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147218 juin 2014 – L’Irak a-t-elle fait oublier l’Ukraine ? Ou, question posée autrement, de façon plus appuyée : la crise irakienne est-elle survenue à point pour faire oublier la crise ukrainienne ? On a fort peu lu ni entendu d’explications bien informées sur une sorte de “stratégie de crises” comme il est coutume d’envisager parfois. C’est un exercice dialectique qui ne déplaît pas d’habitude aux mêmes esprits qui échafaudent les scénarios explicatifs des divers Grands Jeux et “complots” manipulateurs (en général du chef des USA) expliquant tel ou tel événement inattendu. On n’a guère entendu ni lu, par exemple, d’hypothèses concernant la corrélation possible entre la crise irakienne et la crise ukrainienne, notamment du point de vue de la communication ; puisque certains en sont à dire que l’offensive d’ISIS en Irak a été manipulée par les mains obscures et expertes qu’on sait, pourquoi ne pas pousser l’hypothèse et avancer que la crise irakienne vient à point pour détourner l’attention de l’Ukraine alors que la bande de Kiev poursuit son entreprise de liquidation (de tentative de liquidation) de la révolte du Donbass ? Ainsi les belles âmes humanitaires du bloc BAO n’auraient-elles pas quelque vague remord à détourner le regard des bombardements divers des villes et villages de la zone, puisque la crise irakienne force à ce détournement, le rend presque nécessaire et le justifie parfaitement.
... Mais l’hypothèse est absurde, parce que “les belles âmes humanitaires” n’éprouvent aucun “vague remord”, ignorant parfaitement ce qu’il faut ignorer en Ukraine et s’en tenant à la narrative de l’“agression russe” assaisonnée du mutisme le plus complet pour ce qui concerne la situation en Ukraine russophone, et notamment la campagne de terreur des force “contre-terroristes” de Kiev. Aussi nous abstiendrons-nous à ce point de quelque hypothèse que ce soit, pour en venir au constat qu’il est difficile, à cause des événements eux-mêmes et de la tournure qu’ils prennent, de ne pas envisager une situation où ces deux crises se trouveraient à leur paroxysme en même temps, – et, dans ce cas, que fait-on, que se passe-t-il ?
Cette proximité chronologique de paroxysme est-elle possible ? Il semble bien que oui. En effet, les deux crises, qui ont déjà connu un paroxysme initial qui caractérise toute crise normalement constituée, semblent dans une situation qui pourrait mener à un second paroxysme, éventuellement en parallèle, la crise irakienne rattrapant à grands pas le temps perdu. (On se trouve là devant le caractère exceptionnel des “crises” dans ce temps crisique, où le Système fait partout feu de toute sa surpuissance et où les arrangements métahistoriques influent directement sur les événements. Les “crises” ne se résument plus à un paroxysme suivi d’un apaisement et de leur résolution, dans un sens ou l’autre, mais bien à des crises qui se transforment très rapidement, après leur “paroxysme initial”, en une situation chronique où d’autres paroxysmes se manifestent, tout cela dans le cadre de ce que nous nommons infrastructure crisique.)
• D’une part, on connaît la situation en Irak, qui peut être résumée selon le constat que le premier choc de l’invasion d’ISIS (paroxysme initial) a établi une situation de crise mais n’a pas résolu cette crise. Le régime Maliki ne s’est pas effondré, la débandade de l’armée irakienne a été contenue, une situation d’un certain équilibre se rétablit et l’affrontement se met en place. Au contraire, Maliki, loin d’accepter la défensive sinon la contrition et éventuellement les conseils nécessairement éclairés de Washington, choisit la résistance agressive, dans tous les cas au niveau de la communication et, espère-t-il, sur le terrain avec une mobilisation générale des ressources guerrières annexes de la population chiite (milices, “armées” spécifiques, etc.). Maliki réagit dans un mouvement d’humeur, sinon de révolte, aux “conseils nécessairement éclairés de Washington”, comme le rapporte ZeroHedge.com le 17 juin 2014 :
«Shortly after the US revealed that, in addition to aircraft carriers and amphibious assault ships it was also sending a few hundred “special forces” on the ground in Iraq, contrary to what Obama had stated previously, Washington made quite clear it wants Prime Minister Nuri al-Maliki to embrace Sunni politicians as a condition of U.S. support to fight a lightning advance by forces from the Islamic State of Iraq and the Levant. Then something unexpected happened: Iraq’s Shi’ite rulers defied Western calls on Tuesday to reach out to Sunnis to defuse the uprising in the north of the country, declaring a boycott of Iraq's main Sunni political bloc and accusing Sunni power Saudi Arabia of promoting “genocide.” In fact, as Reuters reported moments ago, the Shi'ite prime minister has moved in the opposite direction of Obama's demands, announcing a crackdown on politicians and officers he considers “traitors” and lashing out at neighbouring Sunni countries for stoking militancy.»
