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561117 juillet 2019 – Nous avons mis en ligne hier un texte sur une bataille entre les habituels compétiteurs à “D.C.-la-folle” (Trump et Trumphaters), où le tweet joue un rôle essentiel. Bien entendu, nous avions à l’esprit le développement que constitue ce F&C...L’idée centrale de ce texte est de cerner, d’identifier, de comprendre, non seulement l’usage du tweet en politique, mais toute la problématique des “réseaux sociaux” en général. Nous commençons en en parlant principalement pour les élites, mais en passant plus largement à pour tout ce qui constitue la société quasi-globalisée (le “village global”, disons). Nous considérons le problème dans son sens d’abord politique, mais nullement en isolant ce domaine, au contraire en l’offrant comme base de départ du théâtre d’un véritable effondrement intellectuel qu’on pourrait désigner comme une “zombification”.
Essentiellement du fait de l’intrusion de Trump sur la scène politique, comme président des États-Unis, le tweet joue désormais un rôle essentiel, d’abord dans le domaine du système de la communication dont nombre de personnes oublient, sinon ignorent qu’il est beaucoup plus vaste que le seul champ du “spécialiste de la com’”, ou “communiquant”, faux-nez pour donner un aspect honorable à la fonction de propagandiste. En fait, le système de la communication tel que nous l’entendons, et tel qu’il doit être entendu à notre sens en fonction de l’importance considérable de son rôle, comporte aussi bien la création de narrativeque la recherche des vérités-de-situation, que l’information elle-même, lorsqu’elle est perçue comme une “matière” neutre sinon inerte (plutôt qu’objective, ce qu’elle n’est pas) une fois qu’elle s’est incarnée pour être perçue.
Lorsque Trump est apparu et a commencé à manier le tweet, la réaction de rejet a été général, – aussi bien du nouveau président lui-même que de sa manie des tweets, considérés avec mépris comme objet de communication, sinon objet de caprices d’humeur, appelé à disparaître peu à peu et, dans tous les cas, à ne rien signifier de fondamental dans l’ordre du politique. L’idée était que “la fonction créerait l’organe”, c’est-à-dire ferait de Trump un président, certes médiocre mais dans tous les cas maîtrisés et devant suivre les us et coutumes de la présidence. Il n’en fut rien : il apparut peu à peu que Trump fonctionnait “aux tweets”, qu’il transmettait des décisions, des penchants, des intentions, des soupçons, des satisfactions, etc., pour en obtenir des effets politiques d’autant plus assurés qu’ils étaient bruyants, bref qu’il déroulait sa vraie politique trumpiste avec tout ce que qualificatif contient d’aléatoire et de simulacre de téléréalité.
L’ère du tweet était donc née.
A ce point, précisons le plus clairement possibles les choses pour la question étudiée : nous n’applaudissons pas Trump ni ne le maudissons, nous constatons un fait. Tout le monde jurait que ce bouffon abandonnerait le “tweetisme” pour rentrer dans le rang de la politique-pépère (ou disons la face d’apparat de la politiqueSystème que représente un président “normal”), mis au pas par le DeepState et la confédération des dirigeants-BAO. Il n’en fut rien. Le bouffon était bien un bouffon mais il fit de plus en plus usage du tweet et, bientôt, fit bien sa politique d’abord par le “tweetisme”. Cela ne signifie certainement pas qu’il s’agisse de la panacée, d’une nouvelle sorte “géniale”, “postmoderne”, de politique mais plus simplement et dirions-nous au contraire qu’il n’y a plus rien de structuré, plus aucune politique élaborée humainement pour résister à quoi que ce soit, et notamment au “tweetisme” du bouffon.
On s’en est aperçu clairement, notamment au fait que le DeepState s’est dégonflé comme une vieille baudruche usée et n’a eu ni la peau, ni la conduite selon les normes-marionnette du président-bouffon. Pour le reste, on a compris que les hommes politiques du club-BAO, ceux qui entendaient faire rentrer Trump dans le rang, ne sont que l’ombre de l’ombre médiocre d’une politique à l’agonie, véritables zombieSystème sans aucune capacité. Voilà pourquoi l’homme aux tweets les a vaincus, sinon convaincus : le triomphe du tweet dans la politique, essentiellement via Trump, est d’abord et essentiellement une mesure de l’effondrement absolu de la politique dans le bloc-BAO au profit de la dictature du politiquement correct et de la bienpensance. Cette dictature est d’autant plus totalitaire qu’elle est totalement vide et stupide, et réduite effectivement à une « nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface » (nous empruntons justement et volontairement une définition des réseaux sociaux qu’on retrouve plus loin).
