivaux et/ou ennemis. »
La querelle sur les accusations US contre la Chine, qui pourrait se retourner dans l’autre sens, n’est pas qu’une polémique exotique au parfum complotiste émanant de ceux-là même qui dénoncent le complotisme. Elle a une dimension générale, sinon globale, renvoyant à l’hostilité des deux plus grandes puissances du monde, d’une façon qui accentue le blocage de la machinerie du Système, en compromettant les grandes lignes de coopération économique qui sont vitales pour la survie de la globalisation et du capitalisme, tous deux actuellement plongés dans un coma artificiel pour cause d’acharnement thérapeutique, – car Covid19 frappe partout et qui il veut, c’est bien connu. Tout cela accélère la Grande Crise (GCES) en la rendant encore plus incontrôlable.
D’ores et déjà, à l’heure d’un “déconfinement” qui met en lumière les signes inquiétants d’hésitation, sinon d’une quasi-paralysie des directions occidentales, en même temps qu’elle suscite des réactions psychologiques de plus en plus exacerbées de la part des populations, les observations, appréciations, visions prospectives des sources les plus vantées égrènent comme à plaisir les affirmations catastrophiques. Citons-en deux, au hasard, en piochant dans une liste interminable, avec comme d’habitude un choix qui privilégie la “nation exceptionnelle” :
• De la part de la direction de Boeing, cette société géante de l’aérospatiale, qui s’y connaît en catastrophes et en effondrement, cette prévision effectivement catastrophique concernant l’industrie aérospatiale et l’industrie du transport aérien :
« Le PDG de Boeing, David Calhoun, a déclaré lors d'une réunion en ligne des actionnaires qu’il faudrait “un certain temps avant que le dividende ne revienne”, décrivant la situation “comme rien de ce que nous avons jamais connu auparavant”.
» “Il faudra des années avant que cela ne revienne aux niveaux pré-pandémiques. Nous sommes dans un environnement imprévisible et en rapide évolution, et il est difficile d’estimer quand la situation se stabilisera”, a prévenu M. Calhoun.
» De plus, a-t-il ajouté, lorsque la situation s’améliorera, “le marché commercial se sera contracté et les besoins de nos clients seront différents”. »
• Un conseiller économique de la Maison-Blanche a donné les dernières nouvelles du pays à CNBC, reprises par ZeroHedge.com. Le personnage est très aimable, très souriant, pour annoncer ces nouvelles catastrophiques, sans doute avec le sentiment du devoir accompli, et laissant grandes ouvertes les radieuses perspectives à venir...
« Le conseiller économique de la Maison Blanche Kevin Hassett[...] a déclaré qu’il s'attendait à ce que le taux de chômage se situerait[en mai-juin] entre 16 et 17 % et que le PIB du deuxième trimestre serait “le plus grand chiffre négatif que nous ayons eu depuis la Grande Dépression”, entre – 20% et – 30%.
» “La question est de savoir ce qui se passera ensuite”, a conclu M. Hassett. »
Comme l’on voit, l’agenda de Covid19, directement ou indirectement, est extrêmement fourni et embrasse effectivement la Grande Crise d’Effondrement du Système, comme s’il l’avait effectivement activée, – ce qui est évidemment le cas. Ici, l’on en revient au seul différend sino-américaniste, apprécié par M.K. Bhadrakumar. Le traduction française du texte initial, réalisée par Corinne Autey-Roussel, a été mise en ligne par le site Entelekheiale 23 avril 2020, sous le titre « Le Covid-19 a une grand-mère, un grand-père et un arrière grand-père. Où sont-ils ? »
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La recherche dans la genèse de Covid-19 est en train de virer au feuilleton épique. A la suite des insinuations du président américain Donald Trump – « virus de Chine », « virus de Wuhan », etc. – aux implications politiques et stratégiques explosives, Pékin est aujourd’hui plus déterminé que jamais à aller au fond des choses.
Ce qui est une bonne chose, car maintenant que Pékin a été piqué au vif et qu’il est en mode turbo, cette histoire sortira tôt ou tard dans le domaine public.
Dans un geste inhabituel le week-end dernier, l’envoyé de la Chine à Moscou, Zhang Hanhui, a suggéré que l’histoire du Covid-19 ne fait que commencer et que des surprises sont en réserve pour la communauté mondiale.
Il est inconcevable que l’ambassadeur Zhang se soit exprimé sans l’accord de Pékin. Il est significatif que le diplomate chinois ait choisi l’agence de presse publique russe Tass pour faire quelques révélations surprenantes. Selon l’ambassadeur,
• Cinq organisations scientifiques chinoises de premier plan ont recueilli les données de 93 spécimens du génome du Covid-19 publiés dans une base de données mondiale basée sur les contributions de 12 pays sur quatre continents différents.