Outre l’attitude de Maliki vis-à-vis de BHO, ce qui est intéressant, dans cette situation c’est l’accusation du même Maliki contre l’Arabie. Cela pourrait signifier que l’Irakien cherche à impliquer l’Arabie en exposant au grand jour son “Grand Jeu” déstabilisateur développé depuis 2-3 ans, notamment en Syrie et depuis bien plus longtemps, derrière tous les groupes terroristes. L’ironie de la chose est bien que cette circonstance se produit au moment où l’Arabie, après la liquidation en douceur de Prince Bandar qui a officiellement perdu en avril son poste de maître déstabilisateur à la tête des SR, semble tentée de changer de stratégie pour une position plus défensive et plus conciliante, et alors l’agressivité de l’Irak à son encontre ne facilite pas ses affaires. Cette tension à la fois extrême et confuse sur cet axe Bagdad-Ryad ne facilite pas la tâche des washingtoniens, qui est de décider quelque chose, alors que l’offensive d’ISIS a divisé d’une façon extraordinaire le camp interventionniste, – avec le symbole effectivement extraordinaire des sénateurs-siamois Graham et McCain s’opposant, pour et contre une coopération USA-Iran contre ISIS dans la crise irakienne. On voit de quel côté, aujourd’hui, se trouvent la confusion, l’indécision, la paralysie, alors que l’Iran est partout sollicité par le bloc BAO pour tenir le rôle qu’il entend naturellement jouer, de protecteur du régime Maliki contre l’ISIS et la révolte sunnite. Washington-Système envoie un porte-avions dans le Golfe, – c’est peu pour une crise de cette puissance mais il n’en a guère plus à disposition, – et barbote dans l’impuissance et dans les querelles internes du pouvoir américaniste.
• En même temps, il apparaît possible que la crise ukrainienne se dirige rapidement, elle aussi, vers un nouveau paroxysme. La tension entre l’Ukraine et la Russie a progressé à pas de géant ces derniers jours. Pêle-mêle, on citera la poursuite de la campagne dite-“anti-terroriste” en Ukraine russophone ; l’interruption de livraison de gaz russe à l’Ukraine ; l’attaque contre l’ambassade russe à Kiev, avec l’étrange performance du ministre des affaires étrangères ukrainien au milieu de la foule ; la mort de deux journalistes russes en Ukraine russophone, au cours d’une attaque d’éléments ukrainiens dont on peut croire que l’opinion publique russe jugera qu’elle était préméditée...
L’opinion publique russe, justement... Dans ce pays souvent présenté, dans les salons parisiens où l’on cultive la parabole surréaliste, comme étant avec Poutine dans un régime de dictature à l’égal de celle de Staline, il se trouve que cela compte, l’opinion publique, comme dans une vulgaire démocratie occidentale, et peut-être plus encore. Effectivement, nous avons toujours pensé que l’un des grands problèmes de Poutine, dans sa tactique de containment face aux pressions et aux provocations ukrainiennes, ce serait l’impatience de l’opinion publique. L’une des grandes réussites de Poutine dans cette crise, le rassemblement patriotique autour de lui, peut s’avérer être la pression décisive qui le forcerait à changer sa politique. C’est notamment l’appréciation du Saker, de The Vineyard of the Saker, qui juge, le 17 juin 2014, que Poutine ne pourra plus, très, très rapidement, écarter l’option de l’intervention...