Effectivement donc, aujourd’hui la politique se fait notablement par les tweets. On a pu le voir encore hier où l’ouragan de tweet de Trump du week-end a provoqué un énorme chaos à la Chambre des Représentants US avant que la pitoyable direction démocrate fasse voter une motion accusant personnellement le président de “racisme”, – une démarche législative sans guère de précédent et à la limite de la légalité ; ce qui conduisit Trump à comparer (en tweet) les quatre députées démocrates impliquées dans cette tragédie-bouffe aux “Quatre cavali(è)r(e)s de l’Apocalypse”. On voit également, avec un échange acerbe entre l’ancienne conseillère pour la sécurité nationale d’Obama Susan Rice et un diplomate chinois, que Trump n’est pas du tout seul à faire de la politique-tweeteuse, et que cette “politique” est effectivement réduite à une « nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface » (accusations réciproques de “racisme”, bien entendu, à l’initiative de Rice, les américanistes-occidentalistes étant des maîtres de la stupidité sociétale).
Ce phénomène élargie à la question des réseaux sociaux est analysé dans un article du professeur de droit Glenn Reynolds, que nous citions dans le texte déjà référencé, dans ces termes :
« Dans un article sur lequel nous reviendrons, le professeur de droit de l’Université du Tennessee Glenn Reynolds analyse l’extraordinaire appauvrissement de la pensée qu’implique l’usage intensif des réseaux sociaux, “avec [leur] nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface”. Il donne une place particulière, – la pire, et de loin, – à Twitter, dont il remarque qu’il « semble être le plus utilisé par les personnes mêmes, – les experts, les journalistes politiques, l'intelligentsia, – les plus importantes pour le type de débat qu’Emerson considérait comme essentiel [‘pour examiner la connaissance et découvrir la vérité’].
» En fait, la corruption de la classe politique/intellectuelle par les médias sociaux est particulièrement grave, car leur descente dans une polarisation irréfléchie peut ensuite s'étendre au reste de la population, même à la grande partie qui n’utilise pas elle-même les médias sociaux, par les canaux traditionnels. »
Nous allons reprendre deux passages de cet article, – la première partie introductive et la conclusion, – qui nous conduiront à structurer et à développer une réflexion sur l’état de la politique aujourd’hui, notamment de la politique par le biais des réseaux sociaux, principalement “le pire d’entre eux” (Twitter) pour ce raisonnement, et au-delà l’état “de la civilisation” si l’on veut, ou encore l’état de la Crise Générale d’Effondrement du Système. Nous devons aussitôt préciser dans une sorte d’avertissement que nous ne considérons pas les réseaux sociaux comme responsable de cet abaissement extraordinaire de la politique et de la psychologie que l’on constate, dans cet article mais également pour notre compte et depuis si longtemps, mais bien comme des outils dont on use parce que l’esprit de la civilisation en cours d’effondrement s’est abaissée à tel degré dans les abysses que cette situation permet d’employer de tels outils.
(L’article du professeur Glenn Reynolds est publié d’abord dans TheCollegeFixle 15 juillet 2019, repris par ZeroHedge.com le même 15 juillet 2019. Le titre en est : « Technologies toxiques : comment les médias sociaux nous rendent idiots, furieux, – et dépendants ». Il s’agit d’une adaptation évidemment résumée du livre L’Insurrection des Médias Sociauxdu même auteur.)
« Il y a quelques années, j'ai remarqué que j'aimais beaucoup lire dans les avions et je me suis demandé pourquoi. Après réflexion, j'ai réalisé que c'était parce que je n'étais pas distrait par la tentation de vérifier un appareil de temps en temps, permettant à la lecture d'être le genre d'expérience immersive que je considérais autrefois comme acquise.
» Aujourd'hui, je me fais un point d'honneur de me déconnecter tous les soirs, assis avec un roman et un verre de vin, l'ordinateur et le téléphone hors de portée. J'essaie de faire la même chose quand je lis pour le travail plutôt que pour le plaisir, en mettant mes appareils de côté pour que je puisse lire profondément et vraiment penser aux choses, mais c'est toujours une lutte. Et je ne pense pas que je suis seul.