• Les recherches ont montré que le premier « ancêtre » du Covid-19 est un virus connu sous le nom de mv1, qui a ensuite évolué vers les haplotypes H13 et H38. (Un haplotype est un groupe de gènes hérité d’un seul parent au sein d’un organisme).
• A leur tour, les H13 et H38 ont évolué en un haplotype de deuxième génération – H3 – qui a ensuite évolue en H1 (Covid-19).
• En d’autres termes, le “père” du Covid-19 est le H3 ; ses “grands-parents” sont le H13 et le H38 ; et son “arrière-grand-père” est le mv1.
• Or, bien que le virus qui a été découvert sur le marché des fruits de mer de Wuhan soit bien de la variété H1 (Covid-19), seul son “père”, le H3 a été repéré à Wuhan – et PAS sur le marché des fruits de mer.
• Il est important de noter que les “grands-parents” du Covid-19 – le H13 et le H38 – n’ont jamais été repérés à Wuhan.
« Cela suggère que le H1 a été apporté au marché des fruits de mer par une personne infectée, ce qui a déclenché l’épidémie. La séquence génétique ne peut pas mentir ». (Ambassadeur Zhang)
Il suffit de dire que la source originelle de la propagation de Covid-19 reste à déterminer et que la piste pourrait aller dans n’importe quelle direction. À l’heure actuelle, bien que le Covid-19 ait été découvert pour la première fois à Wuhan, son origine exacte reste encore à déterminer.
En attendant, il existe des signes révélateurs. Ainsi, l’ambassadeur Zhang a expliqué :
1. Un couple marié du Japon a contracté le Covid-19 alors qu’il se trouvait à Hawaï (où est basé le commandement des Pacific Air Forces américaines) entre le 28 janvier et le 3 février, bien qu’il n’ait pas visité la Chine et n’ait pas été en contact avec une quelconque personne chinoise. Le mari a eu des symptômes à partir du 3 février.
2. Les médias ont rapporté que le Covid-19 est apparu pour la première fois en Lombardie, dans le nord de l’Italie, dès le 1er janvier.
3. Selon le médecin spécialiste italien de renom Giuseppe Remuzzi, l’épidémie de Covid-19 avait même commencé à se propager en Italie avant d’avoir débuté en Chine.
4. Le virologue américain bien connu Robert Redfield – actuellement directeur des Centers for Disease Control and Prevention (CDC, le principal institut fédéral de santé publique des États-Unis) et administrateur de l’Agency for Toxic Substances and Disease Registry (une agence fédérale de santé publique basée à Atlanta, Géorgie) – a émis l’hypothèse selon laquelle un certain nombre de décès dus à la grippe aux États-Unis pourraient en fait avoir été causés par le Covid-19, mais les États-Unis n’ont pas effectué de tests à ce sujet à l’époque. (On estime que 80 000 Américains sont morts de la grippe et de ses complications l’hiver dernier).
5. Il est assez surprenant de constater que l’Italie a voulu retracer le premier cas d’infection par le Covid-19 en procédant à l’exhumation de victimes alléguées de la grippe aux États-Unis, mais ces derniers ont catégoriquement refusé de l’autoriser.
Cependant, la science et la technologie contemporaines sont bien équipées pour remonter la piste du Covid-19 et il est absolument certain que « tôt ou tard, le jour viendra où tout ce qui a été dissimulé sera révélé ». (Ambassadeur Zhang)
Il est intéressant de noter que depuis la publication de l’interview de l’ambassadeur Zhang par Tass, le président Trump a modéré ses allégations précédentes de complicité et d’intentions malhonnêtes de la part de la Chine. Alors que Trump avait menacé Pékin de représailles, il a depuis revu sa position et a déclaré samedi lors d’un point de presse à la Maison Blanche :
« Vous savez, la question a été posée :“Seriez-vous en colère contre la Chine ?” Eh bien, la réponse pourrait bien être un “oui” très retentissant, mais cela dépend : S’agit-il d’une erreur qui a échappé à tout contrôle ou a-t-elle été commise délibérément ? D’accord ? C’est une grande différence entre les deux. Dans les deux cas, ils auraient dû nous laisser y aller. Vous savez, nous avons demandé à y aller très tôt, et ils ne voulaient pas que nous entrions. Je pense qu’ils étaient gênés. Je pense qu’ils savaient que c’était quelque chose de mauvais, et je pense qu’ils étaient gênés ».
Trump n’est plus catégorique sur la culpabilité de la Chine. Il ne s’agit plus d’une affaire entendue. Elle est probablement négociable. Trump s’est exprimé deux jours seulement après la parution de l’interview de l’ambassadeur Zhang.
Le diplomate chinois a clairement laissé entendre que la piste du Covid-19 peut être et sera remontée scientifiquement. Trump aura un sérieux problème s’il s’avère que la grand-mère, le grand-père et l’arrière-grand-père du Covid-19 sont en fait domiciliés aux États-Unis.
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