«...Second, the level of outrage in Russia over the apparent Russian non-action in the face of what has now clearly become a systematic terror campaign against the people of Novorossia is immense. If Putin does not take action very soon he will face a very serious challenge from many sectors of Russian society including the media, the Duma and even his own party “United Russia”. My personal opinion is that this “wait and see” game was probably aimed at deliberately getting the Russian public opinion in a state of rage similar to the one which preceded the 2nd Chechen war but if that is so, then now the Russian society has reached boiling point and that if Putin does not act very soon a political explosion will take place in Russia. Every day now I see already “not so veiled at all” criticisms and expressions of disbelief at the Kremlin’s “shameful passivity”, and I am not talking about some small extremist party websites, but of the most watched and best known TV news and talkshows of mainstream Russian TV. Reporters which used to be very pro-Putin are now clearly and openly expressing frustration maybe not at Putin personally (yet), but at “Moscow”. But the writing is on the wall for Putin now. Furthermore, representatives of Novorussian authorities are now spending their time in Moscow going from one talk-show to another and making truly dramatic pleas for help. In other words, Putin is days away from what will become his political suicide unless he takes action. I would say that things have become so bad that even if the Novorossian Defense Forces have what it takes to keep the neo-Nazi death-squads mostly in check (and I believe that they do), the humanitarian situation is so bad (over 110.000 refugees already) that the pressure to have Russia intervene will continue to grow regardless of the military equation.»
On sait que la thèse la plus courante de la situation ukrainienne hors des narrative et de la presse-Système, c’est celle de la pression et de la manipulation US de la direction ukrainienne pour provoquer à toute force une intervention russe en Ukraine russophone, de façon à pouvoir mettre la Russie en accusation, éventuellement aggraver la situation en Russie même, etc., avec au bout du compte l’habituelle perspective du regime change. (...Et plus encore, avec le mot de l’ancien chef du renseignement russe, Leonid Chebarchine, selon lequel «l’Ouest ne veut qu’une seule chose de la Russie : que la Russie n’existe plus.»). D’une certaine façon, on pourrait dire que la crise en Irak facilite, en en détournant l’attention, la mission du pouvoir de Kiev, pour ce qui regarde la campagne “anti-terroriste”. (Quoique l’on peut discuter ce jugement du simple fait que, dans tous les cas, même lorsque l’attention était fixée sur l’Ukraine, l’aveuglement volontaire du bloc BAO sur les événements en Ukraine russophone faisait fort bien l’affaire...) Bien évidemment, si la pression interne pousse Poutine à l’intervention, – sous la forme d’un “corridor humanitaire” en Ukraine orientale, par exemple, – l’argument se retourne et c’est la Russie qui profite du détournement d’attention.
De toutes les façons, la pression de la crise irakienne est si énorme qu’on voit mal comment un nouveau paroxysme ukrainien (intervention russe) pourrait ramener la concentration des moyens de guerre de la communication, et d’autres styles de guerre plus ou moins “douce”, contre la Russie. On peut même imaginer que certains acteurs des deux crises, surtout dans le camp anti-US, ou antiSystème si l’on veut, peuvent être amenés à jouer de cette “concurrence” des tensions. Dans tous les cas, on découvre alors des possibilités extraordinaires de contradictions antagonistes lorsqu’on considère les positions respectives et relatives des uns et des autres : ici, les USA dans une position aventuriste de provocation directe de la Russie à l’aide d’une direction ukrainienne complètement faussaire ; là, les USA dans la position de quémander une aide de l’Iran, éventuellement de la Syrie, pour soutenir un régime qu’ils critiquent contre des groupes terroristes qu’ils ont eux-mêmes financés, – tout cela, alors qu’on sait les liens unissant la Russie d’une part, la Syrie, l’Irak et l’Iran de l’autre. Qu’on imagine également les “concurrences” de priorité à Washington, où déjà l’idée de “coopérer” avec l’Iran divise le War Party en son cœur même ... Tout cela, alors que les moyens militaires de pression des USA, voire pour un affrontement, sont notablement amenuisés.