» Je ne suggère pas quelque chose d'aussi simpliste que les livres sont bons et qu’Internet est mauvais. Il n'y a rien de fondamentalement bon dans les livres en tant que tels, – Das Kapital et Mein Kampf sont à la fois des livres aux conséquences meurtrières, et des livres qui n'ont évidemment rien fait pour améliorer la pensée critique de leurs lecteurs.
» Mais la capacité de lire et de réfléchir en profondeur est précieuse, et elle est aujourd’hui mise de côté sans raison particulière. Comme le fait remarquer Fulford, “les universités signalent que les étudiants évitent maintenant de s'inscrire à des cours de littérature du XIXe siècle. Ils réalisent qu'ils ne peuvent plus travailler avec Dickens ou George Eliot”.
» Dans son classique ‘The System of Freedom of Expression’, Thomas Emerson, spécialiste du Premier Amendement à Yale, a écrit :
» “La liberté d'expression est un processus essentiel pour examiner la connaissance et découvrir la vérité. Un individu qui cherche la connaissance et la vérité doit entendre toutes les facettes de la question, considérer toutes les alternatives, tester son jugement en l'exposant à l'opposition, et faire pleinement usage des différents esprits.”
» Le genre de débat communautaire multipolaire, vaste et profond qu'Emerson considérait comme la clef de notre système de liberté d'expression est en contradiction totale avec la nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface des médias sociaux.
» Il est malheureux que les médias sociaux non seulement rendent un tel débat plus difficile sur leurs plates-formes, mais aussi, semble-t-il, connectent les cerveaux des gens d'une manière qui rend ce débat plus difficile que dans n’importe quelle autre condition. Cela est aggravé par le fait que Twitter, en particulier, semble être le plus utilisé par les personnes mêmes, – les experts, les journalistes politiques, l'intelligentsia, – les plus importantes pour le type de débat qu’Emerson considérait comme essentiel.
» En fait, la corruption de la classe politique/intellectuelle par les médias sociaux est particulièrement grave, car leur descente dans une polarisation irréfléchie peut ensuite s'étendre au reste de la population, même à la grande partie qui n’utilise pas elle-même les médias sociaux, par les canaux traditionnels.
» Twitter est aussi la plus dépouillée des plateformes de médias sociaux, et donc la plus illustrative des failles de base des médias sociaux. Tout comme les gens tristes qui tirent à répétition sur les leviers des machines à sous des stations-service illustrent l'essence du jeu sans le glamour distrayant des casinos et des hippodromes, Twitter, sans se concentrer sur les “amis” ou les photos, ou autres accessoires, affiche la nature politique humaine telle qu’elle se manifeste dans les réseaux sociaux dans la pire situation possible. »
Dans la suite, Reynolds examine la question de la dépendance, l’addiction extraordinaire aux réseaux sociaux, d’une façon totalitaire qui (c’est notre réflexion) renforce décisivement l’individualisme et enferme l’individu dans une “bulle” en débouchant sur le paradoxe qu’une connexion maximale sur le système de la communication implique une rupture totale avec la vérité-du-monde. Ce point est surtout acquis grâce à l’arrivée massive des “téléphones intelligents” avec toutes les fonctions d’un ordinateur, qui enferme l’individu, quasiment d’une façon continue, dans une sorte d’univers fermé, fait de lui et de son portable.
Ayant montré cette addiction extraordinaire que la technologie (“téléphones intelligents”) suscite par rapport aux réseaux sociaux, – ou “médias sociaux”, – le professeur Reynolds conclue d’une façon plus générale, élargissant le champ de la réflexion au-delà de la politique qui est le biais que nous avons choisi pour aborder ce sujet, pour embrasser la question générale de la psychologie des êtres humains confrontés à cette pression et à cette addiction. (Nous avons marqué en gras les passages qui retiennent surtout notre attention.)
« J'ai trouvé cette observation sur Twitter : “L’Internet reconnecte les cerveaux et les relations sociales. Cela pourrait-il produire une dépression nerveuse civilisationnelle ?” Et j'ai lu un autre article dans lequel il est dit que la dépression chez les adolescents a monté en flèche entre 2010 et 2015, lorsque les téléphones intelligents ont pris le dessus. Je me suis demandé si nous ne serions pas dans la même dynamique que les villes néolithiques [qui étaient détruites par des épidémies], mais du fait de la menace d’une autre sorte de virus, que l'on pourrait appeler des virus de l'esprit : des idées toxiques et des émotions qui se propagent comme des feux de forêt.