(Comme on l’a rappelé plus haut, on a beaucoup annoncé, comme pour signaler la puissance US, le déploiement dans le Golfe du USS George H.W. Bush, le bien-nommé et le plus récent [CVN-77] des grands porte-avions d’attaque de l’US Navy. Ce déploiement signale au contraire l’extraordinaire faiblesse de l’US Navy par rapport à ses missions et à ses structures historiques depuis 1945, puisque cette unité est le seul porte-avions US pour toute la zone Méditerranée-Océan Indien, au lieu des 2-4 présents jusqu’à ces dernières années selon les crises en cours ou non. [Voir le déploiement des porte-avions US restant en service sur ZeroHedge.com, le 13 juin 2014.] On découvre à cette occasion que les USA n’ont plus d’unité centrale de contrôle et de projection de force déployée en permanence dans le Golfe comme ce fut le cas depuis 9/11 jusque fin 2013 et les premiers effets de la séquestration.)
Toute réflexion stratégique sensée inscrit parmi ses grands principes le précepte de ne pas ouvrir de second front lorsqu’on est déjà suffisamment occupé avec un premier. Mais comme nous soupçonnons les USA de beaucoup moins planifier et manigancer tous les événements du monde à la façon que nous annoncent les analystes du complot, nous ne jugerons pas que les USA sont en l’occurrence coupables de déroger à cette règle essentielle du second front. Pour nous, la crise ukrainienne reste, dans sa mécanique, dans son déclenchement, dans son “exploitation”, le travail de centres de pouvoir et d’individualités (Nuland & Co) hors de toute coordination et planification centralisées ; idem pour la crise irakienne, qui est le produit d’un monstre de plus accouché par les USA-Système (ISIS et sa nébuleuse diverse), et dont on a évidemment complètement perdu le contrôle. Voilà à quoi se résume “leurs plans” divers et, par conséquent, le “second front” n’est pas de leur propos. Il n’empêche que si les deux crises parviennent, comme on en fait l’hypothèse, à un paroxysme parallèle et chronologiquement aligné, les conséquences deviennent absolument imprévisibles et hors de tout contrôle. (Et nous parlons, notamment et principalement, d’abord des conséquences à Washington même.)
Dans les deux crises, la faiblesse des USA, principaux instigateurs inconscients des causes et des conséquences, sinon de l’acte lui-même, tient en ce qui sembla jusqu’alors faire leur force. Dans des crises qui impliquent des acteurs régionaux, qui ont pour la plupart leurs destins engagés, ils figurent comme un acteurs global, désengagé quant à l’essentiel de leur destin voire de leur ontologie ; c’était jusqu’alors leur puissance apparente, puisqu’ils semblaient ne pas risquer trop dans chaque crise ainsi déclenchée, mais c’est désormais leur faiblesse parce que, à cause de la dissolution interne de leur puissance, jusqu’à la comptabilité de la quincaillerie (les porte-avions), les USA apparaissent comme un acteur global qui a perdu sa capacité globale d’intervention, comme un usurpateur dépassé par le poids de ses usurpations. S’il n’y avait qu’une seule crise, – l’ukrainienne, pour prendre le cas chronologique dominant, – on pourrait débattre sur leur capacité à donner le change. Mais, dès posé ce cas des deux fronts ouverts en même temps, avec possible rencontre des paroxysmes, les USA se trouvent affaiblis sur les deux fronts, et sans l’irrésistible ardeur que donne le sentiment de lutter pour son propre destin, justement.
Comme on a vu plus haut, nous bannissons de notre analyse toute hypothèse sérieuse, centrale, d’une planification réellement élaborée selon des buts stratégiques sérieux et réalistes, – de la part de tous les acteurs d’ailleurs, y compris des bandits de la clique de Kiev et des allumés de ISIS... (Il est entendu que nous ne pouvons désigner comme un “but stratégique sérieux et réaliste” l’ambition de mettre en place un pseudo-califat djihadiste, non parce qu’il ne peut pas se faire mais parce qu’il ne peut l’être que par l’effet d’une violence nourrie par la surpuissance des dynamiques en cours, donc à considérer comme un accident de la crise générale d’effondrement.) Les seuls acteurs sérieux, la Russie et l’Iran principalement dans chacune des deux crises, ne font que réagir, n’ayant en rien déclenché les crises, parce que leurs diplomaties repoussent par leur nature même le procédé de la crise, parce que leur raison politique a horreur du procédé de la déstructuration et de la dissolution.
Cela nous laisse avec deux crises, et peut-être deux paroxysmes de crise interconnectés en une espèce de super-crise touchant tout le Système, sans manipulateur, sans ordonnateur humain, sans Grand Jeu comme règle du jeu. Nous-mêmes, nous nous en passons bien, sans rien laisser pour autant au hasard. Notre appréciation est métahistorique, comme nous aimons à le répéter, et l’activité métahistorique se manifeste aujourd’hui directement, dans des ensembles d’événements qui interfèrent avec une puissance considérable dans les rangements humains (trop-humains) qui relèvent de plus en plus souvent de la narrative de convenance. Le résultat est que les événements eux-mêmes dévoilent les terribles vérités de situation, et notamment les tromperies d’inversions ; ainsi, en ne cessant de vouloir manifester leur puissance qui n’est plus qu’une narrative, les USA ne cessent de manifester leur impuissance.
Pour nous, il s’agit, dans le chef de ces deux crises et, surtout, de la possibilité d’une conjonction de leurs paroxysmes, d’une de ces grandes conjonctions d’événements déstabilisateurs des dynamiques de surpuissance nées du Système ; et l’on sent évidemment que ces “grandes conjonctions” sont de plus en plus fréquentes à s’esquisser, à se préparer, à s’offrir en opportunité. Dans ce cas, on admettra que l’opportunité est considérable et recèle, si elle se développe jusqu’à l’opérationnalité complète, des effets non moins considérables, et d’abord dans le coeur des terres pseudo-impériales. L’establishment, le War Party dominant, sont déjà dans des positions extrêmement difficiles, à Washington même, un peu comme le sont les USA dans le monde : s’accrochant à l’affirmation de leur toute-puissance, alors qu’il ne leur reste plus que l’impuissance qui se révèle avec la division dans leurs rangs eux-mêmes. Des revers extérieurs, dans l’une ou l’autre crise en cours, dans un enchaînement dont nul ne peut s’assurer du contrôle, auraient un effet direct au cœur même de l’establishment et dans le public, avec la possibilité d’une concrétisation intérieure et institutionnelle presque instantanée lors des élections mid-term de novembre. A cet égard, la défaite d’Eric Cantor (voir le 12 juin 2014) constitue un avertissement extrêmement sérieux, et un signe de la rapidité que peuvent acquérir certaines dynamiques de bouleversement, même au sein des appareils-Système qui semblent les mieux verrouillés.
Dans les deux cas de crise, Washington joue très gros, et cette mise est d’autant plus fragile qu’elle est répétée deux fois, dans les deux crises, dans les mêmes conditions à la fois d’incertitude et d’improvisation. Washington est divisée, incertain, fatigué, contraint au poison psychologique de l’affirmation d’une puissance (la doctrine de l’exceptionnalisme, si l’on veut) qui n’existe certainement plus au niveau où on la proclame, pourtant incapable de vivre, sinon de survivre, sans cette drogue de l’affirmation sans fin de son hybris. La mise a la grandeur et l’importance des voies qui ménageraient une évolution fulgurante vers le cœur de la crise d’effondrement. Ce qui domine aujourd’hui dans la perception de cette énorme surpuissance qui tourne presque à vide, c’est sa fragilité, c’est-à-dire le moyen d’une évolution décisive vers l’autodestruction.
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