» Ces dernières années, nous sommes passés d'une époque où les idées se répandaient relativement lentement à une époque où les médias sociaux, en particulier, leur permettent de se propager comme des feux de forêt. Il y a quelques centaines d'années, les idées se répandaient principalement de bouche à oreille, ou par les livres, qui devaient voyager physiquement. Ensuite, ils se sont répandus par le biais des journaux. Désormais, ils se répandent à la vitesse de la lumière, et sont partagés presque aussi rapidement, d'un simple clic de souris.
» Parfois c'est bien, quand ce sont de bonnes idées. Mais la plupart des idées sont probablement mauvaises. Peut-être ne connaissons-nous pas les vecteurs de maladies mentales que nous libérons par inadvertance, tout comme ces premières civilisations ne comprenaient pas les vecteurs de maladies physiques dont elles faisaient la promotion. Dans la société d'aujourd'hui, cela semble certainement plausible. »
... Nous dirions plus encore, et différemment bien entendu, à propos des « vecteurs de maladies mentales que nous libérons par inadvertance » : “Dans la crise d’aujourd’hui, cela semble tout simplement inévitable”. Ici, il nous paraît important d’apporter une précision qui nous démarque de ce qui nous paraît une ambiguïté sinon une voie contestable selon nous dans le texte du professeur Reynolds : « ...des idées toxiques et des émotions qui se propagent comme des feux de forêt... [...] Parfois c'est bien, quand ce sont de bonnes idées. Mais la plupart des idées sont probablement mauvaises. » La même remarque vaut quand il semble prendre à son compte cette remarque trouvée sur Twitter : “L’Internet reconnecte les cerveaux et les relations sociales... »
Cette dernière phrase citée est suivie, toujours du même message trouvé sur Twitter, de cette remarque fondamentale (souligné en gras par nous) : « Cela pourrait-il produire une dépression nerveuse civilisationnelle ? » ; et certes renforcée plus loin par cette question quasiment en conclusion : « Peut-être ne connaissons-nous pas les vecteurs de maladies mentales que nous libérons par inadvertance... » Il y a dans ces deux remarques l’idée d’une crise collective de la psychologie, d’une pathologie pouvant prendre une dimension civilisationnelle. Et là-dessus, nous pensons que ce ne sont pas les “idées” qui sont communiquées, non plus que “l’internet” lui-même, avec les idées qu’il véhicule, qui sont la cause de la pathologie. Nous pensons que ce qui est évoqué ici comme cause générale de cette “maladie de la psychologie” (et par conséquent, mais indirectement, “maladie de l’esprit”) peut-être décomposé sous la forme de deux phénomènes, en engendrant un troisième :
• la puissance du phénomène technologique des “téléphones intelligents”, avec la dépendance terrifiante que ce phénomène impose (qui peut être effectivement la cause de dépression), la forme paradoxale de solitude et d’enfermement qu’il crée en créant une “bulle”, ou simulacre d’univers fermé, et en réduisant à rien les rapports humains, en les remplaçant par des connexions automatiques et technologiques qui déshumanisent l’environnement et suscitent angoisse, dépression, etc. ;
• la rapidité extraordinaire de la diffusion des objets et choses de communication, qui produit un effet par sa dynamique et nullement par son contenu, d’autant qu’effectivement le contenu (les “idées”) est réduit à une sorte de néantisation de la pensée (« ...nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface ») qui accentue tous les effets détaillés par ailleurs.
• L’effet des deux phénomènes est évidemment la néantisation de la pensée, par l’incapacité pour l’esprit d’apprécier les circonstances, et moins encore les “idées” transmises s’il y en a, c’est-à-dire cette impuissance à se ménager ces « expériences immersives », cette précieuse « capacité de lire et de réfléchir en profondeur » dont parle le professeur Reynolds.
Bien entendu, le fait remarquable est que les tranches de la société les plus sensibles à ces effets catastrophiques sont justement les élites, qui s’imaginent avoir leur temps compté par l’importance qu’elles s’attribuent, qui sont toujours à la pointe de la progression des technologies de communication, qui tiennent de toutes les façons pour acquis qu’elles savent et comprennent tout sans nécessité d’expérimentation, de vérification et surtout de méditation. Effectivement comme Reynolds l’observe, cette affection des élites, qui est une affection psychologique beaucoup plus qu’intellectuelle (les élites n’ont plus aucune pensée qu’on puisse vraiment critiquer puisqu’elles se contentent de réciter le Politiquement Correct), fait de graves dégâts en descendant vers le bas, mais peut-être pas dans le sens où il le suggère. Ces dégâts sont, au contraire de la contagion de la néantisation de l’esprit, une forme de plus en plus extrême de colère et de fureur des populations engendrant une véritable haine à l’encontre de leurs élites, dont le vide et la nullité de l’esprit leur sont ainsi exposés quasi-automatiquement, comme sous la forme classique, – “le Roi est nu”.
Le paradoxe des réflexions que nous offre le professeure Reynolds, et que nous retrouvons aisément dans les agitations des politiques qui montrent leur néantisation et nullement leur supériorité, rendant ainsi insupportable leur arrogance (arrogance parce que néantisation), c’est bien que la “zombification” produite par le phénomène ainsi décrit touche d’abord les élites, et nous dirions presque “exclusivement”, car cette zombification si visible, si choquante, loin de “zombifier” la population, provoque au contraire un ressentiment, une colère extraordinaire contre ces élites. A notre sens, nous avons là une explication acceptable des phénomènes qui s’accumulent aujourd’hui, des Gilets-Jaunes aux divers populismes. Cette évolution est largement renforcée par des politiciens hors-normes (des non-politiciens, en fait), dont Trump est l’archétype, qui, par leur comportement, par ce qu’ils sont eux-mêmes, par leur côté bouffon, ridiculisent la politique et donc toute la classe politique ; finalement, les Trump divers, qui choquent tant les élites néantisées, ne cessent de montrer par l’absurde que la politique peut être réduite à une « ...nature primaire, tribale et basée sur des slogans de surface », et participent donc avec une exceptionnelle efficacité à la démythification de la classe politique en la montrant dans toute sa zombification. Au fond, Trump nous dit : “Regardez, je ne connais rien à la politique, je m’en fous, j’agis sans le moindre respect des règles, et pourtant je me les fais tous sans qu’ils ne puissent rien faire ; c’est donc qu’ils ne valent plus rien, puisqu’ils valent moins que moi...”
Si tous ces phénomènes renvoient aux diverses anticipations pessimistes (Le meilleur des mondes, 1984, Fahrenheit 451, etc.) dans leur orientation, les effets sont exactement inverses malgré l’univers concentrationnaire qu’on nous promet d’une façon quasiment ouverte depuis 9/11 : le totalitarisme qui s’installe, qui se voudrait “doux”, est identifié comme tels par ceux qui le subissent, le forçant à tenter de se durcir, – chose encore plus difficile quand le Politiquement Correct ne cesse de marmonner et de balbutier à propos de la démocratie et du reste, – l’ensemble accentuant la sensation de ressentiment et de colère contre les élites. L’empire pourrit par la tête, non seulement parce que c’est de bonne tradition, mais surtout parce qu’il s’est inventé les moyens de ce pourrissement et qu’il en use à la folie, emporté par l’ivresse de l’expérience ; et le fait est que ce qu’il suscite finalement chez les populations diverses alertées par l’odeur n’est pas une extension à elles-mêmes du pourrissement mais une colère contre ce pourrissement.
Tout cela n’a rien à voir avec les idées, les idéologies, les conceptions intellectuelles, mais avec les simples processus psychologiques que ces divers événements et phénomènes ne cessent de susciter, d’exciter, d’accroitre, d’accélérer. C’est dans ce sens que les remarques déjà relevées nous conviennent tout à fait et rejoignent des hypothèses que nous avons déjà présentées, sur le caractère collectif de phénomènes psychologiques, les « maladies mentales que nous libérons par inadvertance... », c’est-à-dire peut-être « une dépression nerveuse civilisationnelle » constituant le facteur décisif du paroxysme décisif et libérateur de la Grande Crise d’Effondrement du Système. En effet, le Système s’effondrera simplement par manque d’hygiène des fonctions vitales.
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